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Tortures françaises en Algérie : Quand l’ignominie porte un nom
Tortures françaises en Algérie :
Quand l’ignominie porte un nom
La France, chantre des droits de l’Homme, a érigé en Algérie, un système institutionnalisé et loin d’être une «dérive ou un aléa de la guerre», en l’occurrence la torture, où la barbarie le disputait à l’horreur.
[Les paradoxes de l'histoire ont voulu que l'un des pays les plus sanguinaires de l'histoire humaine, la France, soit aussi l'un des défenseurs des droits de l'homme, ou du moins ce que laisse croire une image entretenue au fil des décennies après l'ère coloniale, où les victimes innocentes se comptent par milliers.
Le jour de la célébration de la déclaration universelle des droits de l'homme, dont la France se veut l'un des pionniers, l'agence Anadolu partage avec ses lecteurs, dans sa série sur les crimes commis par la France pendant l'ère coloniale, un article illustrant un aspect de ces crimes commis pendant près d'un siècle et demi, à savoir les tortures et les massacres perpétrés en Algérie.
Le pays des "libertés et des lumières" ne s'est jamais excusé de ces crimes.]
« Le berceau des droits et des libertés et la Patrie des Lumières » sont deux hyperboles pour désigner la France qui a été le théâtre, le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot à Paris, de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l'Homme.
Depuis, la date symbolique du 10 décembre est devenue la Journée durant laquelle la Communauté internationale célèbre les droits de l’Homme.
Le choix de la France pour la signature et l’adoption d’une résolution phare de l’Assemblée générale de la naissante ONU était-il judicieux et pertinent ? L’Empire colonial français, avec ses lots de violations de ces mêmes droits de l’Homme, et son palmarès tristement célèbre en la matière, dans le continent africain, en particulier en Algérie, n’avait-il pas empreint à jamais ce pays du sceau de la honte ?
En effet, et bien que les exactions, dont la barbarie le disputait à l’horreur, furent perpétrées par la France, indifféremment en Indochine, en Afrique subsaharienne et au Maghreb, il n’en demeure pas moins que c’est en Algérie, pays colonisé pendant un siècle et un tiers de siècle et annexé à la Métropole, où la France a fait le plus étalage de sa sauvagerie.
De la baignoire et la corvée de bois à la gégène et au sérum de vérité en passant par les viols, les pendaisons, l’arrachage d’ongles, la guillotine, l’emmurage et les enfumades, la France a doublé d’ingéniosité pour inventer et sophistiquer des méthodes de torture, aussi abjectes les unes que les autres.
De nombreux spécialistes et historiens, aussi bien algériens que français, ont traité dans leurs écrits et recherches de cette question, qui demeure, six décennies environ après l’indépendance de l’Algérie arrachée au prix fort, une plaie ouverte en attente d’un mea culpa de l’Hexagone, qui tarde à être fait, malgré quelques tentatives timides mais hélas étouffées et tuées dans l’œuf.
Mahfoud Kaddache, un des plus éminents historiens algériens (1921-2006) a, en évoquant ce sujet, dit que « La France doit assumer son passé devant le tribunal de l’Histoire ».
« Quand on parle de torture (française) pratiquée en Algérie, il ne faut pas sous-entendre celle liée seulement à la Guerre de Libération (1954-1962), la torture a existé en Algérie depuis le début de la conquête française en 1830 », a relevé l’historien, auteur entre autres de « L’Algérie des Algériens, Histoire de l’Algérie 1830 – 1962 » et « L’Algérie durant la période ottomane ».
Ces exactions généralisées dans le temps ne se limitent pas à la torture mais s’étendent aux massacres et aux tueries, dont les plus célèbres furent celles de Sétif – Guelma -Kharrata, en mai 1945, lorsque des dizaines de milliers d’Algériens désarmés, sortis réclamer pacifiquement leurs droits les plus élémentaires, ont été assassinés par l’armée coloniale.
Nombre d’experts et de spécialistes de la question estiment, à juste titre, qu’à côté des célèbres 1,5 million de martyrs tombés dans le champ d’honneur durant la Guerre de libération qui a duré plus de sept ans et demi, les pertes algériennes, humaines s’entend, s’élèvent à 6 millions de morts, moins connus, durant les 132 ans de colonisation.
De son côté, l’historien français Pascal Blanchard a souligné dans ses écrits que « la torture ne fut pas seulement liée à des situations de conflit, mais elle fut consubstantielle de la colonisation » de l’Algérie.
Pascal Blanchard, un historien spécialiste de l'Empire colonial français, d'études postcoloniales et d'histoire de l'immigration, relève que « La torture en Algérie, qui est inscrite dans l’acte colonial, elle est l’illustration ‘normale ‘ d’un système anormal ».
Il a ajouté que « la torture n’est pas une dérive ou un aléa d’une guerre » mais il s’agissait plutôt selon lui d’une politique institutionnalisée et d’une pratique systématique, ce qui le pousse à s’interroger, en l’absence d’excuses officielles de la France de ses pratiques : «Pourquoi alors l’histoire et la mémoire coloniales restent-elles un point aveugle de notre inconscient collectif ?».
N’oublions pas ces livres références :
La torture et l'armée pendant la guerre d'Algérie
(1954-1962)
Collection La Suite des temps, Gallimard
Parution : 12-09-2001
La torture pratiquée par l'armée française pendant la guerre d'Algérie a marqué durablement la mémoire nationale, au point de ne cesser de revenir dans l'actualité, souvent pour y nourrir des affrontements ou des scandales.
Loin des polémiques, le livre de Raphaëlle Branche éclaire comme jamais auparavant les mécanismes de la torture, qui trouvent leur origine dans le racisme colonial et les méthodes héritées de la guerre d'Indochine.
Grâce à des archives publiques enfin ouvertes et des témoignages de soldats et d'officiers, Raphaëlle Branche analyse, outre le fonctionnement de l'institution, les gestes des tortionnaires, le discours et les ressorts de l'autojustification ainsi que l'engrenage de la violence individuelle et collective face aux fragiles barrières de la conscience ou de la morale.
En toile de fond apparaissent les responsabilités du pouvoir politique et les échos parvenus à l'opinion publique tout au long d'une guerre qui ne voulait pas dire son nom.
Le livre de Raphaëlle Branche restitue ce pan dramatique de l'histoire en mêlant un travail d'archives inédit et des enquêtes auprès des témoins, dans une étude serrée qui se nourrit d'anthropologie comme d'histoire politique.La torture a été officiellement abolie en France en 1788. La Révolution n'en usa pas, ni l'Empire. En 1959, pourtant, quatre étudiants portaient plainte à Paris, pour avoir subi la question des mains de policiers en service, rue des Saussaies, à deux pas de l'Elysée. Encore ne représentaient-ils qu'un cas parmi les milliers qu'on aurait découverts au même instant dans ces départements français que formait alors l'Algérie. Comment en était-on arrivé là ? Historien, Pierre Vidal-Naquet est animé d'une passion, celle de la justice. Il démonte ici la logique d'un système qui, une fois mis - ou plutôt remis - en marche, est bien difficile à bloquer. Comme il paraît tentant en effet, lorsqu'on est persuadé d'avoir raison, d'user de sa force pour écraser le " rebelle " désarmé ! Raison d'Etat. C'est précisément contre cette forme de régression que les hommes ont inventé le droit. On voit dès lors où se situe le combat véritable, et comment, même gagnées, les " batailles d'Alger " sont toujours des défaites.
« Agde - L’hommage aux morts de la Guerre d’Algérie et du conflit du Maroc et de la Tunisie "Comme cet article est orienté et comporte des erreurs et des mensonges" En visite en Algérie, Le Drian appelle à une "relation apaisée" »
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Commentaires
On torturait les Algériens et on faisait souffrir les Français qui avaient le tort d'avoir 20 ans en ce temps-là !