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Message des déportés 2016 Dimanche 24 avril 2016
Message des déportés
pour la Journée nationale du souvenir
de la Déportation
Dimanche 24 avril 2016
En cette journée dédiée au souvenir de la libération des camps nazis de concentration et d’extermination, nos pensées vont d’abord vers les souffrances de celles et ceux qui y sont morts.
Nous voulons aussi rendre hommage aux déportés qui, grâce à la solidarité face à la tyrannie, ont survécu malgré l’horreur de leur situation.
Sans équivalent dans l’Histoire, ces camps de la mort avaient pour principe la supériorité de la « race aryenne » et pour conséquence l’élimination de leurs opposants et l’éradication par des méthodes de mort industrielle de plusieurs millions de femmes, d’hommes et d’enfants.
En 1946, le procès de Nuremberg, fondé en partie sur le témoignage des déportés a permis d’élaborer la notion juridique de crime contre l’humanité, suivie en 1948 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme adoptée par les Nations Unies.
Les déportés pouvaient donc penser que les tragédies qu’ils avaient vécues ne se reproduiraient pas.
En ces temps d’inquiétude et de menace pour l’avenir de l’humanité, il convient de dénoncer toutes les doctrines de haine, de racisme et toutes les violations des libertés fondamentales dont tout être humain doit pouvoir se prévaloir.
Notre hommage d’aujourd’hui n’aurait pas de sens si nous ne prenions pas l’engagement de poursuivre la lutte pour la liberté et la solidarité entre les peuples, conquêtes fragiles qu’il faut défendre sans faiblesse.
C’est l’éducation aux valeurs civilisatrices de paix et d’humanité, l’enseignement de la morale de l’engagement et du devoir civique à l’école qui constituent les plus belles promesses de liberté, d’égalité et de fraternité en France et dans le monde.
Ce message a été rédigé conjointement par :
La Fédération Nationale des Déportés et Internés de la Résistance (FNDIR)
La Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP)
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD)
L’Union Nationale des Associations des Déportés, Internés et Familles de disparus (UNADIF)À propos des jours comme ça où on a envie de pleurer...
Le Mémorial aux victimes du 13 novembre 2015 à Paris
Rappelons-nous l'année 2015, en ces jours de tristesse profonde face à la haine qui s’exprime avec une extrême barbarie, on se rend compte que les crimes hitlériens d’hier - l’écrasement définitif du nazisme et de ses alliés, n’est pas réalisé -, que des actes terroristes télécommandés,- comme l’exaltation des criminels des victimes de Charlie Hebdo et du magasin Kascher début janvier, puis le 13 novembre 2015 resteront à jamais ancrés dans les mémoires de chacun. C'est ce soir-là que 130 personnes perdirent la vie dans les multiples attaques perpétrées aux quatre coins de Paris. - depuis un certain califat, mobilise la violence, car la France a été touchée par le terrorisme, la terreur et la faiblesse des esprits, pour faire vivre une forme de fanatisme religieux, utilisé à renverser nos valeurs et nos démocraties, une provocation qui veut tenter de faire exploser la France républicaine libre.
Inédits ces événements soulignent qu’il est urgent de démêler l’écheveau des conflits régionaux qui ont mis fin aux « printemps arabes » et enflamment désormais une partie importante de l’Afrique. La mobilisation contre la violence ne pourra être féconde si on ignore le terreau, social avant tout, qui la nourrit. Attisée par les interventions étrangères au Proche-Orient, la radicalisation des jeunes djihadistes s’effectue aussi dans une Europe qui s’éloigne de l’esprit des Lumières en laissant prospérer les préjugés et les discriminations, en premier lieu contre les plus démunis.
« Le racisme, l’antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, l’homophobie augmentent de manière insupportable dans notre pays »
C’est donc dans un état d’esprit de mobilisation, de lutte au service de l’histoire et de l’espoir, que 2016 revêt pour nous, citoyens républicains, une importance essentielle, non seulement avec l’indignation de la situation, mais par la nécessité de l’action de continuer inlassablement notre militantisme dans le champ de la transmission de la mémoire, pour apporter à travers ces tragédies, la preuve qu’il n’ y a pas de fatalité, et que la paix se construit... car le chemin de l'obscurantisme qui mène à la haine de l’autre construit la guerre et le recul permanent des acquis.
Mais, la lumière scintille dans les yeux des jeunes quand le danger antirépublicain pointe son nez et, nous demeurons persuadés que nous pouvons compter sur leur mobilisation et leur engagement face au péril des idéologies nauséabondes et destructrices. Nous souhaitons que tous les adultes en soient capables également et qu’ils se rassemblent !
Rêvons de magique aurore, de matins bleus, d’instants légers et de printemps prêts à éclore sur des diaphanes vergers, comme l’écrivait Violette MAURICE à RAVENSBRÜCK en 1944.
Voilà, voilà que ça recommence...
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout et sur la douce France
Voilà, voilà, que ça recommence
Partout, partout, ils avancentLa leçon n’a pas suffit
Faut dire qu’à la mémoire on a choisi l’oubli
Partout, partout, les discours sont les mêmes
Etranger, tu es la cause de nos problèmes
Moi je croyais qu’c’était fini
Mais non, mais non, ce n’était qu’un répitVoilà, voilà...
La leçon n’a pas suffit
Faut dire qu’à la mémoire on a choisi l’oubli
Dehors, dehors, les étrangers
C’est le remède des hommes civilisés
Prenons garde, ils prospèrent
Pendant que l’on regarde ailleurs
Prenons garde, ils prospèrent
Pendant que l’on regarde ailleursVoilà, voilà...
La Bête Est Revenue
Sait-on pourquoi, un matin,
Cette bête s'est réveillée
Au milieu de pantinsQu'elle a tous émerveillés
En proclamant partout, haut et fort :
"Nous mettrons l'étranger dehors"
Puis cette ogresse aguicheuse
Fit des clones imitatifs.
Leurs tirades insidieuses
Convainquirent les naïfs
Qu'en suivant leurs dictats xénophobes,
On chasserait tous les microbes.
Attention mon ami, je l'ai vue.
Méfie-toi : la bête est revenue !
C'est une hydre au discours enjôleur
Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs.
Y a nos libertés sous sa botte.
Ami, ne lui ouvre pas, ta porte.
D'où cette bête a surgi,
Le ventre est encore fécond.
Bertold Brecht nous l'a dit.
Il connaissait la chanson.
Celle-là même qu'Hitler a tant aimée,
C'est la valse des croix gammées
Car, pour gagner quelques voix
Des nostalgiques de Pétain,
C'est les juifs, encore une fois,
Que ces dangereux aryens
Brandiront comme un épouvantail
Dans tous leurs sinistres éventails.
Attention mon ami, je l'ai vue.
Méfie-toi : la bête est revenue !
C'est une hydre au discours enjôleur
Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs.
Y a nos libertés sous sa botte.
Ami, ne lui ouvre pas, ta porte.
N'écoutez plus, braves gens,
Ce fléau du genre humain,
L'aboiement écurant
De cette bête à chagrin
Instillant par ces chants de sirène
La xénophobie et la haine.
Laissons le soin aux lessives
De laver plus blanc que blanc.
Les couleurs enjolivent
L'univers si différent.
Refusons d'entrer dans cette ronde
Qui promet le meilleur des mondes.
Attention mon ami, je l'ai vue.
Méfie-toi : la bête est revenue !
C'est une hydre au discours enjôleur
Dont les cent mille bouches crachent le malheur.
Y a nos libertés sous sa botte.
Ami, ne lui ouvre pas, ta porte.
Car, vois-tu, petit, je l'ai vue,
La bête. La bête est revenue.
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