En hommage à tous ceux
qui meurent là-bas
Juste une image…
Citoyenne, du monde, de gauche, athée, en résistance contre tous les racismes
Hier une partie des deux images que j’ai utilisées pour ce montage, ont fait la une de deux quotidiens français. Ces deux-là ont osé, merci L’Humanité, merci Libération -qui portent tous deux bien leur nom-. Ils ont osé quand tant d’autres restent muets ou très timides…
Un jour viendra, je le sais, où ceux qui ont soutenu, soutiennent encore voire encouragent alors qu’ils auraient pu, dû, qu’ils pourraient intervenir, ressentiront tous enfin, de la honte pour n’avoir pas empêché ça, comme aussi ils ont laissé faire le 7 octobre, alors qu’ils étaient nombreux à savoir ce qui se préparait.
La petite fille s’appelle Hind Rajab.
En Palestine comme au Liban, les civils continuent à mourir chaque heure qui passe.
SOURCE : https://blogs.mediapart.fr/gabrielle-teissier-k/blog/231124/en-hommage-tous-ceux-qui-meurent-la-bas
Fillette tuée à Gaza : "Sa voix était pleine de tristesse"
raconte l'opératrice du Croissant-Rouge qui a reçu l'appel
de la petite Hind
Rana a passé trois heures au téléphone avec la petite Hind, coincée dans une voiture avec les corps de ses proches avant de mourir fin janvier.
Hind Rajab, 6 ans, a été retrouvée morte dans une voiture au nord de Gaza, le 10 février. (AFP PHOTO / FAMILY HANDOUT)
L’agonie, à Gaza, de la petite Hind Rajab a ému le monde entier. Dans des enregistrements diffusés par le Croissant-Rouge palestinien, la fillette de 6 ans appelle au secours. Elle est seule dans l’habitacle d’une voiture, lundi 29 janvier, entourée des dépouilles de six membres de sa famille. Pendant plus de trois heures, elle fait face à des chars israéliens qui auraient ouvert le feu. Le 10 février, la petite fille est retrouvée morte au sud de la ville de Gaza, avec ses proches et deux ambulanciers qui étaient partis à son secours.
Le Croissant-Rouge de Ramallah, en Cisjordanie occupée, où franceinfo a pu se rendre, reçoit un premier appel, lundi 29 janvier, de Layan Hamada, la cousine de Hind, âgée de 15 ans. C'est Omar qui répond. Au bout du fil, il entend des tirs et est témoin de la mort de l'adolescente. "J’étais en dissociation, comme si mon esprit avait quitté mon corps, je n’arrivais pas à comprendre ce à quoi je venais d’assister", raconte le bénévole. Il tente alors de retrouver ses esprits et reprend l'appel. Cette fois-ci, c'est Hind qui lui parle. Pendant une dizaine de minutes, "elle a su m'expliquer qui était autour d’elle dans la voiture", se souvient Omar. Quand il comprend que la petite fille est entourée de six dépouilles dans la voiture, il ne "peut plus continuer" et demande à sa collègue Rana de "prendre le relais".
"Ils sont tous en train de dormir"
L'échange va durer trois heures. Il y a la voix terrorisée de Hind et puis celle de Rana qui fait tout ce qu'elle peut pour la rassurer, mais aussi "un bruit de drone et des tirs de temps en temps", explique l'opératrice du Croissant-Rouge. "Imaginez la scène, une petite fille dans une voiture pleine de cadavres", raconte celle qui a accompagné la fillette pendant ses dernières heures. "Parfois, elle me disait 'ils sont tous en train de dormir'. Et à d'autres moments, 'ils sont tous morts, il y a du sang partout, il y a des tirs'", rapporte-t-elle.
"Même un adulte ne pourrait pas faire face à une telle situation, mettez-vous à la place de Hind !"
Rana, opératrice du Croissant-Rouge
à franceinfo
La scène est effroyable. Et pourtant Rana garde son sang-froid jusqu'au moment où le jour commence à tomber. Hind appelle à l'aide. "Sa voix était pleine de tristesse et de détresse", se souvient l'opératrice. La petite fille lui dit alors qu'elle a peur du noir. "Elle m'a demandé de lui promettre que j'allais la sortir de là", explique-t-elle.
Rana dans les locaux du Croissant-Rouge à Ramallah, en Cisjordanie, en février 2024. (THIBAULT LEFEVRE / RADIO FRANCE)
Deux secouristes sont morts
"Elle m'a dit : 'Dans combien de temps tu seras là ?' J'ai répondu 'une heure'. Finalement, une heure et demie s'est écoulée et nous n'avions toujours envoyé personne. Elle a insisté : 'Tu m'avais pourtant dit que tu serais là dans une heure ! Où es-tu ?'", raconte Rana. L'opératrice explique qu’il faut du temps pour organiser la coordination avec Israël. La petite fille demande la signification de "coordination". "Ça fait 13 ans que je travaille dans le sauvetage et le secourisme, je n’ai jamais été autant touchée", souffle Rana.
Finalement, le Croissant-Rouge reçoit "le feu vert" de l’armée israélienne "pour envoyer une ambulance dans la zone où se trouvait Hind", explique Rana. "On était toujours en ligne avec elle et en lien avec nos secouristes. Et tout d’un coup, on a entendu des tirs", raconte-t-elle. "Jamais on n’aurait pensé que c’était l’ambulance qui était ciblée, elle était presque au niveau de Hind", poursuit-elle.
Peu avant 18h, les communications sont interrompues avec la fillette et les secouristes. Les deux ambulances envoyées par le Croissant-Rouge n'arriveront jamais. "On est restés sans nouvelles durant 12 jours", déplore Rana. Derrière le bureau de l'opératrice, il y a désormais trois photos. Celle de Hind, entourée des visages de deux hommes, Youssef et Ahmed. Ils sont morts le même jour, à 100 mètres de la voiture dans laquelle se trouvait la fillette. Ils étaient les derniers secouristes du Croissant-Rouge à continuer à aller sauver des vies au nord de Gaza. L'ONG accuse l'armée israélienne d'avoir ciblé les ambulanciers.