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Lieux de mémoire : D’où vient le nom « Algérie » ?
L’Algérie indépendante répond aux «nostalgériques» et autres revanchards de l'Algérie française, aux esprits malveillants et belliqueux qui ne cessent de dire que l’Algérie est une «création artificielle» de la France …
Lieux de mémoire : D’où vient le nom « Algérie » ?
Par les temps de virulente cabale anti-algérienne, temps qui courent incongrûment au-delà de nos frontières, et des enjeux politiques qui les sous-tendent, il est malheureusement de ces esprits malveillants qui —urbi et orbi— sont vraiment mal inspirés de s’en prendre une fois de plus, une fois de trop à l'Algérie.
Tout cela dans la mesure où ces esprits s’échinent, chaque fois que l'occasion s'en présente, à ne voir que le doigt, au lieu de voir ce que ce doigt montre, à savoir la réalité d'un pays qui existe depuis la nuit des temps, en tout cas bien des siècles avant la colonisation française.
Verdict implacable de l'Histoire, l'Algérie existe bel et bien avant la colonisation française. Cette vérité axiomatique, nous n'aurons de cesse de la répéter et ce, contrairement à ce que, en l'occurrence, prétendent éperdument les fervent adeptes de la «nostalgérie» révolue qui ne cessent de dire que c'est une «création artificielle» de la France. Cela dit, à celles et ceux qui, encore hésitants, ne savent pas trop si notre pays, version moderne de la Numidie antique, existe depuis longtemps ou pas assez sous le nom que nous lui connaissons aujourd'hui, nous suggérons les lignes ci-après qui, n'en déplaise à ces «historiens» vermoulus par le temps et l'histoire, lèveront, une bonne fois pour toutes, les doutes et assertions des esprits malveillants, belliqueux et revanchards, d'ici et d'outre frontières.D'où vient le nom «Algérie» ?
Eh bien, quitte à nous répéter, nous soutenons —une fois de plus— que le nom «Algérie» vient de très loin, en tout cas bien avant la colonisation française -et surtout bien avant qu'un certain ministre français de la guerre, Antoine Schneider en l'occurrence, eût ainsi nommé notre pays en 1839-. Bien avant la colonisation française, disions-nous, du fait majeur que non seulement l'Algérie n’est pas née de l’indépendance en 1962, ni même un siècle et demi avant, mais que ses racines remontent jusqu’à la préhistoire, pour ne pas dire jusqu'à l'aube de l'humanité.
Alors, pour ce qui est très précisément du nom «Algérie», il faut savoir qu'il dérive du mot «Alger», corruption du mot «El Djazair», (les îles) : allusion faite à la poignée d’ilots que rattache à la ville, à partir de 1517, le fondateur de la Régence d’Alger, Khair-Eddine Barberousse. A titre d'illustration, il faut savoir qu'au moyen-âge occidental —plutot ténébreux— correspond l'âge des lumières au Maghreb arabo-musulman. Les soldats de chez nous, autrement dit en Algérie- et du voisinage immédiat portaient alors une cotte de maille nommée «jaseran» ou «jaseron» qui trahit son origine. On fabriquait en effet à Alger des cottes de maille annulaires de qualité. Le latin «Jasarinus», attesté dès le XIe siècle, vient de l’arabe «Jaza’iri», littéralement «originaire d’Alger». Et d'ailleurs, dès le XVIe siècle et jusqu'à ce jour, on nomme «jaseran» ou «jaseron» en joaillerie une chaîne en or à maille fine d’anneaux inspirée de la cotte de maille algérienne dont à présent on continue de faire des colliers et des bracelets.
Il faut savoir aussi —et bien s'en souvenir— que déjà en 1602, un certain Conestraggio Jéromine a publié à Venise une brochure de 16 pages intitulée «Relationne dell’ apperechioper sorprendire Algeri». Or ce document n'a été traduit en français qu'en... 1882 par Henri de Grammont, alors président de la Société historique africaine. Toujours au XVIIe siècle, dans les traductions latines de la "Description de l’Afrique" par Léon l’Africain, on trouve les mots «Algira», «Algiram»(1632). Plus tard, en 1754, on trouve encore «Algéri» (1754, Istori degli stati di Algéri, Tunisi, Tripoli et Maracco). Tous ces termes «Algéri», «Algara», «Algiram» désignent la ville ou la résidence d’Alger ; et bien évidemment par extension son arrière-pays, qu’on appelle de nos jours «Algérie».
L’émir Abdelkader a employé plus d'une fois le vocable «Watan djazairi»
Déjà depuis bien des siècles donc, les Italiens et les Anglais disent «Algé’ria» pour Algérie. A quelle époque le nom a-t-il été introduit en France coloniale ? On ne le trouve guère qu’à partir de 1832 dans un ouvrage intitulé «Sur les colonies militaires de l’Algérie», par le général Dubourg. Puis en 1839, lorsque Antoine Schneider, alors ministre de la Guerre, décrète que «le pays occupé par les Français dans le nord de l’Afrique sera, à l’avenir, désigné sous le nom d’Algérie» alors que le nom en question et le pays qui y correspond existaient déjà bien avant -autrement dit durant des siècles- bien avant donc, la déclaration de ce ministre. La même année (1839) on retrouve le nom en question dans une étude d’Aristide Guibert, intitulée «De la colonisation du Nord de l’Afrique, nécessité d’une exploitation industrielle et agricole de l’Algérie». On trouve enfin cette appellation dans un document officiel, un arrêté pris à Oran par le général-comte Clauzel et daté du 17 novembre 1835. Le document se rapporte aux droits de patente et de navigation. L’article 2 de cet arrêté est ainsi libellé : «...sera exécutoire dans les ports de l’Algérie, trois jours après...», etc.
Le Dictionnaire de la langue française avec latin et manuel d’orthographe et de néologie De Boiste -deuxième édition de l’an XI (1803)- indique bien : 1/ Alger (Algeranum), royaume de Barbarie ; 2/ Alger (Ruscurrum), ville capitale du royaume de même nom ; 3/ Algérien (n.c) adjectif d’Alger (Algériensas). Le nom Algérie, tant en langue arabe qu'en Italien, portugais ou espagnol, était donc bien connu dès le XVIe siècle ; même si, à l’époque, il ne visait que la capitale et l'arrière-pays. Il était d’autant plus connu -à fortiori en arabe- que l’émir Abdelkader, qui quelques décennies plus tard, se battant au nom de la résistance à l’occupation française, a employé plus d'une fois le vocable «Watan djazairi», la patrie algérienne. Ce fait est d'ailleurs rapporté —entre autres historiens— par Daniel Rivet, auteur de plusieurs ouvrages sur le Maghreb, au cours d'un entretien intitulé «Le Maghreb avant, pendant et après la colonisation», dans La revue pour l'intelligence du monde, une publication de Jeune Afrique (mai-août 2009).
Moralité de l'histoire à propos du nom «Algérie» et de l'assertion «création artificielle» de la France : avant d’avancer une ineptie quelconque concernant notre pays, les «nostalgériques» et autres revanchards de l'Algérie française et de l'irrédentisme du voisin de l'Ouest seraient bien avisés de toujours bien vérifier d’abord ce qu’ils vont dire ou écrire —en se documentant aux bonnes sources bien sûr— car sait-on jamais, ils risquent de mettre la langue ou le doigt dans un engrenage d’où il sera difficile de l’en ressortir indemne. Avis donc à tous les falsificateurs «urbi et orbi» de l'histoire de notre pays !
« Du paradis à l'enfer. L'expression n'est on ne peut plus idoine pour qualifier le passage dévastateur d'Irma dans la magnifique île de Saint-Martin.Macron et l’Algérie »
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