La crèche et le reste…
Un article de Jacques CROS
Nous y sommes habitués, chaque année à la veille de Noël nous assistons à ce non-respect de la législation en vigueur avec l’installation d’une crèche de la Nativité dans un lieu public, en l’occurrence le hall de la mairie de Béziers. La loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat est pourtant porteuse d’une entente entre tous les citoyens quelles que soient leurs convictions religieuses. Elle ne subventionne ni ne privilégie aucune religion. Cette question relève du privé et n’a pas à être prise en charge par le pouvoir public.
Pour autant bien sûr nous n’avons pas de la laïcité pour laquelle nous nous prononçons une vision idyllique. Comme l’avait dit Jaurès, la République doit être laïque et sociale. Aux manquements au principe fondateur de notre République en matière religieuse s’ajoutent les insuffisances de notre pouvoir dans le domaine social comme dans celui de la démocratie. La loi »Sécurité globale » en est l’illustration actuelle.
On pourrait évoquer le rôle qu’on a fait jouer à la laïcité dans le conditionnement des esprits pour la boucherie de 14-18 ou la justification des conquêtes coloniales et les guerres menées pour tenter de perpétuer le colonialisme. A Béziers avec l’installation d’un des symboles de la religion catholique dans le hall de la mairie c’est un objectif qui s’inscrit dans le registre de l’idéologie du temps révolu des colonies.
Ménard utilise la religion comme arme dans sa croisade xénophobe, raciste et islamophobe. Elle complète la panoplie dans laquelle on relève la campagne publicitaire engagée contre les migrants, la recherche dans les listes d’élèves dont le prénom a une consonance maghrébine, le changement de nom de la rue du 19 mars 1962, le refus de respecter les consignes faisant du 19 mars la journée du souvenir et le recueillement observé à diverses occasions devant un stèle rendant hommage à quatre assassins de l’OAS condamnés par la justice.
Avec sa crèche le maire de la ville entend relancer une forme de guerre religieuse moderne à laquelle ne manqueront pas de répondre les fanatiques d’en face qui n’ont pas plus de respect pour la liberté de chacun que lui-même ! Il s’agit ni plus ni moins que d’attiser la haine, la division étant un avantage quand on a l’intention bien arrêtée d’exploiter ceux qui n’ont pour subvenir à leurs besoins que leur travail.
Avec l’affaire de la crèche installée dans l’hôtel de ville de Béziers c’est tout un ensemble de dispositions, tant locales que nationales, qu’il faut mettre en cause.
Jacques CROS