• LE BILLET DE GILLES DEBERNARDI « Éric Zemmour, son bâton de maréchal » et « Éric Zemmour ou l'inconsolable nostalgie du temps béni des colonies » par Samir Hamma

      LE BILLET DE GILLES DEBERNARDI  « Éric Zemmour, son bâton de maréchal » et « Éric Zemmour ou l'inconsolable nostalgie du temps béni des colonies »  par Samir Hamma

    Gilles Debernardi. Photo DL

    http://www.ledauphine.com/societe/2014/10/20/eric-zemmour-son-baton-de-marechal 

    Toujours ce passé qui ne passe pas. Éric Zemmour ose proclamer que Vichy a sauvé des « Juifs français », en sacrifiant les Juifs étrangers sous l’occupation. Au temps de la préférence nationale, autrement dit.

    La rafle du Vel d’Hiv, en juillet 1942, ne constitue donc qu’une fâcheuse bavure. Le régime de collaboration se serait appliqué, avec grande ferveur, à protéger nos compatriotes israélites. À les recenser et les ficher, aussi, pour mieux faciliter la tâche des nazis. À leur coller une étoile jaune sur le revers, innocente décoration vestimentaire. À leur interdire l’accès à divers lieux publics et l’exercice de multiples professions. À organiser minutieusement les convois de trains vers l’Allemagne. À ne pas séparer les enfants des parents au jour du beau voyage…

    « Mais enfin, monsieur l’Avocat général, il y avait les Boches ! » se justifiait Maurice Papon lors de son procès à Bordeaux. Certes, mais rien n’obligeait le duo Pétain-Laval à servir l’antisémitisme hitlérien avec tant de zèle. Jacques Chirac, en 1995, reconnaissait officiellement «la responsabilité de l’État français» dans les déportations. On croyait l’affaire entendue, illusion d’optique. Vingt ans plus tard, un polémiste hargneux prétend réhabiliter l’action du Maréchal envers les Juifs. L’ensemble des historiens balaye sa thèse « réductrice et fausse ». M. Zemmour, hier, a quand même trouvé un soutien de poids. Jean-Marie le Pen l’adore : « J’ai de l’estime pour Éric, un homme intelligent […], je sais quel courage il faut pour oser dire un certain nombre de choses. » Pardi !

    Par Gilles DEBERNARDI

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    LE BILLET DE GILLES DEBERNARDI  « Éric Zemmour, son bâton de maréchal » et « Éric Zemmour ou l'inconsolable nostalgie du temps béni des colonies »  par Samir Hamma

    Zemmour les guenons du monde entier te font un signe "d'amitié"

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    Éric Zemmour ou l'inconsolable nostalgie du temps béni des colonies

    Par Samir Hamma 

    Chercheur en géopolitique à l'IFG de Paris 8

    http://www.huffpostmaghreb.com/samir-hamma/eric-zemmour-ou-linconsol_b_6100446.html?utm_hp_ref=algeria 

    Éric Zemmour a du talent. Il a même un don. Il arrive à concentrer à lui seul toutes les vieilles rancunes et les haines recluses héritées de la mal digérée et douloureuse guerre d'Algérie. Il est le parangon d'une (pénible) nostalgie: La "nostAlgérie" française. Son regret du temps béni des colonies s'exprime en effet sans pudeur, fustigeant par-ci ces arabes "qui ont détruit un paradis" perdu, invoquant par-là l'assertion prédictive que l'on prête au Général De Gaulle "dans 50 ans vous verrez ce que deviendra ce pays (l'Algérie algérienne)". Éric Zemmour est une obsession. Une pathologie post-coloniale. Il a la tête du petit kabyle des montagnes, comme l'indique son nom (Zemmour signifie olive en berbère), mais vit son existence comme un "Hitl-aryen" aux yeux bleus d'un mètre quatre-vingt. Son allégeance au monde "blanc", fantasmé supérieur, est instinctive, atavique, quasi automatique. Éric Zemmour "béni" ainsi sans détour la France du décret Crémieux, qui l'a civilisé dit-il, lui le juif berbère et donc barbare, occultant la nature fondamentalement raciste d'une loi qui cantonna au dégradant statut d'indigène les seuls musulmans. Éric Zemmour ne dit en effet pas mot critique de cette funeste promulgation du 4 novembre 1870 qui fût celle où les israélites d'Algérie furent arrachés de leurs racines par un maquereau colonial qui limita ses persécutions aux bougnoules récalcitrants.

    Oui, pour une misérable gamelle nationale, le juif Zemmour a choisi son camp. Pis, il a le zèle des convertis: Il fait perdurer jusqu'à aujourd'hui cette guerre qui se matérialise à travers sa haine de l'arabe, tantôt qualifié, de manière euphémistique, de maghrébin, de musulman ou de nord-africain. Zemmour est un anachronisme. Il est la quintessence de ce que les psychanalystes qualifient de haine soi. Zemmour n'aime bien sûr pas l'algérien et le berbère qu'il est, mais il n'aime également pas le juif en lui. Sa réhabilitation partielle de Maréchal Pétain est là pour en attester. Zemmour célèbre en effet depuis toujours la pensée d'intellectuels collaborationnistes et antisémites maladifs à l'instar de Charles Maurras ou de Maurice Barrès, le père du nationalisme intégral. Zemmour est également un assimilationniste acharné. Cette idéologie intrinsèquement xénophobe qui se drape sous le confortable habit de l'anti-communautarisme républicain pour mieux cracher son mépris des cultures exogènes.

    Cette même idéologie qui a justifié la persécution des juifs dans une période que Zemmour chérit tant au point de réhabiliter le régime de Vichy. Zemmour ne s'aime donc pas. Mais Zemmour est cohérent. Sa haine des femmes, des PD et des arabes (des juifs aussi?) forme une totalité dialectique. Sa société idéale est monolithique: Mono ethnique, phallocratique et culturellement catholique. Attention! Pas laïque, car contrairement à ce qu'il avance, la séparation de l'église et de l'État n'est pour lui et ses amis qu'un paravent idéologique d'une extrême-droite en guerre contre l'islam. Bref, Zemmour n'aurait pas d'autre intérêt que psychanalytique si son succès libraire ne disait pas quelque chose de la France actuelle. Cette France "zemmourisée" qui ne s'aime pas elle aussi. Qui cherche encore 75 ans après Vichy les raisons d'un mal-être consubstantiel. Cette France qui "bouc-emissairise" au lieu de faire sa psychanalyse post-coloniale. Cette France qui n'a toujours pas digéré l'humiliation qu'a représenté sa débâcle lors de la seconde guerre mondiale et qui en a fait à son tour un pays colonisé et donc colonisable. Cette France sortie du concert des grandes nations qui n'accepte toujours pas son statut objectif de puissance moyenne. Cette France qui se fantasme blanche et chrétienne alors qu'elle est multiculturelle métissée et même un (peu) arabisée. Cette France qui célèbre l'égalité républicaine et l'universalisme, mais qui traite une ministre noire de guenon et assimile un autre membre du gouvernement, d'origine marocaine, d'Ayatollah.

    Zemmour est en effet le porte-parole de cette France là. Une France qui regrette (souvent inconsciemment) le chapitre, définitivement clos, du temps béni des colonies...

     

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