À l’Assemblée nationale
le député José Gonzalez fait référence
à l’Algérie Française
José Gonzalez - Compte X officiel
José Gonzalez, député RN
Réélu au second tour des dernières élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, José Gonzalez est toujours le doyen de l’Assemblée nationale française.
C’est à ce titre qu’il a prononcé ce jeudi 18 juillet le discours inaugural de la nouvelle législature dans lequel cet admirateur notoire de l’OAS a réitéré ses attaques contre l’indépendance de l’Algérie.
France : un nostalgique de l’Algérie française doyen
de l’Assemblée nationale
La nouvelle assemblée nationale française se réunit ce jeudi pour élire un nouveau président de la chambre basse du Parlement français. Comme le prévoient les textes, la séance est présidée par le député le plus âgé. Il s’agit du même élu que lors de la précédente législature, José Gonzalez, 81 ans, député du Rassemblement national (RN, extrême-droite).
José Gonzalez a présidé l’assemblée pendant une journée seulement et il en a profité pour étaler sa nostalgie de l’Algérie française. Comme il l’a fait il y a deux ans à la même occasion.
Le doyen a axé son discours sur la situation politique née des résultats des législatives du 30 juin et 7 juillet et le risque du blocage et de l’ingouvernabilité de la France. Le sujet n’était pas l’Algérie mais le député d’extrême-droite ne s’est pas empêché de l’évoquer.
« Un déchirant déracinement »
À l’entame de son discours, José Gonzalez s’est défini comme un « Français né sous le soleil d’un autre continent qui a appris, par son déchirant déracinement, le sens du mot patrie« . S’il n’a pas cité nommément l’Algérie, l’allusion est claire.
José Gonzalez est un pied-noir né à Oran en 1943. Il a quitté l’Algérie en 1962 pour s’installer à Marseille. Il est considéré comme un partisan de la première heure du Front national, le parti d’extrême-droite fondé par Jean-Marie Le Pen au début des années 1970 avec d’autres nostalgiques de l’Algérie française et devenu aujourd’hui le Rassemblement national.
Le RN demeure ouvertement hostile à l’Algérie et aux Algériens sur plusieurs points, notamment l’immigration et la mémoire.
En juin 2022, José Gonzalez avait présidé l’assemblée pendant la séance inaugurale et avait exprimé sa nostalgie de sa « terre natale », à laquelle il a été « arraché par le vent de l’histoire ». Il s’était défini comme un « homme qui a vu son âme à jamais meurtrie ».
En janvier 2023, sa désignation comme membre du groupe parlementaire d’amitié France-Algérie avait suscité l’incompréhension dans les deux pays.
« Avec le temps, José Gonzalès fait des progrès : dans son discours inaugural tenu à l’Assemblée nationale en juillet 2024 il s’est contenté de verser une larme sur la colonisation perdue de l’Algérie française mais n’a tenu aucun propos sur l’OAS comme en 2022 »
Le 30 décembre 2022, profitant de la trêve des confiseurs, le bureau de l’Assemblée nationale a nommé José Gonzalès co-président du groupe d’amitié « France Algérie ».
Ce député Rassemblement national s’est distingué le 28 juin 2022. Doyen de l’Assemblée, il a prononcé le discours d’ouverture de la séance inaugurale de la 16è législature et ses propos larmoyants sur son Oranie perdue à cause de l’indépendance de l’Algérie ont été applaudis sur certains bancs.
Questionné sur les crimes commis par l’OAS, José Gonzalez répond : « Je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes ou pas. L’OAS, je ne sais même pas bien ce que c’était.»
Gonzalez serait-il le seul Oranais ignorant que dans sa ville, le 14 juin 1962, trois mois après la signature des Accords d’Évian, le général Philippe Ginestet, commandant le corps d’armée d’Oran fut grièvement blessé (il devait mourir peu après) au côté du médecin colonel Hubert Mabille mortellement frappé par un tueur de l’OAS ? Crime d’autant plus odieux que ces deux officiers généraux furent abattus tandis qu’ils se recueillaient devant la dépouille mortelle du colonel Mariot chef de corps du 5e régiment d’infanterie assassiné la veille par l’OAS. Le député Gonzalez ne sait même pas bien ce que c’était l’OAS et il n’est pas à l’Assemblée nationale pour juger si l’OAS a commis des crimes ou pas. Ainsi donc, un député du Rassemblement national estime que les assassinats d’un général et de deux colonels ne constituent pas des crimes.
Ne sont pas non plus des crimes, pour José Gonzalès, les assassinats, toujours à Oran, du lieutenant-colonel Pierre Rançon, puis de son successeur le commandant Maurin ; du chef de bataillon Bardy commandant les groupes mobiles de sécurité, enlevé et dont le cadavre fut retrouvé le 27 mars 1962 dans un terrain vague, du commandant de Gendarmerie André Boulle, du lieutenant Ferrer et du sous-lieutenant Moutardier.
Parmi les très nombreux membres du groupe d’amitié « France Algérie », figure Bernard Brochand qui prit la défense des intérêts financiers d’anciens condamnés de l’OAS. En effet, L’Écho de l’Oranie, n° 280, mai 2002, rapporte que le samedi 6 avril 2002, au Bistrot de l’Étang, place de l’Étang à Cannes, se tient l’assemblée générale de l’association nationale des anciens détenus politiques et exilés de l’Algérie française (ADEP), qui deviendra Adimad. […] M. Bernard Brochand, maire de Cannes et rapatrié d’Algérie, avait tenu à honorer de sa présence l’assemblée […] pour apporter son entier soutien aux revendications de l’ADEP […].
Le président de l’ADEP est Athanase Georgopoulos, l’ancien chef de la zone 3 OAS d’Oran. Son adjoint est Gabriel Anglade, ancien chef du commando delta 6, son vice-président est Joseph Rizza, ancien chef du commando delta 9 à Alger. Anglade et Rizza ont participé à l’assassinat des six dirigeants des Centres sociaux éducatifs le 15 mars 1962 à Alger.
Bernard Brochand, qui a honoré de sa présence d’anciens adeptes de la ratonnade- le meurtre d’un Algérien au seul prétexte qu’il est arabe- est membre du groupe d’amitié « France Algérie ».
Au terme de l’assemblée générale une lettre ouverte est adressée aux candidats à l’élection présidentielle prévue en avril-mai 2002, avec l’entier soutien de Bernard Brochand.
Les demandes exprimées dans la lettre ouverte rédigée par d’anciens terroristes sont inscrites dans l’article 13 de la loi du 23 février 2005 n° 2005-158 adoptée par le Parlement. Il complète la liste des 2000 bénéficiaires de la « loi Mitterrand » n° 82-1021 du 3 décembre 1982, en y ajoutant d’anciens membres civils de l’OAS qui ont interrompu leur activité professionnelle en secteur privé pour s’engager à temps plein dans l’Organisation. Ils ont perdu. Ils ont choisi de fuir la France. Georgopoulos, par exemple, s’enfuit en Espagne pour ne revenir en France qu’en 1969 en bénéficiant de l’application de la loi d’amnistie du 31 juillet 1968. Il sera nommé au sein de la commission d’indemnisation qui examinera son propre dossier et celui de ses copains assassins.
Le 28 février 2005, l’association Harkis et droits de l’homme publiait un communiqué qui dénonçait : […] Derrière ces personnes se cachent d’anciens membres de l’OAS. Pourquoi ne pas appeler un chat, un chat ? Nos élus ont-ils peur de l’indécence ? […]. Sûrement pas Brochand.
Il y a bien aujourd’hui une compatibilité entre membres du champ politique, y compris avec des partisans du maintien de la colonisation par les moyens les plus bruts. Cet épisode de guerre civile qui marqua les seize derniers mois du conflit deviendra bientôt un territoire perdu de la conscience nationale, puisque même un député ne sait même pas bien ce que c’était l’OAS, méprisant l’histoire et les victimes.
Par comparaison, devient anecdotique le fait que le vice-président de ce groupe d’amitié « France Algérie » ait été condamné le 7 décembre 2022 pour détournement de fonds publics, et qu’un ancien président de l’Assemblée nationale, organisateur de coûteux dîners avec des homards géants aux frais des contribuables, en fasse aussi partie.
Jean-Philippe Ould Aoudia
Fils de victimes de l’OAS. Auteur de « OAS Archives inédites. Révélation ».