Mademoiselle from Armentières
chante encore…
Popularisée par la Nieppoise Line Renaud en 1952, Mademoiselle from Armentières a été écrite il y a plus d’un siècle, pendant la Première Guerre mondiale. L’hommage d’un soldat britannique à l’assurance d’une Armentiéroise, Marie Lecoq, continue de marquer la ville. La petite-fille de « la » Mademoiselle, vit toujours aux limites de la commune et perpétue la mémoire de Marie from Armentières.
Comme sa grand-mère, mademoiselle from Armentières, Marie-Thérèse ne se fait pas prier pour chanter. Photo Edouard Bride - VDNPQR
Elle a un joli sourire, des cheveux un peu fous et des yeux bleus très doux, Marie-Thérèse. Du haut de ses 82 printemps, la petite-fille de Marie Lecoq a hérité du don de sa grand-mère pour la chanson. « Quand, petite, j’allais aux toilettes dans le jardin, j’étais partie ! Mon père devait frapper au carreau pour me faire arrêter. »
Devenue adulte, elle emménage à côté de chez « Lulu », plus âgée, qui deviendra une fidèle amie. « Lulu, c’était quelqu’un ! On partait faire des virées ensemble... » Lulu fascine les foules avec sa voix. « Je me demandais comment elle faisait pour retenir toutes les paroles... Et puis un jour, elle a dit : tenez, elle aussi, elle chante. » Alors, cette fan de Nana Mouskouri reprend Mademoiselle from et d’autres classiques.
Au Café des Fleurs, en face du cimetière civil, Ginette se souvient des déjeuners du vendredi. « Marie-Thérèse chantait la chanson de sa grand-mère. Avec Lulu, elles mettaient l’ambiance ! Ah non, moi je ne chante pas » La tenancière du troquet aux couleurs printanières se mure dans son refus : « il faut que ce soit Marie-Thérèse. Je vous l’appelle, vous y allez. »
Fait et dit, l’Armentiéroise de toujours fredonne « Mademoiselle » quand elle nous ouvre avec son sourire des gens du Nord. Elle ne se fait pas prier pour « pousser la chansonnette » avec émotion, fière de son héritage musical : « hier, l’une des arrière-petite-fille me l’a chantée. Elle connaissait jusqu’au nom de Marie Lecoq ! J’étais soufflée, elle la chante tellement bien. »
Et Line Renaud alors ?
L’octogénaire conserve quelques souvenirs de sa grand-mère. « Elle avait un port de tête formidable, elle était très dynamique. Mais c’était une forte tête : quand elle disait blanc, c’était pas gris. » N’allez pas chercher de ressemblance entre Marie Lecoq et la statue du cimetière rue Léo-Lagrange : elle a été inspirée de la plus illustre interprète, Line Renaud. «Longtemps, on a cru que c’était elle, Mademoiselle... Aujourd’hui, elle le dit, que c’est Marie Lecoq. Si un jour je la vois, je lui dirais merci », se promet celle qui a connu Jacqueline Enté. « On ne savait pas qu’elle allait devenir Line Renaud, mais elle avait déjà cette manière d’être. »
Sur quelques photos religieusement conservées, Marie-Thérèse pointe du doigt Marie Lecoq. « J’ai toujours connu ma grand-mère avec un chemisier blanc, un chapeau noir, et une cravate. Mais surtout, toujours, un chapeau ! » Dans l’entrée d’ailleurs, trône un élégant chapeau de paille orné d’un foulard, qu’elle chausse avec délice pour nous saluer de son perron.
Pour fredonner...
Un joli sourire de France, des fossettes aux joues
Des cheveux tout fous, des yeux bleus très doux
Sur son berceau dès sa naissance, une bonne fée
D’un coup de baguette avait changé sa destinée
Mademoiselle from Armentières, parlez-vous ?
Mademoiselle from Armentières, parlez-vous ?
Elle n’avait pas encore parlé
Qu’elle savait déjà chanter
Mademoiselle from Armentières
L’histoire de mademoiselle from Armentières
Au début de la guerre de 1914-1918, Marie Lecoq est serveuse au café de la Paix. Au geste déplacé d’un soldat anglais, elle répond par une gifle. « Mademoiselle from Armentières » est née. A l’office du Tourisme, on découvre que Marie Lecoq aurait aussi été agent de liaison pour les Britanniques. En revanche, Marie-Thérèse tient à rétablir une vérité : contrairement à ce que disent les paroles, c’est un Parisien qu’elle a épousé.
La musique, elle, encore plus vieille : on l’entendait déjà au XVIIIè siècle à la bataille de Blenheim. En 1952, Line Renaud endosse le rôle de l’Armentiéroise. Aujourd’hui, ce sont cinq miss France de la région, Elodie Gossuin, Iris Mittenaere, Maëva Coucke, Camille Cerf et Rachel Legrain-Trappani, qui prêtent leurs voix à la mélodie sur l’album « Les Gens du Nord ».
Les miss des Hauts-de-France chantent "Mademoiselle from Armentières" pour Line Renaud