• OGERET, ARAGON ET LES LARMES

     

    OGERET, ARAGON  ET LES LARMES

    Les Médias bourgeois, ultralibéraux, aux ordres des puissances d’argent… ont occulté la mort de l'immense interprète et chanteur Marc Ogeret… pas un seul petit communiqué, même pas une seule petite brève… Bien sûr Marc Ogeret n’était pas de leur monde… Honte à eux !!! 

    OGERET, ARAGON

    ET LES LARMES

    Daniel Schneidermann

    Il n'y aura ni obsèques nationales, ni communiqué d'Emmanuel Macron, ni éditions spéciales avec Stéphane Bern sur BFM. Les matinales radio ne s'y attarderont pas. Marc Ogeret, dont on a appris hier la mort à 86 ans, n'était pas de ces mondes-là. Ogeret avait chanté la Commune, il avait chanté Genet, et plus généralement les espoirs des peuples à travers les siècles. Ogeret était simplement une belle voix, au service de belles paroles, pour chanter de grandes espérances. Il était d'un autre monde, d'un monde englouti. Ce patrimoine-là n'aura pas son loto.

    Les rares nécros qui lui sont consacrées ce matin évoquent surtout "Marc Ogeret, interprète d'Aragon". C'est Marc Ogeret qui m'a fait tardivement découvrir l'un des plus étranges poèmes d'Aragon, Les larmes se ressemblent. Ni Ferré ni Ferrat ne l'avaient repéré, celui-là. Ou bien les deux géants s'en sont prudemment tenus à l'écart. Bref, ils l'ont laissé à Ogeret, qui en a fait une romance envoûtante. Aragon y évoque l'occupation de la Rhénanie, à laquelle il a, jeune soldat, participé en 1919, sur fond de rasades de Kirsch, et de Rhin noir. Il évoque l'humiliation des Allemands vaincus, et les actes de terrorisme contre les troupes d'occupation françaises. "On trouvait parfois au fond des ruelles / Un  soldat tué d'un coup de couteau / On trouvait parfois cette paix cruelle / Malgré le jeune vin blanc  des coteaux".

    Pourquoi dis-je qu'il est étrange ? Parce, dans ces lignes publiées en 1942, au plus noir de l'Occupation allemande, Aragon semble renvoyer dos à dos les deux occupations, la française et l'allemande. "Les larmes se ressemblent" : comme s'il comparait les larmes françaises de 1942, et les larmes allemandes de 1919. Comme s'il justifiait, finalement, le nazisme, par les humiliations du traité de Versailles. Du grand poète communiste de la Résistance, ce message est inattendu, et politiquement bien peu dans la ligne. A moins qu'il ait été écrit avant 1941, avant l'agression allemande contre l'URSS, qui a fait massivement basculer dans la résistance antinazie des communistes français disons... partagés, dans les premiers mois de l'Occupation.

    "Qui peut dire où la mémoire commence / Qui peut dire où le temps présent finit" : on peut pourtant aussi, dans ce poème, lire tout l'inverse. Y lire, en creux, un appel universel à la Résistance armée contre l'occupant, quel qu'il soit. Ce serait donc un message masqué, bien dans la manière de ce maître en camouflages qu'est Aragon. Mais pourquoi le poète, si fécond dans la célébration de la patrie meurtrie, et dans la dénonciation de la barbarie nazie, pourquoi aurait-il eu, seulement ici, recours aux camouflages et à la contrebande ? Voilà bien une question qui aurait pu utilement occuper la journée, si les télés avaient consacré des émissions spéciales à la mort de Marc Ogeret.

    Daniel Schneidermann
    @d_schneidermann
     

    Source : https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/ogeret-aragon-et-les-larmes 

    OGERET, ARAGON  ET LES LARMES

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Disparition. Marc Ogeret, un œillet rouge

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    OGERET, ARAGON  ET LES LARMES

    L’artiste, ici en 1963, se forge un solide répertoire : Seghers, Bérimont, Aragon& Gamma-Rapho/Keystone-France

    Immense interprète, figure de la chanson rive gauche, le chanteur est mort lundi, à l’âge de 86 ans. Il a chanté Aragon, Genet, Couté…, la Révolution française, la Commune de Paris, des chansons de marins et d’amour…

    Il est d’étranges coïncidences. Alors que Marc Ogeret vient de mourir, sa maison de disques (EPM) vient de ressortir un coffret, Marc Ogeret chante les poètes. Pour sûr, il les a chantés, les poètes. Sa voix chaude et chaleureuse, veloutée et gouailleuse à la fois, savait faire vibrer le vers, résonner la rime, sans tambours ni violons larmoyants, juste la voix. Diction impeccable, il a ainsi contribué à rendre populaire les poèmes d’Aragon, de Bruant, de Montéhus, de Gaston Couté où de l’ami Ferré dont il avait croisé la route très tôt…

    En 1962, il reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros

    Tout commence dans les années 1950. Ogeret a tout juste 20 ans. Après un petit tour et détour par le conservatoire de la rue Blanche, il gagne sa vie en chantant les chansons de ses amis aux terrasses des cafés. Nous sommes en 1954. Très vite, il est repéré. Agnès Capri lui donne sa chance et l’engage dans son cabaret de la rue Molière. Les nuits sont longues pour les saltimbanques et les amoureux de la rime. Comme tous, il se produit d’un cabaret l’autre, à la Colombe, puis Chez Bernadette, court à la Contrescarpe, retour Chez Georges… et se forge un solide répertoire : Seghers, Bérimont, Aragon… En 1962, il reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros. En 1965, Brassens le prend en première partie à Bobino. En 1967, il enregistre Ogeret chante Aragon, et le gamin de Paris quitte son Montparnasse natal pour une tournée en province. En 1970, de nouveau l’Académie Charles-Cros le récompense pour deux albums : la Commune de Paris et Chansons contre.

    Pendant les années 1970, Marc Ogeret ne chôme pas. Il est sur tous les fronts : de la chanson, des poètes et du Syndicat des artistes, dont il est un des fers de lance. Militant, coco tendance libertaire ou l’inverse, il a chanté la Butte rouge, la Chanson de Craonne, les Canuts, le Déserteur du temps de la guerre d’Algérie, la Veuve, celle qui « ne sort de sa maison que lorsqu’il faut qu’un bandit meure ». Le spectre de son répertoire est infini : chansons d’amour – Il faisait si beau ce matin, Qui de nous deux, l’une de ses dernières –, chansons de marins – Valparaiso et sa magistrale interprétation d’Adieu cher camarade –, Chansons de révolte et d’espoir. Réécoutez la Marseillaise anticléricale, le Père Duchesne : en ces temps où le religieux empiète sur nos vies, ça fait un bien fou. Ou encore, dans un autre registre, le Jour de Sacco et Vanzetti, quand, ce jour-là, « les affiches du parti/Disaient d’aller au port de Dieppe » ; Enfer-les-Mines, un texte d’Aragon où l’on entend ces mots qui ne vous lâchent plus : « La colère a le goût sauvage du charbon » ; Jour de lessive, un poème de Gaston Couté, repris, bien des années plus tard par Loïc Lantoine; le Condamné à mort de Genet, mis en musique par Hélène Martin…

    Ogeret était plus qu’un habitué de la Fête de l’Huma. Il y venait en ami, en camarade. Il était chez lui, toujours le bienvenu, se promenant dans les allées, partageant des discussions sans fin au fil des stands et levant le verre aux lendemains qui chantent. Il s’y est produit à plusieurs reprises. En 1971, 1978, 1980, 1988, 1990. En 1988, il chante la Révolution française avec Francesca Solleville sur la Grande Scène. Le spectacle se jouera dans la foulée au Dejazet, puis partout en France. En 1998, il est au Sentier des Halles pour une série de récitals. Jusqu’au bout, Ogeret défendra la chanson populaire, ses poètes, ses musiciens comme ses interprètes. Il nous laisse un immense répertoire. Il sera inhumé avec « un œillet rouge », symbole du Paris révolutionnaire qu’il aimait tant, a précisé Anita, sa compagne.

    SOURCE : https://www.humanite.fr/disparition-marc-ogeret-un-oeillet-rouge-la-boutonniere-656375 

     


     

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Juin 2018 à 17:06

    Oui les deux guerres mondiales sont liées. Celle de 39 a été à coup sûr favorisée par le Traité de Versailles. La guerre est toujours atroce et l'occupation d'un pays par un autre nourrit la résistance de celui qui est occupé. Cela a été vérifié en Rhénanie, en France, en Indochine, en Algérie... et cela se poursuit aujourd'hui en Palestine !

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