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"Projet de loi immigration : le jour du déshonneur"

 

"Projet de loi immigration : " le jour

du déshonneur "

"Projet de loi immigration : le jour du déshonneur"

Les députés de gauche tiennent des pancartes "Liberté", "Egalite", "Fraternité" après le vote et l'approbation de la loi immigration, le 19 décembre 2023.
© Ludovic MARIN / AFP
 

Le 19 décembre 2023 restera comme une date sombre dans l’histoire de la République. Il est le jour du déshonneur de ses valeurs et de ce qui fait de la France, son humanisme et son universalisme.

Préférence nationale, remise en cause du droit du sol, durcissement du regroupement familial, caution imposée aux étudiants étrangers... La minorité présidentielle avait fixé des lignes rouges, elles ont toutes été allègrement transgressées lors de la commission mixte paritaire. Convoquée par la seule et unique décision du Président de la République, cette commission a débouché sur un accord ressemblant plus à une compromission qu’à un compromis. Tout a été cédé à la droite extrême et à l’extrême-droite, qui se félicite d’une victoire idéologique.

Ceux qui prétendaient incarner hier le dernier rempart face à l’extrême-droite sont ceux qui aujourd’hui lui déroulent le tapis rouge, conduisant à une rupture politique et morale. Depuis quarante ans que le débat politique français s’est emparé du thème de l’immigration, rarement un gouvernement aura manifesté un tel degré d’accommodement avec les partis qui prospèrent sur la désignation de l’étranger comme responsable de tous les maux. 

Ce texte fait même douter dans les rangs de la Macronie, pourtant rompus à l’exercice de la loyauté. Un député sur quatre de la majorité présidentielle n’a pas approuvé le projet de loi, y compris le président de la commission des Lois, la gêne a été exprimée par la présidente de l’Assemblée nationale quant à certaines mesures, et la Première ministre s'interroge sur la constitutionnalité de certaines dispositions. Ainsi, les députés ont donc été appelés à voter un texte comprenant des dispositions anticonstitutionnelles. 

De toute évidence, une motion de rejet doit imposer le retrait du texte en question, à tout le moins une deuxième lecture. L’adoption de la loi sur l’immigration via une CMP sous contrôle de l’exécutif et négociée sur la base du seul texte du Sénat, interroge par ailleurs sa légalité. 

« En même temps », c’est fini

"Projet de loi immigration : le jour du déshonneur"

Le 19 décembre signe une date politique majeure en France. La fin du « En même temps », marque de fabrique du président Macron donnant à penser qu’une synthèse était possible. La fin d’une martingale et le début d’une autre ère : à droite toute. Comme prévu. La seule question était de savoir quand ça allait arriver. Quelle autre alliance les troupes du président Macron allaient-elles trouver à part celles qui la composent déjà ? La droite bien sûr, surtout lorsqu’on dispose d’une majorité relative aussi fine qu’une crêpe à l’Assemblée nationale. On sacrifie l’aile gauche minoritaire de son équipe, et on choisit les rangs garnis de la droite et de l’extrême droite pour faire passer un texte en disant que ce n’est pas tout à fait ses propres idées ! Remarquable d’ironie dans le service après-vente... Mieux, dans la posture d’une défense inutile (autant tout assumer, non ?), on rend responsable le Rassemblement national « d’incohérences », bafouant au passage le vote démocratique d’une assemblée élue par le peuple. La vérité, c’est que Marine Le Pen a fait un sacré coup politique en prenant à la gorge son adversaire. En le piégeant sans coup férir. L’exécutif fait comme si les voix du RN n’existaient pas. Et oublie de dire que si le parti d’extrême droite avait voté contre, le projet de loi risquait d’être retoqué. Le combat politique se heurte souvent au combat mathématique. Si Gérald Darmanin trouve sa loi si merveilleuse, pourquoi a-t-il besoin de fustiger à ce point le parti d’en face soi-disant tant haï ? On en oublierait presque la phrase culte prononcée par Emmanuel Macron lors de sa victoire le 24 avril 2022 en référence au vote-barrage contre le RN : « J’ai conscience que ce vote m’oblige ». Mais « m’oblige » à quoi désormais ? L’histoire retiendra que cette gestion calamiteuse de cette loi immigration, entre manigances et stratégies de circonstance, fait justement le lit du parti d’extrême droite, qui, stoïque, attend son heure. 

 

Un macroniste cynique devient tout

vert en direct

LA NUIT DU 19 DECEMBRE 

"Projet de loi immigration : le jour du déshonneur"

Je suis bouleversé. L’affection que nous portons à notre pays, la France, nous fait parfois oublier qu’elle a, comme toutes les nations, ses zones d’ombre. La répression de la Commune de 1871 et le pétainisme ne sont pourtant pas si loin… 

L’histoire retiendra que dans la nuit du 19 décembre 2023, un basculement politique s’est opéré qui remet en cause les fondements de la République. La majorité du  Parlement français a adopté, avec les voix de l’extrême-droite lepéniste, une loi qui, entre autres, remet en cause le « droit du sol », se prononce pour la « préférence nationale », s’attaque à  « l’universalité des droits » aux allocations familiales et élargit la « déchéance de nationalité ». 

On sentait bien que les digues étaient en train de céder. Des prises de position nous avaient surpris, banalisant le Rassemblement national dont l’élection lors de la prochaine présidentielle désormais est du domaine du possible. 

Le pire serait aujourd’hui de baisser les bras. Les forces existent pour barrer la route à la peste brune. A condition qu’elles s’unissent. 

Bernard DESCHAMPS 

20 décembre 2023 

La fascisation est en marche 

Les digues cèdent une à une. À la tête de l'État, partout dans le pays, l'extrême droite s'affiche à visage découvert. Enraciné dans tous les secteurs de la société, le fascisme gagne du terrain. Chronologie d'une perdition annoncée.

"Projet de loi immigration : le jour du déshonneur"

jumel.sandra 

Journaliste culture et politique

En 2002, on s'indignait de voir Jean-Marie Le Pen accéder au deuxième tour de l'élection présidentielle. Des milliers de personnes descendaient dans les rues sur tout le territoire français. En 2017, en 2022, on ne s'étonne plus de voir Marine Le Pen au second tour des élections présidentielles.

En mai 2022, on demande aux électeurs de gauche de faire front commun contre le RN. En juin 2022, LREM explique qu'il n'y a plus de front républicain qui tienne, pas de consigne de vote commune pour les législatives. 89 députés RN sont élus, pour la première fois l'extrême droite est le deuxième groupe de l'Assemblée Nationale en France.

En 1987, on s'indignait de voir Jean-Marie Le Pen qualifier les camps de concentration de "détail de l'histoire". En août 2023, Nicolas Sarkozy affirmait que le RN fait partie de l'arc républicain. En novembre 2023, lorsque le RN participe à la marche contre l'antisémitisme, la majorité applaudit l'union des forces contre le "racisme".

En 2023, des groupuscules d'extrême droite s'organisent un peu partout en France. Les grands titres comme Libération et Le Monde lancent leur newsletter d'observation de l'actualité de l'extrême droite. Des journaux indépendants comme Street Press et Mediapart lancent des observatoires de ces groupuscules. Après Saint-Brevin en mai, des actions et menaces de militants identitaires se multiplient à Romans-sur-Isère, Reims, Laval et Rennes en novembre.

Le 6 mai 2023, une manifestation d'ultradroite avec des groupements néo-fascistes est autorisée par la préfecture. Le 1er décembre, un rassemblement de l'extrême droite organisé par "Les Natifs" est autorisé par le tribunal administratif. En octobre et en novembre, de nombreuses manifestations pro-palestiniennes ont pourtant été interdites. En décembre, une conférence de Judith Butler en faveur de la paix au Proche-Orient est annulée par la mairie de Paris pour des raisons de sécurité.

Un matin à l'aube dans la gare de Bordeaux, le train est en retard. Pour rassurer les usagers, il n'y a plus d'agents de la SNCF, la privatisation du rail oblige. Mais il y a des agents de sécurité pour surveiller ce groupe de gens hétérogènes. On s'habitue à tout, même au pire.

En février 2021, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, qualifiait Marine Le Pen de "molle" lors d'un débat sur l'immigration sur France 2. Aujourd'hui, la loi immigration reprend les éléments de langage du RN. En première lecture, c'est le RN qui avait rechigné à voter un texte qu'il trouvait, à son tour, trop mou. Une fois ripolinée par la commission mixte paritaire, le RN accepte aujourd'hui de voter la loi immigration du gouvernement.

Où est passée notre indignation ? Quand prendrons-nous garde au bruit des bottes ? Jair Bolsanaro, Donald Trump, et maintenant Viktor Orban, Geert Wilders, Javier Milei, Georgia Meloni. Les scores de Vox en Espagne, ceux de l'AfD en Allemagne. Qui peut encore ignorer que l'extrême droite est aux portes du pouvoir ?

 

C’est le baiser de la mort du RN à Macron avant Noël

mais j'espère que le pire n'est pas à venir ? 

 

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