“Une vie d'Annette”, le portrait sensible

d'une femme engagée

Une vie d'Annette. Anne Beaumanoir

Une vie d’Annette, un film documentaire réalisé de Nina et Denis Robert
Diffusion le lundi 04 mars 2019, après le Soir 3

Il est des films comme des personnes qui vous marquent dès les premiers instants et pour longtemps. La rencontre avec Anne Beaumanoir, avec le film de Nina et Denis Robert trouve toute sa place dans la semaine des Battantes, celle des femmes qui font bouger notre société par leur engagement.

Un destin hors du commun

Pendant la seconde guerre mondiale, elle n’a que 17 ans quand elle s’engage dans la résistance, elle sauve à Paris des enfants juifs.
Puis dès 1954, elle prend fait et cause pour l’indépendance des algériens. Elle est arrêtée et emprisonnée à Marseille puis elle s’évade et gagne l’Algérie où elle deviendra conseillère du ministre de la santé dans le gouvernement de Ben Bella.
Annette Beaumanoir, c'est la liberté, la justice et l’égalité comme devise sans aucune concession.

"En fait ce que je veux, c’est assez simple, c’est que personne n’oppresse personne, qu’aucun homme n’oppresse un autre homme et  qu’aucun état n’oppresse un autre état".

Un devoir de transmission

Annette à 93 ans sillonne encore la France à la rencontre des collégiennes et collégiens pour leur transmettre son témoignage et la nécessité de l’engagement.

C’est facile à 17 ans de s’engager, d’ailleurs il faut s’engager, c’est sûr, il faut faire des choix difficiles pour ton âge, c’est nécessaire parce-que ça te construit.  

De son vrai nom Anne Beaumanoir docteur et chercheuse en neurobiologie, spécialiste de l'épilepsie. C'était son métier. Elle a été membre des jeunesses communistes clandestines, agent sous-main et responsable jeunes laïcs combattants (JLC) au sein des très gaullistes forces unies des jeunesses patriotiques, a sauvé des juifs pendant la guerre (elle a la médaille des justes). Entre autres...

Anne Beaumanoir a eu plusieurs vies. Elle a traversé le siècle en étant (très) résistante à des moments clés de notre Histoire. D’abord en sauvant des enfants juifs dans Paris occupé (elle a la médaille des justes), puis en devenant maquisarde à Lyon dans les réseaux de Jean Moulin. Elle a été une militante du Parti communiste clandestin, a vécu à Moscou comme chercheuse en neurobiologie sous Staline avant de décrocher du PC en 1954 et de s’engager pour la cause algérienne. Anne a porté des valises du FLN, a été incarcérée à Marseille et condamnée à dix ans de prison pour "terrorisme". Elle s’évadera et gagnera l’Algérie de Ben Bella où elle sera la principale conseillère du ministre de la Santé du premier gouvernement algérien. Après le putsch des généraux, à nouveau poursuivie, elle vivra recluse et s’évadera à nouveau pour atterrir à Genève où elle deviendra une spécialiste de renommée mondiale de l’épilepsie.
De sa Bretagne natale à la Drôme où elle habite depuis vingt ans, en passant par Alger où nous allons retrouver ses amis d'alors, Une vie d’Annette (son surnom) raconte ce parcours extraordinaire et ce destin hors norme et méconnu. Annette est âgée de 93 ans. Neurobiologiste et psychiatre retraitée, elle aime la solitude et la discrétion. Sa vie trépidante l’a fait rencontrer les principaux leaders politiques algériens, mais aussi Francis Jeanson, Che Guevara, De Gaulle ou Garcia Lorca. Elle parle pour la première fois longuement et en détails devant une caméra et livre une vérité réconfortante en ces temps troubles, où l’esprit de résistance a perdu en intensité. Basé sur des entretiens intimes et des témoignages d'amis retrouvés, des archives oubliées, une animation et une bande son originales, ce portrait d’une femme libre et engagée ambitionne de faire revivre des pans en partie ignorés de notre Histoire.