En 2018, on pouvait fabriquer 200 millions
de masques par an en France
Il y a moins de deux ans, il existait en France une usine capable de fabriquer 200 millions de masques par an, soit près de 20 millions par mois, grâce à des machines pouvant produire chacune 4.000 masques à l’heure. Pourquoi cette usine, située à Plaintel, dans les Côtes-d’Armor, a-t-elle fermé fin 2018 ? Jeudi 26 mars, l’Union syndicale Solidaires du département a publié un communiqué dénonçant un « scandale d’État », et réclamant une remise en route du site industriel.
Que s’est-il passé exactement ? L’histoire de cette entreprise bretonne nous est racontée par Ouest-France. Vieille de près de cinquante ans, l’entreprise de fabrication de masques Sperian a été achetée en 2010 par la multinationale Honeywell. La santé de l’entreprise était alors florissante : entre 2006 et 2009, dans le sillage du Sras puis du virus H1N1, le gouvernement français avait commandé pour 80 millions d’euros de masques respiratoires au fabricant breton, dont les fameux FFP2. Celui-ci avait alors investi dans deux nouvelles lignes et recruté jusqu’à 280 salariés à Plaintel, pour atteindre une capacité de production de 250 millions de masques par an.
En 2010, les salariés ont vu d’un mauvais œil le rachat de leur usine par le géant étasunien, et s’en sont même inquiétés auprès de la Commission européenne. Dès 2011, l’activité de l’usine a ralenti car l’État français n’a pas renouvelé ses commandes de masques. Au même moment, un gros client a interrompu son contrat et un premier plan social était lancé. Sept ans et quatre plans de réduction d’effectifs plus tard, Honeywell a fermé le site de Plaintel, en septembre 2018, délocalisé la production de masques de protection en Tunisie, et licencié 38 salariés. Cerise sur le gâteau, en novembre 2018, la plupart des machines ont été envoyées chez le ferrailleur. La direction avait alors justifié cette fermeture « pour rationaliser nos opérations mondiales et mieux servir [ses] clients ».
« Ils ont détruit des machines ultraperformantes et viré un personnel hypercompétent, accuse Serge Le Quéau, syndicaliste à Solidaires, joint par Reporterre. On a fermé la principale usine de fabrication de masques hospitaliers de France, pour des questions de rentabilité, et aucun responsable politique n’a levé le doigt pour s’opposer à la fermeture d’un site stratégique pour la sécurité sanitaire. » À l’époque, la fermeture s’est faite « dans un silence assourdissant », dit-il encore. En 2018, les sections CGT et CFDT de l’usine de Plaintel s’étaient même adressées à Emmanuel Macron et au ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. En vain.
Pour l’union syndicale Solidaires des Côtes-d’Armor, « la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel et la destruction de ses outils de production, comme l’inaction des autorités publiques, représentent un scandale qui doit être dénoncé ». Pour le sénateur du Morbihan Joël Labbé, « une fois la crise passée, il faudra, dans le cadre des enquêtes parlementaires, se pencher sur cette fermeture, symbolique de l’inconséquence des décisions politiques prises ces dernières années ».
Solidaires a également proposé que « le site industriel de fabrication de masques de protection sanitaire soit récréé en urgence sous un statut d’établissement public industriel et commercial (Epic) ou sous la forme d’une société coopérative ouvrière de production (Scop) ». Pour Michèle Lecouturier, ancienne déléguée CFDT à Plaintel, contactée par Reporterre, « il n’est pas possible à court terme de relancer l’usine, notamment parce que les machines ont été détruites ». Mais à moyen terme, l’idée d’une relance lui paraît « souhaitable » : « Sans avoir une forte production, ça permettrait d’avoir une continuité dans la fabrication de ces masques qui pourraient à tout moment être vendus ou cédés au milieu médical, dit-elle. Les salariés avaient beaucoup d’années dans l’entreprise, donc un savoir-faire important, et certains seraient prêts à reprendre du service. »
SOURCE : https://reporterre.net/En-2018-on-pouvait-fabriquer-200-millions-de-masques-par-an-en-France
L’entreprise de fabrication de masques HONEYWELL a d’abord commencé par réduire ses effectifs au fil des années à Plaintel (au sud de Saint Brieuc 22). En 2018 (et pas en 2020), ce groupe a licencié ses ouvrier.e.s (38) pour délocaliser en Tunisie afin de faire encore plus de profit à partir d’une main d’oeuvre moins chère !
Elle a fait de même pour une autre usine à Condé sur Noireau au profit de la Roumanie, pays ou l’on travaille le plus en Europe, en moyenne 2000 heures par an environ au lieu de 1600 environ en France (cf carte européenne du volume de travail salarié) .
Là ou le volume de travail imposé aux travailleurs et travailleuses est très élevé il devient très pénible et très excessif tout à la fois de bien travailler et de bien vivre. Il y a un cercle vicieux du travaillisme (soit faire travailler plus celles et ceux qui travaillent déjà 35 heures hebdomadaires). C’est pire encore si au travaillisme s’ajoutent les bas salaires. Avec ce cumul du négatif, on est alors dans une forte exploitation de la force de travail. Il y a alors besoin de syndicats dignes de ce nom pour s’y opposer, pour la réduire au maximum. Autrement dit, il va s’agir de lutter sur deux plans (à minima) : – travailler moins (RTT à moins 35 heures hebdo) et pour être payé à l’identique, (voir plus si sur-exploité avant). Il y a, bien sûr, à être vigilant sur d’autres aspects.
Cette exploitation renforcée ne tombe pas du ciel ! On voit que les territoires à durée de travail supérieure (à la France) avec des salaires inférieurs sont vus comme des paradis extrêmement séduisants pour les exploiteurs capitalistes obsédés de gros profits à accumuler. La logique capitaliste mondialisée excuse et banalise cette forme d’immoralité. Et plus encore avec la financiarisation des entreprises et des économies. C’est toute une rationalité – dite néolibérale – qui est à contester !
A Plaintel, il y a eu cette même logique de profit capitaliste qui écrase toute autre considération, tant le souci des bonnes conditions de vie des ouvriers et ouvrières que le souci de mise à disposition assurée d’un bien-marchandise que l’on sait à forte valeur d’usage en mars 2020 mais qu’on aurait du conserver en 2018 comme bien nécessaire au service public de la santé.
Dans ce monde-là (capitalisme mondialisé et financiarisé), les salarié.e.s souffrent au travail car on y fait trop d’heures pour des salaires modestes et souffrent encore d’en sortir et d’être au chômage car ils-elles ne perçoivent, soit plus rien, soit très peu ! Cercle vicieux encore, dont on doit sortir ! Syndiquez-vous !
Reprenons l’activité à Plaintel – voire ci-dessous en fin de communiqué – avec une RTT à 32 heures et de bons salaires car ce serait alors une entreprise modèle au plan social et au plan du bien-marchandise produit.
Christian DELARUE (militant CGT – indecosa) et Serge LE QUEAU (SUD SOLIDAIRES 22) sont militants à ATTAC France
SOURCE : http://amitie-entre-les-peuples.org/CAPITALISME-HONEYWELL-et-PRODUCTION-de-MASQUES-en-Bretagne
Que se cache-t-il derrière la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel ? Un scandale d’Etat !
Fin 2018 le groupe multinational américain Honeywell fermait son site de production industriel de Plaintel pour le délocaliser en Tunisie licenciant en même temps 38 salarié(es). Cette entreprise, créée il y a une cinquantaine d’années et qui compta jusqu’à 300 salarié(es) avant son rachat en 2010 par Honeywell, au groupe Spirian fabriquait des masques respiratoires jetables et des vêtements de protections sanitaires en quantité considérable. Sa production était de 200 millions de masques par an, soit près de 20 millions par mois, fabriqués sur des machines ultras-modernes pouvant produire chacune 4000 masques à l’heure.
Non contente de faire appel aux aides de l’Etat pour financer les huit plans sociaux que la multinationale Honeywell à mis en œuvre pour se débarrasser de ses salariés, Honeywell a pris la décision irresponsable en novembre 2018 de détruire ses huit machines en les faisant concasser par la déchetterie située sur la zone industrielle des Châtelet à Ploufragan.
Les sections syndicales Cgt et Cfdt de l’usine de Plaintel avaient à l’époque, lancé un cri d’alarme pour empêcher la fermeture du site et la destruction de leur outil de production. Elles avaient multiplié les actions et les démarches pour éviter le pire. Elles s’étaient même adressées au Président de la République Emmanuel Macron et au Ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Mais ces derniers ce sont contentés d’accuser réception de leurs courriers mais se sont bien gardés d’intervenir. Ils pensaient sans doute en bon libéraux, qu’une intervention de l’Etat ne servirait à rien, puisque que dans un monde mondialisé et heureux, la main invisible du marché finirait par montrer son efficience pour préserver l’intérêt général.
Aujourd’hui, le retour au réel est brutal et c’est avec stupeur que le pays tout entier découvre avec la catastrophe sanitaire du coronavirus qu’il ne possède pratiquement pas de stocks de masques, pourtant indispensables pour protéger les personnels soignants, l’entourage des malades et tous les salarié(es) obligé(es) de travailler pour éviter que le pays tout entier ne s’écroule. Pour l’union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor, la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel et la destruction de ses outils de production, comme l’inaction des autorités publiques représentent un scandale qui doit être dénoncé. La chaine des responsabilités dans cette affaire doit aussi être mise en lumière.
Les Dirigeants d’Honeywell et les autorités de l’Etat doivent aujourd’hui rendre des comptes au pays. D’ores et déjà Solidaires a demandé à plusieurs Parlementaires de la Région d’interpeller le Gouvernement sur ce scandale.
Solidaires propose également que le site industriel de fabrication de masques de protection sanitaire de Plaintel soit récréé en urgence sous un statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) ou sous la forme d’une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOOP). Le personnel compétent et disponible existe et ne demande que cela. De l’argent il y en a. La Banque Centrale Européenne vient de débloquer 750 milliards de liquidités. Que cet argent soit mis en priorité au service de l’urgence sanitaire et de l’intérêt général, plutôt que de laisser aux seules banques privées le privilège de le prêter ou pas.
Saint Brieuc le 26 mars 2020.
Le Bureau Départemental de Solidaires des Côtes d’Armor
SOURCE : https://solidaires.org/Que-se-cache-t-il-derriere-la-fermeture-de-l-usine-Honeywell-de-Plaintel-Un
L’entreprise de fabrication de masques HONEYWELL a d’abord commencé par réduire ses effectifs au fil des années à Plaintel (au sud de Saint Brieuc 22). En 2018 (et pas en 2020), ce groupe a licencié ses ouvrier.e.s (38) pour délocaliser en Tunisie afin de faire encore plus de profit à partir d’une main d’oeuvre moins chère !
Elle a fait de même pour une autre usine à Condé sur Noireau au profit de la Roumanie, pays ou l’on travaille le plus en Europe, en moyenne 2000 heures par an environ au lieu de 1600 environ en France (cf carte européenne du volume de travail salarié).
Là ou le volume de travail imposé aux travailleurs et travailleuses est très élevé il devient très pénible et très excessif tout à la fois de bien travailler et de bien vivre. Il y a un cercle vicieux du travaillisme (soit faire travailler plus celles et ceux qui travaillent déjà 35 heures hebdomadaires). C’est pire encore si au travaillisme s’ajoutent les bas salaires. Avec ce cumul du négatif, on est alors dans une forte exploitation de la force de travail. Il y a alors besoin de syndicats dignes de ce nom pour s’y opposer, pour la réduire au maximum. Autrement dit, il va s’agir de lutter sur deux plans (à minima) : – travailler moins (RTT à moins 35 heures hebdo) et pour être payé à l’identique, (voir plus si sur-exploité avant). Il y a, bien sûr, à être vigilant sur d’autres aspects.
Cette exploitation renforcée ne tombe pas du ciel ! On voit que les territoires à durée de travail supérieure (à la France) avec des salaires inférieurs sont vus comme des paradis extrêmement séduisants pour les exploiteurs capitalistes obsédés de gros profits à accumuler. La logique capitaliste mondialisée excuse et banalise cette forme d’immoralité. Et plus encore avec la financiarisation des entreprises et des économies. C’est toute une rationalité – dite néolibérale – qui est à contester !
A Plaintel, il y a eu cette même logique de profit capitaliste qui écrase toute autre considération, tant le souci des bonnes conditions de vie des ouvriers et ouvrières que le souci de mise à disposition assurée d’un bien-marchandise que l’on sait à forte valeur d’usage en mars 2020 mais qu’on aurait du conserver en 2018 comme bien nécessaire au service public de la santé.
Dans ce monde-là (capitalisme mondialisé et financiarisé), les salarié.e.s souffrent au travail car on y fait trop d’heures pour des salaires modestes et souffrent encore d’en sortir et d’être au chômage car ils-elles ne perçoivent, soit plus rien, soit très peu ! Cercle vicieux encore, dont on doit sortir ! Syndiquez-vous !
Reprenons l’activité à Plaintel – voire ci-dessous en fin de communiqué – avec une RTT à 32 heures et de bons salaires car ce serait alors une entreprise modèle au plan social et au plan du bien-marchandise produit.
Christian DELARUE (militant CGT – indecosa ) et Serge LE QUEAU (SUD SOLIDAIRES 22) sont militants à ATTAC France
Que se cache-t-il derrière la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel ? Un scandale d’Etat !
Fin 2018 le groupe multinational américain Honeywell fermait son site de production industriel de Plaintel pour le délocaliser en Tunisie licenciant en même temps 38 salarié(es). Cette entreprise, créée il y a une cinquantaine d’années et qui compta jusqu’à 300 salarié(es) avant son rachat en 2010 par Honeywell, au groupe Spirian fabriquait des masques respiratoires jetables et des vêtements de protections sanitaires en quantité considérable. Sa production était de 200 millions de masques par an, soit près de 20 millions par mois, fabriqués sur des machines ultras-modernes pouvant produire chacune 4000 masques à l’heure.
Non contente de faire appel aux aides de l’Etat pour financer les huit plans sociaux que la multinationale Honeywell à mis en œuvre pour se débarrasser de ses salariés, Honeywell a pris la décision irresponsable en novembre 2018 de détruire ses huit machines en les faisant concasser par la déchetterie située sur la zone industrielle des Châtelet à Ploufragan.
Les sections syndicales Cgt et Cfdt de l’usine de Plaintel avaient à l’époque, lancé un cri d’alarme pour empêcher la fermeture du site et la destruction de leur outil de production. Elles avaient multiplié les actions et les démarches pour éviter le pire. Elles s’étaient même adressées au Président de la République Emmanuel Macron et au Ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Mais ces derniers ce sont contentés d’accuser réception de leurs courriers mais se sont bien gardés d’intervenir. Ils pensaient sans doute en bon libéraux, qu’une intervention de l’Etat ne servirait à rien, puisque que dans un monde mondialisé et heureux, la main invisible du marché finirait par montrer son efficience pour préserver l’intérêt général.
Aujourd’hui, le retour au réel est brutal et c’est avec stupeur que le pays tout entier découvre avec la catastrophe sanitaire du coronavirus qu’il ne possède pratiquement pas de stocks de masques, pourtant indispensables pour protéger les personnels soignants, l’entourage des malades et tous les salarié(es) obligé(es) de travailler pour éviter que le pays tout entier ne s’écroule. Pour l’union syndicale Solidaires des Côtes d’Armor, la fermeture de l’usine Honeywell de Plaintel et la destruction de ses outils de production, comme l’inaction des autorités publiques représentent un scandale qui doit être dénoncé. La chaine des responsabilités dans cette affaire doit aussi être mise en lumière. Les Dirigeants d’Honeywell et les autorités de l’Etat doivent aujourd’hui rendre des comptes au pays. D’ores et déjà Solidaires a demandé à plusieurs Parlementaires de la Région d’interpeller le Gouvernement sur ce scandale. Solidaires propose également que le site industriel de fabrication de masques de protection sanitaire de Plaintel soit récréé en urgence sous un statut d’Etablissement Public Industriel et Commercial (EPIC) ou sous la forme d’une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOOP). Le personnel compétent et disponible existe et ne demande que cela. De l’argent il y en a. La Banque Centrale Européenne vient de débloquer 750 milliards de liquidités. Que cet argent soit mis en priorité au service de l’urgence sanitaire et de l’intérêt général, plutôt que de laisser aux seules banques privées le privilège de le prêter ou pas.
Saint Brieuc le 26 mars 2020.
Le Bureau Départemental de Solidaires des Côtes d’Armor
SOURCE : https://solidaires.org/Que-se-cache-t-il-derriere-la-fermeture-de-l-usine-Honeywell-de-Plaintel-Un