C’est donc ce matin à 10 h 30 qu’Emmanuel Macron va recevoir les harkis… Mais toutes les mémoires doivent être reconnues officiellement et je pense aux victimes de l’OAS qui, pour le moment semblent oubliées.
2700 victimes par l'organisation terroriste, voici quelques exemples qui figurent sur mon blog :
Le maire d'Evian
La petite Delphine Renard victime collatérale d'une tentative d'assassinat qui visait André Malraux. Delphine est devenue aveugle.
Voir mon précédent article :
Après avoir pris différentes initiatives (sur Maurice Audin ou l’assassinat de l’avocat Ali Boumendjel…), Emmanuel Macron entend encore participer à deux journées mémorielles d’ici la fin du quinquennat : la répression par la police française d’une manifestation d’Algériens à Paris le 17 octobre 1961, et la signature des accords d’Evian le 18 mars 1962 qui ont consacré la défaite française en Algérie.
Michel Dandelot
Mémoires
300 millions : le généreux cadeau d’Emmanuel Macron aux harkis à sept mois de la présidentielle
Le Président annoncera ce lundi, à 10 h 30, la création d’un fonds de 300 millions d’euros et d’une loi portant « reconnaissance de la Nation des préjudices subis par les personnes rapatriées d’Algérie »
Harkis s'entraînant au camp de Collo
Ce lundi matin, Emmanuel Macron rendra hommage aux harkis et à leurs descendants, cinq jours avant la journée nationale à la communauté et aux supplétifs qui ont combattu aux côtés de l’armée française durant la guerre d’Algérie. Selon nos informations, le président de la République franchira une nouvelle étape dans la reconnaissance de leur cause à travers un projet de loi et un fonds de réparation qui devrait être doté de 300 millions d’euros.
« Emmanuel Macron veut frapper très fort, confie un proche du dossier. La séquence de lundi est préparée depuis des mois en toute discrétion par les conseillers élyséens, de Bruno Roger-Petit, conseiller mémoire, à Cécile Renault, chargée du projet mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie à l’Elysée. » Le facteur déclencheur est la remise du rapport Stora sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie, en janvier dernier.
A l’époque, les responsables de l’association Ajir pour les Harkis, dirigée par Mohand Hamoumou, longtemps maire de la ville de Volvic (2008 à 2020), déplorent le manque de clarté sur les représailles subies par la communauté restée en Algérie à l’indépendance. « L’attente principale des Harkis est absente du rapport : une loi de reconnaissance et réparation, maintes fois promise voire proposée mais jamais votée », déplore surtout un communiqué d’Ajir, demandant au chef de l’Etat de faire voter cette loi avant la fin de son mandat.
Quatre défenseurs de la cause harki – Mohand Hamoumou, Claire-Tassadit Houd, militante associative, Dalila Kerchouche, journaliste, et Serge Carel, harki torturé récemment décoré par Macron – ont été reçus le 10 mai à l’Elysée. Emmanuel Macron leur assure alors qu’il n’était pas question que le rapport Stora serve de prétexte à les mettre sous « la moquette de la mémoire française ».
« Le chef de l’Etat a été très touché par ce qu’il a entendu ce jour-là sur ce drame, notamment le parcours de Dalila Kerchouche, née en 1973 derrière les barbelés du camp de Bias dans le Sud-Ouest, poursuit le proche du dossier. Il a donc voulu que la France tourne la page alors la grande majorité des Français considèrent que cette communauté a été victime d’une profonde injustice de la République. »
« Traitement singulier ». Le destin des harkis s’est joué à partir de mars 1962 dans la foulée des accords d’Evian sur l’indépendance algérienne. Robert Boulin, alors secrétaire d’Etat aux rapatriés, lance une opération d’évacuation avant que d’autres ministres en charge du dossier (Pierre Messmer, Louis Joxe, Roger Frey) fassent machine arrière à l’été, y voyant un danger terroriste. Trois mois plus tard, le Premier ministre, Georges Pompidou, relance les rapatriements sans que leur accueil soit préparé.
La communauté est alors installée dans des camps de fortune, dans des hameaux de forestage, parfois dans des foyers. Les conditions sont indignes (manque d’eau et d’électricité), les rapatriés sont privés de leurs droits fondamentaux d’aller et venir, d’envoyer leurs enfants à l’école. « Parmi tous ceux qui reviennent en France, appelés et pieds noirs, ils sont les seuls à avoir subi ce traitement singulier », commente une source élyséenne.
Considérant qu’il y a un consensus bipartisan sur cette injustice, Emmanuel Macron devrait annoncer lundi un projet de loi, consulté par l’Opinion, portant « reconnaissance de la Nation et réparation des préjudices subis par les personnes rapatriées d’Algérie anciennement de statut civil de droit local et par leurs familles du fait des conditions de leur accueil sur le territoire français ».
L’Etat instaurera aussi un fonds d’indemnisation de quelque 300 millions d’euros, soit huit fois plus que le fond prévu initialement
Cette loi, si elle est adoptée, déterminera les conditions de la mise en œuvre du droit à la réparation. Une commission spéciale sera instituée auprès de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Son rôle sera de statuer sur les demandes et le montant de l’offre de réparation, après instruction par les services de l’Office. L’Etat instaurera aussi un fonds d’indemnisation de quelque 300 millions d’euros, soit huit fois plus que le fond prévu initialement.
« Il est temps pour la République française de sortir d’une ambiguïté mémorielle qui a oscillé depuis soixante ans entre non-dits et, parfois même, perçu par les Harkis et par d’autres qui sont sensibles à leur cause comme un déni », justifie la source élyséenne.
Clientèle électorale. Cette séquence mémorielle permettra au chef de l’Etat de parler à ces « oubliés » qui ont fait le choix historique de l’Algérie française, à leurs descendants mais aussi aux pieds noirs et aux militaires français engagés durant la guerre contre les combattants de l’indépendance.
« La grande majorité de nos compatriotes pensent que le lâchage des harkis, même si certaines personnalités se sont battues dans l’administration pour leurs droits, est une tâche noire dans l’histoire de France, ajoute la source proche du dossier. C’est un enjeu politique important à sept mois d’une présidentielle alors que personne imagine que le président Macron ne sera pas candidat. »
L’Elysée a décidé de couper l’herbe sous les pieds de la droite et de l’extrême droite, toujours prêtes à défendre la cause d’une communauté estimée, en comptant les descendants, à près de 900 000 compatriotes.
Le 4 juillet dernier, une trentaine de députés Les Républicains (LR), emmenés par Julien Aubert (Vaucluse), ont signé une lettre, publiée par le Journal du dimanche, pour réclamer le versement d’une indemnisation spéciale pour les harkis, auxiliaires algériens des forces coloniales françaises durant la guerre d’indépendance (1954-1962), et leurs ayants droit.
Les régions comme PACA, le Languedoc-Roussillon ou le Nord-Pas-de-Calais, constituent d’un réservoir de vote
Les signataires de cette pétition ont rappelé qu’une « partie des harkis (entre 50 000 et 70 000 harkis) ont été impitoyablement massacrés parce qu’ils avaient choisi la France » après le cessez-le-feu signé avec le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). C’est aussi une clientèle électorale que cherche à séduire l’extrême droite depuis longtemps. Jean-Marie Le Pen, puis sa fille, Marine, ont dragué la communauté. Les régions comme PACA, le Languedoc-Roussillon ou le Nord-Pas-de-Calais, constituent d’un réservoir de vote. Les enfants et les petits enfants de harkis, les deuxième et troisième générations, sont à conquérir.
Le président Macron, à travers l’exercice de réconciliation des mémoires, compte bien toucher toutes les franges de l’électorat national. Il s’est déjà attiré la sympathie des milieux de gauche, de certains historiens et des autorités algériennes en reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans la mort du jeune mathématicien, Maurice Audin. L’exercice n’est pas toujours facile, ses détracteurs l’attendant au tournant.
« Lorsque l’on ouvre ces dossiers, on touche toutes les blessures mémorielles, avec d’un côté les harkis, les pieds noirs, les anciens du contingent militaire et, de l’autre, les Flnistes (partisans du Front de libération national en Algérie) et leurs soutiens étrangers », conclut une source ministérielle.