L’Afrique s’éloigne de la France
En Afrique, la république d’Emmanuel Macron ne marche plus. En mars dernier, le président français était parti en tournée africaine (la dix-huitième en six ans) pour tenter de colmater les fissures créées par le sentiment anti-français grandissant et remettre son pays dans la course pour courtiser le continent. Quatre mois après, rien ne semble sourire à Paris.
Avec le renversement de Mohamed Bazoum, la France perd en effet son dernier allié en Afrique subsaharienne. Les manifestants descendus jeudi dans les rues de Niamey ont non seulement apporté leur soutien au putsch militaire, mais ont aussi scandé des slogans hostiles à la France et agité des drapeaux russes. Scénario identique à celui vécu il y a plus d’une année au Mali et en février dernier au Burkina Faso.
En perdant Bazoum, la France risque de perdre aussi ses privilèges au Niger, à commencer par la base militaire qu’elle détient près de Niamey. Cette base déplacée en fait depuis le Mali où elle servait l’opération Barkhane, vient tout juste de boucler une année.
Son sort est désormais sur le fil du rasoir mettant à mal les pouvoirs de l’Hexagone dont la réaction a été à la hauteur de la surprise et la crainte de perdre définitivement le Niger. Une perte de trop qui viendra alourdir un bilan catastrophique fait d’une série de camouflets enclenchée avec l’expulsion de l’armée et de l’ambassadeur français du Mali suite au coup d’Etat de mai 2021. Le sentiment anti-français manifesté aussi bien par la junte au pouvoir que par le peuple malien exprimait la volonté d’en finir avec la présence paternaliste de l’ancien colonisateur.
La nouvelle Constitution du Mali est d’ailleurs un clou de plus dans le cercueil du néocolonialisme. Le texte approuvé en juin dernier a renforcé la souveraineté, en éliminant, entre autres, la langue française comme langue officielle.
Après avoir obtenu l’indépendance vis-à-vis des puissances coloniales durant les années 60/70, les pays africains sont retombés dans la dépendance de l’Occident sous des formes néocolonialistes sournoises incarnées par l’emprise mondialiste d’un côté et de l’autre, la trahison de ses élites.
Le pillage des richesses du continent par des multinationales appuyées par les gouvernements occidentaux n’a d’égal que la faillite politique de castes dirigeantes corrompues et irresponsables souvent cooptées et téléguidées depuis des capitales occidentales. Mais de Bamako à Kinshasa se lève aujourd’hui un vent d’émancipation devant laquelle se brisent désormais les amitiés hypocrites.
Au Niger et en attendant que la junte désormais aux commandes définisse ses choix, la rue a tranché en affichant son refus de passer à côté de la marche africaine vers un monde multipolaire où elle escompte une place à la hauteur de ses espérances.
SOURCE : L’Afrique s’éloigne de la France - El watan.dz (elwatan-dz.com)
En Côte d’Ivoire, le gouvernement décolonise
le nom des rues
De nombreux boulevards, avenues et rues d’Abidjan vont changer d’appellation. Ce grand projet d’adressage doit apporter une meilleure fluidité urbaine et des gains économiques aux entreprises et à l’Etat.
A Abidjan, en mars 2020.© Fournis par Le Monde
« Vous laissez la pharmacie du Golf sur votre droite, vous prenez à gauche au carrefour, puis vous dépassez l’ancien Leader Price ; ce sera au deuxième feu près du maquis et des vendeuses de fruits. » A Abidjan, indiquer son adresse à un artisan, un livreur ou un ami relève souvent du jeu de piste. Une habitude que les autorités ivoiriennes espèrent réformer grâce au grand projet d’adressage (changement de nom des rues et création d’adresses) initié en 2017 et qui doit prendre fin l’an prochain.
Dans un premier temps, 34 boulevards et 211 avenues de la capitale économique sont concernés. La liste a été présentée en conseil des ministres et dévoilée le 24 juillet par Bruno Koné, le ministre de la construction, du logement et de l’urbanisme, dans une longue interview à Fraternité Matin, le plus grand journal ivoirien, contrôlé par l’Etat. Les axes concernés et leur appellation ont été retenus sur proposition d’un collège composé d’experts et de personnalités du pays « qui n’ont aucune raison d’être complaisants dans la mission qui leur a été confiée », a souligné le ministre pour se prémunir des critiques.
De nombreux observateurs n’ont toutefois pas manqué de pointer la surreprésentation d’hommes politiques dans la liste : des présidents, des opposants, des ministres (d’anciens gouvernements ou de l’actuel) et des personnalités qui ont marqué l’histoire politique, militaire, culturelle et sportive de Côte d’Ivoire. Une grande place a également été faite aux valeurs comme la solidarité, la liberté et l’hospitalité.
Les présidents français remplacés
Résultat : les présidents français Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand perdent leurs boulevards, remplacés respectivement par le premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, et l’écrivain et homme politique Germain Coffi Gadeau (sur un premier tronçon), et la première dame, Dominique Ouattara (sur un deuxième tronçon). Un acte qui suit l’avis des Ivoiriens et n’a « pas de relents politiques », assure le ministère. Le boulevard de France devient ainsi le boulevard Marie-Thérèse-Houphouët-Boigny, du nom de l’épouse du père de l’indépendance, et le boulevard de Marseille se nommera désormais le boulevard Philippe-Yacé, un des fondateurs de la république ivoirienne, qui a vécu dans cette rue.
Une autre liste de 2 500 noms de rue, déjà validée en conseil des ministres, doit être communiquée dans les prochains jours, d’après le ministère de l’urbanisme. Et 5 500 autres suivront dans les prochains mois. Au total, 14 000 axes seront adressés.
SOURCE : En Côte d’Ivoire, le gouvernement décolonise le nom des rues (msn.com)
Putsch au Niger : les premiers Français évacués de Niamey sont arrivés à Paris, à l’aéroport de Roissy
En tout, 600 ressortissants français ont exprimé leur intention de revenir en France après le coup d’État au Niger. Trois autres vols sont déjà prévus.
LOU BENOIST / AFP
Les 262 premiers évacués du Niger sont arrivés à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle dans la nuit du 1er août.
NIGER - Ils affichent satisfaction et sérénité, malgré la fatigue visible sur les visages. Les passagers du premier vol de rapatriement français, évacués en urgence du Niger, sont arrivés dans la nuit du mardi 1er au mercredi 2 août à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Les 262 passagers, venus de Niamey, ont atterri peu après 1 h 30.
Premier à sortir de l’avion vers 2 heures (heure de Paris), Charles se dit « content d’être revenu et un peu malheureux de laisser le Niger dans cette situation de prise d’otage plus que de putsch », quelques jours après le coup d’État militaire dans le pays sahélien. « Pas sûr que ça va dégénérer, mais c’est toujours bien d’être rentré », ajoute l’homme aux cheveux blancs, qui n’a pas décliné son identité complète.
À bord de l’avion, outre une grande majorité de Français, des Nigériens, des Portugais, des Belges, des Éthiopiens et des Libanais, d’après le ministère des Affaires étrangères.
« J’ai tout laissé là-bas »
(Souvenir : " ça me rappelle une lamentation des Pieds-Noirs en 1962 "
Michel Dandelot
Cette évacuation d’ampleur, que les autorités françaises espéraient mener à bien d’ici à la mi-journée mercredi, a été décidée « compte tenu de la situation à Niamey », selon le Quai d’Orsay.
L’opération a été « bien organisée, ça a été assez vite, pour ma part tout s’est très bien passé », témoigne Bernard (il ne donne pas son nom), qui travaille depuis deux mois au Niger pour l’Union européenne.
« À Niamey, il n’y a pas de tensions particulières en ville, pas de stress particulier, la population vaque à ses occupations », décrit cet homme, parti avec « deux ordinateurs, deux t-shirts, une paire de chaussettes et une brosse à dents ». « Pour le reste, j’ai tout laissé là-bas », ajoute-t-il sans paraître s’en formaliser.
LOU BENOIST / AFP
À l’arrivée des premiers évacués français à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, le 2 août.
600 Français souhaitent rentrer
Parmi le flot de passagers, seuls quelques-uns ont accepté de répondre aux questions de la presse, présente en nombre dans le terminal aéroportuaire.
Raïssa Kelembho est rentrée de Niamey avec ses deux garçons mais a laissé son mari derrière elle, resté pour son travail de directeur commercial. « Ça fait du bien », a-t-elle déclaré, soulagée. « Depuis que ça a commencé, on n’est pas sortis de la maison », ajoute la mère de famille. « À un moment donné, il y a eu une sensation d’insécurité, on savait que tout pouvait basculer à tout moment », explique-t-elle.
Pour Huguette Bonneau, « l’angoisse, c’est parce que les frontières et les aéroports sont fermés, sans ça on n’aurait pas été angoissés », soutient-elle en poussant un chariot lourd de bagages.
Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays frontaliers sont désormais rouvertes, a cependant annoncé dans la nuit un des putschistes à la télévision nationale.
Sur les quelque 1 200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, selon Paris, 600 ressortissants ont exprimé leur intention de revenir en France. Trois autres vols sont déjà prévus.