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Les Effrontés ambitionnent d’être « le caillou dans la chaussure » de Louis Aliot
Les Effrontés ambitionnent d’être « le caillou
dans la chaussure » de Louis Aliot
Le collectif, qui tient pour le moment à rester dans l’ombre, a adressé un courrier aux 55 élus du Conseil municipal de Perpignan. Les Effrontés entendent parler au nom des 76,50% de Perpignanais qui n’ont pas porté Louis Aliot à la mairie de Perpignan en 2020. Sollicité pour réagir à cette lettre ouverte, Louis Aliot a déclaré, «les résistants que nous sommes ne répondent jamais aux courriers anonymes…»
Les Effrontés se voient comme des «veilleurs» et entendent dénoncer «les écarts» de la mairie RN de Perpignan.
Pour le moment, le collectif, qui se questionne sur ses actions ou ses moyens de communication, se dit «préoccupé» et «soucieux du fonctionnement démocratique de Perpignan.» «Nous avons envie de dire ce qui ne nous va pas ! D’où cette lettre adressée au maire et aux élus de la majorité comme de l’opposition.» Pour Les Effrontés, l’appropriation permanente de la parole est un souci. Le collectif précise que ses membres font partie de la majorité de ceux qui n’ont pas voté pour Louis Aliot. «Nous nous insurgeons contre toute formulation de votre part tendant à faire croire qu’il y a chez vos administrés une écrasante unanimité de pensée. Lors des conseils municipaux, vous ne cessez de commencer vos phrases par ces mots : « les Perpignanais pensent que (…) Les Perpignanais disent (…) Les Perpignanais savent (…). Ce procédé manipulateur traduit un goût marqué pour le mensonge.»
Les Effrontés portent également un regard sévère sur Perpignan devenue la Rayonnante. «Notre cité catalane s’enlaidit, elle se vide de ses habitants, la pauvreté ne recule pas, l’insécurité progresse. (…) Perpignan ne rayonne pas dans l’espace national.» La lettre interpelle la majorité municipale sur son action. «Vous et ceux qui vous servent, que faites-vous pour remédier à cette litanie de constats socio-économiques tous plus déplorables les uns que les autres ?»
Avant de répondre par des attaques sur la méthode : «Vous dépensez trop, vous dépensez mal. La lecture attentive de votre bilan financier en atteste.» Le collectif de pointer tour à tour, «autosatisfaction», «arrogance», «manque de concertation», «démolitions arbitraires», ou la «canopée urbaine hors de prix.»
Les Effrontés interpellent Louis Aliot sur la fondation du parti dont il est vice-président.
Les Effrontés se qualifient comme un collectif de citoyens perpignanais, actifs et retraités, et affichent des professions et des sensibilités politiques différentes. Mais le collectif tient à rappeler les racines de la famille politique de Louis Aliot et la fondation du Front National devenu Rassemblement National.
«Vous avez été formé politiquement par une organisation qui a abrité en son sein des nostalgiques du IIIe Reich, des terroristes de l’OAS, d’ex-activistes ultra-violents du syndicat étudiant du GUD, des bataillons d’intolérants.»
Sur la dédiabolisation du RN, le membre des Effrontés que nous avons rencontré raille un changement de façade. «Les RN Jordan sont plus faciles à porter que les bottes à Papa», opposant ainsi les sneakers de la marque américaine et les bottes en cuir des soldats. Le courrier adressé au conseil municipal conclut. «Nous, concitoyens de Perpignan, dans le souci de l’intérêt général nous ne cesserons pas d’alerter, de faire connaître vos écarts à chaque fois que la démocratie nous paraîtra bafouée par vous, dans l’enceinte municipale comme sur le territoire communal tout entier.»
Et la place Pierre Sergent devint durant cinq jours la place Maurice Audin.
C’est à la fin du mois de février 2023 que le collectif «Les effrontés» faisait, pour la première fois, parler de lui. Sur les plaques de rue Pierre Sergent, ils avaient collé des autocollants portant le nom du militant communiste assassiné en 1957, Maurice Audin. Le message diffusé par le collectif dénonçait cet acte pourtant décidé à une large majorité en conseil municipal (relire notre article «Hommage à Pierre Sergent»).
«Nous dénonçons le nom de Pierre Sergent pour une esplanade du centre-ville. Pierre Sergent dont la vie de militant et d’homme politique cache la face sombre de membre du coup d’état militaire de 1961 et de fondateur en métropole du groupe terroriste de l’OAS, responsable de dizaines de morts en France et de milliers de morts en Algérie.»
Pour mémoire, pour répondre à la volonté de la mairie de rendre hommage à Pierre Sergent, militants et partis de gauche avait déjà symboliquement baptisé cette esplanade Maurice Audin en octobre 2022. Mais les autocollants avaient immédiatement été retirés.
Les Effrontés marquent-ils les prémices d’une opposition citoyenne à la mairie RN de Perpignan ?
D’autres communes dirigées par des élus du Rassemblement National ont vu naître des collectifs citoyens qui veulent défendre des valeurs laïques et républicaines. C’est notamment le cas à Cogolin, commune du Var dirigée par le FN/RN puis depuis 2014. Le collectif de citoyens Place Publique s’est donné pour mission « de donner la parole aux cogolinois », de créer des occasions et des lieux propices à l’expression de tous, dans un esprit d’écoute et de respect de toutes les différences.» Pour ce collectif, l’élection municipale fut « le signe d’un profond malaise social, l’expression d’un désenchantement, d’une colère des citoyens qui ont le sentiment de ne plus être entendus par les décideurs.»
« Mai-juin 1958. Une République née dans les fourgons de l’armée Racisme : contre la haine ordinaire et l’indifférence qui gagne »
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Commentaires
La France aura besoin en 2027 d'une carrière de pierre, tant il y aura besoin de gros cailloux à mettre dans les bottes noires qui voudront marcher sur la démocratie.
Jean-Philippe Ould Aoudia