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Pour la dixième fois à Béziers ils débaptisent la rue du Cdt Denoix-de-Saint-Marc et la rebaptisent rue du 19-Mars-1962
Pour la dixième fois à Béziers
ils débaptisent la rue
du Cdt Denoix-de-Saint-Marc
et la rebaptisent rue du 19-Mars-1962
La rue du 19-Mars, la voie de la discorde... ANTONIA JIMENEZ - ML
À l'appel du Mouvement pour la paix, des manifestants ont, pour la dixième année consécutive, débaptisé la rue du Cdt Denoix-de-Saint-Marc, à Montimaran à Béziers, pour la rebaptiser rue du 19-Mars. Un acte symbolique.
Chaque année, autour du 19 mars, des Biterrois, à l'appel du Mouvement pour la paix, se rassemblent au pied du panneau "rue du Cdt Denoix-de-Saint-Marc (1922-2013) Héros français" (une perpendiculaire au boulevard Cadenat), près de l'hôpital de Béziers, pour débaptiser cette voie de la discorde.
Ce 16 mars, à 11 h, une quinzaine de manifestants participaient ainsi à l'action de contestation, soutenue par l'association France-Algérie, le parti communiste, la CGT et l'association républicaine des combattants pour la paix (Arac).
Débaptisée en 2015
Pour rappel, juste après son élection, le 14 mars 2015, le maire, Robert Ménard avait officiellement débaptisé la rue du 19-Mars-1962, qui rendait hommage au cessez-le-feu en Algérie, pour la renommer du nom de l'officier putschiste Commandant Denoix-de-Saint-Marc. Une grande cérémonie avait été organisée pour marquer l'événement où de nombreux nostalgiques de l'Algérie française, tels des anciens combattants portant béret vert et rouge et des contre-manifestants voulant conserver le nom de la rue s'étaient invectivés durant toute la célébration.
"19 cars sont venus de partout en France, des hommes en béret, montrant leurs décorations...", s'est souvenu Claude, 85 ans, un riverain ancien combattant en Algérie, présent chaque année à la manifestation. Il ajoutait : "Depuis, tous les 19 mars, les drapeaux sont en berne au Monument aux morts du Plateau des Poètes. C'est une honte. Il faudrait se réjouir de cette date, alors que pour Robert Ménard, il s'agit d'une défaite de la France."
La fin de la guerre, la fin des guerres
Des discours de circonstance ont été prononcés par les différents représentants : Raymond Cubelles et Jacques Cros pour le Mouvement pour la paix, Jean-Marc Biau pour le PCF et Jean-Claude Llinarès pour l'Arac. Tous ont rappelé que la date du 19 mars 1962 est celle de l'application du cessez-le-feu, au lendemain des accords d'Evian, "qui ouvrait la voie à la fin de la guerre d'Algérie, et celle de l'Indépendance au peuple algérien, ainsi que la fin du colonialisme".
Tous ont eu des mots très durs envers Robert Ménard et son choix du commandant en question. Les divers discours se sont vite orientés sur le refus des guerres en général. Et, actualité oblige, en particulier celle contre l'Ukraine que mène la Russie, et plus loin, celle qui oppose le Hamas et la Palestine à Israël.
Le témoignage de Jacques Cros
La rue du 19 mars 1962 a retrouvé son nom
Photo Bernard RoustanC’est une tradition qui s’est instaurée à Béziers. Dans notre ville on commémore le 19 mars 1962 en redonnant symboliquement à la rue ainsi anciennement nommée le nom auquel les pacifistes sont attachés. L’édition 2024 a eu lieu ce samedi 16 mars. Un peu plus d’une vingtaine de personnes y ont participé.
Quatre intervenants se sont exprimés. Raymond Cubells a prononcé une allocution au nom du Mouvement de la Paix. Il a été suivi par un appelé du contingent qui se trouvait sur le terrain le 19 mars 1962. Nous avons reproduit sa brève intervention qui synthétise ce qui a été par les uns et les autres. Jean-Marc Biau au nom de la section de Béziers du PCF a mis l’accent sur l’engagement de son organisation politique pour la paix. Cela valait au temps des guerres coloniales, cela vaut aujourd’hui dans le contexte international avec la situation à Gaza et ce qui se passe en Ukraine. Jean-Claude Llinarès de l’ARAC a évoqué Georges Vercoutre menacé de mort par l’OAS.
Voici donc ci-après l’intégralité de ce qui a été lu par l’ancien d’Algérie.
« Nous sommes à trois jours de la commémoration du 19 mars 1962, date de l’application du cessez-le-feu qui ouvrait la voie à la fin de la guerre d’Algérie, à celle de l’indépendance du pays par l’achèvement du colonialisme qui durait depuis 132 ans. Une date retenue par le Parlement pour la journée du recueillement de cette période peu glorieuse de notre histoire.
Ce 19 mars 1962 crispe Robert Ménard, maire de Béziers, qui est toujours partisans de la fiction d’Algérie française et qui doit estimer qu’on aurait dû continuer cette guerre et son cortège de souffrances afin de perpétuer le colonialisme. A ce titre il a changé le nom de cette rue.
Ce 19 mars 1962 j’étais sur le terrain et c’est à partir de cette date que j’ai entendu le plus de coups de feu. Le jour même d’abord où à Géryville où j’étais cantonné l’armée a tiré sur la foule des manifestants faisant une dizaine de morts et un grand nombre de blessés. Un mois plus tard quand transitant par Oran j’ai été témoin de rafales d’armes automatiques et de coups qui pouvaient être de canon ou de mortier. La ville était à feu et à sang, aux mains de l’OAS.
La France avait l’avantage militaire sur le terrain, cela ne signifiait pas qu’elle était dans son bon droit. Et l’opinion qu’il fallait arrêter cette guerre avait gagné les consciences, ce qu’ont confirmé les référendums qui ont eu lieu sur les deux rives de la Méditerranée.
La guerre ne résout rien, elle aggrave les difficultés. Celle d’Algérie présente des similitudes avec ce qui se passe présentement au Proche Orient où on retrouve les spoliations, le racisme, les humiliations caractéristiques du colonialisme. L’internationalisation du conflit en Ukraine à laquelle nous engage Macron ne règlera en aucune façon les problèmes dans cette région de l’Europe. Ce sont des catastrophes humanitaires qui sont programmées avec le refus de chercher une solution négociée qui doit être menée sous l’égide de l’ONU. »
SOURCE : La rue du 19 mars 1962 a retrouvé son nom
« Montpellier : CGT et FSU fêtent la Sécu et annoncent les mobilisations à venir *** FO est traître à Béziers PERPIGNAN : Le mur de la discorde »
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Commentaires
1ould aoudiaDimanche 17 Mars à 08:57Félicitations au courage et à la persévérance des républicains qui apposent une plaque conforme au vote des Français qui voulaient la paix, et en enlevant celle portant le nom d'un officier félon ayant appartenant au 1er régiment étranger de parachutistes, l'une des unités les plus tortionnaires de la guerre d'Algérie qui comptait dans ses rangs 50% d'anciens de la Wehrmacht parmi lesquels d'anciens de la waffen SS. ( voir article sur le site histoirecoloniale)
Jean-Philippe Ould Aoudia.
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Non, nous n'enlevons pas la plaque au nom du Commandant Denoix de Saint-Marc, nous ne voulons pas être accusés de destruction de lieu public. Nous la masquons par un rectangle de carton portant le nom de l'ancienne nomination. Cette année la plaque de remplacement était particulièrement bien présentée. Avec un peu de chance notre remplacement symbolique peut durer quelques jours !