béziers
Retour au nom d’origine de la rue du 19 mars 1962
à Béziers
Ce 19 mars 2021 il a été procédé comme chaque année à la pose d’une plaque au nom de Rue du 19 mars 1962 sur celle du Commandant Denoix de Saint-Marc ainsi que l’avait rebaptisée le maire de Béziers le 14 mars 2015. Nous étions une bonne vingtaine pour cette opération symbolique.
Nous avons frôlé l’incident avec la police municipale, certainement aux ordres ! Pourtant une demande de manifestation avait été adressée à la sous-préfecture et une autorisation avait été reçue en retour.
Après que Nicolas Cossange ait recouvert d’une plaque en carton au nom de Rue du 19 mars 1962 celle rendant hommage à un officier putschiste diverses interventions ont été faites.
La première l’a été par Raymond Cubells du Mouvement de la Paix qui a fait le point sur la situation après la remise au chef de l’état du rapport sur le travail de mémoire commandé à Benjamin Stora. Il a dénoncé la nature discriminatoire du colonialisme et les exactions commises au cours de la guerre menée pour le perpétuer. Il a mis en exergue le fait que le contentieux sur le sujet est franco-français
Lui a succédé Alain Visseq qui au nom de la laïcité a souligné la condamnation de cette guerre à laquelle, compte tenu de son âge il a pu échapper. C’est qu’à cette époque l’inquiétude était forte dans les familles.
Le troisième intervenant a été un ancien d’Algérie qui a rappelé que le 19 mars 1962 avait été vécu comme un soulagement par les appelés du contingent. Il a fustigé le commandant Denoix de Saint-Marc qui lors de la tentative du putsch d’avril 1961 avait occupé les points stratégiques d’Alger. Il a donné une appréciation positive sur le contenu du rapport de Benjamin Stora qui lève la chape de plomb qui recouvrait jusqu’ici ce pan de notre histoire.
Quelques éléments supplémentaires seront encore apportés par Raymond Cubells sur ce qu’était la vie quotidienne au temps de la guerre d’Algérie.
Ah, la police qui décidément ne se range pas du bon côté a encore tenté d’empêcher notre ami Daniel Kupferstein de faire son travail de cinéaste. Il n’empêche, il faut se féliciter de cette initiative renouvelée qui met en évidence la volonté de paix et d’amitié entre les peuples algérien et français. Nous sommes loin on le voit avec cette manifestation d’un esprit cocardier qui ne sied pas aux circonstances.
Oui le cessez-le-feu du 19 mars 1962 mérite d’être commémoré !
Jacques Cros
Commémoration officielle du 19 Mars 1962
à Béziers
Cette commémoration du 19 mars 2021 devant le monument aux morts de Béziers était quasi confidentielle. J’y représentais la Présidente Carole DELGA et ai déposé la gerbe commémorative de la Région Occitanie Pyrénées-Méditerranée, en présence du Sous-Préfet Pierre Castoldi, de Raphaël Balland, le Procureur de la République, des autorités militaires et des associations d’anciens combattants dont la FNACA.
La ville de Béziers n’y était pas représentée.
Un acte de déni républicain, un maire n’est-il pas le maire de tous ses concitoyens, le premier magistrat de sa ville et non le porte voix d’un camp, même lors de commémorations officielles.
Pour rappel, et ce fut le sens du discours de Monsieur le Sous-Préfet, ce jour commémore toutes les mémoires des combats de Tunisie, du Maroc, et de la guerre d’Algérie.
C’est aussi ma mémoire, celle de la petite fille qui assista à des exactions au Maroc, le pays de mon enfance.
Nos mémoires sont multiples, pour preuve, j’étais présente ce matin à cette commémoration parce qu’il faut apprendre à surmonter les blessures du passé, toutes les blessures, pour les dépasser et se tourner vers un avenir commun de compréhension mutuelle, ce que la loi a permis de poser.
Pour mémoire :
« Le 19 mars est d’abord une journée nationale votée par le Parlement en 2012 rendant hommage, selon son titre, « à toutes les victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc ». Elle rassemble donc toutes les mémoires, celles des appelés bien sûr, mais aussi celles qui sont nées des événements tragiques qui ont suivi le 19 mars 1962 et qui ont notamment frappé les harkis et les rapatriés.
Le 19 mars est aussi une date historique, celle du jour où est proclamé le cessez-le-feu en Algérie, au lendemain de la signature des accords d’Evian. C’est une étape décisive d’un processus de sortie de guerre mené par le général de Gaulle. Certes le 19 mars 1962 n’est pas la paix mais le début d’une sortie de guerre dont l’histoire nous apprend qu’elle est bien souvent longue, chaotique et source de violence. Et la guerre d’Algérie, comme tant d’autres, n’échappa malheureusement pas à la règle ». Extrait du Monde.