De la baraka au toubib, ces mots arabes
« bien de chez nous »…
Vous reconnaissez Georges Pompidou : il dit qu'il n'a pas eu la baraka
Baraka, toubib, mechoui, niquer, d’où viennent ces mots aujourd’hui courants dans notre langue ? Petite leçon de vocabulaire pour égayer les vacances : les mots français d’origine arabe mis en images dans une co-production INA/TV5 Monde.
« L’usage de baraka, l’un des 500 mots français d’origine arabe, s’est répandu après la guerre d’Algérie, lorsque les Pieds-noirs ont été rapatriés.
Réfugiés en métropole, ils venaient tenter leur chance, leur baraka, albarika البركة en arabe.
Sans doute avaient-ils eu le seum, ces Pieds-Noirs. Seum, qui vient de l’arabe sma, سم, le venin. Avoir le seum, c’est être en colère, ou pire encore, jouer de malchance !
Dans la valise des rapatriés, on trouve des mots directement importés du Maghreb. Il y a méchoui, en arabe almashawi, المشوي ; merguez, en arabe marqaz, مرقاز. Ou bien kiffer, qui vient du mot kayf, كَيْف, le plaisir. Et quand on kiffe trop, il arrive… que l’on nique.
Niquer vient de l’arabe naka, qui signifie faire l’amour, mais aussi arnaquer. Adopté par l’armée d’Afrique au XIXe siècle, ce mot aurait une origine égyptienne.
Niquer doit son succès à sa paronymie, autrement dit sa ressemblance, avec un autre mot, forniquer. Celui-là vient du latin fornix, qui désignait la chambre où officiaient les prostituées.
Les emprunts au lexique alimentaire sont légion : épinard vient de sabanikh en arabe, سبانخ, et sorbet de sharabat, شربات, lui-même tiré d’un mot persan.
Même le très breton artichaut est un produit d’importation, venu de Lombardie à la faveur des guerres d’Italie menées par François Ier à la Renaissance. Les Lombards parlaient alors de l’articcio… adapté de l’arabe al-kharshôf, خرشوف !
Arabe aussi, le cafard : nos ancêtres l’écrivaient caphard, de kafir, désignant un infidèle chez les musulmans. En pleine guerre de religion, le caphard devint le mauvais croyant papiste ou protestant, c’est selon.
Avant d’accabler un insecte des bas-fonds, sale et nocturne.
Plus gai que le cafard, il y a la jupe, de l’arabe gubba, de préférence de coton, de l’arabe qatn. N’oublions pas le mot toubib, de tabib, طبيب, le savant.
Tabib a également donné le mot babtou, toubab en verlan : l’homme blanc.
C’est parce que la France et le Maghreb échangent produits et bons mots depuis des siècles qu’on appelle les blancs des toubabs et que nous portons des jupes, mangeons des artichauts… et conjuguons le verbe kiffer avec ou sans baraka."
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