• Mon témoignage d'ancien appelé de la guerre d'Algérie "Pourquoi j'ai refusé la Croix du Combattant"

     

     

    Il y a 60 ans le 8 janvier 1963 c'était la quille

    pour moi, celle que vous voyez sur cette

    photo a été fabriquée sur la Palmeraie

    de Tiout (Algérie)

     Mon témoignage d'ancien appelé de la guerre d'Algérie "Pourquoi j'ai refusé la Croix du Combattant"

    Sur cette quille il y a des noms inscrits, si vous vous reconnaissez, faites-moi signe (Mon @mail : dandelotmije@orange.fr)

    Classe 61 C

    Coquerel, Croissant, Dandelot, Détain, Gaillard, Grivel, Lebris, Le Sellier, Locatelli, Morel, Perrot, Sire.

     

    Ma Guerre d’Algérie 

    Mon témoignage d'ancien combattant de la guerre d'Algérie "Pourquoi j'ai refusé la Croix du Combattant"

    J'avais à peine 20 ans, Tiout à quelques kilomètres

    d'Aïn-Sefra, derrière moi la ligne de chemin de fer

    Oran-Colomb-Béchar 

     

    Le 1er mai 1961 je reçois ma feuille de mobilisation… j’ai à peine 20 ans... je ne les aurais eu que le 19 août... et je n'avais pas le droit de vote !!!  

    Départ pour Marseille, puis embarquement sur le "Ville d'Oran" pour le Club Med... façon "maintien de l'Ordre dans l'Algérie française"  


    Débarquement à ORAN 

    Alors que j'arrive en civil sur cette terre déchirée par une guerre, qui ne dira son nom que 38 ans après en 1999, pour le moment ce n’était que des « évènements, du maintien de l’ordre… quelle hypocrisie » je ne me doute pas qu'au même moment, un autre garçon de mon âge prend lui le chemin du Djebel pour défendre sa Liberté, la vraie, celle de libérer son Pays du colonialisme. 

    J’arrive donc à Oran pour quelques jours, avant de partir pour ma destination prévue, à quelques kilomètres d’Aïn-Sefra, dans la Palmeraie de Tiout,  dans ce pays  je ne vois que des exploités et des dominés, les souvenirs de mon enfance me remontent à la mémoire, je sens que je vais être obligé de faire des choses  contraires à mon idéal de paix et de tolérance, j'ai déjà le sentiment de ne pas me trouver du bon côté... Mais j'ai eu beaucoup de chance et je ne le savais pas encore, dans la région du Sud Oranais où je me trouvais il ne s'est rien passé... Je n'ai même jamais vu ce qu'on appelait un fellagha... Pour cette raison je n'ai jamais eu à me servir d'une arme individuelle... pour cette raison je "n'ai pas eu de sang" sur les mains...
    J’ai constaté que l'injustice et les inégalités étaient criantes.
    OUI j'ai connu des gens qui se croyaient supérieurs et qui traitaient les "Indigènes de quantités  négligeables".

    Le summum de l’ignominie lorsque j’ai appris, bien longtemps après être de retour dans mon vrai pays, la France que l’armée française à la manière des nazis a brûlé des corps dans ce qui ressemblaient à des fours crématoires… c’étaient des fours à chaux… Quelle colère… quel dégoût… Je ne parlerai pas de la torture sous toutes ses formes les plus immondes, des villages brûlés au napalm, c’étaient autant … d’Oradour…

    La quille

    Mon témoignage d'ancien appelé de la guerre d'Algérie "Pourquoi j'ai refusé la Croix du Combattant"

    21 mois après, le 8 janvier 1963, je suis de retour en France. Ma première grande surprise c’est que j’ai eu l’impression que personne ne s’intéressait à ce qui se passait en Algérie. Personne ne me posait de questions comme si une page était tournée, alors que l’on sait qu’en 2023 il y en a encore beaucoup qui n’ont pas tourné cette page cherchant à réécrire l’histoire.

    Au fur et à mesure j’ai appris que 25000 à 30000 militaires français sont morts, environ  450000 Algériens (1 million et demi dit l'Algérie) ont été tués dans cette sale guerre coloniale. J’ai appris que la passation des pouvoirs ne s'est malheureusement pas faite en douceur comme en Tunisie, au  Maroc ou bien encore en Afrique du Sud avec Mandela.  
    En 1962, l'Algérie retrouve son indépendance après 132 ans de présence Française, cependant une autre guerre fratricide continue, les anciens Harkis désarmés par l'Armée Française en paieront le prix fort... mais grâce au livre-enquête de Pierre Daum " Le Dernier Tabou " va à l'encontre des idées reçues.
     

    Deux ans et demi d’enquête, 20 000 km parcourus et des dizaines de témoignages inédits ont été nécessaires à Pierre Daum pour réaliser « Le Dernier Tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance ». Avec cette publication, le simple mot de « harki » ne résonnera plus de la même façon, ni en France ni en Algérie.   

    Cette enquête bouleverse en effet pas mal d’idées reçues, notamment celle du « massacre massif » de harkis après la signature des accords d’Evian.
    Pour l’auteur de l’essai, « les nostalgiques de l’Algérie française instrumentalisent depuis 60 ans les souffrances (par ailleurs réelles) que de nombreux harkis ont vécues au moment de l’indépendance. En exagérant le nombre de morts (le chiffre de 150 000 est très souvent repris alors qu’il ne repose sur aucun fondement historique) et en parlant de "massacre" , voire de "génocide" des harkis, ces nostalgiques tentent, sous couvert d’un pseudo-humanisme, de justifier le combat des ultras de l’Algérie française, notamment de l’OAS. »
     

    L’argument est de fait, mis en avant de manière permanente par ceux qu’on appelle communément les « nostalgériques », dont on a vu à Béziers et dans plusieurs autres villes du sud de la France jusqu’où ils sont capables d’aller. Pierre Daum en est persuadé : « derrière leurs discours dénonçant le "massacre des harkis" , il faut en fait entendre : " nous n’aurions jamais dû lâcher l’Algérie, regardez ce que ces pauvres harkis ont subi ! " Discours plutôt efficace puisque la plupart des Français pensent qu’en 1962, les harkis ont soit réussi à s’enfuir en France, soit ont été massacrés.
    « La version véhiculée par ces groupes postule qu’aucun harki n’est resté vivre en Algérie. Ce qui est complètement faux. Mon enquête, dit Pierre Daum, révèle qu’en réalité, la grande majorité des harkis est restée dans son pays sans y être assassinée. »
     

    Si l’on en croit les résultats de la longue et minutieuse enquête de l’auteur, la plupart d’entre eux sont retournés dans leurs villages et ont retrouvé la vie de paysans très pauvres qu’ils avaient avant la guerre. Beaucoup n’ont pas été véritablement inquiétés. D’autres sont passés par des tribunaux populaires, devant lesquels beaucoup ont réussi à s’en sortir, expliquant n’avoir « rien fait de mal », ou avoir été « forcés par les Français ».
    Certains, par contre, reconnus coupables de violences à l’égard de la population civile, ont été soumis pendant quelques semaines à des travaux forcés. Certains ont passé plusieurs années en prison avant d’être libérés.
    « En général, poursuit Pierre Daum, seuls les plus coupables (de tortures, viols, exactions en tout genre) ont été exécutés. Mais cela n’empêcha pas, en cette période de chaos de l’été/automne 1962, qu’aient lieu de nombreux crimes aveugles, des vengeances sordides et des exécutions sommaires, sans rapport parfois avec la guerre. Il s’agissait alors de vieilles querelles de terre, d’héritage ou de femmes. »
     

    Voilà un ouvrage qui va certainement soulever un certain nombre de polémiques et de protestations, tant du côté algérien que du côté des mouvements français d’extrême-droite qui ont beaucoup utilisé cet épisode pour alimenter leurs discours et leur « idéologie ». 

    Pourquoi j’ai refusé la 

     


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    Ma participation à cette guerre d’Algérie j'y étais opposé, je l’ai donc subie et je le regrette,  quant à mon statut de combattant, j'ai été contraint de l'accepter... 

    Ceux qui ont participé à la seconde guerre mondiale, c'était leur devoir ou d'autres qui se sont engagés dans la Résistance ou ont rejoint l’armée de la France Libre pour combattre le nazisme. Ils choisirent, et firent là actes de citoyens libres et responsables. Si j’avais été dans ce cas-là j’aurai accepté la croix du combattant… mais en aucun cas pour la sale guerre coloniale d’Algérie… 

    Je refuse de considérer les anciens des guerres coloniales de la France comme des combattants au même titre que ceux qui se sont engagés pour des causes justes ? (contre le nazisme par exemple). 

    Les appelés et rappelés pour la sale guerre d'Algérie sont des victimes des politiciens pro-coloniaux de l'époque.  

    La croix du combattant je l'ai refusée parce qu'en Algérie on ne défendait pas la France mais l'Empire colonial. 

    Et, enfin, comme je l'ai écrit plus haut, je n'ai pas combattu, je ne me suis jamais servi d'une arme individuelle, je n'ai pas de sang sur les mains. 

     

    Mon témoignage d'ancien appelé de la guerre d'Algérie "Pourquoi j'ai refusé la Croix du Combattant"

    A la place de la croix du combattant je suis fier de voir

    la colombe de la Paix

    CONCLUSION

    Le 8 Octobre 1962, l'Algérie devient le 109ème Etat de l'Organisation des Nations Unies.

    A travers l'expérience de la guerre d'Algérie, je sais maintenant ce que valent véritablement nos hommes d'État.
    En 1956, la gauche française, élue sur le programme de paix en Algérie, lance une nouvelle guerre coloniale… avec Guy Mollet et François Mitterrand.

    Mais le PCF, qui condamnait la guerre en parole, dans les colonnes de l’Humanité, n’entreprit rien pour gêner le gouvernement. Son vote des pouvoirs spéciaux à Guy Mollet fut pour beaucoup une faute politique.   

    Si on a retenu que De Gaulle mit fin à la guerre d’Algérie, on a tendance à oublier qu’avec lui, la guerre dura encore quatre ans, entre le « Je vous ai compris » adressé à la population européenne algéroise le 4 juin 1958, et la reconnaissance  de l’indépendance algérienne en mars 1962. 

    Avec de Gaulle ce fut 4 ans de guerre supplémentaires pour le pétrole 

    Constatant l’impuissance française à vaincre politiquement et militairement la résistance algérienne,  de Gaulle se prononça en septembre 1959 pour le droit à l’autodétermination des Algériens, signifiant par-là que les intérêts de la population européenne  d’Algérie devenaient secondaires au regard du redéploiement du capitalisme français dans le contexte de la décolonisation mondiale des années 1960. Les intérêts du gouvernement français en Algérie se focalisaient alors sur la question du pétrole et des bases militaires. Pour le gouvernement français,  la guerre d’Algérie est devenue de 1960 à 1962 une guerre pour le pétrole. 

    La guerre a continué et redoublé, pour cet objectif principalement. C’est dans cette période qu’a été perpétré le massacre du 17 octobre 1961, contre une manifestation de milliers d’Algériens à Paris. Et du temps a ainsi été laissé aux généraux putschistes et à l’OAS pour s’organiser, en Algérie comme en France. 

    De Gaulle essaya de conserver les territoires du Sahara sous domination française, n’acceptant  l’indépendance que pour le reste de l’Algérie. C’est seulement le 5 septembre 1961 qu’il finit par reconnaître l’appartenance du Sahara, les départements administratifs des Oasis et de la Saoura,  à l’Algérie et accepta donc de l’inclure dans les négociations globales avec le FLN.  

    Sept mois de guerre seront encore nécessaires  pour parvenir aux accords d’Evian.  

    Pendant plus de soixante ans, j'ai repoussé loin de moi ces souvenirs, aujourd'hui, rien n'a changé en moi, je disparaîtrai avec cette colère d’avoir été à 20 ans, incorporé, contre ma volonté, pour une cause indéfendable dans une SALE guerre (et le mot est faible) la guerre d’Algérie. 

    Je suis en colère, comme mes amis, parce que des responsables politiques de gauche comme de droite m’ont fait perdre 21 mois de ma jeunesse… dans une guerre, pour une cause injuste que je désapprouvais.

    Michel Dandelot 

     

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  • Commentaires

    16
    cros Jacques
    Dimanche 4 Juin 2023 à 16:38

    J'ai vécu à peu près la même histoire que toi Michel. Je confirme que bien que le mot d'autodétermination ait été prononcé par De Gaulle en septembre 1959 la guerre s'est poursuivie avc son cortège de souffrances. Au total elle a duré plus longtemps sous De Gaulle que sous l'ensemble des autres dirigeants de notre pays.

    Je considère moi aussi que le vote des pouvoirs spéciaux par les députés communises le 12 mars 1956 a été une erreur qu'il faudrait reconnaitre. C'est pus aisé à faire aujourd'hui quand on fait le bilan de ce à quoi ils ont conduit, au Coup  d'Etat du 13mai 1958 notamment.

    Cela présente une similitude avec le soutien à l'OTAN qui n'est pas la solution pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Je condamne l'invasion de la Russie de Poutine et demande le cessez-le-feu et l'ouverture de négociations sous l'égide de l'ONU.

    Ah, un autre point, on ne m'a jamais proposé la Croix de combattant. Il faut dire que je n'ai pas été empreint de zèle dans l'exécution de ce qui m'était commandé et comme toi, je n'ai jamais eu à  me servir de mon arme. Je n'ai entendu que quatre fois des coups de feu mais j'étais suffisamment loin pour ne pas être exposé. Au demeurant les rafales d'armes automatiques dont j'ai été témoin l'ont été par deux fois après le cessez-le-feu du 19 mars 1962. La première fois dans l'après-midi de ce 19mars 1962 à Géryville. La  seconde fois à Oran, le 21 avril 1962.

    J'ai eu comme tout le monde la médaille commémorative des opérations de maintien de l'ordre (ordre colonial, cela s'entnd quoique jamais reconnu). Je n'ai jamais arboré cette médaille, je ne me la suis d'ailleurs jamais procurée,  même sous la forme e'un ruban.

    Je n'ai pas été confronté directement à des exaction, encore qu'on m''a eu donné à garder des prisonniers qui avaient érté "interrogés" la nuit précédente. J'ai par contre vu la misère qui touchait les Algériens et le racisme qui n'épargnait pas les appelés du contingent.

    Comme toi Michel je participerai tant que a vie me le permettra à faire éclater la vérité sur cette guerre injuste et anachronique qui avait pour objectif de perpétuer le colonialisme. 

    15
    Samedi 23 Avril 2022 à 16:56

    Ah, j'ai retrouvé sur mon blog la fiche de lecture que j'avais faite sur le livre de Pierre Daum "Le dernier tabou". Voici le lien qui permet d'y accédder : http://cessenon.centerblog.net/6570923-le-dernier-tabou

      • Dimanche 4 Juin 2023 à 16:47

        J'ai été adhérent quelques année à la FNACA et c'est cette dernière qui m'a proposé la croix du combattant que j'ai refusée. Voilà la seule différence entre nous deux.

    14
    Samedi 23 Avril 2022 à 11:38

    Il y a deux éléments dans ce dossier du jour.

    Le premier concerne le sort des harkis et plus précisément le libre de Pierre Daum. Le second a trait à l'absurdité à laquelle ont été confrontés les jeunes Français qui ont eu 20 ans en ce temps-là.

    Moi non plus, pas davantage que Michel je n'ai été un combattant. Je n'ai combattu que mon ennui, l'imbécillité de la situation dans laquelle je me trouvais avec le poids de ce qu'était l'institution militaire.

     

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