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Marc Garanger, le grand photographe appelé pendant la guerre d’Algérie est décédé nous apprend Tramor Quemeneur
Tramor Quemeneur nous informe :
« J’apprends avec tristesse le décès de Marc Garanger, le grand photographe appelé pendant la guerre d’Algérie, qui avec son appareil a contesté cette guerre et les méthodes qui s’y pratiquaient. Il est notamment l’auteur de Femmes algériennes, série de portraits pris dans le cadre du contrôle des populations en Algérie. Magnifique et terrible. J’ai eu l’occasion de travailler avec lui à plusieurs reprises, notamment pour le livre publié avec Benjamin Stora aux Arènes, ainsi que pour le numéro spécial Magazine Historia consacré aux appelés du contingent (avril 2018). C’était une belle personne. Pensées émues à sa famille ».
Marc Garanger et ses 20.000 clichés d’Algérie
Mobilisé en Kabylie de 1960 à 1962, Marc Granger est revenu avec 20000 clichés qui racontent l’horreur de la guerre.
Marc Garanger est né le 2 Mai 1935 à Ezy-sur-Eure, il avait 25 ans en 1960 quand il est appelé à participer aux "événements" d’Algérie. Farouchement opposé à cette guerre, il est affecté dans un régiment d’infanterie, dans les montagnes, au sud de la Kabylie, aux portes du désert.
Photographe professionnel depuis plusieurs années déjà, il décide alors de témoigner de l’horreur et de l’inanité de la guerre.
Il tend un piège à son commandant, en laissant traîner des photos qu’il a emmenées avec lui en Algérie. Séduit, le commandant le nomme photographe du bataillon. Dès lors, avec son Leïca, Marc Garanger ne va avoir de cesse de photographier les exactions, les cadavres des membres du FLN que le commandant exhibe comme des trophées, ravi de présenter son "tableau de chasse".
A son retour d’Algérie, en 1962, Marc Garanger va publier ses photos dans de nombreux magazines. Photographe aujourd’hui mondialement connu, il a réalisé 20.000 clichés en Algérie.
MARC GARANGER, PHOTOGRAPHE RÉSISTANT
Le photographe a attendu cinquante ans pour montrer des images captées de 1960 à 1962, lorsqu’il était appelé en Kabylie.
Il a attendu cinquante ans. Avant, il trouvait que ce n’était pas le moment. On croyait donc qu’appelé du contingent en Algérie, photographe de son bataillon en Kabylie, Marc Garanger n’avait photographié, sur ordre, entre 1960 et 1962, que des femmes forcées de baisser leurs voiles devant son objectif, au mépris de leurs traditions.
On sait ce qu’il en a coûté à ce compagnon de l’écrivain Roger Vaillant, lorsqu’il lui a fallu saisir, dans le feu de cette guerre coloniale qui lui répugnait, ces clichés d’identité humiliants. « Toutes ces femmes, dans leur absolue droiture, non seulement assument pleinement le regard que l’occupant fait peser sur elles, avec tout ce qu’il véhicule d’ignominie, mais surtout, elles nous le retournent », a-t-il eu l’occasion de répéter, lors des nombreuses expositions de ses célèbres portraits noir et blanc de femmes algériennes que la galerie Binôme remontre, ces temps-ci, en écho au 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.
La surprise ne vient donc pas de là. Ni même des images de retrouvailles avec ces femmes, lors d’un retour, quarante-cinq ans plus tard. Elle vient d’un certain nombre de photos d’hommes, totalement inédites, que le photographe a écartées parce que, confie-t-il à Photographie.com, « dans une guerre de rébellion, les hommes ont d’autres façons de se manifester : ils prennent les armes. On ne retrouve donc pas, dans leur regard, cette protestation si manifeste dans les portraits des femmes. Je n’ai pas voulu mélanger ces discours. Maintenant, je me dis que cinquante ans après, il est temps de les montrer ». Les images d’un résistant qui compose, avant de les resserrer, « des portraits en majesté, cadrés à la ceinture, pour rendre toute leur dignité aux Algériens, qui subissaient à l’époque un racisme inimaginable de la part de l’armée française ».
« Un policier à Asnières : "Un bicot, ça ne nage pas"Vincent Liechti JE SAIS QUE JE NE SAIS RIEN... (sous-titre : les 21 conditions du déconfinement lol) »
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