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Le plus jeune député de France refuse de serrer la main au RN : qui est Louis Boyard ?
Après vous avoir informé sur le plus vieux député de France (79 ans), vous savez celui qui nous a parlé de son Algérie française perdue, aujourd’hui je vais vous parler du plus jeune député de France (21 ans).
Michel Dandelot
Le plus jeune député de France refuse de serrer la main au RN : qui est Louis Boyard ?
Il a refusé de serrer la main à un député RN à l'assemblée nationale, il est le plus jeune député métropolitain de l'histoire de la Ve République française, il défend la jeunesse et les combats écologiques... Qui est Louis Boyard, député NUPES de la troisième circonscription du Val-de-Marne ? En s’imposant au second tour des élections législatives face à Laurent Saint-Martin, député sortant LREM, le jeune homme de 21 ans a créé la surprise. Portrait.
L’image est forte, le symbole l’est tout autant. Pour ses débuts à l’Assemblée Nationale, Louis Boyard, 21 ans, refuse de serrer la main aux députés du Rassemblement National lors du vote pour la présidence de l’hémicycle. Malgré les remarques sur le manque de « républicanisme » ou de neutralité de son geste, le plus jeune député de France l’assume et le revendique : « Nous sommes dans un contexte de pandémie. Une pandémie de racisme, antisémitisme, d’islamophobie. Dans l’intérêt de la santé de tous, j’appelle le président de la République et ses amis à ne pas serrer la main au Rassemblent National. Pourquoi ce qui était anormal il y a 20 ans, est normal aujourd’hui ? Face au Rassemblement National, on respecte les gestes barrières » affirme-il au micro de La Chaîne Parlementaire.
Pourquoi ce qui était anormal il y a 20 ans, est normal aujourd’hui ? Face au Rassemblement National, on respecte les gestes barrières.
Un geste pour projeter l’attention vers la percée historique du parti d’extrême droite, et faire face à la banalisation de son arrivée au pouvoir, qui inquiète la gauche. Lors des élections législatives, le RN a remporté 89 sièges de députés. Un score historiquement élevé pour un parti qui n’avait jamais dépassé les 8 députés sous la Ve République. Le 29 juin dernier, un tournant de plus a été franchi pour le parti d’extrême droite : pour la première fois deux députés RN – Sébastien Chenu et Hélène Laporte – accèdent au poste de vice-président à l’assemblée nationale. Élu·e·s avec 290 et 284 voix, le parti d’extrême droite, avec l’appui de la majorité présidentielle, s’offre une place de choix dans les institutions politique. Une issue que Louis Boyard est déterminé à combattre.
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Un jeune qui parle au nom des jeunes et pour les jeunes
Parcoursup, la réforme du bac, le service national universel… Louis Boyard, nommé président de l’UNL – l’Union nationale lycéenne – en avril 2018, a mené de nombreux combats contre la Macronie. Il y rencontre d’autres jeunes qui partagent ses combats pour la justice sociale et l’égalité des chances. À 18 ans, il s’engage dans le mouvement des gilets jaunes, participe activement aux manifestations et, au nom de son syndicat, appelle les lycéens à faire de même : « Moi, je suis convaincu d’une chose : même quand on est jeunes, on a notre mot à dire sur les politiques qui sont mises en place. »
Louis Boyard à la rencontre des militant·e·s écologistes de Fridays for future.
Son premier véritable combat politique, il le mène alors qu’il n’est même pas encore majeur. En classe de terminale, au lycée Georges Brassens de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Il apprend qu’un bloc d’amiante – une substance particulièrement toxique – a été découvert dans une salle de cours. Avec d’autres lycéens, il décide d’exprimer son mécontentement en bloquant le lycée pour exiger une rénovation de l’établissement. « La mairie voulait qu’on ait cours alors que la situation présentait des dangers évidents : c’était absolument hors de question. Les profs et les parents se sont joints à nous. Puis au bout de trois mois de mobilisation, on a fini par obtenir une rénovation du lycée », raconte fièrement le jeune homme de 21 ans.
À celles et ceux qui répètent inlassablement que les jeunes sont désintéressés de la politique, le député de 21 ans répond de manière ferme : « c’est totalement faux ! ». Il en veut pour preuve le fait que la jeunesse soit aujourd’hui « ultra connectée » et donc « ultra informée », particulièrement via les réseaux sociaux, premier mode d’accès à l’information pour les 15-34 ans. Selon les chiffres du ministère de la Culture 71% d’entre eux consultent quotidiennement l’actualité via les réseaux sociaux. L’étude montre aussi que, contrairement aux idées reçues, les jeunes s’intéressent beaucoup à l’actualité : 93 % des sondés déclarent s’intéresser à l’information.
Un canal d’information valorisé par le tout jeune député NUPES : « En scrollant sur Twitter, on peut tomber sur un thread qui détaille les conséquences du réchauffement climatique, sur un reportage qui montre les conditions de travail des agriculteurs… Le problème c’est que la jeunesse ne se retrouve pas dans le système politique actuel. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle est dépolitisée. »
Même quand on est jeunes, on a notre mot à dire sur les politiques qui sont mises en place.
Défendre la jeunesse est devenu un leitmotiv pour cet étudiant en droit. Son rôle important dans le syndicalisme lycéen l’a amené à être invité par de nombreux médias pour exprimer la voix des jeunes. C’est surtout pendant la crise sanitaire que Louis Boyard s’est fait connaître dans ce rôle de porte-parole officieux.
Face à des personnalités du gouvernement comme Sarah El Haïry, ex-secrétaire d’État chargée de la jeunesse, il s’est montré ferme et très à l’aise. Stress ? Appréhension ? Trac ? Il faut croire que le jeune Val-de-Marnais ne sait pas ce que c’est : « Lorsque je suis sur un plateau TV, j’oublie tout, je suis en mission. Je n’y vais pas en tant que chroniqueur, mais en tant que jeune. Pour défendre mes positions et convaincre les gens qui me regardent de l’urgence de la situation dans laquelle nous sommes. »
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Quand il se met à évoquer les difficiles conditions de vie des étudiants, son visage se crispe, ses sourcils se froncent. Il faut dire qu’il sait de quoi il parle. Avant le premier confinement, Louis Boyard faisait de l’aide aux devoirs pour boucler ses fins de mois, mais il a dû stopper son activité professionnelle à cause du Covid. Il vivait alors « trois fois sous le seuil de pauvreté », et avait beaucoup de mal à joindre les deux bouts. « Quand on ne peut plus travailler, qu’on n’a donc plus de revenu mais qu’on doit tout de même se nourrir, payer un loyer, des charges, et que le gouvernement se satisfait de ses « repas à 1 euro », mais de qui on se fout ? », lance-t-il avec amertume.
Pour soutenir les jeunes dans sa situation, il a décidé de créer l’association : le Mouvement des solidarités étudiantes. Elle organisait des distributions alimentaires « pour aider les étudiants en galère », dont il faisait partie. «J’ai trouvé cette période particulièrement violente. Quand tu vois des gens qui font plus de deux heures de queue pour pouvoir manger, tu te dis que l’inégalité du système dans lequel on vit mérite vraiment qu’on se batte. »
Un « type de 21 ans » en campagne législative
La justice sociale, l’égalité des chances, l’écologie… Ces causes lui tiennent à cœur. Sur le terrain associatif et syndical, il lutte depuis des années pour celles-ci. Mais « il fallait que ça aille plus loin » dit-il d’un ton déterminé. En mars 2022, son téléphone sonne. L’antenne du Val-de-Marne de La France Insoumise lui propose de participer à son assemblée générale. Louis Boyard accepte d’y aller, par curiosité. Il apprend alors que LFI n’a toujours pas de candidat dans la troisième circonscription du Val-de-Marne, considérée comme ingagnable. Il est finalement choisi pour faire campagne sous l’étiquette insoumise, puis NUPES : « L’affiche était quand même marrante, un type de 21 ans face au rapporteur du budget (Laurent Saint-Martin, NDLR), l’une des personnalités les plus importantes de l’Assemblée. »
Débute alors une campagne législative, dans le Val-de-Marne, un département où il vit depuis ses années collège. Une campagne pas comme les autres, qu’il mène en parallèle de ses partiels de Licence 2 à Assas. « Je n’avais presque plus aucune vie sociale. Je me réveillais très tôt, puis je me couchais très tard. Même mes week-ends, je les passais sur le terrain », raconte Louis Boyard. Entouré essentiellement de jeunes militants, il diversifie ses actions pour toucher le plus de monde possible : distribution de tracts, réunions publiques, portes-à-portes, barbecues dans les quartiers…
Pour mobiliser les abstentionnistes, Louis Boyard a utilisé une arme particulièrement efficace : la discussion.
L’enjeu était de taille : convaincre les électeurs déçus du résultat de l’élection présidentielle qu’il y avait encore une possibilité de changer les choses. Cela n’a pas été simple. Dans certaines villes de la circonscription, l’abstention est de mise – à Valenton par exemple, le taux d’abstention au second tour de la présidentielle de 2022 était de 41%. Pour mobiliser les abstentionnistes, Louis Boyard a utilisé une arme particulièrement efficace : la discussion. Autour d’un verre de coca ou d’un sandwich à la merguez, il leur a parlé Smic à 1500€, retraite à 60 ans ou encore blocage des prix. Et il faut croire que cela a fonctionné, puisqu’il a réussi la prouesse d’être élu face au candidat sortant.
À grands pouvoirs, grandes responsabilités. Le jeune élu, qui va « très certainement » mettre ses études en stand-by pour se concentrer pleinement sur ses fonctions, en a conscience. Les électeurs lui ont fait confiance, « je leur dois ma victoire » dit-il. Certains n’avaient jamais voté de leur vie. Pourtant, ils ont fondé beaucoup d’espoir sur ce nouveau visage, qui déclare d’une voix déterminée vouloir faire bouger les lignes : « Maintenant, il va falloir que je rende des comptes. J’ai été élu pour changer la vie des habitants de ma circonscription. Ils m’ont fait confiance et il est hors de question que je les trahisse. »
Ayoub Simour.
Boyard et le RN : de la poignée
de main au Boy's club
Podcasteuse et blogueuse, créatrice de Mécréantes
PARIS - France
Hier, lors du premier tour de l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale, Louis Boyard, jeune député Nupes, a décliné la main tendue de plusieurs députés d’extrême droite. Mais alors pourquoi une simple affaire de poignée de main a-t-elle déclenché les cris, les larmes et les contestations ulcérées de nombres de messieurs ?
Depuis hier une polémique tourne en boucle à la télévision et provoque de vives réactions parmi la classe dirigeante… Il ne s'agit pas du discours servit par le député RN José Gonzalez doyen de l’Assemblée, lançant qu’il n’était : « Pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes » qui fait l'objet d'une tempête médiatique. L'affaire qui fait la une des JT est celle d'une poignée de main… Mercredi 29 juin 2022, lors du premier tour de l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale, Louis Boyard, jeune député Nupes, a décliné la main tendue de plusieurs députés d’extrême droite. Un geste qui rappelle un temps pas si lointain où l’extrême droite était infréquentable et ce, même par la droite…
En effet, il y a vingt ans, Jacques Chirac refusait le débat avec Jean-Marie Le Pen pour ne pas « banaliser » ses idées. Mais aujourd’hui la tolérance envers ce parti créé par des SS semble avoir changé et nombre de médias crient à l’esprit antirépublicain face au refus affiché par Boyard de coopérer. Hier et ce matin, Robert Ménard faisait la tournée des plateaux de télévision en gesticulant et en hurlant sur sa chaise : les insultes contre Louis Boyard fusent. Ménard le traite de « crétin », de « zigoto », de clown, « d’antifasciste d’opérette », le tout dans une volonté paradoxale de dénoncer l’attitude de Boyard qu’il juge irrespectueuse et antirépublicaine… Mais alors pourquoi une simple affaire de poignée de main a-t-elle déclenché les cris, les larmes et les contestations ulcérées de nombres de messieurs ?
Pour le comprendre, il est important de situer culturellement la poignée de main et la recontextualiser dans le milieu politique. Premièrement, le fait de tendre la main à un collègue sert à l’assurer de nos bonnes intentions, c’est un geste amical. Jadis, serrer la patte avait pour but de montrer à autrui que nous ne tenions pas d’armes et qu’il était donc à l’abri d’une attaque furtive. Bref, la poignée de main signifie que nous souhaitons nous lier avec un autre humain dans la bienveillance, la coopération et le respect. Ça, c’est pour la théorie, mais dans le monde politique (ou d’autres sphères de pouvoir), la poignée de main à d’autres fonctions et peut exprimer bien plus que cela.
Je ne vous surprends guère ici, en rappelant que le serrage de pinces fût d’abord et longtemps une pratique exclusivement masculine. Or derrière ce geste, il se joue souvent des petits jeux de pouvoirs et de dominations. Pour causes, la masculinité se base sur une hiérarchie des hommes sur les femmes, mais aussi des hommes entre eux. Ainsi, la poignée de main, sert parfois à classer verticalement les hommes, dans l'objectif de gagner le statut de dominant. C'est pourquoi l’on verra par exemple des dirigeants broyer la main d’un concurrent afin de l’écraser symboliquement. D’autres feront durer le geste en regardant l'adversaire dans les yeux jusqu’à ce que celui-ci lâche le premier… On dira d’un homme qui serre la main trop fort qu’il cherche à compenser un manque de virilité, mais dans le même temps la poigne doit rester un geste vigoureux et viril. Il est attendu que la poignée soit franche, ferme et surtout pas « molle », afin de correspondre à l’imagerie phallique, laquelle est elle-même un attribut du pouvoir.
Dans le monde politique bien souvent, le dirigeant du pays le plus «puissant » aura sa main par-dessus celle de son homologue pour montrer sa prééminence. Il pourra également tapoter l’épaule de l’individu, recouvrir la poignée de son autre main ou tapoter celle-ci pour manifester une attitude paternaliste de supériorité. On qualifie même de duel politique les poignées de mains entre chefs d'État. Par exemple, en 2017, le New York Times consacrait un article à ce geste diplomatique entre Trump et Macron. L’éditorialiste commente : « Mâchoires serrées, visage alternant entre sourires et grimaces, ils se sont serré la main jusqu’à ce que les jointures de monsieur Trump pâlissent. Il a essayé de retirer sa main, mais monsieur Macron a agrippé sa main encore plus fort et a continué à la serrer. Finalement, la seconde fois, Donald Trump s’est retiré et Emmanuel Macron l’a laissé partir. ». Les experts sont alors unanimes, Macron « a gagné le duel ».
Nous l’avons déjà dit, mais il est nécessaire de le rappeler, traditionnellement la poignée de main est un jeu viril entre hommes. Angela Merkel, n’a par exemple pas eu le droit à la fameuse poignée de main de Donald Trump et l'histoire diplomatique regorge de politiciennes et diplomates s'étant vu refuser ce geste parce qu'elles sont femmes. Cela s’explique, car le serrage de main est plus qu’un simple geste de politesse, il s’agit symboliquement de reconnaître l’autre comme un futur partenaire à qui on laisse une porte ouverte dans son clan. Une porte ouverte au sein du cercle de pouvoir usuellement masculin, que l’autrice et professeur de littérature Martine Delvaux nomme Le Boy's club. Ainsi, le serrage de main provoque autant d'émules dans la presse précisément parce que l’on y voit un signe important qui signifie : « bienvenue au club ». Pour reprendre l’expression de Mathilde Viot dans son livre Les hommes politiques, moi j’en fais du compost, ce geste signifie à l’autre qu’il fait officiellement partie de « la ligue des frères ».
En bref, la poignée de main atteste d'une certaine forme de fraternité, se voulant plus forte que les petites querelles politiques : l’homme à qui l’on serre la main fait publiquement et officiellement partie de la famille. En déclinant la main des député•es du RN, Louis Boyard refuse le compromis et d’identifier une filiation avec les députés RN. Pour Boyard l'extrême droite ne peut-être des pairs appartenant à la fratrie politique. C’est une façon d’affirmer ostensiblement : « À mes yeux vous ne valez même pas la poigne, le rapport de force et le duel politique, car je ne sympathise pas avec l’extrême droite, je la combats ». Je remarque également que la couverture médiatique autour de cette affaire n'a que peu relevé le fait que la députée Danièle Obono a elle aussi a refusée de serrer la main au RN. Et ce, car pour eux l'enjeu est moindre puisqu'elle n'appartient pas directement au Boy's club.
Cette polémique renvoie donc aux rapports de pouvoirs existants au sein de l’hémicycle dans un contexte où l’extrême droite cherche à faire sa place dans la grande famille politique française. Le RN — et ses 89 députés — tentent ici de s’intégrer dans les formes, mais aussi unanimement à la ligue des frères. L'enjeu pour l'extrême droite est bien de sortir du statut de fils illégitimes, afin de s’imposer comme une force politique ordinaire, acceptable et même familière. Un pari qui semble bien fonctionner à l’exception de quelques voix dissonantes que leurs partisans (pour ne pas dire les chiens de garde) s’empressent de dénoncer bruyamment…
SOURCE : Boyard et le RN : de la poignée de main au Boy's club | Le Club (mediapart.fr)
« APRÈS LES PROPOS DE JOSÉ GONZALES, RETOUR SUR L'HISTOIRE TORTUEUSE DU RN AVEC L'ALGÉRIE FRANÇAISESur France 2, dimanche 3 juillet à 10 heures : Une histoire des chrétiens dans la guerre d’Algérie »
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