• "Zemmour, il est très malin, donc dangereux" : Pierre Perret ouvre les vannes

     

    "Zemmour, il est très malin, donc

    dangereux" : Pierre Perret ouvre

    les vannes

    Pierre Perret, prince des mots qui font sourire, roi des ritournelles eroticoquines, des mélodies qui célèbrent les zizis protéiformes et les jolies colonies de vacances ? Oui, mais pas que. L’ami Pierrot a toujours prêté sa plume à des chansons engagées.

    "Zemmour, il est très malin, donc dangereux" : Pierre Perret ouvre les vannes

    Avec Pierre Perret, le vers est toujours à moitié plein. Photo Thomas Pontois / DR

    De "Lily", l’un des plus poignants manifestes contre le racisme, à "Humour liberté" sur les attentats contre Charlie Hebdo, en passant par "La Petite Kurde" ou "Les Emigrés", il n’a jamais eu la langue dans sa poche.

    Alors qu’il s’apprête à faire ses "Adieux provisoires" après soixante ans de succès , il décrypte l’actualité.

    En humaniste d’abord. En poète ensuite, parfois désappointé par un monde sans rime ni raison. Avec lui, heureusement, le vers est toujours à moitié plein.

    En 1977, "Lily" racontait le racisme ordinaire vécu par les immigrés. Pensez-vous que les choses se sont améliorées aujourd’hui ?

    J’espère toujours que les gens vont évoluer, même si je sais que certains sont irrécupérables. Ce qui me frappe, c’est quand des personnes talentueuses, cultivées, se laissent aller à ces sentiments abominables – comme Céline pendant la guerre. Elles n’ont même pas l’excuse de la bêtise…

    "La Bête est revenue" ciblait, implicitement, le Front national de Jean-Marie Le Pen. Sa fille vous paraît plus fréquentable aujourd'hui ?

    Il suffit de regarder les gens qu’elle fréquente : le facho italien, l’autre cinglé de Bolsonaro… Elle ne peut pas tromper l’ennemi ! Ce sont toujours les mêmes idées nauséabondes. Lorsque "La Bête" est sortie, en 1999, j’ai reçu des lettres de menaces adressées à "Mohammed Perret".

    Quel regard portez-vous sur Éric Zemmour ?

    Lui, il est très malin, très "ficelle". Donc très dangereux. À propos de "Lily", il avait déclaré que c’était une honte pour la France, que toute cette histoire était pure invention. [Il rit] Mais bien sûr qu’elle est imaginaire, mon couillon ! C’est une chanson ! Seulement, la réalité qu’elle raconte, des milliers d’immigrés l’ont vécue.

    Comment est née "La Femme grillagée" ?

    Il y a quelques années, je me suis retrouvé au restaurant à trois mètres d’une femme couverte des pieds jusqu’à la tête. Elle avait un mal fou à glisser sa fourchette jusqu’à ses lèvres. Son mari était en short, tongs et tee-shirt. Lui, mangeait de bon appétit ! C’était un spectacle pitoyable. Tout ça s’est mélangé avec l’actualité que je suis toujours avec attention. Et voilà, ça a donné ce texte…

    Vingt ans après, les talibans sont de retour en Afghanistan. Trouvez-vous que la réaction de l'Occident est à la hauteur ?

    Ce qui me frappe, c’est le silence des femmes qui luttent – avec raison – pour leurs droits en France et qui, là, ne réagissent pas. Alors que c’est encore la femme qui va en prendre plein les moustaches !

    "La Petite Kurde" est l'un de vos plus beaux textes. Il suffit de changer la nationalité de la victime pour que cette peinture des enfants meurtris par la guerre soit intemporelle…

    Cette chanson est l’une de celles qui sont au fond de mon cœur. Des Kurdes m’ont écrit pour me dire que, chez eux, on l’apprend en classe. Ils m’ont aussi annoncé qu’une école au Kurdistan allait bientôt porter mon nom. [Ému] Ce sera la 35e, je crois…

    Cette reconnaissance-là semble beaucoup vous toucher ?

    Ah oui ! Énormément ! Comme savoir que Lily est enseignée aux mioches depuis quarante ans. Il y a deux semaines, une maison des femmes a été inaugurée à Brest. C’est un hébergement pour celles qui n’ont rien. On a fait voter les pensionnaires pour lui donner un nom ; elles ont choisi mézigue.

    Dans "Les Confinis", enregistrée l’an dernier, vous dites que nos dirigeants qui nous confinent et nous déconfinent "nous prennent, in fine, pour des cons finis". C’est toujours votre avis ?

    Ah oui alors ! ça m’a énervé, vraiment ! Entre les médecins sur les plateaux télé, le croque-mort qui venait tous les soirs faire le compte des cadavres, les guignols du gouvernement incapables d’accorder leurs violons… Et par-dessus tout, cette façon de parler aux gens comme à des demeurés. Jean Castex, c’est le sapeur Camember ! 

    Écrire une chanson drôle sur un sujet aussi sérieux, c'est votre façon de résister à la morosité de l'époque ?

    C’est une manière de poser des jalons. Je n’ai pas la théière qui fume, mais je crois que je sais bien capter l’air du temps.

    C'est le même réflexe qui vous a conduit à enregistrer "Humour liberté" après les attentats contre Charlie Hebdo ?

    Celle-ci est venue spontanément. En général, j’essaie de ne pas céder à la spontanéité. Mon premier jet est souvent trop corrosif. Alors, je reprends, je patine, j’enchaîne version après version pour m’approcher d’une vérité sans outrance.

    En 2018, vous avez soutenu les gilets jaunes. Qu’est-ce qui vous a touché dans ce mouvement ?

    C’est la réalité des pauvres gens. Ce sont les mêmes qui fréquentaient le café de mes parents. À partir du 12 du mois, il fallait leur faire crédit, parce qu’ils n’avaient plus un rond. En soixante-dix ans, j’ai l’impression qu’on n’a pas avancé d’un pouce.

    Vous avez écrit "Mon P'tit loup" sur un gamin violé. Puis, quarante ans plus tard, "Pédophile" sur les curés qui ont abusé des enfants. Rien ne change donc jamais ?

    Sur ce plan-là, non. ça fait du bien de mettre des mots sur ces horreurs, et d’entendre les gens rire un peu jaune dans la salle. Les cathos me sont tombés dessus ! Comme s’il était plus grave de dénoncer ces crimes que de les commettre.

    Vous regrettez qu’une chanson comme "Femmes battues" ne passe jamais à la radio?

    Oui, mais je ne suis pas étonné. Avant, mes chansons étaient censurées. Maintenant, c’est plus vicieux : on n’interdit rien, mais on les met aux oubliettes.

    Une chanson peut-elle changer le monde ?

    Elle peut aider certaines personnes à évoluer. Moi, j’ai été influencé par "Le Déserteur" de Boris Vian ou "Je Chante" de Trenet, bien plus sombre qu’on ne le croirait à la première écoute.

    Vous ne citez pas Brassens, dont vous avez été proche ?

    J’aime beaucoup certaines de ses chansons... mais pas toutes. "Les Deux oncles", par exemple, m’a agacée. On ne peut pas renvoyer dos à dos collabos et résistants ! Pareil pour "Mourir pour des idées" : ceux qui donnent leur vie pour une noble cause méritent plus de respect.

    Pour vous, "Le bonheur, c’est toujours pour demain ?"

    Oui. Je suis un optimiste à tout crin. [Il éclate de rire] Vaut mieux, non, avec tout ce qui nous tombe sur le paletot !

    SOURCE : https://www.nicematin.com/culture/zemmour-il-est-tres-malin-donc-dangereux-pierre-perret-ouvre-les-vannes-713399

    "Zemmour, il est très malin, donc dangereux" : Pierre Perret ouvre les vannes

    "Zemmour, il est très malin, donc dangereux" : Pierre Perret ouvre les vannes

    « J’ai regardé l'émission de FR3 "La boite à secret" où j'ai vu Pierre Perret les larmes aux yeux en écoutant sa merveilleuse chanson anti  raciste « Lily » tellement d’actualité… »

    Michel Dandelot

    "Zemmour, il est très malin, donc dangereux" : Pierre Perret ouvre les vannes


    Pierre Perret révèle avoir été menacé

    à cause d'une célèbre chanson

    de son répertoire

    Invité de "La Boîte à secrets" sur France 3, Pierre Perret a raconté comment la chanson "Lily", devenu un hymne à la tolérance, lui avait posé des problèmes dans les années 70.

    Son public peut toujours compter sur lui. Malgré 87 ans au compteur et des dizaines d'albums, Pierre Perret enchaîne toujours les concerts et les émissions télé. Jeudi, l’auteur-compositeur-interprète était justement dans La boîte à secrets sur France 3, où il est revenu sur l'un de ses plus grands succès : Lily, une chanson inspirée par un voyage à New York en 1972 et un meeting d'Angela Davis, icône de la lutte contre le racisme.

    Un classique qui a pourtant posé "beaucoup, beaucoup de" problèmes à Pierre Perret. "Des menaces, le boycott des radios au départ... Personne ne voulait la passer parce que ce n'était pas très comestible, se souvient-il face à Faustine Bollaert. Quand on me demandait une télé, je disais "oui mais si je chante Lily". Alors on me disait "oh non !". Bah je ne venais pas", confie le chanteur engagé.

    La chanson de Pierre Perret a fini par être acceptée

    Fidèle à ses principes, l'époux de Rebecca n'a malgré tout jamais lâché. "Comme je chantais beaucoup à cette époque-là, je faisais 150/200 concerts tous les ans, je chantais Lily et à chaque fois, la salle était debout, c'était incroyable. Donc à la fin, à un moment ils se sont dit "merde, cette chanson il faut qu'on la prenne en compte". Et aujourd'hui depuis 30 ans, elle est dans les livres d'école et les enfants l'apprennent par cœur", s'est-il félicité.

    "Lily" : Pierre Perret très ému

    par Olivia Ruiz et  Féfé - La boite à secrets

     

     

     

    « Bertrand Badie, Professeur émérite des Universités à Sciences-Po Paris “Les interventions militaires ont toutes abouti à un échec patent”Zemmour honte de la France »

  • Commentaires

    3
    Loulou
    Lundi 20 Septembre 2021 à 11:07
    Pierre Perret est un être admirable,un grand poète.Ces chansons souvent engagées invitent le monde à ouvrir les yeux sur les injustices,le mal de nos congénères.A écouter sans modération.
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    2
    Santos
    Lundi 20 Septembre 2021 à 07:51
    Je suis une inconditionnelle de Pierre Perret
    1
    Lundi 13 Septembre 2021 à 08:32

    Je ne suis pas un connaisseur en matière de chanson et de musique. J'avais eu l'occasion d'entendre Pierre Pérret à Lyon lors d'une fête de la fédération du Rhône du PCF. C'était au début des années 90

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