• TÉMOIGNAGE. « La guerre d’Algérie aurait dû se terminer plus tôt »

     

     

    TÉMOIGNAGE. « La guerre d’Algérie

    aurait dû se terminer  plus tôt »

    TÉMOIGNAGE. « La guerre d’Algérie aurait dû se terminer  plus tôt »

    De ses plus de deux ans passés en tant que soldat à Alger, en pleine guerre d’Algérie, Henri Busnel

    conserve d’innombrables souvenirs et de très fournis albums photos, notamment du passage du Général de Gaulle pour son fameux discours « Je vous ai compris ».  

    Quelques jours avant le début de la bataille d’Alger en janvier 1957, Henri Busnel, de Ploumagoar (commune située près de Guingamp, dans les Côtes-d’Armor) débarquait sur place, jeune appelé. Préservé des pires épreuves de la guerre, il espère que la réconciliation entre les deux pays arrive enfin, à l’occasion du 60e anniversaire du cessez-le-feu.

    31 décembre 1956. Après vingt-et-une heures de trajet depuis Marseille, le bateau Ville de Tunis débarque un flot de soldats français à Alger. Parmi eux, Henri Busnel, de Ploumagoar, 19 ans : « On avait peur », reconnaît-il aujourd’hui.

    Ces jeunes garçons viennent faire la guerre. À la Une du quotidien L’Écho d’Alger, s’étalent les multiples attentats de la veille : « Quatre bombes dans des églises d’Alger » ; « sept bombes locales samedi dans la soirée… »

    TÉMOIGNAGE. « La guerre d’Algérie aurait dû se terminer  plus tôt »

    En Une de l’Echo d’Alger du 31 décembre 1956, de multiples articles relatant les attentats de la veille. | OUEST-FRANCE

    Les parachutistes débarquent

    Henri est embarqué en camion, direction la base de transit. Toute la journée un haut-parleur égrène les affectations de chaque soldat. Pour lui, les patrouilles, à pied ou en jeep, de la brigade aérienne, sur les hauteurs d’Alger.

    Cinq jours plus tard, le président du conseil Guy Mollet confie au général Massu les pleins pouvoirs, civils et militaires. Le 7 janvier, jour où débute la bataille d’Alger, 8 000 parachutistes arrivent d’Égypte, pour « pacifier » la ville.

    « J’ai fait mes premières patrouilles vers mi-janvier, se remémore Henri Busnel. D’abord affecté à la radio, je donnais notre position chaque quart d’heure. Par six ou huit, nous allions dans les bidonvilles, à la recherche des principaux leaders du FLN. Il y avait des attentats tous les jours ».

    « J’étais invité pour le couscous »

    Il devient chef de patrouille, sans faire de zèle : « Le poste de commandement des bérets verts était dans mon secteur… ils n’avaient pas besoin de nous ». Au fil des semaines, les habitants reconnaissent Henri. Les Algérois savent qu’ils n’ont pas grand-chose à craindre des jeunes de l’armée de l’air : « On faisait des fouilles, de la pacification. Je cherchais le bon contact, j’étais parfois invité pour le couscous. Caporal-chef, je n’étais pas un très bon soldat », sourit-il.

    « On entendait des gens hurler »

    D’autres souriaient moins à l’époque : « Lors de nos patrouilles de nuit, près de la villa Sésini (QG du premier régiment de légionnaires parachutistes), on entendait des gens hurler, c’était atroce. On savait qu’il y avait de la torture, mais on ne connaissait pas les détails. Aujourd’hui, je le sais, j’ai lu… Mais des atrocités, il y en avait des deux côtés. »

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    La villa Sésini, sur les hauteurs d’Alger, QG des légionnaires du 1er régiment de parachutistes, et lieu de torture des membres présumés du Front de Libération national. | OUEST-FRANCE

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    En avril 1957, il est « triste » d’apprendre la mise aux arrêts du général pacifiste Jacques de Bollardière, qui s’est élevé contre la torture et qu’il admire. « Mais l’idole, à Alger, c’était Massu, général deux étoiles, comme lui ».

    Dans la foule pour de Gaulle

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    L’arrivée du général de Gaulle à l’aéroport d’Alger, le 4 juin 1958. Ici aux côtés des généraux Rouget, Jouhaud, Allard et Salan. | OUEST-FRANCE

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    Le salut au général Massu, coiffé de son éternel béret, et idole des Français d’Algérie à l’époque. Le général Salan a le visage fermé. Futur chef de l’organisation armée secrète (OAS), ce dernier aura lutté pour le maintien de l’Algérie française. | OUEST-FRANCE

     

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    Le général de Gaulle au balcon du gouvernement général, lors de son fameux discours, « Je vous ai compris » | OUEST-FRANCE

    Le 4 juin 1958, fraîchement investi président du Conseil, le général de Gaulle arrive à Alger. Au balcon du gouvernement général, il lance « Je vous ai compris ». Dans la foule, comme la majorité, Henri Busnel comprend que de Gaulle a « presque promis l’Algérie française. C’était une telle liesse. Massu avait gagné la bataille d’Alger, c’était apaisé, je pensais que la guerre s’arrêterait là ».

    Sur le bateau du retour, le 5 janvier 1959, Henri repart vers sa vie en France, dans une usine d’éléments de précision, entre Trémuson et le Léguer, où il passera toute sa carrière.

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    Des centaines de milliers de personnes ont assisté, ce jour-là, au discours historique du général de Gaulle à Alger. | OUEST-FRANCE

    La paix attendra la signature des accords d’Evian, le 18 mars 1962, et le cessez-le-feu du lendemain. Soixante ans plus tard, Henri pense la même chose : « J’étais déjà pour une Algérie indépendante. Après tout, c’est leur pays. Tout ça aurait dû se terminer beaucoup plus tôt. »

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    Henri Busnel, ici avec une affiche réalisée spécialement pour la venue du général de Gaulle à Alger, en juin 1958. | OUEST-FRANCE

    Régulièrement, il feuillette son album de centaines de photos d’une époque que lui a bien vécue, et garde un espoir en tête : « Une réconciliation définitive entre France et Algérie et qu’enfin, l’on retrouve de la sérénité ».

    SOURCE : TÉMOIGNAGE. « La guerre d’Algérie aurait dû se terminer plus tôt » (ouest-france.fr) 

     

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  • Commentaires

    2
    Ponsot danièle
    Samedi 14 Mai 2022 à 17:33

    Comme vous avez raison, Henri Busnel! Une guerre inutile et tellement longue!!!

    1
    Samedi 14 Mai 2022 à 10:41

    Eh oui la guerre s'est éternisée ! Après que De Gaulle ait employé le mot d'autodétermination en septembre 1959 elle s'est poursuivie pendant plus de deux ans avec son cortège de souffrances parfaitement inutiles mais combien cruelles ! .

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