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Ne manquez pas le remarquable documentaire « La Police de Vichy » par David Korn-Brzoza et Laurent Joly France 3 Mercredi 19 septembre, 20h55
Ne manquez pas le remarquable documentaire
« La Police de Vichy »
par David Korn-Brzoza et Laurent Joly
France 3
Mercredi 19 septembre, 20h55
Ce documentaire revisite ces années noires qui marquèrent à jamais l’institution policière française.
La Police de Vichy retrace les années noires de la police française : la collaboration, la traque des communistes, les rafles des Juifs, la Résistance, la Libération, l'épuration. Grâce à des archives rares et au moyen de l’animation et de la création graphique, ce film redonne vie aux principaux responsables politiques et administratifs de la police de Vichy : Laval, Bousquet, Pucheu (ministre de l’Intérieur), des miliciens... Leurs paroles, consignées dans des mémoires, des procès-verbaux d'audition, de la correspondance, nous racontent, de l’intérieur, une histoire inédite de la police de Vichy.
Soldats allemands et policier français au sommet de l'Arc de Triomphe. Paris (VIIIème arr.), 14 juin 1940. © Ullstein Bild / Roger-Viollet
Comment la police de Vichy s'est totalement soumise aux nazis
Longtemps passée sous silence, taboue, la police de Vichy a pourtant eu un rôle déterminant dans la collaboration avec les Allemands. Sans elle, ils n'auraient jamais été capables de rafler autant de Juifs de France. Dans un remarquable documentaire à voir sur France 3 le 19 septembre, Laurent Joly et David Korn-Brzoza reviennent sur l'histoire indigne de nos forces de l'ordre.
"La police française a réalisé jusqu'ici une tâche digne d'éloges". Cinq jours après la rafle du Vel' d'hiv, le général en chef de la SS en France, Carl Oberg, acclame en ces mots les forces de l'ordre françaises. Elles viennent d'orchestrer et de réaliser une opération colossale, arrêtant 13 152 Juifs parisiens en quelques jours.
Peu connue, la police française est pourtant "la principale force du régime de Vichy" et "le principal atout de la Collaboration", rappelle le documentaire La police de Vichy. Diffusé sur France 3 mercredi 19 septembre, en prime time à 20h55, ce film revient sur la proximité extrême des forces de l'ordre avec le régime nazi, jusqu'à la Libération.
Le brillant historien Laurent Joly y pointe une réalité déchirante : les flics français ont une grande responsabilité dans l'extermination des juifs. Sous l'état dictatorial de Pétain, c'est la police de Vichy qui a largement collaboré avec la Gestapo, raflé les Juifs, les réfugiés politiques, les communistes, les résistants, ou encore donné des noms d'otages à exécuter aux Allemands.
Un soldat SS avec un policier français. © Mémorial de la déportation
Des camps d'internement en zone libre, surveillés
par les Français
Car les forces de l'ordre françaises ont dépassé les attentes des Nazis. "Dès le premier jour [de l'occupation], l'occupant est surpris de l'esprit de collaboration étonnant des policiers français", narre la voix off. Et cet esprit ne se tarira pas. Si "des dizaines des flics réputés antinazis sont arrêtés", les hommes restant se mettent au pas d'Hitler, "sans complexe". A la tête de la police, des activistes d'extrême-droite, des hauts fonctionnaires, ou des anticommunistes déterminés noueront des "arrangements criminels avec les Allemands".
Sans sourciller, le Ministère de l'Intérieur commence par ouvrir en zone libre des camps de concentration (pudiquement appelés "camps spéciaux") pour y interner 40 000 Juifs étrangers. Uniquement surveillés par les forces de l'ordre françaises, les détenus vivent dans des conditions dramatiques. A l'hiver 1941, "dans le seul camp de Gurs, plus de 700 internés décèdent".
“Le pire est à venir”
Plus la guerre avance, plus l'épuration politique et raciale ira loin dans l'horreur. "Le pire est à venir", conte le documentaire, compilant archives rares, vidéos de propagande et articles de journaux d'époque. En 1942, les forces allemandes dans l'Hexagone ne sont plus que 40 000 (trois fois moins que leurs collègues français), mais les chefs de Vichy n'en profitent pas pour freiner leur collaboration avec les Nazis. Bien au contraire.
Quand les hommes du Reich annoncent la déportation prochaine de 5 000 Juifs en zone occupée, le nouveau chef de la police René Bousquet leur fait savoir qu'"il y a aussi des milliers de Juifs étrangers en zone libre, et qu'il serait disposé à [leur] livrer". Un mois plus tard, en juin 1942, les Allemands réclament ainsi la livraison de 40 000 Juifs de France. Cet objectif sera malheureusement dépassé. "A la fin de l'année 1942, 42 000 victimes ont quitté [l'Hexagone] à destination d'Auschwitz".
“Vichy prétend s'être entendu avec l'occupant pour sauver les Juifs français. En vérité, il en a sacrifié des milliers.”
Prestation de serment des agents de police, faisant le salut fasciste au palais de Chaillot, à Paris, en janvier 1942 (photographie interdite par la censure). © LAPI / Roger-Viollet
Le drame des enfants, une honte absolue
L'indignité des forces de l'ordre atteint son paroxysme lors de la rafle du Vel' d'hiv'. Dans un premier temps, les Allemands n'avaient pas prévu de déporter les Juifs de moins de seize ans. Mais ce n'est pas de l'avis des policiers français, qui arrêtent 13 152 "Israélites", dont 4 000 enfants.
Alors que le chef du gouvernement Laval avait prévu de livrer 24 000 Juifs aux Allemands, il rougit devant cet "échec relatif". Et "insiste ainsi pour que les enfants soient déportés avec leurs parents". Deux semaines plus tard, les Nazis donnent leur accord à la déportation des enfants. Si leurs parents ont déjà été envoyés dans les camps de la mort, "les enfants, dont plus de 800 ont moins de six ans, sont déportés sans eux, dans des wagons plombés".
“Le drame des enfants a fait jouer à la police et à la gendarmerie le rôle le plus honteux de leur histoire.”
“Tous ont tenté de justifier l'inacceptable”
A la fin de la guerre, à leurs procès, les responsables de Vichy n'hésitent pas à se cacher derrière des mensonges culottés, éhontés, martelant effrontément qu'ils ont sauvé des Juifs français. "Tous ont tenté de justifier l'inacceptable". Avec talent, le réalisateur David Korn-Brzoza confronte les paroles fallacieuses des chefs de la police (incarnés par des comédiens) et les archives, ne laissant aucun doute sur leur culpabilité. Laval, Bousquet ou encore Darnand reprennent ainsi vie, cachés derrière un cynisme affligeant.
La reconstitution des paroles de René Bousquet, dans le documentaire La police de Vichy © PROGRAMM 33
Jusqu'à la Libération, les arrestations de Juifs, mêmes français, se multiplieront. Début 1944, sous la houlette du nouveau Ministre de l'Intérieur Joseph Darnand, la terreur s'installe. Les policiers traquent, torturent et assassinent les résistants et réfractaires au Service du travail obligatoire (STO).
Les flics, valets de la Gestapo devenus miraculeusement résistants
Mais après le Débarquement, le vent tourne chez les policiers. Sans pour autant déserter, "40% [d'entre eux] sont officiellement souffrants" en juillet 1944. Dans les combats pour la Libération de Paris, les flics sont en première ligne, et se joignent aux résistants. "Pourtant, parmi ces héros du jour, nombreux avaient jusque-là exécuté les pires ordres : arrêter des résistants, ou rafler des Juifs."
Les combats de Paris suffisent toutefois à "laver l'opprobre". En ces temps agités, le pouvoir gaulliste a besoin de forces de l'ordre, et "tourne la page de la collaboration policière". La police sera quand même "le corps professionnel le plus épuré à la Libération".
“Plus de 10 000 policiers sont sanctionnés, internés ou jugés. Les chefs des brigades spéciales, les commissaires zélés, les pourvoyeurs de pelotons d'exécutions, sont condamnés à de lourdes peines.”
Si Laval est condamné à mort, certains réussissent à se faire oublier, comme René Bousquet. "Responsable des grandes rafles anti-juives", il est acquitté en 1949 pour services rendus à la résistance. Il n'est inculpé qu'en 1993 pour complicité de crimes contre l'humanité, avant d'être assassiné par un déséquilibré la veille de son procès. Laurent Binet écrit dans son livre HHhH (Grasset, 2009) que ce "spectaculaire abruti" nous a ainsi privés du "procès du siècle".
La Police de Vichy, de David Korn-Brzoza et Laurent Joly, sur France 3, le mercredi 19 septembre à 20h55.
La police de Vichy : l’obéissance aveugle... jusqu’à l’abomination
Sans la collaboration zélée de la police avec la Gestapo, jamais les occupants nazis n’auraient pu rafler autant de Juifs, de résistant-es, de communistes, de réfugié-es politiques … Un documentaire remarquable de Laurent Joly et David Korn-Brzoza, sur France 3, mercredi 19 septembre à 20h55, revient sur ces années honteuses des forces de l’ordre françaises. Un passé entièrement révolu ?
« Dès le premier jour [de l'occupation], l'occupant est surpris de l'esprit de collaboration étonnant des policiers français », expose la voix off. Le documentaire La police de Vichy nous rappelle que la chasse au quotidien et les rafles des Juifs, résistants, communistes, réfugiés politiques, la livraison aux Allemands des listes d’otages à exécuter… ont principalement été le fait des policiers et gendarmes français, dans leur grande majorité inféodés au régime de Vichy, auquel ils prêtèrent serment sans état d’âme.
Ainsi, l’hiver 1941, ce sont les forces de l’ordre françaises, et uniquement elles, qui surveillent les camps de concentration où le Ministère de l’Intérieur interne dans des conditions épouvantables 40 000 Juifs étrangers. « Dans le seul camp de Gurs, plus de 700 internés décèdent. » L'indignité de la police française atteindra son paroxysme lors de la rafle du Vel' d'hiv, les 16 et 17 juillet 1942, avec l’arrestation de 13 152 « Israélites ». Dont 4 000 enfants, dépassant ainsi la « commande » des Allemands qui, dans un premier temps, avaient exclu de les déporter. Ravi par tant de zèle, peu après la rafle du Vel’d’hiv, le général en chef de la SS en France s’exclamera : « La police française a réalisé jusqu'ici une tâche digne d'éloges ! »
« Le pire est à venir » nous prévient le documentaire qui nous décrit la montée en puissance d’une terreur policière qui ne prendra fin qu’en juillet 44, quand les flics tourneront casaque, certains allant jusqu’à rejoindre la Résistance en participant aux combats pour la Libération de Paris !... Ce qui suffira à « laver l’opprobe ». « Pourtant, parmi ces héros du jour, nombreux avaient jusque-là exécuté les pires ordres : arrêter des résistants, ou rafler des Juifs. » Après ce sera l’épuration puis l’oubli…
Bien construit, servi par un commentaire informatif et incisif, des images d’archives exceptionnelles, des articles de la presse collaborationniste et des films de propagande choisis avec pertinence, le documentaire de Laurent Joly et David Korn-Brzoza est un réquisitoire sur les pratiques des forces de l’ordre française sous l’occupation – « le principal atout de la Collaboration » – et de leurs chefs (les Laval, Bousquet, Darnand…).
« On ne peut s’empêcher de penser
à la guerre d’Algérie
et à des événements plus récents »
Reste qu'après La police sous Vichy, on s’interroge, on se demande comment et pourquoi des êtres humains peuvent ainsi plonger dans une telle indignité. Inévitablement, on pense à l’après. Car, même s'il ne peut être question de comparer la période de l’occupation avec celles qui ont suivies, l’amalgame ne pouvant qu’être contre-productif, on ne peut s'empêcher de penser à la guerre d’Algérie et au rôle peu reluisant joué par la police, au racisme, aux rafles (encore !), au massacre de Charonne le 8 février 1962, à celui du 17 octobre 1961 où furent arrêtés, bastonnés et assassinés des centaines d’Algériens, sur l’ordre d’un certain Maurice Papon... On pense aussi, notamment et dans le désordre, aux violences policières en Mai et juin 68 (« CRS : SS ! »), à la chasse aux sans-papiers, aux réfugiés, aux harcèlements policiers à l’égard des jeunes des cités, aux humiliations, violences et assassinats impunis, aux milliers de grenades balancées par les gendarmes mobiles à Notre-Dame-des-Landes… Et, bien sûr, on pense à un certain Benalla à l’insolence et à la violence rendues possible par l’obéissance coupable de fonctionnaires de police, à tous les niveaux de la hiérarchie.
Pour comprendre, pour se garder de toute illusion suicidaire sur la police, c’est à un rescapé de la rafle du Vel’d’hiv qu’il faut faire appel. Pour Maurice Rajsfus, auteur de nombreux livres sur le génocide des Juifs en France et sur le rôle de la police, « sur le terrain, la police n'est pas plus républicaine qu'elle n'est une institution représentative de la démocratie authentique. Elle a toujours formé un corps de fonctionnaires habitués à l'obéissance aveugle. Ces civils en uniforme ont, en chaque occasion, jugé utile d'aller au-delà des ordres reçus, d'améliorer le rendement, d'être performants. Les policiers sont pour la plupart des citoyens qui se situent au-dessus des lois qu'ils sont censés faire respecter. » (1)
La Police de Vichy
par David Korn-Brzoza et Laurent Joly
France 3
Mercredi 19 septembre, 20h55
(1) La police de Vichy, les forces de l’ordre françaises au service la Gestapo, Le Cherche Midi,1995.
« L’universitaire français Olivier Le Cour Grandmaison : L’ensemble des crimes coloniaux doivent être qualifiés “comme ils devraient l’être”France-Algérie, le déchirement que chantait Rachid Taha »
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Commentaires
On peut lire sur mon blog un document concernant le camp de rétention créé à Lacaune dans le Tarn et les rafles qui y ot é opérées. Lien http://cessenon.centerblog.net/6571523-juifs-a-lacaune