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Revue de presse
Après Béziers et Beaucaire, la justice
ordonne le retrait de la crèche de la mairie
de Perpignan
La crèche de Noël va rester dans le hall de la mairie de Béziers (photo d'illustration)© Pascal Guyot - AFP
Une semaine après celle de Béziers, dans l'Hérault, la justice a ordonné ce mercredi le retrait "dans les 24 heures" de la crèche de Noël installée dans l'Hôtel de ville de Perpignan (Pyrénées-Orientales) par le maire Rassemblement National (RN) Louis Aliot.
Saisi comme la semaine précédente par la Ligue des droits de l'homme (LDH) en référé - une procédure d'urgence -, le tribunal administratif de Montpellier a ordonné à la commune de Perpignan de "retirer la crèche de la Nativité, ou pessebre (en langue catalane, NDLR)", sous peine d'une astreinte de "cent euros par jour de retard", selon une décision rendue moins de 24 heures après avoir entendu les parties.
Contraire à la loi de 1905
"C'est une crèche avec Joseph, Marie, les Rois mages qui montrent que nous sommes bien dans une crèche catholique, contraire à la loi de 1905" de séparation des Eglises et de l'Etat, avait plaidé ce mardi Sophie Mazas, avocate et présidente de la LDH de l'Hérault.
"Nous sommes véritablement dans la tradition", avait rétorqué l'avocate de la ville, Delphine Joubes, en soulignant aussi que la crèche avait été érigée dans un "patio" de l'Hôtel de ville "dédié à la catalanité" et par lequel "les personnes qui souhaitent venir à la mairie pour des démarches administratives ne passent pas".
Les conclusions de la mairie "sont rejetées", a brièvement indiqué le tribunal administratif, dont la motivation précise sera connue ultérieurement.
"L'instrumentalisation de la religion
par l'extrême droite"
Louis Aliot, figure du Rassemblement national, et Robert Ménard, le maire de Béziers proche du RN, "pensent pouvoir violer la loi et la Constitution impunément", a réagi Me Sophie Mazas, en jugeant "problématique" que les préfets de l'Hérault et des Pyrénées-Orientales n'aient "pas réagi" pour "faire appliquer la loi".
La responsable de la LDH dénonce aussi "l'instrumentalisation de la religion par l'extrême droite à des fins politiques". "La force de la laïcité, c'est la liberté de chacun de vivre sa croyance personnellement et dans les lieux de culte prévus à cet effet: la crèche à l'église, l'état-civil et la gestion de la cité à la mairie", a-t-elle ajouté.
La "culture catalane"
Le maire de Perpignan lui a immédiatement renvoyé la balle: "Malheureusement, la Ligue des droits de l'Homme et plusieurs organisations politiques ont décidé d'instrumentaliser la laïcité de la République et la justice administrative pour faire obstacle à l'expression de nos traditions, de nos héritages et plus généralement pour nous empêcher d'être ce que nous sommes", a écrit Louis Aliot dans un communiqué.
Le candidat malheureux à la présidence du RN dénonce une "décision en total décalage avec l'engouement populaire et l'émerveillement suscités par le pessebre", admiré selon lui par "des milliers de personnes" depuis le 25 novembre.
Dans l'attente de la notification officielle, "la ville réaffirme son attachement à tous les éléments de notre culture catalane et dont le pessebre fait partie".
Les crèches de Beaucaire (Gard) et de Béziers sont régulièrement poursuivies en justice mais continuent à être installées chaque année par les maires concernés. Le 16 novembre, le Conseil d'État avait confirmé l'interdiction de la crèche de Noël de la mairie de Beaucaire, dirigée par le maire d'extrême droite Julien Sanchez.
SOURCE : Après Béziers, la justice ordonne le retrait de la crèche de la mairie de Perpignan (msn.com)
Quand France-Maroc sert
de prétexte à un déluge raciste
et colonial
L’irruption de l’équipe du Maroc dans la compétition au Qatar et le soutien qu’elle a engendré dans les pays du Maghreb et en France a réveillé les vieux réflexes racistes et coloniaux de certains Français. Déjà samedi, lors de la qualification de la demi-finale, la police a utilisé les lacrymos et les charges contre des gens venus simplement fêter la victoire de cette équipe.
Pour beaucoup, à droite et à l’extrême droite, l’expression de l’existence à la fois sur le terrain et dans la rue (klaxons, drapeaux) de personnes d’origines arabes célébrant cette origine est une source d’énervement. Les pseudos débordements montés en épingle par les fachos sur les réseaux sociaux ne cachent ni l’hypocrisie ni la volonté de ne pas permettre cette expression de manière publique. La France est habituée à ce genre de répression : en 2014 à propos du Sénégal, en 2000 pour l’Algérie, les manifestations de joie lors de la victoire ont été violemment réprimées.
Libération et banalisation de la parole raciste
Le match France-Maroc du mercredi 15 décembre a réactivé ce réflexe colonial d’autant plus que les deux équipes s’affrontaient sur le terrain. La plupart des médias de droite ont passé les jours et heures avant le match à « préparer » l’opinion, via leurs éditorialistes ou en donnant le micro à tout ce qui se fait de politicards droitiers : « Tout le monde a peur d’une guerre, d’une guérilla et d’une guerre civile », pour le maire du 8e arrondissement de Paris. Pour Pascal Praud (CNews) : « Les seuls problèmes de la Coupe du monde sont après les matchs du Maroc. » Pour Laure-Alice Bouvier, toujours sur CNews : « On peut se demander si l’on n’a pas un inconscient collectif qui conduit ces pays longtemps sous la coupe de pays européens à prendre leur revanche ».
On a vu aussi revenir le débat sur l’interdiction des célébrations et celle de brandir des drapeaux — étrangers — comme pour les mariages. Il y a eu une telle libération de la parole raciste que le sénateur Stéphane Ravier (RN) a demandé à la préfecture de police de Marseille d’interdire les drapeaux marocains mercredi à l’occasion de la demi-finale de la Coupe du monde. Pour lui, « les Marseillais n’ont pas à subir les hordes de voyous venus célébrer en cassant, agressant des passants ou attaquant des policiers, et en la matière vaut mieux prévenir que guérir. »
Un contexte qui donne des ailes aux fachos
Ces injonctions ont été bien comprises par plusieurs groupes fascistes bénéficiant de toute l’impunité et de la légitimité conférées par en haut pour agresser dans plusieurs grandes villes les supporteurs marocains — mais en pratique n’importe quel racisé — se promenant à ce moment-là. Près de 40 fafs ont été interpellés à Paris avant d’arriver sur les Champs-Élysées, et plusieurs attaques à la matraque ont eu lieu à Lyon. Malgré la présence de plusieurs dizaines d’entre eux, seuls deux ont été interpellés.
L’horreur absolue est venue de Montpellier, où un jeune garçon de 14 ans a été tué, écrasé par une voiture juste à la fin du match. L’auteur (dont on a récupéré la voiture) court toujours.
Avec 89 députés RN, des groupes de médias ouvertement d’extrême droite, des soutiens plus ou moins assumés à droite et dans la police, le racisme a pris place au sein de notre société. Même fêter une victoire sportive peut se révéler dangereux. Loin d’être des anomalies dans le champ politique, les groupes de fafs ne sont que le reflet de la dynamique dangereuse prise ces dernières années. Il devient urgent de développer des solidarités actives dans les prochains mois et semaines pour se défendre concrètement contre cette vague.
Encore une défaite pour Zemmour
Aujourd'hui, la CEDH a estimé que la justice française n'avait pas enfreint la convention européenne des droits de l’Homme en condamnant l'ancien candidat à la présidentielle pour provocation à la haine envers les musulmans. En 2016, le polémiste d'extrême-droite avait tenu des propos sur France 5 (toujours se souvenir du large espace médiatique dont a bénéficié cet individu avant que Bolloré n'achète le monstre) qui, pour la CEDH, comportaient "une intention discriminatoire de nature à appeler les auditeurs au rejet et à l’exclusion de la communauté musulmane".
Une décision bienvenue qui rappelle utilement que la liberté de s'exprimer n'est pas la liberté de haïr.
Justice
La CEDH valide la condamnation de Zemmour pour ses propos discriminatoires en 2016
En 2016, sur France 5, l’ex-candidat à la présidentielle avait affirmé que la France vivait «depuis trente ans une invasion» musulmane. Il avait, pour cela, été condamné à 3 000 euros d’amende.
Paris, le 23 mars 2022. La Maison de la Chimie. Pendant la présentation du programme de Eric Zemmour (sur la photo), journaliste, polémiste d'extrême droite, candidat du parti Reconquête à l'élection présidentielle de 2022. (Denis Allard/Libération)
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a débouté mardi 20 décembre le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour et validé sa condamnation par la justice française pour provocation à la discrimination et haine religieuse envers la communauté musulmane, après des propos tenus sur France 5 en 2016.
«La Cour considère que l’ingérence dans l’exercice par le requérant de son droit à la liberté d’expression était nécessaire dans une société démocratique afin de protéger les droits d’autrui», explique la CEDH. Celle-ci estime ainsi que les juridictions françaises n’ont donc pas violé la liberté d’expression du candidat à la dernière élection présidentielle.
Pendant l’émission C à vous diffusée le 6 septembre 2016 sur France 5, Eric Zemmour avait affirmé qu’il fallait donner aux musulmans «le choix entre l’islam et la France». Selon lui, la France vivrait «depuis trente ans une invasion», et d’ajouter que, «dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées», se jouerait une «lutte pour islamiser un territoire», «un djihad».
Pour ses propos, l’ancien candidat à la présidentielle (7,3 %) avait été condamné en première instance par le tribunal correctionnel de Paris à 5 000 euros d’amende pour «provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une religion». Une peine qui avait été réduite à 3 000 euros en appel puis confirmée en septembre 2019 par la Cour de cassation.
La CEDH, bras judiciaire du Conseil de l’Europe, «considère que ces propos ne se limitaient pas à une critique de l’islam mais comportaient, compte tenu du contexte d’attentats terroristes dans lequel ils s’inscrivaient, une intention discriminatoire de nature à appeler les auditeurs au rejet et à l’exclusion de la communauté musulmane».
«Compte tenu de la marge d’appréciation de l’Etat en l’espèce, et de la condamnation du requérant au paiement d’une amende d’un montant de 3 000 euros qui n’est pas excessif, la Cour est convaincue que l’ingérence litigieuse [dans le droit à la liberté d’expression d’Eric Zemmour, ndlr] était proportionnée au but poursuivi», a estimé la cour basée à Strasbourg.
Et moi, et moi je présente
à Zemmour la France que j’aime
« Ma France »
A Zemmour et à toute la fachosphère je présente la France métissée, ma France que j'aime, les couples que j'adore. La France du « grand remplacement » des fachos comme Zemmour et toute la meute de son acabit.
Michel Dandelot
« Sylvie Thénault est l’invitée d’Annette Wieviorka dans Essentiel – Histoire Yvelines. Guerre d'Algérie : un ancien appelé sous les drapeaux témoigne »
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Commentaires
Ce qui me parait similaire à Perpignan et à Béziers c'est tout ce qui va avec la crèche. Cette promotion de la chrétienté dans l'installation dans l'enceintre de la mairie d'une représentation symbolique d'un élément de l'Eglise catholique s'accompagne dans les deux cas d'un regain de l'idéologie colonialiste des partisans de l'Algérie française qui surfent sur les ambiguïtés du pouvoir et le courant d'extrême droite qui a gagné l'opinion publique.