70 ans de la guerre d'Algérie : Macron
reconnaît "l'assassinat" de Larbi Ben M'hidi
Guerre d’Algérie : Macron reconnaît que Larbi Ben M'hidi a été assassiné par des militaires français.
Dans un communiqué, Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de la France dans la mort de Larbi Ben M'hidi, l’un des dirigeants du FLN, en 1957.
Emmanuel Macron fait un pas vers le rétablissement de la vérité. Près de soixante-dix ans après la fin de la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron a reconnu ce vendredi, à l'occasion du 70e anniversaire de l'insurrection du 1er novembre 1954, « l'assassinat » du dirigeant du Front de libération nationale (FLN) Larbi Ben M'hidi « par des militaires français » en 1957 lors de la bataille d'Alger.
Par voie de communiqué, l'Élysée a ainsi fait savoir que le président de la République « reconnaît ce jour que Larbi Ben M'hidi, héros national pour l'Algérie et l'un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l'insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses ». Souvent présenté comme le « Jean Moulin algérien », Larbi Ben M'hidi a été assassiné par le général Paul Aussaresses. Ce dernier avait avoué son crime au début des années 2000, démentant ainsi la version officielle qui avait maquillé son décès en tentative de suicide.
Vers la constitution d'une mémoire apaisée et partagée
Alors que les tensions entre la France et l'Algérie restent vives, notamment après la visite d'État du président français au Maroc, « la reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune, se poursuivra », souligne le palais. Par cette reconnaissance, Emmanuel Macron poursuit son objectif d'aboutir à la constitution d'une mémoire apaisée et partagée », tout en pensant aux générations futures en cherchant des voies de la réconciliation des mémoires entre la France et l'Algérie, précise le communiqué.
« Comme le président de la République l'a déjà reconnu pour Maurice Audin et Ali Boumendjel, cette répression s'accompagna de la mise en place d'un système hors la société des droits de l'Homme et du citoyen, rendu possible par le vote des pouvoirs spéciaux au Parlement », ajoute l'Élysée.
Né en 1923 dans les Aurès dans le nord-est de l'Algérie, Larbi Ben M'hidi fut le responsable de la « zone autonome d'Alger » depuis 1956 lors de la bataille d'Alger. Homme de conviction, le courage et l'esprit brillant de ce dirigeant du FLN ont forcé le respect, y compris celui de ses adversaires. Arrêté le 23 février, Larbi Ben M'hidi avait été exhibé devant la presse, les mains entravées, tout en gardant son sourire face aux parachutistes français. « Les militaires de réputation furent impressionnés par son charisme et son courage », indique par ailleurs la présidence française, qui a tenu à lui rendre hommage.
« Une conscience politique exacerbée » : qui était Larbi Ben M’hidi, considéré comme le « Jean Moulin algérien » ?
Le dirigeant du FLN a été assassiné en 1957 par le général Paul Aussaresses, qui l’a avoué au début des années 2000, démentant la version officielle qui avait maquillé son décès en tentative de suicide. Ce que vient de confirmer Emmanuel Macron.
« Une conscience politique exacerbée » : qui était Larbi Ben M’hidi, considéré comme le « Jean Moulin algérien » ?
Larbi Ben M’hidi ici au centre
Il était souvent présenté par ses compatriotes comme le « Jean Moulin algérien ». Larbi Ben M’hidi était l’une des figures historiques de la guerre d’indépendance de l’Algérie, et a été exécuté en 1957 par des militaires français, comme l’a reconnu vendredi le président français Emmanuel Macron.
À l’époque, les autorités françaises avaient prétendu qu’il s’était suicidé. Mais ce « héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses », a indiqué l’Élysée, au jour du 70e anniversaire du début de la guerre d’indépendance de l’Algérie contre la France. Le général Aussaresses, décédé en 2013, l’avait reconnu dans ses mémoires.
Né en 1923 près d’Aïn M’lila, dans les Aurès (nord-est), Larbi Ben M’hidi s’intéresse à la politique dès 17 ans. « Il était chef scout, jouait au foot dans l’équipe de l’Union sportive de Biskra et faisait du théâtre. Mais il avait aussi une conscience politique exacerbée », racontera sa sœur Drifa Ben M’hidi. En mai 1945, il participe aux manifestations réclamant l’indépendance de l’Algérie. Il est arrêté et incarcéré à Constantine. À sa libération, il adhère au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques).
Un des chefs historiques du FLN
En juillet 1954, Ben M’hidi est parmi les 22 militants indépendantistes qui décident du passage à l’insurrection, puis est choisi pour devenir l’un des six chefs historiques du Front de libération nationale (FLN) qui déclenchent la guerre d’indépendance, le 1er novembre.
En août 1956, il préside le « Congrès de la Soummam », dans le maquis de la petite Kabylie, qui dote le FLN de structures politiques et militaires. L’année suivante, des bombes posées par le FLN explosent dans des cafés et des stades d’Alger, faisant 15 morts et des dizaines de blessés. Le commandant de la 10e division parachutiste, le général Jacques Massu se lance dans un combat sans merci contre le FLN.
La France reconnaît enfin l'assassinat
du «Jean Moulin algérien»
Un article du quotidien algérien
« Le Matin »
Il y a 70 ans commençait la guerre d'Algérie. À cette occasion, l'Élysée a admis que le «sage» Larbi Ben M’hidi avait été fusillé.
Une photo de Larbi Ben M’hidi datant des années cinquante.© AFP
Le président français Emmanuel Macron a reconnu vendredi «l’assassinat» du dirigeant du Front de libération nationale (FLN) Larbi Ben M’hidi «par des militaires français», à l’occasion du 70e anniversaire de l’insurrection du 1er novembre 1954 qui ouvrit la guerre d’Algérie.
Le président de la République «reconnaît ce jour que Larbi Ben M’hidi , héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses», indique un communiqué de l’Élysée.
Souvent présenté par ses compatriotes comme le «Jean Moulin algérien», le dirigeant du FLN a été assassiné en 1957 par le général Paul Aussaresses, qui l’a avoué au début des années 2000, démentant la version officielle qui avait maquillé son décès en tentative de suicide.
Emmanuel Macron reconnaît l’exécution de l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954 à un moment où les tensions sont vives entre la France et l’Algérie, notamment après une importante visite d’État au Maroc.
«La reconnaissance de cet assassinat atteste que le travail de vérité historique, que le président de la République a initié avec le président Abdelmadjid Tebboune se poursuivra», souligne le communiqué, précisant que le but d’Emmanuel Macron est «d’aboutir à la constitution d’une mémoire apaisée et partagée».
Hors de la société des Droits de l'Homme
«C’est aussi en pensant aux générations futures que le chef de l’Etat se fait devoir, encore et toujours, de chercher les voies de la réconciliation des mémoires entre les deux pays», souligne l’Élysée.
Né en 1923 près d’Aïn M’lila, dans les Aurès (nord-est), Larbi Ben M’hidi était le responsable de la «Zone autonome d’Alger depuis 1956», pendant «la bataille d’Alger», rappelle le communiqué.
«Comme le président de la République l’a déjà reconnu pour Maurice Audin et Ali Boumendjel, cette répression s’accompagna de la mise en place d’un système hors la société des Droits de l’Homme et du citoyen, rendu possible par le vote des «pouvoirs spéciaux» au Parlement», précise l’Élysée.
Une mesure qui a donné à l’époque «carte blanche au gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie et permettant l’adoption d’un décret autorisant la délégation des pouvoirs de police à l’armée, décliné par arrêté préfectoral, d’abord à Alger, puis dans toute l’Algérie, en 1957», ajoute-t-il.
Charisme et courage
Homme de conviction, le courage et l’esprit brillant de Ben M’Hidi ont forcé le respect même de ses adversaires.
Dans le communiqué, la Présidence française lui rend hommage, assurant que «les militaires français qui le connaissaient de réputation furent impressionnés par son charisme et son courage».
Lors de son arrestation le 23 février, Ben M’hidi a été exhibé devant la presse, les mains entravés par des menottes, mais souriant et serein, face aux parachutistes français.
«Quand on se bat contre un ennemi de valeur, il naît souvent une camaraderie bien plus forte qu’avec les cons qui nous entourent», déclarait en 2002 le général Bigeard, cité par le quotidien français «Le Monde». «Ça m’a rendu malade d’apprendre qu’ils l’avaient tué», racontait-il quelques mois après avoir rencontré l’une des sœurs du dirigeant du FLN.
«C'était un seigneur»
Le colonel français Jacques Allaire, à l’époque lieutenant, racontera en 2006 l’arrestation de Larbi Ben M’hidi «impressionnant de calme, de sérénité et de conviction». «Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté (...). Parce que c’était un seigneur Ben M’hidi».
Considéré comme un héros en Algérie, celui qu’on surnommait El-Hakim (le sage) a donné son nom à de nombreux lieux et édifices institutionnels dans le pays.
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Le président français Emmanuel Macron a reconnu vendredi 1er novembre "l'assassinat" du dirigeant du Front de libération nationale (FLN) Larbi Ben M'hidi "par des militaires français", à l'occasion du 70e anniversaire de l'insurrection du 1er novembre 1954 qui ouvrit la guerre d'Algérie. Le décryptage de Karim Yahiaoui, journaliste à France 24.