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Ma revue de presse à commencer par l’article de mon ami M’hamed Kaki fondateur de l’association Les Oranges à Nanterre
Ma revue de presse à commencer par
l’article de mon ami M’hamed Kaki fondateur
de l’association Les Oranges à Nanterre
Habitants des quartiers populaires :
que valent nos vies ?
Par M’hamed Kaki, fondateur de l’association Les Oranges à Nanterre (Hauts-de-Seine), habitant de la ville, ancien éducateur à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), comédien et auteur de la pièce de théâtre "17 octobre 1961, je me souviens..." (1)
Nahel, 17 ans, abattu par un policier à Nanterre à bout portant mardi 27 juin 2023, lors d’un contrôle routier.
Cette horrible exécution en direct pose la question de la valeur de la vie et singulièrement de nos vies dans les quartiers populaires.
Ce terrible drame survenu à Nanterre et son embrasement dans plusieurs villes de France n’est pas nouveau.Le jeudi 29 juin à Nanterre, la marche organisée en hommage à Nahel, 17 ans, tué deux jours plutôt par un policier pour "un refus d’obtempérer", a rassemblé plusieurs milliers de personnes. Crédit de toutes les photos : M’Hamed Kaki
La colère de la jeunesse puis sa révolte, montrent le processus d’identification collective de plusieurs milliers de personnes qui se disent : « Ça pourrait être moi ou un membre de ma famille la prochaine fois ». Mais ces crimes policiers ne sont pas nouveaux et le sentiment de toute-puissance qui les accompagne non plus. Nous pouvons dater cette toute-puissance et l’idée que dans la tête de certains policiers, la vie des Français héritiers de l’immigration coloniale, des immigrés et des pauvres, n’a pas de valeur. Pour tenter de comprendre ce qui est arrivé à Nanterre et ailleurs, il nous faut éclairer le présent par le passé.
La preuve par Nahel
Nahel, 17, ans livreur de pizza. Ce 27 juin 2023 conduit un véhicule. Il est arrêté par deux policiers dans un embouteillage à Nanterre-Préfecture. L’un des deux, le tient en joue en le menaçant de lui tirer une balle dans la tête, l’autre encourage son collègue en lui disant : « shoote-le ». Nahel panique. La voiture a à peine le temps de démarrer que le policier lui tire à bout portant sur la poitrine. Nahel décède rapidement, malgré les tentatives de réanimation en premiers secours des pompiers.
Stratégie du mensonge permanent chez certains policiers
La version des policiers sera immédiatement mensongère : ils plaident la légitime défense.
Mais cette mort en direct sera par chance filmée et diffusée sur les réseaux sociaux.
La vidéo apporte clairement la preuve qu’il s’agit bien d’une exécution de sang-froid en direct.
L’information se propage dans le monde entier : indignation, colère, révolte contre ce qui sera considéré comme un monstrueux passage à l’acte gratuit du policier. L’embrasement dans les villes se propage au-delà de Nanterre, fruit de la colère, d’abord de la jeunesse et du sentiment que n’importe quel citoyen peut être abattu dans l’indifférence générale des pouvoirs publics.
Aucun doute que cette vidéo sur la mort de Nahel est la clef de compréhension sans laquelle le mensonge et le camouflage de la version des policiers sur les circonstances de l’exécution auraient pris le dessus sur la vérité. Certains médias avaient d’ailleurs repris la version mensongère des policiers sans vérifier leurs sources mais pire : en ajoutant des grossièretés et des mensonges aux mensonges « légitimes ». La notion de « connu des services de police » qui n’a aucune légitimité juridique mais au contraire sert à disqualifier les victimes en général. La hiérarchie des crédibilités a fonctionné à plein régime en faveur des policiers, tant du côté des pouvoirs publics que des médias dominants. Tout a été fait pour discréditer la victime. Autrement dit, le mensonge de certains policiers est souvent légitimé par les faiseurs d’opinions. Heureusement que la vidéo citoyenne a contrecarré cette logique d’accablement de la victime que l’on transforme en coupable depuis soixante-dix ans.La toute-puissance supprime la vie des autres
Une question demeure : pourquoi ce policier qui aurait pu aisément maitriser l’enfant de 17 ans a choisi l’option de tirer à bout portant ?
C’est là l’enjeu politique central, la reproduction des crimes racistes depuis plus de soixante-dix ans est le fait de la toute-puissance de celui qui est du coté du pouvoir, de la domination ou qui agit pour le compte de ceux qui se trouvent au sommet de hiérarchie de la puissance.
Quand quelqu’un décide de mettre fin à la vie de quelqu’un d’autre, en particulier de manière délibérée comme l’a fait ce policier en supprimant la vie du jeune Nahel à Nanterre, c’est qu’il pense que la vie des autres n’a pas de valeur. Mais surtout qu’en supprimant la vie d’être humain dans les quartiers populaires, il est convaincu qu’il ne lui arrivera rien, qu’il sera de toute façon protégé par les gens d’en haut avec lesquels il pense être consciemment ou inconsciemment en connivence. Une connivence administrée de façon quotidienne par certains médias dominants par le fameux « oui mais... ». Dans l’affaire de Nanterre, les commentateurs ont commencé par un « oui mais il n’avait pas de permis... » ou encore de manière grossière « oui mais il y a eu refus d’obtempérer ». Autrement dit, la réponse à un homicide volontaire c’est « oui mais… ». Du coup, l’auteur de l’exécution en règle générale, va se sentir autorisé par les milieux autorisés à être dans la toute-puissance d’une connivence à passer à l’acte. La toute-puissance peut se résumer par « je fais ce que je veux, rien ne peut m’arriver » ou quelques fois « de toutes façons, c’est moi qui décide, je suis Dieu ». Quand le droit s’absente de la tête de ceux qui ont la charge de nous protéger alors, le volume morbide de la toute-puissance perverse de certains individus s’autorise à supprimer la vie de leurs semblables avec la certitude qu’ils seront protégés par la société. C’est le début de la terreur, la loi de tous contre tous : c’est la guerre .
1983-2023 : 40e anniversaire de la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme : une marche pour le droit de vivreCe terrible drame pour la famille de Nahel, mais aussi pour toute la France, arrive au moment où nous allons célébrer le 40e anniversaire de la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme du 15 octobre au 3 décembre 2023.
Celle-ci avait été organisée précisément contre les crimes racistes et policiers des années 1970-1980.
À l’époque, les assassinats racistes étaient réguliers, l’élucidation et les condamnations des auteurs, proches de zéro.
C’est après qu’un jeune ait été gravement blessé que le Père Christian Delorme, Djamel Attalah et quelques autres, ont décidé de ne pas répondre à la violence raciste par la violence. Ils ont fait le choix d’une marche à la Gandhi par opposition à ceux qui voulaient en découdre directement avec le commissariat de police de Vénissieux. Partie le 15 octobre de Marseille avec une poignée d’individus et arrivée à Paris le 3 décembre 1983 avec plus 100 000 personnes, la « Marche » fut une réussite pour la prise de conscience des quartiers populaires de la nécessité de l’auto-organisation et de l’action collective pour l’égalité. La Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme restera le marqueur le plus important de l’opinion publique sur la question de la justice et l’égalité pour le droit à la vie.
Mais quarante ans après, que reste-t-il de cette mémoire collective de combat ? Que reste-t-il à transmettre à la jeunesse ?
Le contexte est différent, les outils aussi, mais une chose est sûre : la nécessité de renouer le dialogue entre les générations est une urgence absolue pour retrouver le chemin du combat démocratique pour la justice, l’égalité et le droit à exister dans les quartiers populaires. Pour cela, il s’agit de s’unir collectivement pour ne pas subir individuellement.(1) Le 17 octobre 1961, à Paris, entre cent et deux cents Algériens sont tués et jetés dans la Seine par des policiers lors d’une manifestation pacifique organisée par la fédération de France du FNL dans un contexte de guerre d’indépendance algérienne.
SOURCE : Habitants des quartiers populaires : que valent (lien-social.com)
Il avait 17 ans
Il avait 17 ans. Il a été tué par un policier. Rien n’excusera cela. Le mort de trop. La colère et la tristesse de familles détruites. Le déchainement de violences que l’on va pendant des semaines décrypter sur les chaînes d’informations continues. Les uns appelant à la raison, les autres au rétablissement d’un État de fermeté à l’égard des classes dangereuses. Dans ce contexte, il est difficile de prendre de la hauteur, du recul face aux évènements.
Au fil du temps, la police française a vu sa tenue se militariser, comme si le maintien de l’ordre passait par une posture guerrière. ©Jacqueline Macou/Pixabay
Pourtant, il est nécessaire de poser le débat. Qu’est-ce que la violence ? De quelles violences parlent-on ? A quoi répondent ces violences urbaines ? Petite tentative d’éclairage.
La violence, nous dit le philosophe Yves Michaud, se définit « quand, dans une situation d’interaction, un ou plusieurs auteurs agissent de manière directe ou indirecte, massée ou distribuée, en portant atteinte à un ou plusieurs autres à des degrés variables soit dans leur intégrité physique, soit dans leur intégrité morale, soit dans leurs possessions, soit dans leurs participations symboliques et culturelles ». Soit.
Bouna, Zyed, Théo, Adama, Nahel
Polysémique, multifactorielle, la violence est un acte de transgression, une force contre quelque chose ou quelqu’un. On se doit de l’appréhender de manière multidisciplinaire pour mieux la comprendre.
Ces violences urbaines répondent ici à la mort d’un jeune de 17 ans qui met le feu aux poudres. Il y a eu Bouna, Zyed, Théo, Adama, aujourd’hui Nahel. La violence "légitime" de L’État s’est abattue sur lui. C’est tout d’abord ce que l’on nomme la violence politique. En effet, selon Hobbes, la mission première de tout système est d’assurer la sécurité des citoyens, confiant à l’État le monopole du recours à la force. C’est la première violence, institutionnelle, mère de toutes les autres (1), qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations.
Celle à laquelle nous assistons devant nos écrans, effarés comme à chaque phénomène émeutier, est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. Puis, nous verrons les forces de l’ordre intervenir, dans un troisième acte : celui de la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il ne faut pas oublier que la première violence fait naitre les suivantes.
Parce que derrière ces violences urbaines, quel est le véritable objet ? Nous assistons depuis les années 80 à des violences urbaines, qui rythment l’actualité. On nous dit toujours réfléchir à solutionner les difficultés des quartiers populaires par des politiques de la ville, de l’urbanisme, de l’emploi.
Que nenni. Il faut dire, ou redire, à qui voudra bien entendre, qu’en réalité, ce sont bien les années passées de déstructuration des classes populaires, la rupture toujours plus grande entre les familles issus des quartiers populaires et le reste de la société, l’enfermement dans les « ZUP », « ZEP », qui fabriquent les émeutiers. L’échec scolaire, le racisme, la ségrégation spatiale et économique, les discriminations, nourrissent ce désespoir social et forment des bombes à retardement.
Destructuration des classes populaires
Alors, on se demandera encore pourquoi ce sont les structures et mobiliers publics qui sont détruits. Peut-être parce que le dominé devient l’artisan de sa propre domination, comme le soulignait Bourdieu. Qu’il s’attaque aux symboles de l’Etat, ce qui le représente, quitte à bruler la voiture du voisin plutôt que celle des beaux quartiers, ou la bourse comme symbole capitaliste de leur position sociale.
Cette violence est aussi explicable comme étant une « violence fondamentale » (2) : il s’agit de comprendre que dans les situations de violence fondamentale, le statut et le sort de l’objet extérieur, ici mobiliers et infrastructures publiques, ne revêtent qu’une importance secondaire. La destructivité ne s’adresse pas à quelqu’un ou à un objet mais, dans une situation que l’individu ressent comme porteuse d’une grande dangerosité, il cherche à se préserver et non pas à nuire à un objet extérieur clairement différencié.
Cette violence fondamentale fabrique ainsi des interactions car elle rencontre d’autres personnes, d’autres objets, qui devront réagir et s’en protéger. Je pourrais encore parler du concept d’objet « détruit-trouvé » cher à Winnicott, quand il s’agit de détruire ce que l’on fait pour nous, mais là, je crois que je vais trop loin pour nos médias et autres réactionnaires d’antennes.
Reste le décès inqualifiable d’un adolescent qui avait toute la vie devant lui. Le respect et la décence que l’on se doit d’avoir en de telles circonstances.Ludwig Maquet
1 : Helder Camara, archevêque Brésilien
2 : Jean Bergeret, médecin psychanalysteSOURCE : Il avait 17 ans (lien-social.com)
Une Alliance pour justifier les violences
La vidéo de l’assassinat de Nahel à Nanterre a contredit les mensonges des policiers. Sans elle, le crime restait couvert, comme bien d’autres. Mais les syndicats de policiers ont insisté pour défendre la présomption d’innocence du meurtrier ! Et quand la colère des jeunes a éclaté, le syndicat majoritaire Alliance et l’Unsa-Police ont publié un communiqué qui appelait à la « guerre » contre les « hordes sauvages » et les « nuisibles ». Un langage digne de Zemmour… mais que Macron et son gouvernement n’ont pas condamné. Interrogé sur le sujet, Darmanin a précisé sur TF1 qu’il n’était « pas là pour polémiquer ». Le message est clair : plutôt que de condamner la police et ses violences racistes, le gouvernement préfère les couvrir.
"Passé colonial", "racisme institutionnel" «islamophobie» sont aussi les sources des émeutes en France
Le "passé colonial" et le "racisme institutionnel" dont «l’islamophobie» en France expliquent la flambée de violences urbaines dans le pays.
"L'inquiétude" que ces récents événements en France "conduisent à davantage d'oppression des musulmans et des migrants", après la mort de Nahel, jeune homme de 17 ans tué par un tir de la police lors d'un contrôle routier.
Comparant la mort de plusieurs centaines de migrants fin juin au large des côtes grecques, privés de secours, à la disparition médiatisée des "cinq riches partis voir le Titanic", est "le signe de la mentalité coloniale, arrogante, inhumaine basée sur la suprématie de l'homme blanc".
Les musulmans "opprimés"
"Surtout dans les pays connus pour leur passé colonial, où le racisme culturel s'est transformé en racisme institutionnel (et se trouve) à l'origine des événements en France".
"Bien sûr", "Nous ne tolérons pas le pillage des magasins et les troubles urbains ne peuvent servir à réclamer justice", mais "il est clair que les autorités doivent aussi tirer les leçons de cette explosion sociale".
"Malheureusement, la plupart des immigrants qui sont condamnés à vivre dans des ghettos, systématiquement opprimés, sont musulmans".
Danièle Sallenave : "Choquantes, les émeutes ne sont pas pour autant inexplicables"
Daniele Sallenave.© Aurimages via AFP
Dans la nuit du samedi 1er juillet au dimanche 2, le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses faisait l’objet d’une tentative d’incendie. Sa femme et ses enfants, poursuivis par des émeutiers, s’enfuient et sont blessés. L’effroi et l’indignation s’emparent de la population, dans une condamnation sans appel de ces violences inqualifiables.
Reprenons l’ordre des faits. Depuis deux jours, de vifs mouvements de protestation ont suivi la mort, le 27 juin, à Nanterre, d’un adolescent qui conduisait sans permis et avait refusé d’obtempérer à un contrôle routier. Il est alors abattu d’une balle au thorax. Le policier auteur du tir ne peut cependant justifier qu’il y avait danger pour lui-même ou pour le public. Il est placé en détention provisoire et inculpé d’homicide volontaire. Sans forcément les approuver, nul ne s’étonne de voir des jeunes gens du même âge faire entendre leur révolte devant la disproportion entre l’infraction commise et la sanction. Et plus largement contre les abus dont ces jeunes s’estiment régulièrement les victimes. L’opinion bascule au moment où des commandos organisés se déchaînent contre les forces de police et les pompiers, se livrent à des destructions et à des pillages. L’affaire de Haÿ-les-Roses met un comble à la réprobation et au rejet.
Ségrégation territoriale et sociale ?
Et pourtant on ne peut s’arrêter là. Même en se forçant un peu, il faut prendre le temps d’examiner calmement, et en détail, les manifestations de ce sursaut générationnel des « quartiers ». Parfaitement choquantes, ces manifestations ne sont pas pour autant inexplicables et on ne peut se contenter d’y voir, comme le fait une certaine droite, une preuve de l’ « ensauvagement » de notre jeunesse, ou de la dissidence ethnique, culturelle, religieuse d’une partie d’entre elle. Examinons trois exemples, qui tous les trois révoltent à des degrés divers : l’incendie des voitures dans le propre quartier des émeutiers, le pillage des commerces, enfin l’attaque d’écoles et de lieux culturels. Comment justifier que des gamins s’en prennent aux voitures de parents, de voisins, souvent aussi démunis qu’eux-mêmes !
Mais ne voit-on pas que, pour beaucoup, « la bagnole » détestable et convoitée, condition discriminante d’un accès au travail, est la marque visible d’une ségrégation territoriale et sociale ? L’occasion de constants et coûteux sacrifices pour une famille ? Tout ce qui se vend et s’achète tourne en rond dans ce manège mortifère où les rêves d’une jeunesse sont piégés. De très jeunes mineurs sont saisis au moment où ils quittent en courant des centres commerciaux qu’ils ont forcés, les bras chargés de vêtements de sport et de matériel électronique. Une monstrueuse hypocrisie nous a habitués à dissimuler les causes derrière la description horrifiée des effets. Notre système économique, politique et social, repose sur la consommation, indispensable à la croissance, condition de notre développement ? Bien. Mais combien de temps encore faudra-t-il ignorer les frustrations qu’engendre la vue de biens inaccessibles vantés par des influenceurs-influenceuses sur Tik Tok ou Instagram !
Sentiment d’exclusion
Toujours captifs de contradictions dont seule une violence aveugle leur permet de sortir, ces jeunes, souvent mineurs et encore scolarisés, en viennent parfois à incendier une médiathèque, un local culturel, une école. L’indignation alors atteint son comble, doublée d’une incompréhension que j’ai longtemps partagée. Le courage de cette ancienne institutrice force l’admiration quand elle se dresse entre un groupe surexcité et l’école qu’il s’apprête à assaillir. Mais Victor Hugo avait déjà, à sa manière, posé la question dans un poème de l’Année terrible (1872) : « Tu viens d’incendier la Bibliothèque ?. – Oui. J’ai mis le feu là. / – Mais c’est un crime inouï / Le livre est ta richesse à toi ! Et tu détruis cela, toi ! – Je ne sais pas lire ». La haine comme réponse, inadéquate et désolante, au sentiment d’exclusion ? Oui. L’enfant des banlieues qui jette dans une classe une torche enflammée n’a souvent pas plus de quatorze ans, il est élève dans un collège. Mais qu’en retire-t-il ? Dans certaines zones urbaines, plus d’un tiers des 15-24 ans sortent du système scolaire sans diplôme, sur les cent établissements qui ont les taux les plus faibles de réussite au brevet, 95 sont situés dans les territoires défavorisés. Pour se tirer d’affaire, il ne faut guère compter sur l’école, qui vous marque plutôt du sceau de l’échec. Venant s’ajouter à d’autres expériences constamment négatives.
L’école est ainsi devenue le symbole de l’inconsidération dont les enfants des quartiers se sentent l’objet. L’école, qui pourrait les sauver, les arracher à leur abandon, n’y parvient plus. Elle creuse encore les inégalités liées à l’héritage économique et social. Pourquoi ? Par un raisonnement aux conséquences catastrophiques, qui a réduit l’école à la violence symbolique exercée au service de la classe dominante, on a cru devoir mettre en place, au profit des moins favorisés, des formes spécifiques d’enseignement dont le résultat a été l’effondrement du niveau des élèves en mathématiques et en français. Ainsi s’est perdue la visée d’instruction, dont le mot même s’est étrangement évanoui du discours public. Et, par voie de conséquence, la forme de socialisation qui accompagne l’apprentissage rigoureux des savoirs.
Qu’est-ce en effet qu’instruire ? C’est donner des armes. Et justement à ceux et celles qui naissent désarmés. Pour se construire, construire sa vie dans la société, œuvrer à une cité plus juste. Une instruction attentive à leurs difficultés propres, mais sans aucune de ces concessions qui, sous couleur de défendre les plus démunis, les maintiennent dans leur relégation. C’est de cela qu’ils ont besoin. Pas qu’on retarde l’apprentissage de la multiplication ou qu’on élimine le passé simple.
Ce n’est pas la seule, mais il n’est pas de réponse plus juste et plus généreuse aux mouvements erratiques d’une jeunesse désespérée.
SOURCE : Danièle Sallenave : "Choquantes, les émeutes ne sont pas pour autant inexplicables" (msn.com)
ENTRETIEN
Michel Kokoreff : « Les syndicats de policiers amplifient le racisme dans la police »
Michel KokoreffSociologue, professeur à l’Université
de Paris 8 Saint-Denis.
La mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre a provoqué une vague de colère de la jeunesse des cités peut-être supérieure à celle qui avait touché les banlieues en 2005, avec la dévastation des services publics, les pillages des commerces et des agressions contre les pompiers et les élus.
Le sociologue Michel Kokoreff, professeur à l’Université de Paris 8 Saint-Denis, voit dans cet épisode le résultat d’un déni de la société française, celui des violences policières apparues dans l’après-guerre lors des répressions des mouvements de libération dans les colonies, en Algérie d’abord puis en Guadeloupe. L’impunité des responsables ayant perduré après les indépendances.
Fait aggravant, l’apparition d’un syndicalisme corporatiste ancré dans l’idéologie de l’extrême droite, et qui influe fortement sur les politiques de maintien de l’ordre public, explique ce chercheur, auteur en 2022 de Violences policières, généalogie d’une violence d’Etat (Editions Les Petits matin, 2002) et précédemment de Sociologie des émeutes (Editions Payot, 2008).
En 2022, à la suite du mouvement des gilets jaunes, vous analysiez la généalogie des violences policières, et vous évoquiez le « déni français ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi les excès des forces de l’ordre sont un « déni » ?
Michel Kokoreff : On a tous en tête la terrible phrase d’Emmanuel Macron affirmant en pleine crise des gilets jaunes : « Les violences policières, cela n’existe pas dans un Etat de droit. » Voici l’expression typique du déni au sommet de l’Etat. J’essayais de montrer dans ce livre qui a pour sous-titre généalogie d’une violence d’Etat, que ce déni est très ancien, si on entend par ancien l’immédiat après Seconde Guerre mondiale. Et notamment les massacres de Sétif et Guelma et Kherrata, en Algérie, en mai 1945.
Il y eut ensuite une très longue et tragique liste de massacres d’Etat pour reprendre l’expression d’Alain Dewerte dans son livre Charonne, anthropologie politique d’un massacre d’Etat. Le 8 mai 1945, mais aussi le 14 juillet 1953, le 17 octobre 1961, Charonne en 1962, mars et mai 1967 en Guadeloupe, etc.
Dans tous ces cas de figure, non seulement massacre d’Etat il y a, mais à chaque fois ils sont couverts par la hiérarchie policière et le politique. Et les différents responsables, du bas de l’échelle jusqu’au sommet de l’Etat, bénéficient d’une culture de l’impunité.
Ainsi, il ne s’est rien passé le 17 octobre 1961, puisque le préfet de police de Paris Maurice Papon déclare deux morts alors qu’on établira qu’ils sont au moins au moins 200, et 600 pendant tout le mois d’octobre.
Pour ce qui concerne la Guadeloupe en 1967, il s’agit de protéger le maire de Pointe-à-Pître, le ministre de l’Outre-Mer, le ministre de l’Intérieur, le préfet et jusqu’à l’ancien conseiller du général De Gaulle en Afrique, Jacques Foccart.
Mais qu’y a-t-il de commun entre la répression sanglante des révoltes populaires et l’homicide volontaire présumé d’un jeune Nanterrois de 17 ans commis par un policier lors d’un contrôle routier ?
M. K. : A la fin des années 1960, on assiste à la diminution, voire la disparition des massacres d’Etat. Pour autant, la pacification du maintien de l’ordre n’a pas eu lieu. Les mouvements sociaux, d’abord en 1968, puis dans les années 1970 et 1980, les révoltes des banlieues, ont été l’objet de pratiques policières illégitimes, illégales. Toutes les émeutes de banlieues ont pour point de départ le décès de jeunes, tués par la police, c’est le point commun avec la mort du jeune Nahel.
Et à chaque fois, se perpétue le mensonge d’Etat, dont le meilleur exemple est celui de Nicolas Sarkozy à propos de Zyed Benna et Bouna Traoré, décédés à Clichy-sous-Bois en 2005. Il avait affirmé qu’il s’agissait de délinquants cherchant à échapper aux policiers. Le déni de la réalité – la violence des policiers n’existe pas – qui entraîne l’impunité des responsables a donc continué après la décolonisation et jusqu’à présent.
La différence avec la situation d’aujourd’hui est qu’on ne peut pas être dans le mensonge d’Etat à cause de la vidéo, qui montre clairement que le tir à Nanterre a eu lieu à bout portant et qu’il n’y a pas eu de tentative d’homicide sur les policiers. Cela change la donne.
Elle est devenue virale sur les réseaux sociaux et a provoqué la colère des jeunes en particulier. Et c’est ce qui fait que le pouvoir – le ministre de l’Intérieur, la Première ministre, le président de la République – a choisi de faire profil bas, dès le premier jour.
Le déni de l’existence des violences policières ne se double-t-il pas d’un autre : celui du racisme dans la police puisqu’on constate que les victimes sont très souvent des jeunes issus de l’immigration ?
M. K. : Le racisme est structurel dans la société française. C’est pour cela qu’il faut travailler sur une histoire coloniale et postcoloniale de la violence dans la police. De Sétif à Nanterre en passant par Vaux-en-Velin, toutes les victimes sont des personnes descendantes de l’immigration. Et c’est pareil au Royaume-Uni et aux Etats-Unis avec des traits spécifiques selon leurs histoires et contextes propres.
Ce n’est pas que la police est raciste mais il y a du racisme au sein de l’institution policière, qui est accentuée par l’extrême droitisation des syndicats de policiers, proches du Rassemblement national. Le communiqué d’Alliance et Unsa-Police menaçant les pouvoirs publics est effroyable, limite factieux…
Le syndicalisme policier a connu une mutation historique. La police nationale avait été créée en 1941 par le régime de Vichy, mais dès 1944, son caractère antirépublicain avait été atténué par la présence de syndicalistes proches du PCF dans les CRS, puis du Parti socialiste jusque dans les années 1980 chez les gardiens de la paix.
Ce processus de basculement vers la droite s’est opéré à la fin des années 1990 lorsque la Fédération autonome des syndicats de police (FASP) a explosé. Alliance est depuis devenue le syndicat majoritaire et attire dans son orbite certaines organisations plus petites qu’on peut qualifier de néonazies.
Comment expliquer ce basculement d’organisations républicaines en groupement de pression sur les institutions républicaines ?
M. K. : Factieux est effectivement le mot. Il faut d’abord rappeler que la police est l’institution de l’Etat la plus syndicalisée (autour de 70 %) pour des raisons essentiellement professionnelles, car il n’y a pas de promotion ou de mutation, voire de soutien juridique possible en cas de conseil de discipline sans l’appui syndical.
Ensuite, les syndicats de police ont suivi les tournants vers la politique sécuritaire entamée lorsque la gauche a basculé à son tour dans le réalisme sécuritaire lors du congrès de Villepinte en 1997, pour répondre au « sentiment d’insécurité ». Ce processus de rappel des principes d’ordre et des valeurs, puis le piétinement de la police de proximité et de tout ce qui ressemble à une politique de prévention par Nicolas Sarkozy à partir de 2002, a durci la représentation syndicale qui l’a accompagné.
Aujourd’hui, il faut prendre acte que la politique du ministère de l’Intérieur est en partie produite par le syndicat majoritaire Alliance. Il y a une sorte de cogestion qu’on a vue à l’œuvre lors du départ de Christophe Castaner de la place Beauvau, lorsqu’en juin 2021, il avait décidé d’interdire la pratique des clés d’étranglement. Cela avait déplu à Alliance, et cela avait coûté son poste au ministre.
Il est aussi évident que la société française a changé, qu’à partir des années 1970 et la montée du chômage de masse, elle a trouvé un bouc émissaire dans l’immigration, comme dans les années 1880 et 1930. La police, sans doute majoritairement acquise aux idées développées par le Rassemblement national selon les sondages, reflète et amplifie l’état d’esprit de la société.
Le déplacement à l’extrême droite du centre de gravité de l’espace politique, la « lepénisation des esprits » est relayée par les réseaux sociaux et les chaînes d’info en continu. L’effet Zemmour, se traduit aujourd’hui dans le communiqué menaçant des syndicats Alliance et Unsa-Police. Il y a des facteurs internes et des facteurs externes, et leur conjonction n’est pas rassurante.
Vous aviez étudié la sociologie de l’émeute après 2005. Qu’est-ce qu’il y a d’identique et de différent entre les émeutes de 2005 et ce à quoi nous assistons aujourd’hui ?
M. K. : C’est le même événement déclencheur, la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré. Deuxième point commun, l’affrontement jeunes-police, déjà présent dans les années 1970 dans la banlieue lyonnaise, à Villeurbane, Vénissieux et Vaux-en-Velin. Le contentieux quotidien, les contrôles au faciès, les humiliations, les insultes à caractère racial, remplissent un vase que la mort d’un jeune fait déborder.
La troisième similitude, ce sont les causes structurelles, les cités se caractérisent par une accumulation de problèmes sociaux et de ségrégations ethno-raciales. Le sentiment d’insécurité y est favorisé par les réseaux de trafics et les bandes, mais aussi par les interventions de la police républicaine ressentie comme une armée d’occupation.
Mais le gouvernement n’a pas répété les mêmes erreurs que Nicolas Sarkozy en 2005. Le policier auteur du tir mortel a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué et une minute de silence a été observée à l’Assemblée nationale en hommage à la victime. On n’est pas dans le déni, et pourtant le résultat est le même…
M. K. : Certes, le gouvernement a fait profil bas, mais de manière mesurée, le premier jour. Dès le lendemain, il est passé à autre chose, en avançant les « violences urbaines », selon une rhétorique proprement policière du pouvoir.
Une autre différence est la rapidité de la diffusion géographique de l’émeute. En 2005, elle était restée concentrée trois jours à Clichy et ne s’est répandue en Seine-Saint-Denis qu’en une semaine, par la suite dans plus de 200 villes en France, avant de régresser la troisième semaine.
Cette année, dès le premier jour, la révolte a concerné Nanterre, Gennevilliers, Montreuil, Roubaix, Bordeaux… Puis elle a gagné de nombreuses villes françaises dès le troisième soir. Ce qui a frappé l’opinion ce n’est pas seulement la rugosité des manifestants, mais surtout les pillages et les agressions contre les élus, qui sont rares en France, à la différence du Royaume-Uni et des Etats-Unis.
Autre caractéristique, tout le monde n’avait pas de smartphone en 2005, alors qu’aujourd’hui les jeunes sont sur les réseaux sociaux 24 heures sur 24…
Enfin, ce qui nous différencie de cette époque, c’est l’accumulation des discours méprisants de l’exécutif depuis 2017, le déni de démocratie, en particulier à l’occasion de la réforme des retraites.
Comme le terrain des affrontements est les cités, et que les populations victimes des bavures policières sont essentiellement des jeunes descendants de l’immigration, le reste de la population pourrait se sentir non concernée…
M. K. : Un certain nombre de stratégies policières ont d’abord été expérimentées dans les banlieues, c’est-à-dire la périphérie, avant d’être étendues aux mouvements sociaux, c’est-à-dire au centre, voire au centre du centre lorsqu’il s’agit des Champs-Elysées à Paris. Les victimes dans le premier cas pouvaient être ciblées : des jeunes garçons, dans la rue, plus ou moins en difficulté, racisés.
Alors qu’aujourd’hui la victime potentielle, c’est n’importe qui car tout le monde peut prendre une balle de LBD, en se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment comme l’a démontré le traitement des gilets jaunes en 2018 ET 2019. Le tournant date de 2007, à l’occasion d’affrontements très violents à Villiers-le-Bel (Val d’Oise) avec usage de pistolets à grenaille et de fusils à plomb par les émeutiers.
Une réflexion stratégique de la hiérarchie policière a amené l’emploi, aux côtés des forces de répression habituelles des manifestations – CRS et gendarmerie mobile – des brigades anticriminalité, qui n’ont pas de formation au maintien de l’ordre, utilisées pour effectuer les interpellations.
On les associe désormais au maintien de l’ordre dans le cadre des mouvements sociaux. De la même manière, le flash-ball apparaît en banlieue en expérimentation en 2004, puis est progressivement étendu à l’ensemble des forces de l’ordre et remplacé par le lanceur de balles de défense (LBD). La stratégie a basculé : elle n’est plus seulement préventive mais offensive, avec l’usage massif d’armes à létalité réduite et de guerre.
Quelles pourraient être les décisions politiques pour sortir de cette crise ?
M. K. : A écouter le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti nous sommes dans une espèce de loi martiale qui ne dit pas son nom. On interdit les bus à partir de 21 heures, on autorise à filmer les personnes dans les rues à partir d’une certaine heure, on inflige des amendes jusqu’à 30 000 euros – sauf les femmes seules ! –, les arrestations se chiffrent par centaines chaque nuit. En fait, le gouvernement veut montrer qu’il agit en privilégiant la répression sur le dialogue, il jette de l’huile sur le feu.
Il y aurait bien des dispositions à prendre pour entamer la désescalade : en premier lieu, dépayser l’enquête judiciaire, puisque la version des policiers selon laquelle il y a avait eu une tentative d’homicide volontaire, qui relève du faux en écriture publique, a été reprise telle quelle par le parquet. C’est une décision technique et symbolique.
Une autre décision politique forte serait de rouvrir le dossier de la loi de février 2017 qui autorise les policiers à tirer en cas de refus d’obtempérer, car c’est la boîte de Pandore : le nombre de morts a flambé ces trois dernières années selon les chiffres officiels et ceux des chercheurs. Cette porte ouverte à toutes les bavures place en insécurité aussi bien les policiers que les citoyens.
Le troisième dossier à ouvrir est : qui protège les citoyens de la police ? On sait que ce n’est pas l’IGPN. Une agence de contrôle indépendante du pouvoir politique et de l’institution policière serait une mesure de bon sens. C’est comme cela que pratiquent nos voisins européens avec de bons résultats. On pourrait imiter leurs bonnes pratiques : en Allemagne, on ne recense qu’un mort en dix ans pour un refus d’obtempérer. Et quasiment aucune émeute en plusieurs décennies.
Mais le contexte politique est-il favorable à ce genre d’initiatives, hélas je ne le crois pas. Et je ne pense pas que les jeunes dans les quartiers considèrent que les choses vont s’arranger. D’où un certain désespoir…
Ici, on tue des Algériens !
Affaire du jeune Nahel, victime de la police française
Rédaction LNR
La vidéo de la mise à mort de Nahel, jeune Français d’origine algérienne, ce mardi 27 juin au cours d’un contrôle policier à Nanterre est glaçante. Deux policiers se tiennent sur le côté d’une voiture à l’arrêt et l’un d’eux discute avec le conducteur par la fenêtre ouverte. On perçoit qu’il donne des coups au travers de la vitre ouverte. L’autre pointe son arme sur le conducteur.
On entend le policier hurler : «Tu vas te prendre une balle dans la tête !» Ensuite vient une détonation et la voiture démarre en trombe. On la retrouve un peu plus loin encastrée dans un poteau. Un gamin de 17 ans vient de mourir. Pourquoi ? Pour un défaut de permis. Oui, en France, la police tue pour défaut de permis de conduire. Elle tue surtout ceux qui sont d’origine algérienne. Un des passagers de la voiture a témoigné que Nahel avait reçu des coups à la tête par l’un des policiers et était complètement sonné.
Son pied était sur l’accélérateur et la voiture a démarré. L’autre policier a tiré. La balle s’est fichée dans la poitrine de l’adolescent. Où sont les ligues et les ONG des droits de l’Homme ?Bavures policières sous le règne
du «maître des horloges»
Les policiers incriminés ont d’abord affirmé que la voiture avait foncé sur eux et qu’ils ont tiré en état de légitime défense, mais la scène filmée par un témoin et qui circule sur les réseaux sociaux dément leurs propos. A aucun moment, ils n’ont été en danger. Ce sont eux, au contraire, qui représentent un danger pour la population qu’ils sont en devoir de protéger. Et les bavures policières, les actes de violence brutale, les tabassages, les éborgnements sont devenus monnaie courante sous le règne du «maître des horloges», celui que toute la presse a surnommé «Jupiter», le Young Global Leader, ancien banquier des Rothschild et protégé de Jacques Attali, à savoir Emmanuel Macron. Depuis ce meurtre, la France brûle. Littéralement. Et ce, dans toutes les villes. Les policiers n’arrivent plus à gérer la situation et la BRI a été déployée.
Emmanuel Macron, toujours déconnecté de la réalité, jette de l’huile sur le feu, comme à son habitude, et impute le chaos actuel à la mauvaise éducation parentale, aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux dont il réclame la mise en place d’une censure. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Moussa Darmanin, en bon petit-fils de harki, préconise la plus grande fermeté et veut instaurer l’état d’urgence et un couvre-feu à 21 heures dans toute la France. Et pendant que le pays dont il a la charge est en proie à l’anarchie et à la destruction, le Président, mal élu, assiste au concert d’Elton John, le chanteur anobli par feu la reine des satanistes, Elisabeth II. Et Brigitte Macron, la (ou le) Marie Antoinette du XXIe siècle, se trémousse au son de la musique. C’est dire si ces gens se sentent concernés par la guerre civile qui s’installe.
La répression est une longue tradition de la police française, notamment lorsque la France collaborait joyeusement avec le IIIe Reich. Elle a aussi fait ses preuves en Algérie qui était sous occupation coloniale de la France. On se souvient notamment que le criminel Maurice Papon, de sinistre mémoire, et qui avait déjà à son actif des crimes contre l’humanité sous Vichy, a continué ses «hauts faits d’armes» à Constantine de 1956 à 1958 où il était préfet régional et où il a créé le «Centre de renseignements et d’action» (CRA), chargé d’opérations policières pour lutter contre le FLN et qui envoyait des commandos spéciaux composés de harkis, de CRS et de gendarmes pour procéder aux arrestations. Papon a utilisé dans l’Est de l’Algérie les mêmes techniques que celles mises en œuvre par Massu à Alger contre nos militants du FLN, et a déployé des «détachements opérationnels de protection» (DOP) spécialisés dans les interrogatoires et la torture. De retour dans la métropole, il a réitéré les mêmes techniques qu’il avait testées en Algérie. Toujours contre les Algériens, bien sûr.
Souvenons-nous du 17 octobre 1961 à Paris, où le préfet Papon, toujours lui, avait donné l’ordre à la police de réprimer la manifestation pacifique organisée par la Fédération de France du FLN pour protester contre le couvre-feu qui était imposé aux travailleurs algériens. Résultat : plus de 300 morts, des centaines de blessés dont certains étaient jetés dans la Seine et s’y noyaient, des dizaines de milliers d’arrestations et le parcage des Algériens dans des camps d’internement avec tabassage et torture à la clé.
Combien d’entre eux ne sont jamais revenus de cette nuit noire ? Souvenons-nous aussi du métro Charonne, le 8 février 1962, où la même police du même Papon a réprimé brutalement une manifestation organisée par le Parti communiste français contre la guerre que menait la France à l’Algérie et contre l’OAS. Résultat : 9 morts, dont des gens au crâne fracassé à coups de matraque, d’autres étouffés, et plus de 250 blessés.
Zemmour, Le Pen et le sang des innocents
Un pays qui engendre des Zemmour et des Le Pen dont le racisme obscène dégouline à chaque prise de parole, se permet de donner des leçons de moralité à l’Algérie dont les forces de l’ordre ont encadré des manifestations de plusieurs millions de personnes lors du Hirak sans aucun incident violent.
Le sang des innocents est le ciment de cette France fasciste, édifiée sur le crime, hantée par la guerre d’Algérie.
Sa matrice est le racisme, la xénophobie, le fascisme. La devise de la France «Liberté, Egalité, Fraternité» ne représente que du vent. Cette devise a-t-elle un jour représenté quelque chose quand on voit le passé sanguinaire de ce pays colonial qui a massacré les peuples vietnamiens et algériens ? Cette même France qui, perpétuant son passé collaborationniste avec l’Allemagne nazie, envoie des armes et des mercenaires à la dictature ukrainienne nostalgique du criminel Bandera, se met à plat-ventre devant l’entité sioniste d’Israël qui assassine le peuple palestinien, et chapeaute son larbin le royaume féodal bousbirien du Maroc qui opprime le peuple sahraoui, n’a aucun droit de dicter sa conduite à l’Algérie indépendante et souveraine. Le gouvernement algérien a d’ailleurs réagi en publiant un communiqué indiquant qu’il suivait de près les évènements.
Devant l’ébullition sociale déclenchée par l’assassinat du jeune Nahel, le policier meurtrier a été mis en examen et placé en détention provisoire.
Mais cela ne suffira pas à calmer la population d’origine algérienne qui subit le racisme et la xénophobie depuis des décennies.
Car la France fasciste n’a jamais guéri de sa haine des Algériens et aujourd’hui, les bruits de bottes résonnent à nouveau dans la patrie «des Lumières et des droits de l’Homme».
Ainsi, ce 30 juin, Alliance, principal syndicat de la police française d’obédience d’extrême-droite, a déclaré la guerre à la communauté algérienne établie en France, en publiant un communiqué de presse dans lequel il traite les jeunes Algériens de «hordes sauvages» et de «minorités violentes» qu’il faut mettre «hors d’état de nuire», et que «l’heure n’est pas à l’action syndicale mais au combat contre ces nuisibles».
Le syndicat Alliance déclare que «les policiers sont désormais au combat car ils sont en guerre» contre cette «chienlit». Un homme averti en vaut deux, et il y a 6 millions d’Algériens en France.
Devant ce qui n’est rien d’autre qu’une déclaration de guerre de la part des forces de police françaises fascistes, il est urgent que nous mettions en place une Amicale des Algériens en Europe pour défendre notre diaspora. Nous ne pouvons pas continuer à recevoir des coups sans réagir.
Et ce qui se dessine à l’horizon n’est pas une crise passagère comme celle de 2005, mais bien une guerre civile contre la communauté algérienne menée par les forces réactionnaires majoritaires et par l’oligarchie qui dirige la France. Celle-ci est désormais un radeau de la Méduse qui navigue en eaux troubles sans capitaine à bord. Le pire est à venir.
SOURCE : Ici, on tue des Algériens ! - La Nouvelle République Algérie (lnr-dz.com)CONCLUSION
A tous les islamophobes qui ne veulent pas d’Algériens en France... Il ne fallait pas les coloniser pendant 132 ans… Bandes d’hypocrites racistes !!!
« "Nous sommes en guerre" déclarent deux syndicats de police : "Gérald Darmanin doit se saisir de ces propos qui sont dangereux", estime Fabien RousselLundi 3 juillet, plus de 150 Bonneuillois étaient rassemblés devant l'hôtel de ville pour rendre hommage à Nahel et contre les violences inacceptables. »
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Commentaires
Il me semble qu'est évacuée du débat une question pourtant essentielle, la dégradation de la situation sociale. Elle s'accompagne, en l'absence d'analyse de ce qui est en cause, d'un racisme et d'une xénophobie qui sont hérités de notre passé colonial. Cela va de pair avec une répression qui ne fait pas de détails même si les Maghrébins sont les plus touchés.
Et en réaction au meurtre de Naël arrivent les émeutes dont la violence rabat l'opinion publique dans le camp du pouvoir. A la limite il peut se féliciter de ce qui se passe, cela permet d'arrêter la réflexion sur ce qui est en cause. Que les désordres continuent et menacent chacun d'entre nous est tolérable pourvu que ne soit pas remis en question un certain ordre des choses.
Sur cette base on peut s'attendre au pire !