• Pierre Audin : TV5 MONDE : Que représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

     

     

    En mémoire à Pierre Audin qui vient

    de nous quitter à l'âge de 66 ans

    emporté par un cancer

    Pierre Audin : TV5 MONDE : Que  représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

    Maurice Audin avec son fils Pierre, peu avant son enlèvement par les paras 

    Pierre Audin : TV5 MONDE : Que  représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

    Pierre Audin : TV5 MONDE :

    Que représente pour vous le 19 mars 1962 

    et les accords d'Evian ? 

    Pierre Audin : TV5 MONDE : Que  représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

    Pierre Audin : TV5 MONDE : Que  représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

    Le 19 mars 1962 (plus précisément le 18 mars) ce sont les accords d'Evian et le cessez-le-feu. Je suis prêt à célébrer le cessez-le-feu. Mais je suis beaucoup moins prêt à célébrer le contenu des accords d'Evian notamment qui ont permis d'amnistier tous les criminels, des criminels de guerre. La France n'a pas reconnu ce terme. Il n'empêche que ce sont des criminels de guerre. Un certain nombre de crimes contre l'humanité ont été commis contre les Algériens durant les huit années de guerre. Je célèbre surtout  le 5 juillet 1962, date de l'indépendance.

     

    1er novembre 1954... Au début des années cinquante, la France considère l'Algérie comme faisant partie intégrante de son territoire : ce sont plusieurs départements français... (Sur le papier mais pas dans les coeurs). Pourtant la population musulmane a de plus en plus de mal à supporter l'inégalité de la société algérienne, dans laquelle elle se retrouve sous-représentée politiquement et opprimée par un système économique qui ne profite qu'aux colons.

    Des nationalistes, regroupés dans le Front de Libération Nationale (FLN), passent à l'offensive à l'automne 1954. Au cours de la Toussaint Rouge ou sanglante, dans la nuit 31 octobre au 1er novembre, plusieurs attentats sont perpétrés dans une trentaine de points du pays. La guerre d'Algérie a commencé... Une guerre sans nom - on disait "les événements" -, qui durera huit ans, jusqu'à l'indépendance proclamée du pays le 5 juillet 1962.

    A Paris, François Mitterrand, ministre de l'intérieur, affirme « Nous ne tolérerons aucun séparatisme ». La guerre ? Jamais ce terme n'a été utilisé. «Événements», « Flambée de violence » sont les expressions les plus employées pendant longtemps. Personne ne pensait alors que la Toussaint rouge, le 1er novembre 1954, serait le début d'une affaire qui allait marquer l'histoire des deux côtés de la Méditerranée pendant les dix années suivantes. Le début d'une guerre qui allait causer tant de malheurs, coûter tant de sang et de larmes et provoquer tant de blessures encore mal cicatrisées, 65 années après le commencement de la tragédie.

    "La levée des sanctions à l’égard de responsables d’atrocités commises pendant la guerre d’Algérie interdit de vider l’abcès, puisqu’il y a effacement des repères qui distinguent entre ce qui est crime et ce qui ne l’est pas. Les simples exécutants ne seront jamais déchargés d’une partie de leur culpabilité, ou de leur honte. Les responsables, jamais identifiés. Les Français ne feront donc jamais ce que les Américains ont fait pour le Vietnam : juger leurs criminels de guerre. Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d’abord, par réveiller l’ardeur des nostalgiques de l’OAS. Les leaders d’une extrême droite à 0,8 % des voix, au moment de l’élection présidentielle de 1981, “réintègrent” la vie politique." 

    A partir de la fin de la guerre d’Algérie, les autorités françaises ont promulgué toute une succession d’amnisties et de grâces. 

    Ce furent d’abord les décrets promulgués lors des accords d’Évian (les 20 mars et 14 avril 1962) qui effaçaient à la fois les "infractions commises avant le 20 mars 1962 en vue de participer ou d’apporter une aide directe ou indirecte à l’insurrection algérienne", et celles "commises dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre dirigées contre l’insurrection algérienne". Puis vinrent quatre lois successives. La première, du 17 décembre 1964, concernait les "événements" d’Algérie et fut suivie, le 21 décembre, d’une grâce présidentielle pour 173 anciens membres de l’OAS. Celle du 17 juin 1966 amnistiait les "infractions contre la sûreté de l’État ou commises en relation avec les événements d’Algérie". Vint ensuite, en pleine crise de Mai 68 et liée directement à elle, la grâce du 7 juin 68 concernant, cette fois, tous les membres de l’OAS qui étaient encore détenus ; elle fut suivie de la loi du 24 juillet effaçant toutes les infractions liées aux "événements" y compris celles "commises par des militaires servant en Algérie pendant la période". Cette loi, malgré le dépôt d’un amendement socialiste allant dans ce sens, ne stipulait pas encore la réintégration des intéressés dans leurs fonctions civiles ou militaires ni dans leurs droits à porter leurs décorations. 

    Ce fut chose faite après l’arrivée de la gauche au pouvoir. Déjà, en 1965, l’extrême droite proche de l’OAS avait été appelée à se rallier à la candidature de François Mitterrand ; l’année suivante, un projet de loi déposé par Guy Mollet, Gaston Deferre et le même François Mitterrand avait proposé le rétablissement des condamnés de l’OAS dans leurs grades et leurs fonctions ; et, en 1972, le programme commun de la gauche ne comportait aucune référence ou allusion aux suites de la guerre d’Algérie ni à la lutte pour la décolonisation. Avant les élections présidentielles de 1981, des négociations menées par des proches du candidat François Mitterrand aboutirent à l’appel du général Salan à voter Mitterrand et, entre les deux tours, à celui de l’organisation de rapatriés le RECOURS à "sanctionner" Valéry Giscard d’Estaing. C’est donc bien dans la ligne de cette politique que fut votée le 3 décembre 1982 la dernière des lois d’amnistie réintégrant dans l’armée les officiers généraux putschistes et permettant même les "révisions de carrière" nécessaires à la perception de l’intégralité de leurs retraites. Cela, au nom de l’argument formulé par François Mitterrand : "Il appartient à la nation de pardonner. 

    Le 49.3 ce n’était pas Élisabeth Borne...

    mais Pierre Mauroy 

     

    Et, bien vite, cette loi de 1982 qui avait pour justification le pardon commencera, d'abord, par réveiller l'ardeur des nostalgiques de l'OAS c’est ainsi que les stèles de l’Algérie française allaient se multiplier en France méditerranéenne dont celle-ci : 

    Lorsque Salan et l'extrême droite ont appelé à voter Mitterrand en 1981...

     

     

    Lorsque Salan et l'extrême droite ont appelé à voter Mitterrand en 1981...

     

    Et pendant ce temps là les victimes de l'OAS sont presque toutes oubliées (sauf 6 sur 2700) par Emmanuel Macron... car en effet en 2022 il avait reconnu au moins celles-ci, mais c'est insuffisant :

     

    Pierre Audin : TV5 MONDE : Que  représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

    Mais aujourd'hui cette stèle n'existe plus elle a été enlevée par des inconnus et jamais remise en place par les autorités algériennes.

    Pierre Audin : TV5 MONDE : Que  représente pour vous le 19 mars 1962 et les accords d'Evian ?

    Un seul homme politique français a officiellement reconnu toutes les victimes de l'OAS : Bertrand Delanoë ancien maire de Paris, je n'oublierai jamais cette cérémonie inaugurale à laquelle j'ai assistée :

    Lorsque Salan et l'extrême droite ont appelé à voter Mitterrand en 1981...

      

     

    Rappelons-nous que le 6 octobre 2011 fut pour les Républicains, les anti colonialistes, les anti extrémistes, les anti racistes… une date d’espoir, une date de paix, une date historique…

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!!

     

     

     

    « Paris aujourd’hui relève la tête en disant que l’OAS était une organisation idéologiquement criminelle et, dans ses actes, barbare. » Bertrand Delanoë, maire de Paris, le 6 octobre 2011.

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!! Mais une date historique : le 6 octobre 2011...

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!! Mais une date historique : le 6 octobre 2011...

     

    La "Toussaint Rouge", il y a 63 ans !!!

     

    Chaque 6 octobre au cimetière du Père-Lachaise est organisé l’anniversaire du dévoilement de la stèle de la Ville de Paris aux victimes de l’OAS le 6 octobre 2011. Mais le 6 octobre 2021 M. Macron a occulté les victimes de l'OAS préférant honorer les descendants de cette organisation terroriste le 26 mars 2021 par le dépôt d'une gerbe, en son nom, aux victimes du 26 Mars 1962, rue d'Isly… Sans doute l’OAS n’a pas existé pour M. Macron ? HONTE A VOUS !!!

    Dépôt d'une gerbe, au nom du Président de la République, aux victimes du 26 Mars 1962, rue d'Isly… Sans doute l’OAS n’a pas existé pour M. Macron ?

     

    Rappelons-nous c’était le 6 octobre 2011


     

    « Pierre Audin nous a quittés Le quotidien L’Humanité aussi Pierre Audin, mathématicien, fils de Maurice Audin, est décédé »

  • Commentaires

    1
    cros Jacques
    Lundi 29 Mai 2023 à 19:22

    Eh non, on n'a toujours pas reconnu ce qu'étaient le colonialisme et la nature de la guerre d'Algérie.

    Ce que je crois aussi c'est que le regain de l'idéologie faite de racisme et de xénophobie que l'on observe qui se fait en lien avec ce qui avait cours à l'époque coloniale est favorisée par l'approfondissement de la crise socio-économique que nous subissons.

    L'OAS n'était que la continuation de la poursuite de la politique de domination militaire qui avait cours jusqu'aux Accords d'Evian.

    Quant à l'appellation donnée à la guerre d'Algérie elle ne changeait pas la réalité de ce que nous vivions et pour ceux qui étaient concernés c'était bien une guerre qui se déroulait.

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