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REVUE DE PRESSE DU MARDI 3 JANVIER 2023
Cet affront du Parlement français
qui va provoquer une nouvelle crise avec Alger
José Gonzalez, député lepéniste «ami» de l’Algérie… D. R.
Par Abdelkader S. – La nomination du député membre du parti de l’extrême droite de Marine Le Pen comme vice-président du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale française a soulevé un tollé général. C’est le concerné lui-même qui a fait part de cette nouvelle sur son compte Tweeter. José Gonzalez a, en effet, écrit : «J’ai l’immense plaisir de vous annoncer que j’ai été nommé vice-président du groupe d’amitié France-Algérie par le bureau de l’Assemblée nationale !» Et de surenchérir : «Cette nomination est le symbole de mon intérêt particulier pour les relations franco-algériennes.»
José Gonzalez «est un nostalgique de l’Algérie française», s’indignent plusieurs observateurs qui dénoncent ce qu’ils considèrent un affront, estimant que c’est plutôt un groupe de l’inimitié qui a été constitué au palais Bourbon.
Ces sources rappellent que c’est là un «mauvais remake qui se refait depuis 1962 dans cette amitié algéro-française». «Si le sujet n’était pas aussi grave et tellement chargé historiquement et émotionnellement, la première réaction serait de dire qu’il s’agit d’une fake news», s’étonnent ces sources. Pour elles, «si l’Assemblée nationale française est, certes, souveraine dans ses votes, ses choix et ses décisions, cependant, le Parlement algérien a également son mot à dire puisqu’il peut refuser de traiter avec un tel groupe qui compte en son sein des éléments hostiles à l’indépendance de l’Algérie».
Le bureau de l’Assemblée française est composé d’un président et de vingt-deux membres issus des différents partis qui comptent des élus. Elle compte quatre-vingt-huit députés du Rassemblement national et soixante-deux appartenant aux républicains, «dont un certain nombre de nostalgiques de l’Algérie française de tendance lepéniste, ciottiste, zemmouriste, makhzeniste et sioniste, ce qui explique cette nomination provocatrice», s’indignent nos sources pour lesquelles «c’est une véritable insulte».
«La question est de savoir quelles vont être les répercussions de cette agression sur les relations parlementaires au-delà des relations gouvernementales et étatiques», s’interrogent nos sources, en rappelant les récentes déclarations du président Tebboune «qui a bien qualifié ces mouvements et individus hostiles à l’Algérie, accrochés à un passé et rejetés par un présent qui les a renvoyés aux poubelles de l’histoire».
«Bombarder un député pied-noir partisan de l’Algérie-française et de la sinistre Organisation de l’armée secrète (OAS) au poste de vice-président du groupe d’amitié France-Algérie équivaut à rééditer le coup de l’adoption de la loi sur les bienfaits de la colonisation de février 2005», déplorent nos sources qui comparent cette désignation anachronique à une «seconde exécution ignoble de Larbi Ben M’hidi, d’Ali Boumendjel et de bien d’autres anonymes». «C’est salir la mémoire du maire Camille Blanc, assassiné en 1961 par l’OAS parce qu’il avait accepté que la conférence pour la signature des accords de paix en Algérie ait lieu à Evian-les-Bains, c’est cracher sur les tombes des gardes mobiles français de la France coloniale assassinés par cette même OAS et enterrés à ce jour à Alger», regrettent encore nos sources.
«L’Algérie est, elle aussi, libre de choisir ses vrais amis», concluent nos sources qui exhortent l’Assemblée populaire nationale (APN) à «signifier à son homologue française que ce groupe d’amitié ne saurait représenter une relation fondée sur des principes étrangers à ce triste individu».
A. S.
UN VARSOIS VEUT LIVRER
SA GUERRE D’ALGÉRIE
Gilles Taveau vient de lancer une souscription publique pour pouvoir publier son nouveau roman « El Roumi, le déserteur ».
Photo CL
Gilles Taveau lance une souscription publique pour lancer l’impression de son deuxième livre, « El Roumi le déserteur ». Où l’ancien appelé revient, en roman, sur son expérience de la guerre d’Algérie.
Dans sa maison de Laprade à Vars, il a sorti son vieil album de photos où se mêlent Half-tracks blindés, copains de régiment, paysages désertiques, femmes ramenant du bois ou enfants avançant sur des ânes. Une Algérie en noir et blanc, celle de la guerre que Gilles Taveau a faite comme appelé, contre son gré, de 20 à 23 ans, entre 1954 et 1956. Celle que le retraité varsois veut raconter dans son deuxième livre El Roumi, le déserteur (Maïa Éditions), pour lequel il vient de lancer une souscription publique (1). « Avec l’objectif de récolter 990€ pour lancer l’impression de 500 exemplaires », lance Gilles Taveau, qui, à l’aube de ses 90 ans, avait besoin de laisser une trace de son vécu.
Tous les éléments militaires sont vrais, mais écrire un roman plutôt qu’une autobiographie est une façon de mettre cette partie de ma vie à distance.
Comme avec son premier livre, L’odeur de la soupe froide, sorti en 2018, où le retraité racontait ses trois années d’ouvrier agricole au sortir de la guerre (lire CL du 7 août 2018). « À la différence que j’ai fait endosser une partie de mon vécu de la guerre d’Algérie par un personnage fictif, Michel Morin, qui réussit à déserter et à refaire sa vie au Maroc sous le nom de Saïd. » C’est lui El Roumi, « l’Européen » à qui sa petite-fille demande des années plus tard pourquoi on l’appelle ainsi, prétexte à ce récit en forme de roman.
« Tous les éléments militaires sont vrais, mais écrire un roman plutôt qu’une autobiographie est une façon de mettre cette partie de ma vie à distance », avoue Gilles Taveau, qui, comme la plupart des appelés d’Algérie, a longtemps gardé le silence. Déserteur, c’est ce qu’il n’a pas été, « mais aurait peut-être voulu être ». Pas un hasard si la chanson pacifiste de Boris Vian Le déserteur, censurée à l’époque, figure dans le livre.
Retour en Algérie
« Beaucoup d’appelés ne se posaient pas de questions. Mais j’avais l’impression là-bas de tenir le rôle des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, de participer à une guerre qui n’avait aucun sens, où on perdait ses copains et on risquait de perdre la vie, glisse l’ancien soldat, qui était basé dans le Nord-Constantinois et a vécu les massacres d’août 1955, enchaînement de tueries du FLN et des représailles sanglantes de l’armée française sur les civils. Mon incompréhension devant tant de morts, je la fais ressentir à mon personnage, qui, lui, a tout perdu, sa mère et sa fiancée, et la possibilité de se projeter en France. »
Gilles Taveau, lui, est revenu. Mais n’a jamais cessé de repartir au Maghreb. En Tunisie et en Algérie dès la fin des années 1960. « Avec un copain de régiment, pour revoir la Petite Kabylie où on avait servi, la gare où on avait stationné pendant la guerre, reprend Gilles Taveau, qui a conservé la gargoulette en terre cuite offerte par un contremaître algérien dans la carrière où les soldats maniaient les explosifs. Un cadeau fabriqué par son épouse. Je me suis toujours senti des affinités avec les Algériens, même pendant la guerre. »
Avec le Maroc ensuite qu’il a sillonné souvent l’été avec son épouse, en camping-car. « Nous y sommes restés plusieurs mois, bloqués par le confinement en 2020, se souvient Gilles Taveau. Des gens nous amenaient le petit-déjeuner, d’autres nous ont proposé de nous prêter un appartement. Il y a un sens de l’accueil et de la solidarité très fort qu’on a toujours apprécié. » Comme si, au-delà de la guerre, Gilles Taveau avait conservé une part de aïd en lui.
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(1) www.simply-crowd.com/produit/el-roumi-le-deserteur
« Que de compliments me sont réservés, mais je tiens à remercier mes lanceurs d’alertes qui me permettent d’alimenter mon blog sans eux rien ne serait possible. Michel DandelotJosé Gonzalez ne sera pas le bienvenu en Algérie »
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