• Maurice Rajsfus, l’historien des violences policières est mort

     

     

     

    Maurice Rajsfus, l’historien des violences policières est mort

     

     

    Maurice Rajsfus, l’historien des violences policières est mort

    Maurice Rajsfus était un rescapé. Il a évité la Rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942. Toute sa vie, il a œuvré pour dénoncer les répressions policières. Il est mort samedi 13 juin à l’âge de 92 ans, a annoncé son fils Marc Plocki à l’AFP. 

     

    Il laisse derrière lui une somme immense sur son sujet. Plus de 60 livres en tout, dont le premier sur l’Union générale des israélites de France (Ugif) intitulé Des juifs dans la collaboration l’a fait connaitre en 1989. S’en suivra notamment La Censure militaire et policière 1914-1918, Le Cherche midi, 1999 ou encore, Drancy, un camp de concentration très ordinaire, 1941-1944, Le Cherche midi, 2005. 

    Mais avant d’être historien, le militant d’extrême-gauche est journaliste. Il est notamment secrétaire de rédaction au Monde. Et en parallèle, il milite. Témoin du massacre du 17 octobre 1961 puis des violences policières lors de Mai 68, il commence à ficher ces actions sur des bristols, jusqu’à récemment. Il n’a cependant jamais fait d’études académiques en histoire. Maurice Rajsfus a cependant passé un doctorat en sociologie en 1992.

    « Infatigable militant antiraciste et antifasciste, Maurice Rajsfus fut un des créateurs de Ras l’Front au début des années 1990 et animateur du bulletin Que fait la police ? Qui dénonça pendant près de vingt-cinq ans les violences et l’arbitraire policier », dit de lui son fils à l’AFP. Ras l’Front est un réseau associatif français créé en 1990 à la suite de « l’appel des 250 » dans le but de lutter contre le Front national et ses idées. Il intervient fortement à la fin du XXe  siècle contre Jean-Marie Le Pen.

    Il laisse 10.000 fiches sur les violences policières.

    Un évident symbole : son existence a pris fin le jour même où des dizaines de milliers de personnes défilaient dans plusieurs villes de France pour dénoncer le racisme et les violences policières et réclamer « justice ». Le combat de sa vie est désormais celui d’une époque, porté par un mouvement sans frontières.

     

    LE COMBAT DE MAURICE

     

    RAJSFUS « HISTORIEN DE LA

     

    RÉPRESSION POLICIÈRE »,

     

    ÉTAIT EXEMPLAIRE

     

    Communiqué LDH 

     

    Maurice Rajsfus est décédé ce samedi 13 juin. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) adresse ses condoléances à ses proches et salut son combat exemplaire.
    Comme plus de treize mille juifs, dont quatre mille enfants, Maurice Rajsfus a été arrêté avec sa famille par les forces de l’ordre française au service du régime nazi, le 16 juillet 1942 lors de la rafle du Vél d’Hiv. L’un d’eux était leur voisin de palier.
    De cette période, Maurice Rajsfus gardera une profonde cicatrice envers la police française. En 1982, il dira : « Quarante ans après, je n’ai pas pardonné ».
    Véritable traqueur des violences policières, il dénonça pendant près de vingt-cinq ans les violences et l’arbitraire policier, et entreprit un inlassable travail de documentation, constituant un précieux fonds d’archives de dix mille fiches sur les violences policières de 1968 à 2014. Il fonda également l’Observatoire des libertés publiques, un an après la mort de Makomé M’Bowolé, tué d’une balle le 6 avril 1993 alors qu’il était interrogé, menotté, dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris.
    Durant la même période, il fut le créateur du bulletin Que fait la police.
    Maurice Rajsfus, c’est aussi l’engagement antifasciste. En 1990, il fut l’un des premiers signataires de « l’appel des 250 » (personnalités) pour lutter contre le Front national de Jean-Marie Le Pen et de ses idées. S’en suis la création de Ras l’front, dont il fut l’un des présidents. Cette organisation avait pour vocation de créer un « mouvement de résistance et de vigilance » contre le « fascisme ». Mouvement unitaire, composé de citoyens, syndicats, associations et partis politiques, Ras l’front, c’était un seul principe : « On ne se planque pas. On leur fait plus de mal en n’ayant pas peur. Apparaître publiquement, c’est plus efficace que la baston ». Les fêtes Black-blanc-beur contre la fête des Bleu-blanc-rouge, c’est eux, le salon du livre antifasciste également, tout comme le travail avec le Droit au logement (Dal)…
    Dans les coups marquants de l’époque de Ras l’front, le 1er mai 1995, place de l’Opéra, au nez et la barbe de Jean-Marie le Pen et de ses militants, une banderole s’abat, un immense calicot, siglé « Non au fascisme. Non au racisme » et signé Ras l’front.
    Maurice Rajsfus, c’est aussi l’écrivain, auteur de plus de soixante livres, dont La police hors la loi, Drancy un camp de concentration ordinaire, Les mercenaires de la République et biens d’autres ouvrages.
    Ses combats doivent aujourd’hui, plus que jamais, être les nôtres. La LDH participe depuis quelques années à la création et au fonctionnement d’observatoires citoyens des libertés publiques et des pratiques policières. Elle y poursuivra sans relâche ses missions et invite les citoyennes et citoyens engagés à en faire de même.

    Paris, le 16 juin 2020 

      

    « En cinq ans, le nombre d'attentats d'extrême droite a triplé en Occident Mais je ne parlerais ici que de la FranceMaréchal Bugeaud : des statues, des rues, des écoles et des massacres en Algérie... »

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