• Paul Hairault nous écrit

     

     

    Paul Hairault nous écrit

     

    La revue du Web ce 10 mai 2018

     

    En 1955, le pouvoir d'achat et le réchauffement climatique nous inquiétaient déjà, mais ce n'était rien comparé à ce qui attendait ma génération. L'événement, c'est la guerre d'Algérie: 30.000 jeunes métropolitains vont mourir, des millions de familles vont souffrir dans leur corps et dans leur âme. Toutes les conditions étaient réunies pour un soulèvement de la population. Un mouvement tel que celui des Gilets jaunes aurait pu, aurait dû, naître dès août 1955, il avait tout pour réussir. Les ronds-points, les gilets jaunes n'existaient pas, mais on pouvait trouver d'autres mots clefs, d'autres points de rassemblement. Le mouvement révolutionnaire des rappelés ne fut pas assez médiatisé, la chanson Le Déserteur de Boris Vian fut censurée et ce qui aurait dû être une révolte de la population n'aura pas lieu. Les Algériens voulaient leur indépendance, il fallait la leur donner. Oui, de 1954 à 1962, le peuple français aurait dû se révolter et ne pas accepter que ses enfants soient sacrifiés pour une cause perdue d'avance. La France n'a pas été en mesure de se mobiliser, j'ai honte pour mon pays. Aujourd'hui, pour des raisons non comparables et humainement sans aucun rapport avec mon analyse, l'exemple de la mobilisation des Gilets jaunes devrait nous donner des regrets. Oui, en se révoltant, en continuant l'action menée par les premiers rappelés, on pouvait éviter les 400.000 morts (Français et Algériens).

     

    Le putsch

    Le témoignage de Paul Hairault

     

    Il y a cinquante-huit ans exactement, à partir du 21 avril 1961, la France allait vivre des jours historiques: « Un quarteron de généraux en retraite » (expression du général de Gaulle) allait tenter de renverser le président au pouvoir. Appelé du contingent pendant ces événements historiques, j'étais à Oran. Comme beaucoup de mes camarades, j'ai contribué à l'échec de ce putsch. Nous, les appelés du contingent en majorité, nous avons refusé d'obéir aux officiers putschistes. En circulant dans la caserne avec la croix de Lorraine à la boutonnière, sans baisser les yeux, j'ai croisé des officiers putschistes. Pendant cette guerre d'Algérie, je n'ai pas tiré un coup de fusil, mais j'ai fusillé du regard des officiers putschistes. Avec la croix de Lorraine, c'était comme si nous avions mis le portrait du général de Gaulle à notre boutonnière.
    Avec les généraux Challe, Salan, Jouhaud et Zeller, le coup d'État était enclenché par des officiers plus gradés que le général de Gaulle. La France tremblait, nos parents en métropole ne dormaient pas, ils écoutaient la radio. Si le putsch avait réussi, la France aurait changé de gouvernement et la guerre d'Algérie se serait poursuivie pendant de longues années, de très longues années. Après vingt-huit mois sous l'uniforme, j'ai retrouvé la vie civile. Mais ensuite, jamais, presque jamais, on n'a salué l'attitude exemplaire et courageuse des appelés lors du putsch. Pas de remerciements, pas de reconnaissance, rien de tout ça. Maintenant, notre génération est à la retraite et c'est cette génération qui est l'une des plus touchée par l'augmentation de la CSG. Drôle de manière de nous remercier. En attendant, une chose est sûre : je ne porterai pas la photo de notre président actuel à la boutonnière.

    Paul Hairault
    d'Aiffres (Deux-Sèvres)

     

     

     

    « “Une vie d'Annette”, le portrait sensible d'une femme engagée *** Diffusion le lundi 4 mars 2019, après le Soir 3 (Dommage c'est un peu tard)« Ce que la guerre a fait de nous » »

  • Commentaires

    1
    Lundi 4 Mars 2019 à 09:31

    Non seulement on n'a pas rendu hommage à notre détermination à faire échec à un putsch qui outre la prolongation de la guerre d'Algérie conduisait à une dictature militaire mais même on a cherché qi avait été meneur dans cette opposition aux généraux factieux.

    A Bou-Ktoub où j'étais alors cantonné nous avons reçu la visite du chef d'escadron Guyot au lendemain de l'échec du putsch. Alors que nous étions rassemblés dans le bordj l'adjudant-chef m'a fait sortir des rangs pour que je sois identifié par le commandant en second du régiment. C'est que j'avais rédigé le texte d'une pétition demandant exprimant notre respect de la légalité.

    On a eu droit à un discours nous assurant qu'on ne nous aurait pas entraîné dans une aventure. Après coup c'était prudent de se dédouaner !

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