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Militant de la cause algérienne le buste de Maurice Audin inauguré à Alger
Militant de la cause algérienne
Le buste de Maurice Audin inauguré à Alger
Un jour important
Le buste de Maurice Audin, militant de la cause algérienne assassiné par l'armée coloniale française, a été inauguré ce dimanche à la Place Audin à Alger, et ce à la veille de la commémoration du 65ème anniversaire de sa tragique disparition. L'inauguration s’est déroulée en présence de Pierre Audin, fils de Maurice Audin et président de l’Association Josette et Maurice Audin, Pierre Mansat, le wali d’Alger, Ahmed Maabed, des autorités locales et militaires et des citoyens. Le fils du militant de la cause algérienne a exprimé sa « fierté » de se retrouver sur cette place qui porte le nom de son père, « un partisan de l’indépendance de l'Algérie », a-t-il souligné. Pour le wali d’Alger, il s’agit d’un jour «important » qui confirme la consécration de « la grandeur et la bravoure de Maurice Audin qui a sacrifié sa vie pour la cause algérienne».
SOURCE : https://www.lexpressiondz.com/nationale/le-buste-de-maurice-audin-inaugure-a-alger-357177
Audin, Maillot, Peschard, Iveton
et les autres...
Algérie-France : les passerelles du sang
L’événement porte en lui-même une grande symbolique politique et historique. La question mémorielle pourrait être étoffée par d’autres gestes du côté français.
Le buste à l'effigie de Maurice Audin a été inauguré, hier, dans la prestigieuse place qui porte son nom au coeur d'Alger-Centre. L'ambiance était à son paroxysme, les amis et les militants qui ont connu cet illustre militant de la cause anticoloniale, de la défense des causes justes et du progrès, n'ont pas caché leurs joie et bonheur de voir Maurice Audin retrouver son aura tant écornée par l'incurie de la pensée coloniale et ses succédanés.
Maurice Audin est entre les siens, un communiste qui a vu juste en se reconnaissant en tant qu'Algérien non seulement concerné par la douleur et la souffrance de ses pairs, c'est-à-dire les Algériens comme lui qui croupissaient sous la domination et l'exploitation coloniales effrénées.
La présence d'un nombre considérable de personnes et d'officiels algériens dans la cérémonie d'inauguration du buste à l'effigie de Maurice Audin, renseigne sur la valeur sûre et inestimable de ce vaillant fils de l'Algérie qui a donné sa vie pour faire entendre et connaître la cause de son pays qui était sous l'emprise d'une des plus macabres politiques de peuplement de la France coloniale.
Les représentants de l'association Josette et Maurice Audin et les officiels algériens à travers le ministre des Moudjahidine se sont mis sur la même longueur d'onde pour faire la lumière sur les responsables de sa disparition.
L'événement porte en lui-même une grande symbolique politique et historique. La question mémorielle qui reste le véritable casse-tête qui empêche l'Algérie et la France d'aller vers des relations plus apaisées, pourrait cette fois-ci être étoffée par d'autres gestes du côté français.
Certes, le président Emmanuel Macron s'est distingué par rapport à ses prédécesseurs sur la question mémorielle et sur la guerre et les crimes commis par la France coloniale à l'adresse du peuple algérien durant la longue nuit coloniale qui a duré plus de 132 ans.
Le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation entre les peuples algérien et français est en train de se faire même si cela a commencé d'une manière timide. Le président français, Emmanuel Macron, avait critiqué le système colonial, lors d'un déplacement à Alger en février 2017, et en 2018, «la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans la mort du mathématicien Maurice Audin, disparu en 1957 à Alger». Une autre initiative a été entamée par le président français consistant à «restituer à Alger les crânes des Algériens tués en 1849 lors de la conquête du pays, et dont les restes avaient été conservés au Musée de l'homme, à Paris».
Ces initiatives que les prédécesseurs du président actuel, Emmanuel Macron, n'ont pas osé faire, font de Macron un président qui a su déboulonner les tiroirs de la mémoire en faisant en sorte que les rapports entre l'Algérie et la France doivent sortir du passionnel pour s'inscrire dans une logique d'avenir.Le «théorème» d’Audin
Avons-nous été suffisamment reconnaissants envers ces personnalités d'origine européenne qui ont bravé l'armée coloniale pour que vive l'Algérie indépendante ? Ces martyrs et militants qui ont choisi d'épouser la cause de l'indépendance algérienne ne méritent-ils pas un mémorial qui leur sera spécialement dédié ? Leur engagement en faveur de l'Algérie indépendante a eu un impact majeur sur l'opinion française et internationale. L'inauguration du buste de Maurice Audin, militant de la cause algérienne assassiné par l'armée coloniale française, hier, à la place Audin à Alger, et ce à la veille de la commémoration du 65ème anniversaire de sa tragique disparition, appelle à d'autres initiatives mémorielles en Algérie. L'effet Audin ne doit pas s'estomper. Il faut entretenir la flamme éternelle dans un mémorial.. Il y a quelques mois, des citoyens animés d'un patriotisme farouche ont initié une pétition dans laquelle ils exhortaient les hautes autorités du pays à accéder à cette demande d'«ériger un mémorial pour les amis de l'Algérie indépendante». L'idée n'est pas circonscrite aux seuls Algériens. En septembre dernier, l'actuel directeur du prestigieux mensuel Le Monde diplomatique, Serge Halimi, fils de la défunte militante de la cause algérienne, Gisèle Halimi, avait déjà suggéré ce projet. Dans une lettre de remerciements adressée au président Abdelmadjid Tebboune, Serge Halimi lui a exprimé sa gratitude. «Il est bon de rappeler que quelques Français démontrèrent leur courage et leur universalisme, en même temps qu'ils défendirent l'honneur de leur pays, lorsqu'ils prirent le parti du peuple algérien alors que leur armée s'embourbait dans la voie de la répression et des tortures», écrit Halimi dans sa lettre de remerciements au président Tebboune, avant de formuler discrètement et habilement une demande : «Si ma mère n'est plus là, cette mémoire mérite, je crois, de rester vivante. Pourquoi pas donc un grand mémorial pour ces personnalités, qui va clôturer les festivités du 60ème anniversaire de l'indépendance, qui s'étalent sur toute une année ?» Le mémorial dont il est question «se veut un lieu de recueillement, d'évocation de souvenirs autour d'idéaux partagés, de ressourcement, de rencontres, de diffusion et de partage de connaissances et de documentation». L'initiative est louable, la symbolique est très forte, surtout dans le contexte actuel où la question mémorielle est un enjeu crural dans les relations algéro-françaises.
SOURCE : L'Expression: Editorial - Le «théorème» d’Audin (lexpressiondz.com)
« Scandale : des tags nazis contre Stéphane Ravacley, boulanger candidat pour les législatives à BesançonMassacre du 17 octobre 1961 : les preuves que le général de Gaulle savait »
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Commentaires
2jacki malléaLundi 6 Juin 2022 à 11:02Cette place M. Audin me rappelle les années où, faisant visiter le pays de mon enfance, à des métropolitains, je citais cette dure période où l'on assassinait pour des idées. Mais j'évoquais également, que ce tunnel (des facultés) avait vu des militaires français, abattus par l'OAS. Le 22 mars 1962, à 21h, vingt hommes des commandos Z attaquèrent une patrouille de half-tracks de la gendarmerie mobile qui sortait du tunnel des facultés. Les gendarmes déploraient dis huit morts et vingt cinq blessés.
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Puisque du tunnel des Facultés il est (si légitimement !) question ici, il me revient d’évoquer le souvenir du commissaire Goldenberg, TOTALEMENT ignoré par les services du ministère en charge de la défense, des Armées, des anciens combattants et de la mémoire.
Cf. : https://www.lemonde.fr/archives/article/1961/09/22/le-commissaire-goldenberg-est-le-troisieme-haut-fonctionnaire-de-la-police-assassine-a-alger-depuis-six-mois_2274574_1819218.html
Je lutte depuis une douzaine d’années, sans succès jusqu’à présent, pour que cet exceptionnel fonctionnaire de police voie sa situation régularisée au regard du statut de "Mort pour la France" auquel il était éligible dès le lendemain de son lâche assassinat le 20 septembre 1961.
On trouvera ci-après, en guise d’hommage, quelques éléments de sa biographie :
Alexis Goldenberg était né le 30 décembre 1920 à Berlin. Sa mère avait été déportée à Bergen-Belsen. Ancien résistant dans un maquis de Haute-Garonne, docteur en droit, il avait servi au secrétariat d’État aux Affaires allemandes et depuis 1949 en poste à l’OIPC. Il avait été nommé commissaire de la Sûreté nationale le 1er novembre 1945 et promu principal le 1er novembre 1957. En juillet-août 1945, Goldenberg en fonction à la DST de Strasbourg et le commissaire de Montélimar avaient enquêté sur un agent de la Gestapo ou de la Milice, recherché pour des crimes commis dans cette ville de la Drôme. Le 11 juin 1960, il est affecté à la DSNA, direction de la sûreté nationale à Alger, à la sous-direction des RG comme chef du service de la règlementation ; il y est chargé de la signature des dossiers d’expulsion des activistes d’Algérie. Le 20 septembre 1961 vers 19h40, alors qu’il a quitté le Gouvernement général, à bord de son véhicule (2 CV de couleur jaune, aisément identifiable), il tombe sous les balles d’un tueur à scooter à la hauteur de l’entrée du tunnel des Facultés. Il avait été dénoncé par un policier acquis à l’OAS à l’ex-colonel Godard comme un anti-OAS extrêmement efficace car « procommuniste » et en relation avec le PSU. En fait, il était antibolchévique. Goldenberg a été cité à l’ordre de la Nation, promu commissaire divisionnaire et nommé chevalier de la Légion d’honneur. Ses obsèques se sont déroulées le 22 septembre, en fin de matinée, à l’École de police d’Hussein-Dey.