• Nadine Morano ce soir à Chalon-sur-Saône, lettre ouverte de Dominique Sopo président de SOS Racisme

    C’est donc ce soir, comme nous l’annonce le journal local, que la Blanche Neige de la droite extrême viendra délirer devant un parterre de sympathisants tout acquis à sa cause, avec, bien sûr, la présence du Maire de Chalon-sur-Saône, (prudent ?) ayant précisé que ce n’était pas lui qui l’avait invité mais que c’était elle qui s’était proposée.

    Voici donc le petit communiqué du JSL : 

    Nadine Morano ce soir à Chalon-sur-Saône, lettre ouverte de Dominique Sopo président de SOS Racisme

    Chalon-sur-Saône Nadine Morano ce mercredi en Saône-et-Loire pour la rentrée des Républicains

    Nadine Morano ce soir à Chalon-sur-Saône, lettre ouverte de Dominique Sopo président de SOS Racisme

    Nadine Morano à St-Christophe -en-Brionnais lors de la dernière campagne des Européennes. Photo archives Benoit MONTAGGIONI

    Nadine Morano fait ce mercredi le déplacement à Chalon-sur-Saône. La députée européenne LR, ancienne ministre des années Sarkozy est l’invitée ce soir, salle Marcel-Sembat, de la réunion de rentrée de la fédération des Républicains de Saône-et-Loire. Nadine Morano interviendra sur la question migratoire en diffusant aux militants, le court-métrage réalisé au Liban et en Jordanie lors de son déplacement dans les camps de réfugiés.

    SOURCE : http://c.lejsl.com/zen/edition-de-chalon/2018/01/10/nadine-morano-ce-mercredi-en-saone-et-loire-pour-la-rentree-des-republicains

    Dominique Sopo, président de SOS Racisme :

    Eugène et Fernande, mes grands-parents

     de Valenciennes, auraient honte de vous

    Madame Morano

    Les diatribes de Nadine Morano sur la « race blanche » ne feront que retarder et non empêcher la salutaire évolution de la France en pays multicolore, dont les réfugiés doivent retrouver le chemin et l’envie de s’y installer, proteste Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

    Nadine Morano ce soir à Chalon-sur-Saône, lettre ouverte de Dominique Sopo président de SOS Racisme

    En 2015, Nadine Morano se rendait au Liban pour visiter un camp de réfugiés syriens. À cette occasion, elle a posé d’un air épanoui pour une photo où apparaissent les visages juvéniles et radieux de deux petites réfugiées. Qu’elles étaient heureuses ces réfugiées de se serrer avec affection et simplicité contre une personne qu’elles pensaient s’intéresser à leur sort ! À peine deux semaines plus tard, elle se réclame de cette visite de terrain pour se lancer devant des millions de téléspectateurs dans une tirade pleine de haine et de rejet à l’endroit des réfugiés.

    En somme, elle a trahi le sourire de ces deux enfants. Je n’attends pas qu’elle en éprouve de la honte. Je l’en crois malheureusement bien incapable. Sa tirade, elle l’a faite en les abandonnant au racialisme le plus abject et en exprimant un rejet sans fard des musulmans, des étrangers et de leurs enfants. Sa « défense » de la « race blanche », tout droit sortie des égouts de l’Histoire tragique dans laquelle nous précipitèrent naguère de telles pensées, la place clairement à l’extrême droite, bien qu’elle camoufle cette évidence en se réclamant d’un parti – Les Républicains – dont elle salit le nom. Élue par les Français et siégeant à l’Europe, elle réussit l’exploit par la même occasion de trahir l’idéal européen – né des décombres d’une seconde guerre mondiale dont les carburants les plus puissants furent le racisme et l’antisémitisme – ainsi que l’idéal de notre pays.

    Une insulte aux générations passées

    De notre pays, elle déshonore les combats et insulte les générations passées sans oublier de cracher à la face des générations qui en sont aujourd’hui l’incarnation vivante. Je ne sais pas ce qu’est sa France, ou plutôt je le sais trop bien. Je vais donc lui parler de ma France, à travers quelques éléments qui auront peut-être l’intérêt de la distraire, à défaut de la toucher. Mon père étant orphelin de naissance, je n’ai connu que deux grands-parents, les parents de ma mère. Mon grand-père s’appelait Eugène, ma grand-mère s’appelle Fernande. Ils vivaient là où je suis né, à Valenciennes, dans une région alors – déjà – en plein désastre économique.

    Mme Morano aura peut-être deviné à leur prénom que mes grands-parents sont deux spécimens de ce que vous appelez la « race blanche ». Encore que, du côté de mon grand-père à tout le moins, la remontée dans l’arbre généalogique indique une ancienne ascendance espagnole, ce qui n’exclut donc pas la présence lointaine de quelques juifs et musulmans de l’Andalousie. Lorsque mon père – dont je précise qu’il est né au Togo et que sa conception du monde classerait dans la case de la « race noire » - rencontra ma mère, mes grands-parents ne virent pas un Noir. Ils virent un gendre. Lorsque des enfants naquirent de cette union, mes grands-parents ne virent pas des métis, ils virent leurs petits-enfants. Précieux soutien à une époque alors pétrie de préjugés et dont nous nous plaisions à croire qu’elle était révolue.

    J’imagine sans mal les remarques que durent subir mes grands-parents, qui aggravèrent leur cas en ayant plusieurs de leurs filles qui se marièrent à des hommes venus de l’Afrique subsaharienne. Je connais les insultes les plus outrageantes que durent subir mes parents et mes tantes, parfois jusque sur les murs publics. J’ai lu plusieurs lettres à moi adressées et dans lesquelles les auteurs exprimaient très clairement ce qu’ils pensaient d’une femme blanche qui était mariée à un homme noir. Ceux qui portaient l’idéal de la France, ça n’était pas et cela ne sera jamais les aboyeurs racistes qui, à l’instar du comportement de Madame Morano, ont toujours cru pouvoir se comporter en cons glorieux.

    La France s’incarne dans des grands combats et dans des petits moments d’une grâce infinie. Elle s’incarne dans Eugène et Fernande, qui tirèrent de leur condition populaire un humanisme qui vous a abandonnée si tant est qu’il vous ait déjà accompagnée. La France, Madame Morano, s’incarne lorsque Camille Desmoulins proclame à l’Assemblée, face à ceux qui agitent la peur de la fin des colonies si l’égalité venait à y progresser, cette phrase mémorable : « Périssent nos colonies plutôt La France » s’incarne lorsque, face au déferlement antisémite qui balaya la France lors de l’Affaire Dreyfus, Emile Zola rédigea son « J’accuse… ! » et naquit la Ligue des Droits de l’Homme. La France s’incarne lorsque, au moment où l’honneur, la fierté et l’espoir étaient rentrés dans la nuit de la Collaboration, des hommes et des femmes, de toutes origines, de toutes nationalités et de toute couleur fusionnèrent, au nom de leur survie individuelle mais aussi et même surtout au nom des idéaux de notre pays, dans la Résistance.

    Les visages de la France dans cette nuit tragique, c’étaient le visage du Général de Gaulle dont Mme Morano se réclame outrageusement, les visages de l’Arménien Missak Manouchian et des Juifs étrangers des FTP-MOI, les visages des Guyanais Félix Éboué et Gaston Monnerville, le visage de Joséphine Baker, le visage de Jean Moulin, les visages des tirailleurs sénégalais qui contribuèrent à la libération de la France et au statut de vainqueur dont nous pûmes grâce à eux nous targuer dans l’Après-guerre, les visages des goumiers marocains dont elle ignore peut-être qu’ils jouèrent un rôle décisif dans la victoire de Monte Cassino et donc dans la libération de l’Italie où elle a quelques origines et bien sûr les visages d’une cohorte d’anonymes qui n’oubliaient pas que l’essentiel n’était pas dans le délire de la race mais bien dans la communion d’une Humanité qu’il s’agissait de refonder sur les bases d’une égalité réaffirmée.

    La France s’incarne lorsque, dans les années 1980, la jeunesse de notre pays se leva contre le racisme et fit le plus beau des rêves : celui de mettre à bas cette vieille haine qu’elle cherche aujourd’hui à réactiver. La France respirait de beauté lorsque des centaines de milliers de manifestants défilaient pour refuser que l’on tergiverse sur la nationalité française des enfants d’Algériens ou pour marquer dans l’espace public leur refus des outrages du racisme. La France s’incarne lorsque la République, malgré sa longue compromission coloniale, ouvrit ses bras aux réfugiés et aux migrants d’Italie, d’Espagne, de Pologne, de Belgique, de Russie, du Portugal, du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie du Sud-est.

    La France s’incarne lorsque de cette myriade d’histoires, de peuples, de cultures, de trajectoires individuelles se poursuit, se déploie et se réinvente une Nation. Voilà ce qu’est la France. Un pays dont on sait qu’il est beau lorsque des gens, fracassés par la vie, désirent le rejoindre en se disant que c’est dans ce pays-là qu’un avenir est possible pour eux et pour les enfants. Par le fait de personnes comme Mme Morano, c’est avec tristesse que je constate d’ailleurs que, pour la première fois depuis très longtemps, les réfugiés considèrent la France comme un pays à éviter. L’époque est à la régression et elle compte manifestement tirer les marrons du feu en y jouant un rôle ou en s’abandonnant à la pente de l’amoralité.

    Lorsque le temps sera au souvenir, la France, malgré Mme Morano et malgré ceux qu’elle suit et qui la suivent, sera un pays dans lequel il sera enfin normal de s’appeler tout aussi bien Audrey, Mohamed, Fatou, Patrick, Elie ou Li Mei. Elle aura juste contribué à retarder ce moment de l’advenue de cette pleine réalisation de la promesse républicaine. Ce moment, nous ferons en sorte qu’elle la retarde le moins possible.

    SOURCE : http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/10/02/eugene-et-fernande-mes-grands-parents-de-valenciennes-auraient-honte-de-vous-madame-morano_4781499_823448.html 

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 10 Janvier 2018 à 20:01

    Atteinte de blanchite cette pouffiasse...la barbarie d’une idéologie qui fait de la blancheur le symbole de la beauté et de la pureté pour mieux dissimuler l’effroi qu’elle véhicule. La « blanchité » s’y révèle être une construction culturelle, sociale et politique, solidement ancrée mondialement et fragilisée, tantôt menaçante tantôt menacée.

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