« Algérie mon amour » : finie la colère
contre la France ?
Le Président algérien, Abdlemadjid Tebboune
Le Gouvernement algérien, qui était très en colère contre la France semble avoir décidé d’enterrer la hache de guerre. C’est la compréhension qui pourrait être faite du dernier acte posé par Alger.
Alors qu’il avait rappelé son ambassadeur en France pour consultations, Alger est revenu sur sa décision. En effet, l’ambassadeur d’Algérie en France, Salah Lebdioui, a repris fonction. Des informations font état que le diplomate est arrivé en France lundi 15 juin, et a informé les autorités françaises de la reprise de ses fonctions.
Preuve que la France et l’Algérie ont décidé de fumer le calumet de la paix ? Du moins que la tempête est passée en Algérie. Car c’est l’Algérie, qui, en rogne contre l’Hexagone, avait décidé de rappeler son ambassadeur en fonctions en France pour consultations. Que s’était-il passé ?
Flash-back : le 27 mai dernier, au lendemain de la diffusion du film-documentaire sur le Hirak « Algérie, mon amour ». Ce documentaire avait suscité de vives réactions parmi les Algériens, qui avaient du mal à digérer ce film. Outre les Algériens qui avaient du mal à avaler cette pilule, le Gouvernement du Président Abdelmadjid Tebboune était très en colère.
Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, « le caractère récurrent des programmes diffusés par les chaînes de télévision publique françaises, en apparence spontanés et sous prétexte de la liberté d’expression, sont en fait des attaques contre le peuple algérien et ses institutions, dont l’ANP et sa composantes, la digne héritière de l’Armée de libération nationale ».
La tension était à son paroxysme puisque l’Algérie a décidé de rappeler son Ambassadeur après ces projections sur les écrans français. Il aura fallu un coup de fil du Président français, Emmanuel Macron à son homologue algérien, pour sonner la décrispation Abdelmadjid Tebboune, qui avait évoqué des relations algéro-françaises qui se sont compliquées avec la diffusion du film-documentaire en question a revu sa position, puisque l’Ambassadeur d’Algérie en France a regagné son poste.
SOURCE : https://www.afrik.com/algerie-mon-amour-finie-la-colere-contre-la-france
J’ai cependant deux questions à poser :
Qu'en pense le Hirac de cette réconciliation entre Macron et Tebboune ?
En France les manifestations ont repris, le Hirac en Algérie va-t-il reprendre les siennes pour obtenir une 2e République ? Car j'ai lu l'article ci-dessous.
Merci pour vos réponses.
Michel Dandelot
En Algérie, le régime a-t-il peur d’un retour
du Hirak ?
Manifestation antigouvernementale, à Alger, le 13 mars 2020.
PHOTO / RYAD KRAMDI / AFP
Loin de l’apaisement promis par le nouveau président algérien, les arrestations de leaders de la protestation se multiplient. Pour ce journaliste du quotidien Liberté, Abdelmadjid Tebboune craint que le Hirak reprenne de plus belle avec le déconfinement.
Le paradoxe est saisissant : alors que les spéculations n’ont pas encore cessé sur une hypothétique libération de Samir Belarbi et Karim Tabbou [deux figures du Hirak], les arrestations d’activistes du mouvement populaire se multiplient à un rythme soutenu. En l’espace de trois jours, plus d’une dizaine de personnes ont été arrêtées dans divers endroits du pays par les services de sécurité, si l’on se fie aux chiffres, loin d’être exhaustifs, communiqués par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), association de solidarité avec les prisonniers.
Dimanche [14 juin], trois figures connues du Hirak – le journaliste Fodil Boumala, Hakim Addad, ex-président du RAJ, et Zoheir Keddam, membre des “gilets orange”, ce groupe de bénévoles chargés de prévenir d’éventuels heurts entre la police et les manifestants durant les marches – ont été appréhendées à Alger. On ignore pour l’heure les motifs de leur arrestation. Mais, depuis le début du confinement, ce sont plus d’une soixantaine de personnes qui ont été arrêtées, particulièrement pour des publications sur les réseaux sociaux, selon de nombreux avocats.
Cette vague d’arrestations, que rien ne justifie a priori, intervient dans la foulée de l’adoption d’une série de lois, dont l’amendement du Code pénal, la loi pour la lutte et la prévention de la discrimination et du discours de la haine, ainsi que la loi de finances complémentaire, dont des dispositions, comme l’augmentation des prix des carburants, grèvent le pouvoir d’achat des ménages.
Elle intervient également dans le contexte du début du déconfinement après plus de deux mois d’une crise sanitaire qui a fortement impacté de nombreux travailleurs, de nombreuses familles et précarisé une cohorte de jeunes qui vivaient essentiellement de l’informel.
Exacerbation de la colère
Dès lors, la question que d’aucuns se posent aujourd’hui est de savoir à quoi obéit cette traque, sans précédent, des activistes et le durcissement des peines, pour les personnes jugées, comme l’ont relevé de nombreux avocats ? Le pouvoir, attaché à l’exécution de sa feuille de route entamée par la présidentielle et qui devrait se poursuivre pour le référendum sur la Constitution, avant l’organisation projetée des législatives, appréhende-t-il le retour du Hirak?
D’autant que les signes d’une exacerbation de la colère, due à la fois aux arrestations, au maintien de nombreux détenus d’opinion en prison, à l’absence de signes probants de changement, si l’on excepte le départ du président déchu Bouteflika, et accentués par les conséquences socio-économiques de la crise sanitaire, se multiplient à travers certaines contrées du pays.
“Le pouvoir ne croit pas au changement, il refuse d’écouter le peuple. À mon avis, il procède aux arrestations pour casser le Hirak. Ce n’est pas normal que tous les pays du monde se préoccupent de la lutte contre la pandémie alors que chez nous, on multiplie les arrestations”, estime Me Mustapha Bouchachi. Selon l’avocat, il y a une démarche politique derrière cette vague d’arrestations.
“Il ne s’agit pas d’une décision d’un jeune procureur au niveau d’une localité. C’est une démarche politique. Les gens poursuivis n’ont commis aucun délit. Ils n’ont fait qu’exprimer leur opinion sur les réseaux sociaux. Même si on considère que c’est un délit, je ne vois pas les raisons de leur emprisonnement. Et puis, il y a la façon dont ils sont interpellés. On devait les convoquer d’abord. L’arrestation ne se fait que dans le cadre d’un flagrant délit, donc ce sont des interpellations en violation de la loi”, observe-t-il.
Durcissement des positions
Si la crainte du retour du Hirak, dans cette conjoncture particulière, peut certainement expliquer ce durcissement, il n’en demeure pas moins que la démarche pourrait aussi dissimuler d’autres enjeux. Sinon, comment expliquer que le président de la République n’ait pas pris des mesures d’apaisement depuis son intronisation en faveur des détenus d’opinion, lui qui dès son investiture avait “tendu la main au Hirak”, qu’il a affublé du vocable de “béni”.
“Si le pouvoir voulait l’apaisement, la crise du coronavirus était une occasion pour lui pour s’ouvrir […]. Ce qu’ils font actuellement va motiver davantage les Algériens pour sortir. Ces arrestations ne vont apporter ni la sérénité, ni l’apaisement, ni la réconciliation entre le peuple et les institutions. Elles vont plutôt approfondir la crise, affaiblir le front intérieur et l’État algérien, met en garde Me Bouchachi. Ils doivent comprendre que les Algériens d’après le 22 février ne sont pas ceux d’avant le 22 février.”
SOURCE : https://www.courrierinternational.com/article/opinion-en-algerie-le-regime-t-il-peur-dun-retour-du-hirak