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Les « honnêtes gens »
Les « honnêtes gens »
- Par Gavroche.
- Blog : Le retour de Gavroche.
Gilets jaunes et quartiers, même misère, même combat !
Ces derniers mois, on a beaucoup parlé de violences policières.
Il faut dire que les simples gens, eux qui n’avaient jamais manifesté de leur vie, qui se taisaient seulement dans leur coin et se bornaient à aller mettre un papier dans une boite quand on le leur permettait, eux n’avaient jamais ressenti dans leur chair ce que ça voulait dire : des insultes, un coup de matraque, une balle « non létale » dans la gueule, une clé de bras, une grenade.
Et pour rien : simplement pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment, pour avoir eu un masque ou du sérum phy dans son sac, ou un gilet jaune, ou un opinel pour son casse-croûte, ou juste parce que « les policiers sont épuisés faut les comprendre ».
Et personne n’a été (n’est) à l’abri. Les jeunes, les femmes, les vieux, les handicapés, les mémés, et même les gosses, si d’aventure leurs parents avaient l’inconscience d’aller se balader sur l’avenue un samedi.
« Les policiers sont fatigués faut les comprendre, ils sont le dernier rempart (sans déconner?».
Voilà une « injustice » désormais dûment réparée : depuis le mois de novembre, gilets jaunes « factieux fachos antisémites etc » et « jeunes racailles des cités », tout le monde a droit au même traitement, y’a pas de raison.
Parce que depuis des décennies, dans les « quartiers », les « cités de non-droit », la « banlieue », bref, chez ceux qu’on appelle communément « la racaille » (on n’osait plus dire les bougnoules, mais qu’on se rassure, ça revient) ils ont droit aux gentillesses de la « police républicaine », sans que personne ne moufte. A un point tel qu’ils s’y sont résignés, sauf quand vraiment le vase déborde.
Eux, les contrôles à répétition, les insultes, le mépris, l'injustice, les coups, les menaces, ils connaissent. Les mutilés, violés, blessés, assassinés dans les rues et les commissariats, ils connaissent.
Eux, ils sont gilets jaunes depuis le berceau…
Et j’ai lu hier, avec effarement (et tristesse) les commentaires à la suite de l’article de Pascale Pascariello : La marche blanche n'apaise pas une immense colère
De la part de ceux qu'on appelle communément les « honnêtes gens »…
Les mêmes qui détournent pudiquement les yeux quand les gilets jaunes se font défoncer dans les manifs … « Ils n’avaient qu’à pas y aller ».
Les mêmes qui nous gouvernent et qui déclarent sans sourciller que les flics n’ont tué personne depuis trois mois. Oubliant Zineb Redouane. Mais elle était arabe, alors c’est pas grave, ça compte pas. Les arabes et les nègres, ça ne compte pas.
Les mêmes qui écrivent que Loic Prud’homme « l’a bien cherché ». C’est vrai, ça, quelle idée de manifester en gilet jaune, et de rentrer chez lui ? « Il avait qu’à rester devant BFMTV ».
Les mêmes qui retournent à leur apéro de chez Lideul après avoir vu des migrants se noyer à la télé … « Ils n’avaient qu’à rester chez eux ».
Les mêmes qui lors de la semaine sanglante ont applaudi le massacre des communeux par la soldatesque versaillaise … « Ces voyous qui voulaient renverser l’ordre établi pourtant tellement merveilleux ».
Les mêmes qui sous Vichy se sont dit que quand même, les juifs n’étaient pas des êtres humains comme les autres, et que les miliciens « ne faisaient que leur travail » …
Voilà, on est fins prêts pour le Talon de fer. Ou pour 1984.
Bandit !
Voyou !
Voleur !
Chenapan !C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfantA moins que …
Et moi, la racaille, eh bien, j'en suis !
La Canaille - Chansons Populaires © Ave Patria !
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Commentaires
A Béziers le ci-devant Ménard, premier consul de la ville, a trouvé un autre mot pour désigner la canaille, c'est racaille. Eh ou, ça rime et dans son esprit ce n'est pas sans raison !
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Cela dit à Marseille une pauvre centaine de manifestants essayait de se rendre visible avec un drapeau tricolore à croix de Lorraine pour montrer que la chienlit ce n’est pas eux! Et voilà...
Contre les violences faites aux femmes bien plu de monde ce qui est rassurant. Trente malheureuses déjà mortes sous les coups depuis le 1er janvier. Peu d’echo dans les médias. Et que fait Schiappa ? Rien ! Brigitte au secours !