Abreschviller : amis pour la vie
depuis la guerre d’Algérie
Pierre Bournique, d’Abreschviller et Jean-Claude Buvry, le Normand, se sont connus en 1960 lors de la guerre d’Algérie. Élargie aux familles respectives, leur amitié a traversé les décennies sans prendre une ride. Témoignage.
Depuis la rencontre du Lorrain, Pierre (assis à g.), et du Normand, Jean-Claude (assis à dr., avec Nicole, son épouse), en 1960 sur le front en Algérie, les deux familles ont tissé de réels liens d’amitié. Le 15 août fut encore l’occasion de joyeuses retrouvailles à Abreschviller. Et, fin août, à Saint-Lubin-des-Joncherets.
Lui, c’est Pierre Bournique, aujourd’hui âgé de 84 ans, demeurant à Abreschviller. En 1960, sur le front en Algérie, il a fait connaissance avec un petit gars du même âge, originaire de Normandie, Jean-Claude Buvry. Tous deux ont fait leurs classes au 19e Génie stationné dans une ville de garnison de Kabylie. Mais ils se sont véritablement rencontrés lors d’une mission sur le terrain, et ont profité d’un moment de détente pour partager une bière.
Par la suite, ils ont eu l’occasion de combattre côte à côte, en plusieurs points du pays. Malgré la guerre, tout était prétexte à échanger autour d’un verre. Trois ans plus tard, l’heure de la libération a sonné.
« Avoir un ami à la guerre, ça aide
à tenir le coup »
Avant de regagner sa Normandie, Jean-Claude a suivi Pierre en Moselle découvrant son environnement familial. Les faits auraient pu en rester là, sauf que l’amitié entre les deux hommes s’est prolongée au-delà du cessez-le-feu. Soixante-deux ans plus tard, elle est toujours d’actualité, puisque les deux anciens d’Algérie et leurs familles respectives se retrouvent ici ou là, plusieurs fois au fil des saisons.
Nous les avons rencontrés chez Pierre dans le cadre d’une fête ayant réuni les deux contrées. Le Lorrain s’est marié en 1962, et a fondé une famille de trois enfants. Veuf, un petit-fils fait sa joie. Jean-Claude a épousé Nicole en 1965, qui lui donna deux garçons, et deux petits-enfants.
Confortablement installés à l’ombre des arbres dans un grand verger du village, les copains ont raconté leur vie, marquée par l’enrichissement d’échanges chez les uns et les autres, les vacances partagées, souvent en Bretagne d’ailleurs, les visites rendues à l’occasion de mariage, baptême, décès aussi. Et tout ça, dans un joyeux brouhaha, chacun y allant de son couplet pour être sûr de ne manquer aucun épisode de l’histoire.
Pierre téléphone en Normandie tous les dimanches sans exception : « On parle de tout et de rien. Entendre sa voix est devenu une nécessité. » De véritables liens fraternels se sont tissés entre eux : « avoir un ami à la guerre, ça aide à tenir le coup et à traverser les épreuves ».
Les Normands ont donc tous débarqué pour l’Assomption. Au programme de ces journées de farniente teintées d’une franche amitié, des barbecues dans la verdure, de grandes parties de belote, quelques excursions. Louise, l’épouse de Jean-Claude, est devenue la seconde maman des enfants de Pierre. Dans le village, on connaît ces sympathiques visiteurs, unis pour la vie, à l’un de leur compatriote.
Le 15 août 2022, ils étaient réunis à Abreschviller
Et, fin août, à Saint-Lubin-des-Joncherets pour la cérémonie de libération de la ville par les Américains.
La libération de Saint-Lubin célébrée
Didier Vuadelle maire de Saint-Lubin-des-Joncherets dépose la gerbe au nom des Lubinois.
Ces liens de « Frères de guerre » sont indestructibles : « Avoir un ami à ses côtés à la guerre, ça aide à tenir le coup et à traverser les épreuves », reconnaissent-ils ensemble... Mais maintenant, en famille ils chantent de nombreuses chansons, peut-être que celle qu'ils préfèrent et celle-ci, cependant nous leur offrons avec plaisir :