• Mobilisation contre le projet de loi «sécurité globale» et violences policières : La France en émoi

     

    Mobilisation contre le projet de loi «sécurité globale» et violences policières : La France en émoi

    Mobilisation contre le projet de loi «sécurité globale» et violences policières : La France en émoi

    C’est l’onde de choc qui secoue toute la société française, classe politique comprise. Des milliers de personnes étaient dans les rues pour dénoncer les violences policières et le retrait de la loi sur la «sécurité globale». Ce n’est plus une affaire de journalistes, d’avocats et d’organisations des droits de l’homme. Même les sportifs, d’habitude discrets, sont montés au créneau. Jusqu’à Emmanuel Macron qui sort de sa réserve pour faire face à ce qui est en train de se transformer en crise politique.

    Classe politique, médias, ONG, avocats, artistes, sportifs, intellectuels réagissent aux images insupportables d’un passage à tabac d’un producteur de musique par des policiers. Jusqu’au président Macron qui se dit lui aussi choqué. Avec la police, ce n’est plus un problème de bavures, le problème est structurel, entend-on de plus en plus dans la mesure où les violences policières ne sont pas nouvelles et se répètent. Il est loisible de les remonter dans le temps, à commencer par le 17 octobre 1961.

    Peu de policiers fauteurs – jouissant généralement du soutien ou du silence de leur hiérarchie – ont été poursuivis à ce jour. « En 2020, 39 policiers ont été exclus de la Police nationale, 34 en 2019. Ces chiffres tordent le cou à la rumeur d’une police laxiste envers les siens », a concédé Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale dans une interview au Journal du Dimanche (JDD).

    Il reste que la liste des méfaits policiers n’est pas exhaustive. La mort de Théo, Adama Traoré, Cédric Chouviat, Zineb Redouane (à Marseille victimes collatérales), des dizaines de personnes blessées gravement, souvent à l’œil par tir de LBD pendant les manifestations des gilets jaunes ; des centaines de plaintes et seulement une poignée de policiers poursuivis.

    Il a fallu attendre que le préfet de police de Paris demande aux policiers de ne pas «dévier de la ligne républicaine qui nous sert de guide, cette ligne qui a éclairé les pas de nos anciens dans les ténèbres de l’histoire». Quant au directeur général de la police nationale, il se contente dans le JDD de dire que «les policiers doivent avoir un comportement irréprochable». Serait-ce une manière de reconnaître que ce n’était pas toujours le cas ?

    Soutenu par la droite et l’extrême droite, l’article 24 du projet de loi de « sécurité globale » suscite une levée de boucliers à gauche et chez les défenseurs des libertés publiques qui y voient «une atteinte disproportionnée» à la liberté d’informer et le signe d’une dérive autoritaire.

    Près de 133.000 personnes dans toute la France dont 46.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur et 500.000 au total selon les organisateurs étaient dans la rue samedi dernier, répondant à l’appel de la coordination StopLoiSecuriteGlobale, composée de syndicats, collectifs, associations de journalistes et organisations de défense de droits humains pour une « marche des libertés » .

    Si l’affaire du tabassage du producteur de musique, Michel Zecler et de la brutale évacuation du camp de migrants ont fait grand bruit, c’est aussi, outre la mobilisation des défenseurs de tous bords des droits humains, grâce aux images choquantes rendues publiques par des journalistes et des citoyens, des preuves irréfutables.

    Les images publiées par le site Loopsider montrant un homme noir frappé avec acharnement par des policiers samedi 21 novembre dans l’entrée de son studio de musique à Paris, ont soulevé une indignation générale.
    «On m’a dit ‘‘Sale nègre’’ plusieurs fois et en me donnant des coups de poing», a dénoncé la victime, Michel Zecler, en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

    Le ministre de l’Intérieur est rattrapé par une succession de violences policières. Lundi 23 novembre au soir, les forces de l’ordre évacuent avec brutalité un camp de réfugiés installé le soir-même Place de la République à Paris avec l’aide d’associations humanitaires. La plupart de ces exilés, majoritairement afghans, faisaient partie du campement évacué à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) le 17 novembre. L’action avait pour objectif de «visibiliser ceux que l’on cherche à disperser», selon les orgnisations humanitaires.

    Jeudi 26 novembre, le ministre de l’Intérieur annonce sur le plateau de France 2 que quatre policiers impliqués dans la violente interpellation du producteur de musique avaient été suspendus et qu’ils seraient révoqués «une fois que les faits seront établis par la justice. Lorsqu’il y a des gens qui déconnent, ils doivent quitter l’uniforme», a-t-il estimé. «Ils doivent être sanctionnés. Ils doivent quitter ce travail. Ils doivent être punis par la justice», a-t-il martelé.

    Après deux jours de garde à vue dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale, les quatre policiers ont été présentés à la justice dimanche à la mi-journée, a annoncé le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz.

    Une enquête est ouverte contre eux depuis mardi 24 novembre pour «violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique», avec la circonstance aggravante de racisme, et « faux en écriture publique ». Un juge d’instruction va enquêter sur l’ensemble de l’affaire.

    Faisant le lien entre cette affaire et l’article 24 du « projet de loi de sécurité globale » l’avocate du producteur de musique, Hafida El Ali a indiqué: «Si nous ne disposions pas de ces vidéos, mon client serait en détention.»

    Filmer est «la seule arme du citoyen» 

    Le monde de la culture s’engage lui aussi contre les violences policières. «Voici pourquoi nous continuerons à filmer la police», a écrit le réalisateur de La Haine, Mathieu Kassovitz sur Instagram après avoir partagé la vidéo de Loopsider. «… Il faut qu’on trouve des choses, que nous filmions la police, qu’on ait le droit ou pas, et qu’elle soit responsable de ses actes.» Un message partagé notamment par Omar Sy dans sa story Instagram. «Il est temps de s’insurger contre la tournure que prend la politique intérieure en France et sur de nombreux sujets», souligne le chanteur Christophe Willem. «Une pensée à tous les Michel qui n’avaient pas de caméra…», a indiqué de son côté l’humoriste Kheiron, en faisant référence aux victimes de violences policières dont les agressions n’ont pas été filmées.

    Plusieurs footballeurs se sont aussi mobilisés. L’attaquant-vedette de l’équipe de France et du PSG Kylian Mbappé a ainsi dénoncé sur Twitter «une vidéo insoutenable» et «des violences inadmissibles.» «Ma France à moi, elle a des valeurs, des principes et des codes… Ma France à moi ne vit pas dans le mensonge.» Mbappé conclut son tweet par les mots «Stop au racisme». L’attaquant de l’équipe de France et de Barcelone Antoine Griezmann avait écrit plus tôt sur son compte Twitter : «J’ai mal à ma France.» Le tweet de Griezmann fait suite à ceux de son coéquipier en équipe de France et au FC Barcelone Samuel Umtiti et de l’international Espoirs Jules Koundé.

    Filmer est «la seule arme du citoyen», selon Christiane Féral-Schuhl, avocate, présidente du Conseil national des barreaux. «La liberté de filmer doit demeurer avec l’intention de rétablir les faits et pas de porter atteinte à des personnes», insiste sur franceinfo l’avocate qui demande la suppression de l’article 24 du projet de loi de « Sécurité globale » souligne que «l’objectif de l’article 24 est de préserver les forces de l’ordre lorsqu’il y a malveillance….Mais là, ce sont ces vidéos qui vont permettre de rétablir la vérité. Le fait d’interdire la diffusion d’images porte atteinte à la liberté. …. La malveillance peut être sanctionnée par ailleurs avec d’autres dispositifs.»

    Interrogé pour savoir si l’article 24 de la proposition de loi « sécurité globale », restreint la liberté de la presse, le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius, dans un entretien au Parisien paru samedi répond que «le Conseil constitutionnel ne donne pas de conseils, il prend des décisions qui s’imposent à tous » et n’intervient « donc pas en amont.» Mais, ajoute-t-il, «la liberté d’opinion, la liberté de la presse, la liberté de manifestation sont, pour le Conseil, des libertés fondamentales. Nous verrons, après le vote final du Parlement, quel sera le contenu exact de cet article» que le Premier ministre Jean Castex a annoncé vouloir lui soumettre.

    L’Exécutif dans la tourmente 

    Pour tenter de mettre fin au tollé provoqué par l’article 24 qui encadre la diffusion d’images de policiers, le Premier ministre, Jean Castex, avait annoncé jeudi 26 novembre la création d’une « commission indépendante chargée de proposer une nouvelle écriture de l’article», sur proposition du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Le lendemain, Matignon rétropédale et fait savoir que la «réécriture d’une disposition législative (…) ne saurait relever que du Parlement», après avoir reçu dans la matinée un courrier du président de l’Assemblée, Richard Ferrand, exprimant son «opposition» à cette commission et un autre du président du Sénat, Gérard Larcher, lui demandant d’y renoncer.

    Au cœur de la tourmente qui secoue l’Exécutif, Gérald Darmanin, qui incarne la voie droitière voulue par Emmanuel Macron en vue de la présidentielle de 2022. «Il irrite beaucoup, mais peu lui chaut. Il a sa stratégie politique, il continue, il a un tempérament qui va avec», souligne auprès de l’AFP le politologue Pascal Perrineau. Mais attention, dit-il, à ne pas aller «trop loin dans les provocations». Brice Teinturier (Ipsos) estime que le ministre, en dépit des critiques, n’est «pas fragilisé», car il est «utile» pour l’instant au chef de l’Etat.

    Au sein du gouvernement, le malaise grandit. Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti s’est dit jeudi soir «forcément scandalisé par (les) images» du passage à tabac, avant de reconnaître que si elles n’avaient pas existé , «on n’aurait pas connu» cette affaire. «Il faut filmer», a-t-il ajouté. «Ces images sont insoutenables, vous ne pouvez pas regarder quelqu’un se faire frapper pendant 20 minutes» a réagi Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l’Industrie, invitée de BFMTV vendredi. «Ils ont franchi la ligne rouge, on le voit à l’image.»

    Sortant de sa réserve, le président Emmanuel Macron a dénoncé une «agression inacceptable». «Ces images sont une honte», a-t-il écrit vendredi dans un message sur les réseaux sociaux, demandant une «police exemplaire», et appelant le gouvernement à lui faire rapidement des propositions pour restaurer le climat de confiance entre la police et les citoyens.

    En juin dernier, Emmanuel Macron avait déjà demandé à son ancien ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, de faire des propositions, et surtout de les faire appliquer pour améliorer la déontologie des forces de l’ordre.

    Plusieurs réunions sont prévues cette semaine entre les services des ministères et des administrations concernées. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sera, par ailleurs, auditionné lundi par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, après les violences qui ont entaché l’action des forces de l’ordre depuis dix jours, a annoncé jeudi sa présidente.

    A l’international «les équipes du président étaient particulièrement soucieuses des dégâts provoqués par cette séquence sécuritaire» d’après les informations du Monde qui rapporte aussi que La France a notamment été «morigénée par trois rapporteurs du Conseil des droits de l’homme de l’ONU au sujet de la proposition de loi».

    SOURCE : https://www.elwatan.com/pages-hebdo/france-actu/mobilisation-contre-le-projet-de-loi-securite-globale-et-violences-policieres-la-france-en-emoi-01-12-2020 

     

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