A Gaza
L'équivalent de la bombe atomique larguée
sur Hiroshima... Combien de bombes
après la solution finale ?
Le ministère de la santé de la bande de Gaza a annoncé mercredi ce 25 octobre, au 19ème jour de la guerre, qu’au moins 6 546 personnes y avaient été tuées depuis le 7 octobre dont 2704 enfants, 1584 femmes et 17.000 blessés.
L'armée israélienne poursuit le pilonnage et le bombardement de ce territoire et de sa population assiégée depuis plus de 16 ans sur laquelle sont tombés à ce jour 12.000 tonnes de bombes, soit l'équivalent de la bombe atomique larguée sur Hiroshima.
Gaza est l'endroit le plus difficile pour être père.
La coalition de Macron fait un flop
au proche-Orient
Le silences des chancelleries, après que le président français a proposé d’utiliser les mêmes méthodes contre le Hamas que celles mise en place contre Daech marque l’étonnement et le scepticisme. En France, la droite et l’extrême droite applaudissent, la gauche dénonce une attitude guerrière.
Emmanuel Macron et le président égyptien Abdel-Fattah al-Sisi se serrent la main à la fin d'une conférence de presse, le 25 octobre 2023. Christophe Ena / AFP
Crédit : Christophe Ena / AFP
Emmanuel Macron a poursuivi, mercredi, son périple au Proche-Orient en se rendant en Jordanie, puis en Égypte. Un déplacement politique et diplomatique qui aurait pu se transformer en voyage historique dans une période de tension extrême où la région peut basculer à tout moment dans le chaos et alors que, prenant prétexte du massacre perpétré par le Hamas le 7 octobre qui a fait plus de 1 400 morts, Israël s’acharne sur les civils de la bande de Gaza, tuant plus de 5 700 personnes.
En fait d’historique, la visite du président français a relevé de la faute. Aux côtés de Benyamin Netanyahou, il a évoqué l’idée d’une coalition, à l’instar de celle créée pour combattre l’« État islamique » (Daech), tirant ainsi un trait d’égalité avec le Hamas, qu’il faudrait détruire. Cette proposition a plu au premier ministre israélien, qui y voit l’occasion de poursuivre sa fuite en avant, la seule à même de préserver son avenir politique.
La Syrie prise pour cible
Alors qu’Emmanuel Macron appelait, de façon penaude, l’Iran, le Hezbollah libanais et d’autres forces régionales à « ne pas prendre le risque d’ouvrir de nouveaux fronts », Netanyahou s’est lancé dans une diatribe guerrière. Des paroles, il est d’ailleurs passé très rapidement aux actes. L’armée israélienne a pris pour cible la Syrie, depuis le plateau du Golan occupé, tuant 8 soldats syriens.
Mardi soir, auprès de Mahmoud Abbas, le président français a réitéré sa proposition de coalition anti-Hamas, alors que, dans les rues de Ramallah, les manifestants dénonçaient l’attitude de la France officielle et disaient leur déception sur son positionnement.
« Il n’y aura pas de paix durable s’il n’y a pas la reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien à disposer d’un territoire et d’un État. Et il n’y aura pas de paix durable s’il n’y a pas la reconnaissance assumée de la part du peuple palestinien et de ses autorités d’un État d’Israël et de l’importance de son existence et de sa sécurité », a affirmé Emmanuel Macron face au président de l’Autorité palestinienne, qui lui a répondu : « Cela fait quarante ans que nous reconnaissons Israël. »
En France, la droite et l’extrême droite guerrières alignées
En France, la droite et l’extrême droite guerrières se sont reconnues dans les déclarations du chef de l’État. La gauche, elle, a dénoncé une attitude de boutefeu, sans aucune considération pour un cessez-le-feu et la paix. La vice-présidente PS de l’Assemblée nationale, Valérie Rabault, a jugé « désastreuse » la « méthode diplomatique » d’Emmanuel Macron au Proche-Orient. « Et sur le fond, je ne suis pas sûre » qu’une telle coalition « soit la meilleure méthode », a-t-elle ajouté. « Je pensais qu’il allait en Israël pour défendre la solution à deux Etats (…) Cela veut dire que si le Hamas est à Gaza on intervient dans cette zone ?», a fait mine de s’interroger le député écologiste Julien Bayou.
La dangerosité des idées émises par le président – que l’on attribue à l’un de ses conseillers politico-militaires – rivalise avec le silence assourdissant sur le plan international. Aucune chancellerie européenne n’a réagi. À Washington, aucun commentaire n’a été émis. Des absences de réaction qui en disent long.
En Jordanie, où il s’est rendu, on ne sait si le président français a tenu le même langage au roi Abdallah II car aucun communiqué n’a été publié à l’issue de leur entretien, au moins à l’heure où ces lignes sont écrites. En revanche, la reine Rania de Jordanie s’est exprimée, mercredi, sur la chaîne américaine CNN.
« Les peuples du Moyen-Orient (…) sont choqués et déçus par la réaction du monde face à la catastrophe qui se déroule actuellement. Au cours des deux dernières semaines, nous avons constaté qu’il y avait deux poids, deux mesures, a-t-elle déclaré. Lorsque le 7 octobre a eu lieu, le monde a immédiatement et sans équivoque soutenu Israël et son droit à se défendre, et a condamné l’attaque qui s’est produite. »
Au Caire, Emmanuel Macron a pourtant réaffirmé que « la France ne pratique pas le double standard», et qu’une opération terrestre à Gaza serait « une erreur ». Le président égyptien, Abdel Fattah Al Sissi, a lui explicitement appelé Tel-Aviv à éviter une « invasion terrestre de Gaza (car elle fera) un grand nombre de victimes civiles ». Ce que n’a pas osé dire son homologue français à Netanyahou.
SOURCE : La coalition de Macron fait un flop au Proche-Orient (humanite.fr)
Les « béni-Bibi », ces soutiens indéfectibles
à l’Israël de Netanyahou
Depuis le 7 octobre et les terribles attaques terroristes du Hamas, plusieurs personnalités politiques françaises se sont positionnées en « va-t-en-guerre », prêtes à justifier le blocus et les meurtres de civils commis par l’armée israélienne sur la bande de Gaza. Portraits.
Mathieu Lefèvre, Yaël Braun-Pivet, Eric Ciotti et Meyer Habib, avant de s'envoler pour Tel Aviv le 21 octobre. Image postée sur X par le député UDI Meyer Habib, remerciant ainsi la présidente de l'Assemblée : «Merci Yael. Ta main n’a pas tremblé».
Paix ? Trêve ? Cessez-le-feu ? Ces mots, qui relèvent pourtant de la plus élémentaire humanité et de la position historique de la France au Proche-Orient, n’entrent plus dans leur vocabulaire. Divers responsables politiques, du « centre » à l’extrême droite, justifient les bombardements de civils et le blocus de Gaza par l’armée et les autorités israéliennes. Jusqu’à pousser Emmanuel Macron à soutenir de manière « inconditionnelle » le gouvernement de Benyamin Netanyahou. Leur posture martiale est plus alignée sur le pouvoir israélien que celle de la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna – elle répète à chaque interview la nécessité de respecter le droit international – ou du président de la République. Ce, même après sa décevante visite à Tel-Aviv, mardi, au cours de laquelle il n’a jamais exigé un arrêt des frappes sur Gaza.
Le week-end dernier, Yaël Braun-Pivet, accompagnée des députés Mathieu Lefèvre (Renaissance), Meyer Habib (UDI, apparenté LR) et Éric Ciotti (LR), s’est rendue en voyage diplomatique en Israël, où elle est apparue vêtue du gilet pare-balles réglementaire. Pour l’image de paix, on repassera. Le déplacement de la présidente de l’Assemblée nationale a fait grincer des dents, alors que, le lendemain, l’Hémicycle devait pourtant débattre du Proche-Orient. Comme si de rien n’était donc, comme si la locataire du perchoir avait mandat à représenter les députés à l’étranger.
Dans l’arc large de ces « faucons » – mot utilisé pour qualifier les partisans de la guerre, en opposition à la colombe –, on trouve les responsables d’extrême droite, farouches défenseurs d’Israël qui y voient là un levier pour diffuser leurs propagandes anti-islam et anti-immigration. La plupart des parlementaires « Les Républicains », en rupture avec l’héritage de leur camp politique – de Charles de Gaulle à Jacques Chirac –, sont favorables à l’offensive de l’armée israélienne. à l’instar d’un noyau dur de macronistes. Ces derniers ont presque été les seuls, lundi, à l’Assemblée nationale, à ne pas applaudir le discours humaniste et équilibré du Modem Jean-Louis Bourlanges, membre de la majorité. « Certains ont une difficulté à assortir une solidarité légitime avec le peuple israélien d’une critique nécessaire du gouvernement de monsieur Netanyahou pour prendre en compte les droits, eux aussi légitimes, des Palestiniens à la liberté et à la souveraineté », a regretté le parlementaire dans Mediapart. Un dangereux double standard de ces « soutiens inconditionnels » à Israël, qui les conduit à approuver les bombardements. Galerie de portraits.
Yaël Braun-Pivet, tout pour Tel-Aviv
Des « mais » qui font froid dans le dos. En déplacement en Israël, le week-end dernier, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, est allée jusqu’à justifier, sur place, les victimes civiles des frappes israéliennes et les privations inhumaines que subissent les Gazaouis. « Ce qui est important, c’est que les populations civiles à Gaza soient évidemment le moins possible victimes de ce conflit, mais on sait aujourd’hui qu’elles servent de boucliers humains. Il faut les préserver, bien sûr, mais rien ne doit empêcher Israël de se défendre. Il y a, comme sur d’autres conflits, un attaquant et des attaqués. »
« La France soutient pleinement Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, démocratie qui a été attaquée d’une façon terrible. Donc, il ne faut pas se tromper, ni de combat, ni de mots », a-t-elle répété, dimanche, avant son retour à Paris.
Si, le lendemain, sur France Inter, elle a demandé le « respect du droit international » et la protection des civils, le discours qu’a tenu sur place le quatrième personnage de l’État, accompagné par l’armée israélienne, a diplomatiquement envoyé un fort message de soutien envers le pouvoir de Benyamin Netanyahou et son armée.
D’autant qu’elle avait déjà exprimé, au perchoir de l’Assemblée, un « soutien inconditionnel » à l’État israélien quelques jours après les attaques terroristes du Hamas. Et alors que les bombardements sur Gaza avaient déjà repris. « J’aurais aimé qu’elle ait un mot aussi en direction des Palestiniens et une marque de soutien à son peuple », a regretté le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, sur C à vous, mardi.
Jean-Luc Mélenchon a, lui, twitté dès dimanche : « Madame Braun-Pivet campe à Tel-Aviv pour encourager le massacre. » Les polémiques se chevauchant, la sortie va-t-en-guerre de la présidente de l’Assemblée nationale depuis 2022 a été médiatiquement éclipsée par la critique et les mots choisis par le fondateur de la France insoumise.
Eric Ciotti
En rupture avec la « tradition pro-arabe »
« Ce serait un geste et un soutien très forts marqués à l’État d’Israël, pour lequel j’ai une immense admiration », s’est-il justifié, avant d’émettre le souhait de « rompre avec une forme de tradition diplomatique globalement pro-arabe ».
Une rupture avec deux figures dont il se revendique pourtant : Jacques Chirac, qui en son temps dénonçait la colonisation d’Israël, et Charles de Gaulle, qui en 1967 avait décrété un embargo sur les armes en direction de Tel-Aviv, quelques jours après la guerre des Six Jours.
La formation LR, héritière des deux anciens présidents de la République, semble désormais unie derrière la position de son chef, Éric Ciotti. Lundi encore, dans l’Hémicycle, c’est cette ligne qu’a exprimée, au nom du groupe, Michèle Tabarot. La députée a demandé que la France « suspende les aides au développement » en direction de la Palestine. En grande défenseuse du « passé glorieux de la France en Algérie », elle était, la semaine dernière, en mission humanitaire en Israël. Et de déclarer à son retour : « Ce n’est pas le temps de la paix aujourd’hui. »
Meyer Habib, le porte-flingue de Netanyahou
Pour lui, « Bibi » est plus qu’un ami, un « frère ». Depuis 2013 et sa première candidature aux législatives, Meyer Habib bénéficie du soutien officiel du premier ministre lors des différentes élections dans sa circonscription des Français de l’étranger qui comprend Israël. Un échange de bons procédés, alors que le journaliste d’investigation israélien Raviv Drucker a révélé que, pendant les années 1990-2000, Meyer Habib a personnellement financé les voyages de Benyamin Netanyahou.
Situé officiellement au « centre-droit » en France, le membre de l’UDI est, côté israélien, proche de l’aile très droitière du Likoud, se faisant même le relais en France du discours nationaliste de Netanyahou. « Son rôle est ambigu. Représente-t-il l’Assemblée nationale en Israël ? Le gouvernement israélien de Netanyahou en France ? Est-ce qu’il fait les deux ? » s’interroge en 2021, sur Franceinfo, l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Daniel Shek.
Personnage grossier et bruyant, Meyer Habib, par ailleurs sous le coup d’une enquête pour détournement de fonds publics et escroquerie, s’est souvent fait entendre dans l’Hémicycle. Il y distribue les procès en antisémitisme pour toute critique du gouvernement israélien. À l’image des parlementaires de gauche, du PCF en particulier, qui ont défendu en mai 2023 leur proposition de résolution afin de qualifier d’apartheid le régime d’Israël. Il assurait alors que « les Arabes s’épanouissent en citoyens libres » dans cet « État de droit multiethnique, ouvert, démocratique ».
Depuis les attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre, Meyer Habib fait résonner sur les plateaux français la voix de Netanyahou. L’armée israélienne est, selon lui, « l’armée la plus morale du monde » et va « tuer jusqu’au dernier des terroristes du Hamas. Ce n’est pas une vengeance, c’est la justice ». « Israël est obligé de nettoyer, au sens propre du terme, la bande de Gaza du Hamas », a-t-il encore osé. À ses yeux, la recherche d’une solution politique au conflit serait une « pure chimère ». Le député conteste le nombre de civils tués à Gaza qui ne seraient que des « victimes collatérales ».
Mathieu Lefèvre
Anti-gauche, anti-cessez-le-feu, anti-paix
En quelques jours, il est devenu le porte-parole des macronistes les plus favorables au gouvernement israélien. Avec le chef du groupe Renaissance à l’Assemblée, Sylvain Maillard, la députée Caroline Yadan et quelques autres, Mathieu Lefèvre tente de peser sur la position diplomatique d’Emmanuel Macron.
L’élu du Val-de-Marne, président du groupe d’amitié France-Israël depuis cet été, ne veut surtout pas entendre parler de paix. « Quand j’entends parler de cessez-le-feu, je trouve ça tout à fait indécent. Israël a le droit et le devoir de riposter, a-t-il déclaré sur Public Sénat, le 13 octobre. Nous devons un soutien indéfectible à l’État d’Israël lui-même. » Une position réitérée dans l’Hémicycle lors du débat de lundi, au nom du groupe Renaissance et, le même jour, au micro de France Info. Mathieu Lefèvre y a clairement soutenu les frappes israéliennes sur Gaza, revendiquant que « des opérations de force puissent être menées ». « Il ne peut pas y avoir de cessez-le-feu dans l’immédiat, tant qu’il y a encore des terroristes », a-t-il balancé.
Proche de Gérald Darmanin, dont il a été conseiller ministériel de 2017 à 2022, Mathieu Lefèvre, 36 ans, est connu des plateaux de CNews pour ses positions anti-immigration mais reste peu identifié du grand public qui se tient éloigné de télé Bolloré. Pourtant, plusieurs de ses sorties, depuis un an, auraient dû scandaliser jusqu’à son propre camp. Quelques heures après la mort du jeune Nahel, en juin, il twittait : « Où sont les condamnations des refus d’obtempérer par la Nupes qui, toutes les trente minutes, mettent en péril la vie de nos forces de l’ordre et de nos concitoyens ? »
En août encore, il ne boudait pas l’idée de Caroline Yadan de « dissoudre la France insoumise pour antisémitisme », estimant, sur Europe 1, que le mouvement n’a « plus rien de républicain ». Il ne manque pas non plus de tacler la « gauche antisémite », qu’il perçoit notamment dans « la résolution des communistes indiquant qu’Israël serait un État d’apartheid et le « soutien à Salah Hamouri ». En février, Mathieu Lefèvre avait d’ailleurs profité des questions au gouvernement pour s’adonner à un réquisitoire contre l’avocat franco-palestinien. Le député communiste Pierre Dharréville s’était alors insurgé dans l’Hémicycle, en rétorquant au parlementaire Renaissance : « C’est Israël qui parle ! »