Des vivres parachutés au-dessus de Gaza
alors que les Palestiniens font face
à la famine
La Jordanie et la France ont mené la plus grande opération de largage aérien à Gaza depuis le début de la guerre, lundi 26 février 2024. Objectif : fournir de l’aide alimentaire et humanitaire alors que la famine menace les habitants de l'enclave.
Mais n’y a-t-il pas
un hypocrite et criminel
« En même temps » ?
Guerre à Gaza : la France vend-elle
des armes à Israël ?
Les réponses ambiguës
de Sébastien Lecornu
Sous la pression des ONG et des députés de gauche, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a consenti le 27 février à apporter des précisions sur les livraisons d’armes vers Israël. Livraisons qu’il a minimisées, affirmant qu’elles se limitent à un transfert de « composants élémentaires » et que la France se veut « irréprochable ». Des propos flous qui ne dissipent pas l’opacité entretenue sur le sujet.
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, dans la cour d’honneur des Invalides, à Paris, le 27 février 2024.
©️Abdullah/ABACAPRESS.COM
« Si vous pensez que trop de gens sont tués, peut-être devriez-vous fournir moins d’armes. N’est-ce pas logique ? » Le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borrell, s’adressant aux États-Unis le 13 février, avait non sans ironie mis les pieds dans le plat, confrontant Joe Biden à l’hypocrisie de ses déclarations sur la guerre menée par Israël à Gaza.
Le message pourrait valoir pour la France qui, tout en appelant Benyamin Netanyahou à cesser ses attaques sanglantes, continue pourtant à exporter « des équipements militaires à Israël afin de lui permettre d’assurer sa défense », comme l’a affirmé en janvier dernier le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Tout en entretenant le flou sur la nature de ces exportations, comme l’a relevé Amnesty International, dans une lettre ouverte adressée le 20 février à Emmanuel Macron, destinée à alerter sur « l’urgence de suspendre toutes les ventes d’armes à Israël face au risque de génocide ».
Confronté à ces interpellations et à celles de plusieurs députés de gauche à l’Assemblée nationale, qui pointent le massacre de près de 30 000 civils dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, et exigent de la France de respecter ses engagements internationaux (Convention sur le génocide de 1948 ou encore le Traité sur le commerce des armes), Sébastien Lecornu s’est de nouveau exprimé sur le sujet, le 27 février, affirmant désormais que la France se veut « irréprochable » en matière de livraison de composants destinés aux équipements militaires d’Israël.
Opacité sur les exportations d’armes françaises
« Objectivement, il n’y a pas de relation d’armement en tant que tel avec Israël », a-t-il ajouté, non sans reconnaître une livraison très récente « de composants élémentaires », tels que « des roulements à billes, des vitrages, des systèmes de refroidissement, des potentiomètres, des capteurs de pression ».
En 2022, les exportations de composants vers Israël auraient ainsi, selon le ministre, représenté « 15 millions d’euros », soit « 0,2 % des transferts globaux ». Derrière les États-Unis, la France compte néanmoins parmi les principaux pays exportateurs d’armes vers Israël, aux côtés de l’Allemagne, de l’Italie et du Canada.
Sébastien Lecornu, qui affirme ne pas avoir en sa possession « tous les derniers éléments », s’est engagé à faire en sorte « d’être encore plus rigoureux dans la manière d’interroger l’utilisation de ces composants », ajoutant que « les derniers avis rendus » de son ministère « ont été des avis défavorables », dans le cadre « d’un dialogue très franc avec Tel-Aviv ».Autant de propos flous et contradictoires qui dénotent un malaise sur le sujet et ne sont pas de nature à dissiper l’opacité entretenue autour de la politique française en termes de transferts d’armes à destination d’un État prêt à donner l’assaut sur la ville de Rafah, dans le sud de l’enclave palestinienne, où 1,5 million de civils espéraient trouver un dernier refuge.
Pour Amnesty International, peu importe que les exportations d’armes françaises à destination d’Israël soient « très résiduelles », « comme l’a affirmé le 14 février, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, lors de son audition au Parlement, sans apporter la moindre précision », « la France doit respecter un devoir de prévention du génocide », qui implique notamment « de ne pas fournir à Israël des moyens lui permettant de commettre des actes entrant dans le cadre d’un risque de génocide ».