• Lettre des généraux : un texte séditieux qui menace la République

     

    Lettre des généraux : un texte séditieux

    qui menace la République

    (Suite de l’article d’hier)

    Lettre des généraux : un texte séditieux qui menace la République

    c) Ministère des armées

    La lettre des généraux publiée par Valeurs actuelles n’a, pour le moment, pas suscité de réaction de l’Élysée. Pourtant, à travers ce texte séditieux, c’est bien la République qui est visée. Et menacée.

    60 ans jour pour jour après le putsch raté d’Alger, une vingtaine de généraux à la retraite, et un millier de militaires, prennent la plume pour « un retour de l’honneur de nos gouvernants ». Le choix de la date vaut en lui-même message et alerte.

    C’est la troisième fois depuis l’affaire Dreyfus que la grande muette sort de son silence. La première fois, au printemps de 1958, ils obtiennent la mort de la Quatrième République. La seconde fois, ils tentent un putsch direct contre le pouvoir parisien qui s’engage vers la décolonisation de l’Algérie : ils sont matés et châtiés.

    Ce texte publié par le magazine Valeurs actuelles est donc d’une exceptionnelle gravité. Il constitue un signal absolu de crise et doit être entendu comme un tocsin pour la démocratie.

    Relativement concise, cette tribune est un modèle de logorrhée d’extrême droite : « L’heure est grave, la France est en péril, plusieurs dangers mortels la menacent […] Nos drapeaux tricolores ne sont pas simplement un morceau d’étoffe, ils symbolisent la tradition à travers les âges […] Sur ces drapeaux, nous trouvons en lettres d’or les mots "Honneur et patrie". Or notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre patrie. » 

    Une analyse politique d’extrême droite

    Ça, c’est pour planter le cadre de référence. Mais au-delà des mots et des symboles, les signataires livrent une analyse politique et énoncent les trois dangers qui, selon eux, minent la France : 

    1.    Le premier péril serait lié à « un certain antiracisme ». « Aujourd’hui, certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais à travers ces termes c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire ». Les combats en cours qui mettent sur la table le passé esclavagiste et colonial de la France sont donc cause de désagrégation. Sans rire, nos généraux en retraite accusent le Comité Adama et l’Unef de menacer notre pays. Et il faut bien reconnaître que leur puissante analyse trouve un écho dans le déferlement qui les a vilipendés, que ce soit de la part du Rassemblement national, de membres du gouvernement ou, hélas, d’une grande partie de la gauche. Les félons se glissent dans les faiblesses et les failles du débat politique.

    2.    Le deuxième péril viendrait de « l’islamisme et des hordes de banlieue ». Là encore le propos n’est ni nouveau ni iconoclaste. Depuis les analyses de Manuel Valls à la tribune de l’Assemblée nationale, les discours politiques archi-dominants lient crise des banlieues et des quartiers populaires à l’islamisme. La défaillance de la République et les inégalités face au logement, à l’école, à la santé, aux transports, etc., ne seraient pour rien dans les révoltes et les tensions des quartiers. Les prêches des imams seraient tout. La menace des généraux à l’égard des habitants qui veulent encore l’égalité… est à peine masquée.

    3.    Enfin, le dernier péril qui menace notre société serait « la haine » qui « prend le pas sur la fraternité lors des manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs ». Les signataires font d’une pierre deux coups : ils enrôlent les gilets jaunes et signifient la crise de l’État, révélée et accentuée par ce mouvement.

    Le discours est ouvertement nourri de la thématique historique des extrêmes droites et des fascismes : il s’y s’exprime crûment, sans filtres ni fard, et se réclame désormais du bon sens et de la raison. Les signataires affirment vouloir benoîtement conjurer la guerre civile, quand il l’attise cyniquement.

    « Quand il n’y a plus d’égalité possible, il reste

    la protection factice de l’ordre »

    Cette tribune intervient dans ce moment de délitement de la légitimité de l’État, de crise de l’alternative et de marasme du débat politique. C’est précisément cette analyse des militaires signataires qui constitue le danger de ce texte. Ces militaires n’hésitent pas à brandir la menace et à légitimer par avance la sédition. Cette tribune est une mise à disposition d’un coup de force. Soutien politique quasiment explicite à Marine Le Pen – qui n’a pas manqué de le relever –, il donne le signal d’une mise en alerte des forces de police et de l’armée : « Sachez que nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation. Par contre si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national. » C’est un texte séditieux qui s’affranchit des principes républicains : la police et l’armée sont conduits par la politique et l’État, et non l’inverse.

    Dès lors comment expliquer le silence ahurissant des ministres qui intervenaient comme tous les dimanches sur les ondes ?

    L’heure n’est plus au doute mais à se convaincre d’un danger imminent pour notre République et pour la démocratie. Il est temps de remettre sur pied une police et une armée républicaines, libérées de l’emprise de l’extrême droite. Depuis des mois, ce pouvoir use d’une brutalité inédite face à la rue. S’il capitule devant un quarteron de généraux, s’il reporte encore et encore la remise à plat de la police et de l’armée, il perd toute légitimité et laisse ouverte la porte à toutes les aventures.

    Il est temps d’arrêter ces invectives sur l’islamo-gauchisme et de mettre en œuvre une politique d’égalité, de liberté et de fraternité. Ça vaut pour Gérald Darmanin, Marlène Schiappa et Frédérique Vidal. Ça vaut pour Valérie Pécresse et Xavier Bertrand. Ça vaut aussi pour Yannick Jadot et Anne Hidalgo.

    Maintenant on sait qui se nourrit de ce discours et vers quoi il nous conduit. Quand il n’y a plus d’égalité possible, il reste la protection factice de l’ordre. Quand la solidarité s’efface, il reste la mise à l’écart et le contrôle des « classes dangereuses ». Quand il n’y a plus de bien commun et de chose publique, il reste la sanctification des propriétaires. Quand il n’y a plus de république ni de démocratie, il reste la soumission devant le képi.

    SOURCE : http://www.regards.fr/politique/societe/article/lettre-des-generaux-un-texte-seditieux-qui-menace-la-republique

     

    Dernières nouvelles

    France : la ministre des Armées condamne

    une tribune de militaires

    sur le « délitement » du pays

    La ministre française des Armées a fustigé dimanche une « tribune irresponsable » de militaires retraités évoquant « le délitement » de la France et saluée par la cheffe de l’extrême droite Marine Le Pen, qui a invité ses auteurs à la rejoindre.

    L’hebdomadaire ultra conservateur Valeurs Actuelles a publié mercredi une tribune appelant le président Emmanuel Macron à défendre le patriotisme, signée par « une vingtaine de généraux, une centaine de hauts gradés et plus d’un millier d’autres militaires », selon le magazine.

    Ces militaires dénoncent le « délitement » qui frappe le pays et « qui, à travers un certain antiracisme, s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés ».

    « Nous sommes disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation », ajoutent-il.

    Deux jours plus tard, Valeurs Actuelles a publié une réponse de la cheffe du parti Rassemblement national Marine Le Pen: « Je vous invite à vous joindre à notre action pour prendre part à la bataille qui s’ouvre (...) qui est avant tout la bataille de la France ».

    « Comme citoyenne et comme femme politique, je souscris à vos analyses et partage votre affliction », a-t-elle écrit.

    La ministre des Armées Florence Parly s’est indignée dimanche en jugeant que « les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France ».

    « La tribune irresponsable publiée dans Valeurs Actuelles est uniquement signée par des militaires à la retraite, qui n’ont plus aucune fonction dans nos armées et ne représentent qu’eux-mêmes », a-t-elle commenté sur Twitter, en rappelant que « deux principes immuables guident l’action des militaires vis-à-vis du politique : neutralité et loyauté ».

    « Les mots de Madame Le Pen reflètent une méconnaissance grave de l’institution militaire, inquiétant pour quelqu’un qui veut devenir cheffe des Armées », poursuit-elle, en référence à sa candidature pour la présidentielle de 2022.

    « La politisation des armées suggérée par Madame Le Pen affaiblirait notre outil militaire et donc la France. Les armées ne sont pas là pour faire campagne mais pour défendre la France et protéger les Français », conclut la ministre des Armées.

    Une partie de la gauche s’est élevée samedi après la publication de cette tribune, tout en critiquant le manque de réaction du gouvernement. 

    SOURCE : https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/250421/france-la-ministre-des-armees-condamne-une-tribune-de-militaires-sur-le-delitement-du-pays

    Cliquez sur ce lien pour écouter la ministre des Armées

    https://www.dailymotion.com/video/x80vyyl

     

    « Alerte : un appel à peine déguisé A une insurrection militaire. Une riposte populaire pacifique d’ampleur s’impose d’urgenceL’appel des généraux ou le fascisme en embuscade »

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