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« Je me souviens… » : 8 février 1962, métro Charonne
« Je me souviens… » : 8 février 1962,
métro Charonne
Un manifestant touché lors de la manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie 8 février 1962. ©AFP
À l’occasion du 62e anniversaire de la répression sauvage du 8 février 1962 lors de la manifestation contre l’OAS et la guerre d’Algérie qui a fait neuf victimes au métro Charonne, l’Humanité vous propose de relire le témoignage de Jean Friant, ouvrier chez Renault à Boulogne-Billancourt et rédacteur pour Avant-Garde, qui était dans la manifestation.
Jean Friant
Ouvrier chez Renault à Boulogne-Billancourt et rédacteur pour Avant-Garde
À l’époque je travaillais chez Renault à Billancourt et j’étais secrétaire du cercle des Jeunesses communistes de l’usine. Avec mon camarade Bernard B., nous avions rendez-vous à 20 heures au siège d’Avant-Garde dans le 15e arrondissement, notre journal, pour y monter la garde de nuit. C’était prévu depuis une dizaine de jours.
Le 8 février 1962 de grandes manifestations se déroulaient contre les attentats de l’OAS à Paris. Nous rejoignons le rendez-vous avec les travailleurs de Renault au Pont-Marie, et nous remontons en cortège jusqu’à la place de l’Hôtel de ville. Soudain arrive, toutes sirènes hurlantes, un « chapelet » de cars de flics. Le temps que ceux-ci descendent et commence à charger, nous nous dispersons dans les rues étroites de ce quartier du centre de Paris.
Nous prenons le métro jusqu’à la station Bir-Hakeim puis la rue Humblot (15ème) où se trouve le siège de notre journal. Soudain, une immense déflagration, des vitres tombent… Nous nous précipitons à la porte de notre journal, nous tambourinons, nous sonnons mais rien ! Du bruit à l’intérieur… Et, un quart d’heure plus tard, la porte s’entrouvre : nous venons pour la garde !
Un million de personnes aux obsèques
Le 8 février 1962 9 pacifistes perdaient la vie au métro Charonne. Il ne faut pas les oublier !
Sont présents dans les locaux, les dirigeants et la rédaction du journal et des responsables des jeunesses communistes. Très vite, les nouvelles tombent : au métro Charonne des morts, des blessés. La bestialité policière !
Les camarades préparent l’Appel national pour la mobilisation et la grève générale pour le lendemain, le 9 février ! Dans les locaux c’est le branle-bas de combat. Nous passons toute la nuit à appeler toutes les fédérations de France des JC pour dicter le contenu de l’appel à diffuser pour le lendemain.
Le 9 février au matin, Bernard et moi retournons directement à l’usine. Meeting monstre dans le grand hall de l’Île Seguin : 10 000, 15 000 travailleurs ? Émotion et gravité ! Un million de personnes aux obsèques de nos 9 camarades assassinés le 13 février.
Un mois plus tard 19 mars 1962 : cessez-le-feu en Algérie. ENFIN !
SOURCE : « Je me souviens… » : 8 février 1962, métro Charonne - L'Humanité (humanite.fr)
J’aurais aimé vous présenter une vidéo consacrée à une commémoration en 2024 du massacre du 62e anniversaire de Charonne, mais aucune n’est en ligne pour le moment. Pourquoi ? Alors j’ai choisi de (re) mettre en ligne celle qui m’a le plus marqué et touché, celle du 60e anniversaire.
Michel Dandelot
60eme anniversaire du massacre
au métro de Charonne
« GAZA, CESSEZ-LE-FEU !Robert Badinter, ancien ministre de la Justice et artisan de l'abolition de la peine capitale est mort à l'âge de 95 ans »
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Commentaires
Moi aussi la vidéo de la soixantième commémoration du drame de Charonne m'a marqué.
Je peux vous inviter à lire l'article de mon blog que j'ai mis en ligne hier. Lien http://cessenon.centerblog.net/6576590-charonne-le-8-fevrier-1962 mais il ne vous apprendra pas grand chose que vous ne sachiez.
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C'est un bien triste anniversaire mais qu'il convient de ne pas oublier!