Charles Dumont, compositeur
du légendaire
"Non, je ne regrette rien"
d'Édith Piaf, est mort
Charles Dumont et Edith Piaf ont collaboré plusieurs années, avec à la clé plus de 30 morceaux, dont "Mon dieu", "Les flonflons du bal" ou "Les Amants". ©Getty - Jean Mainbourg / Gamma-Rapho
Le chanteur-auteur-compositeur qui a aussi collaboré avec Dalida, Bourvil ou Barbra Streisand est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à 95 ans. Retour sur son oeuvre et sur ce classique de "la Môme", connu dans le monde entier et repris par des nostalgiques de l'Algérie française.
"Ma mère m'a mis au monde mais Édith Piaf m'a mis dans le monde", disait ce musicien né à Cahors le 26 mars 1929, emporté des suites d'une longue maladie à son domicile parisien.
D'abord fasciné par Charles Trénet - qu'il chantait enfant par coeur -, par Jean Sablon et par Louis Armstrong, Charles Dumont devient très jeune trompettiste. Encouragé par son père chaudronnier. Ce n'est qu'ensuite qu'il se découvre une vocation de compositeur pour Lucienne Delisle, Marcel Amont. Avec Édith Piaf, c'est plus compliqué. Elle l'éconduit trois fois avant d'accepter de le recevoir grâce au parolier Michel Vaucaire. Charles Dumont avait raconté la naissance en 1956 de Non, je ne regrette rien sur France Musique :
"Je donne à Michel Vaucaire la musique, il me fait des paroles. Je lui demande comment cela s'appelle ? Il me répond : "Je ne regrette rien". Je lui dis : "Je n'aime pas". Il me répond : "Oui, mais j'ai pris un rendez-vous avec Édith Piaf !" Je lui ai alors lancé : "Écoute, envoie-moi à qui tu veux, où tu veux, mais je ne veux pas aller voir Piaf. J'y suis allé quand même. On s'est rencontrés le 5 octobre 1960 et on ne s'est plus quittés jusqu'à sa mort !"
Un classique international détourné
lors du putsch des généraux à Alger
Ce standard de "la Môme" connu dans le monde entier a par ailleurs eu une trajectoire surprenante et méconnue. Symbole aussi de sa postérité, les parachutistes de la Légion étrangère le reprennent moins d'un an après son lancement. Et une version non homologuée sert des nostalgiques de l'Algérie française. Cette chanson deviendra même l'hymne du putsch des généraux à Alger, en avril 1961, ainsi détournée :
"Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien. Ni le mal qu’on m’a fait. Ni la prise du corps d’armée d’Alger. Non, rien de rien. Non, je ne regrette rien. Au REP les officiers. Sont tous fiers du passé. Le 18 janvier. Résignés à en baver. Mise au trou de Gouraud. Charles les a à zéro."
Dans les archives, on ne trouve pas de réactions d'Édith Piaf ni de Charles Dumont.
"NON JE NE REGRETTE RIEN"
Piaf a dédié son enregistrement à la Légion étrangère. En effet à l'époque de l'enregistrement, la France était engagée dans la guerre d'Algérie (1954–1962). La Légion qui suivit le putsch des Généraux du 23 avril 1961 contre le général de Gaulle a adopté la chanson à cette époque. La chanson reste populaire à la légion. Elle a également été reprise comme hymne par les partisans de l’Algérie française. Le titre fut numéro un du hit-parade français durant une semaine à partir du 27 février 1961, puis est revenu en tête du hit-parade à partir du 12 juin 1961 durant trois semaines.
Dédiée à la Légion étrangère, cette chanson représente l'état d'esprit de Piaf trois ans avant la fin de sa vie tumultueuse, mais aussi son engagement pour les soldats, pour qui elle a chanté tout au long de la guerre. Cependant les paroles ont été écrites par Michel Vaucaire et la musique est de Charles Dumont... Donc nous pardonnons cette immense chanteuse qui n'a été que l'interprète magistrale de "Non je ne regrette rien".
HELAS !!! HELAS !!! HELAS !!!
LES PUTSCHISTES
DU 1ER REP
ONT CHANGE
LES PAROLES