• Au cours de son allocution d’hier, la présidente du Front national a cité Hélie Denoix de Saint Marc *** Qui est Hélie Denoix de Saint-Marc ?

     

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    Au cours de son allocution d’hier, la présidente du Front national a cité Hélie Denoix de Saint Marc : « Tout se conquiert, tout se mérite ; si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu. »

    Né en 1922, mort en 2013, à dix-neuf ans, il entre dans la Résistance. Dénoncé, il est arrêté et déporté à Buchenwald en 1943. Libéré en 1945, il entre à Saint-Cyr, participe à la guerre d’Indochine puis à la guerre d’Algérie. En 1961, commandant en second du 1er régiment étranger parachutiste, il participera au putsch d’Alger. Il sera arrêté, jugé, condamné, emprisonné, déchu de ses droits civils et militaires. Gracié puis réhabilité dans ses droits sous Mitterrand, il sera élevé grand-croix de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy. À ses funérailles religieuses en la cathédrale Saint-Jean de Lyon était présent Gérard Collomb, alors maire socialiste de Lyon.

    Que Marine Le Pen ait emprunté une phrase au commandant de Saint Marc n’a rien d’étonnant. Pas seulement parce que son père servit dans le même régiment que Saint Marc, mais aussi parce que la présidente du Front national n’oublie pas que les nostalgiques de l’Algérie française lui apportent leurs voix lors des élections et surtout depuis qu’elle a proclamé « Je bannirai la date du 19 mars 1962 »

    QUI ETAIT HELIE DENOIX DE SAINT-MARC ? 

    Comme Pétain il avait deux faces : une d’Honneur, l’autre de Déshonneur !!! 

    Hélie Denoix de Saint-Marc qui s’est éteint le lundi 26 août 2013, à l’âge de 91 ans. Entré dans la Résistance en février 1941, il a été déporté en 1943 au camp de Buchenwald. 

    Son nom reste attaché aux guerres d’Indochine et d’Algérie. Il a notamment été chef de cabinet, chargé des relations avec la presse, du général Massu, pendant la bataille d’Alger en 1957. Lors du putsch d’Alger d’avril 1961, il était commandant par intérim du 1er régiment étranger de parachutistes (REP, Légion étrangère) qui a été le fer de lance du putsch manqué. Condamné le 5 juin 1961 à dix ans de détention criminelle, il a été gracié en décembre 1966. C’est Nicolas Sarkozy qui l’a pleinement réhabilité en le nommant Grand’Croix de la Légion d’honneur en novembre 2011. 

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     Le jeudi 8 décembre 2011, Jacques Cros nous faisait parvenir cet article : " Un putschiste a été décoré de la Grand'Croix de la Légion d'honneur, la dignité la plus élevée dans l'Ordre"

    Inquiétant ! 

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    Le 28 novembre 2011 dans la cour des Invalides 

    On assiste ces derniers temps à une série d’initiatives qui ont apparemment pour objectif de justifier le colonialisme dont la France s’est rendue coupable. Justifier le colonialisme et tout ce qui l’accompagne y compris le putsch des généraux en avril 1961 et l’OAS, organisation terroriste qui est née de son échec. 

    La dernière initiative en date c’est la promotion dans l'ordre de la Légion d'Honneur d'Hélie Denoix de Saint-Marc qui vient de recevoir la distinction de Grand Croix, c'est-à-dire la dignité la plus élevée dans l'Ordre. 

    Qui est Hélie Denoix de Saint-Marc ? Une personnalité certainement complexe, mais ce qui provoque l’indignation devant le fait qu’on lui décerne la Grand Croix de la Légion d’Honneur c’est son comportement lors du putsch des généraux félons à Alger en 1961. 

    A cette date Hélie de Saint Marc est commandant par intérim du 1er REP, le premier régiment étranger de parachutistes. Voici ce qu’écrit Wikipédia : « Dans la nuit le 1er REP, sous les ordres du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc, s’empare en trois heures des points stratégiques d’Alger, notamment du Gouvernement général d’Alger, de l’hôtel de ville, de la radio et de l’aéroport d’Alger. » 

    Après l’échec du putsch Hélie Denoix de Saint-Marc se constitue prisonnier, est jugé et condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il passera cinq ans à la prison de Tulle avant d’être gracié par le Général De Gaulle en 1966. 

    C’est donc un putschiste que l’on vient de décorer ! 

    Nous avons pu lire l’allocution qu’a prononcée Bruno Dary, le gouverneur militaire de Paris, à l’occasion de la cérémonie qui s’est déroulée aux Invalides au cours de laquelle sa distinction lui a été remise par Nicolas Sarkozy en personne. 

    Le gouverneur militaire de Paris n’est pas un simple caporal et ce n’est certainement pas un hasard s’il a été choisi pour faire l’éloge du nouveau récipiendaire de la Grand Croix. 

    Bruno Dary n’a pas craint d’ailleurs de terminer son allocution par « chacun de ceux qui sont là, qui vous estiment et qui vous aiment, ont envie de fredonner cette rengaine, désormais entrée dans l’histoire : « Non, rien de rien ! Non, je ne regrette rien ! » 

    Il faut savoir que c’est précisément ce que chantaient, après son échec, les Légionnaires ayant participé au putsch ! 

    Tout un symbole que le rappel de cette rengaine ! Devant l’approfondissement de la crise, le capitalisme n’aurait-il donc que le fascisme comme solution ? 

    Finalement, avec sa position concernant la plaque à la gloire des tueurs de l’OAS, scellée sur une stèle dans un des cimetières de Béziers qu’il refuse de faire enlever, Raymond Couderc ne dépare pas dans le contexte ! 

    Jacques Cros 

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    À ses funérailles religieuses en la cathédrale

    Saint-Jean de Lyon était présent Gérard Collomb,

    alors maire socialiste de Lyon.

     

    Jean-François Gavoury s’exprimait ainsi :

    Décès d'Hélie Denoix de Saint-Marc : le sénateur-maire (SOC) de Lyon a salué la mémoire d'un grand humaniste  

    Paris, 30-VIII-2013. 

    Je croyais avoir lu tous les éloges possibles concernant Hélie Denoix de Saint-Marc, décédé le 26 août à La Garde Adhémar (Drôme). 

    L’un des premiers hommages – émanant, le soir-même, du maire de Lyon - m’avait échappé (cf. infra). 

    L’émotion et la tristesse y sont exprimées avec une sincérité qui les rend presque palpables, en relation en tout cas avec les cinq vertus cardinales prêtées au défunt : "honneur", "fidélité", "dignité", "intégrité", "humanisme". 

    Dans son communiqué du même jour (cf. http://www.gollnisch.com/2013/08/26/helie-denoix-saint-marc-grand-patriote), Bruno Gollnisch, président du groupe FN au conseil régional Rhône-Alpes, n’était pas allé aussi loin dans le dithyrambe, évoquant spontanément les risques d’une distinction posthume entre le résistant et l’officier félon. 

    Honneur et fidélité sont des mots que l’on trouve, par ailleurs, dans le communiqué de Christophe Boudot, futur candidat "Bleu Marine" à la mairie de Lyon  aux élections municipales de 2014. 

    Sous la plume du sénateur-maire de Lyon et s’appliquant à Hélie de Saint Marc, ce sont des mots de trop, qui font mal à la République : ils portent une atteinte ignoble à la mémoire des civils et des militaires qui ont payé de leur vie leur loyauté à l’égard des institutions, tombant sous les coups de l’OAS au lendemain du putsch, et, pour certains, reconnus "Morts pour la France". 

    Jean-François Gavoury 

    ANPROMEVO 

     

    Décès d'Hélie Denoix de Saint Marc : réaction

    de Gérard Collomb 

    "Les mots de trop"

    Lundi 26 Août 2013 

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradour-sur-Glane algériens

    Communiqué du maire de Lyon 

    « J’ai appris avec émotion et tristesse la disparition d’Hélie Denoix de Saint Marc. Mes pensées vont vers son épouse, ses enfants, l’ensemble de sa famille à laquelle j’exprime, au nom de la Ville de Lyon, mes plus sincères condoléances. A quelques jours du 69ème anniversaire de la libération de Lyon, je salue la mémoire du Résistant, arrêté en 1943 par la gestapo, puis déporté à Buchenwald avant d’être envoyé au camp de concentration de Langenstein dont il fut un des rares survivants parmi le millier de Français internés. Dans les moments tragiques de la guerre d’Algérie, par fidélité aux hommes qu’il commandait, il fit des choix qu’il assuma toujours avec dignité. C’était un homme d’honneur, une figure d’une extrême intégrité, un être authentique habité d’un humanisme profond. Son ami André Laroche l’avait aidé à s’installer à Lyon, en 1966. Malgré son grand âge, il honorait de sa présence nos cérémonies commémoratives. En 2011, il avait été fait Grand’ Croix de la Légion d’Honneur. Par cette distinction, la nation entendait honorer le Résistant et l’homme. Hélie Denoix de Saint Marc restera dans les mémoires. »

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    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire

    extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était

    l'enfer pour les "Oradour-sur-Glane" algériens

     

    L'Algérie, ce "paradis perdu" dit Ménard le maire extrémiste de Béziers... Mais ce paradis c'était l'enfer pour les Oradours-sur-Glane algériens

    Le maire affilié FN de Béziers Robert Ménard inaugurait la "rue du commandant Hélie Denoix de Saint-Marc" le 14 mars 2015.

    L'Algérie, ce "paradis perdu"

    Le bulletin de Ménard, payé par tous les contribuables bittérois, publiait en 2015 un extrait du discours de Robert Ménard du 14 mars 2015, prononcé à l'occasion du changement de nom d'une rue de Béziers. La rue du "19 mars 1962", date des accords d'Evian qui ont mis fin à la guerre d'Algérie, est devenue, sur décision du maire, celle de la rue Hélie de Saint-Marc, du nom du militaire français partisan de l'Algérie française ayant participé à la tentative de putsch des Généraux en 1961.

    Dans ce discours, intitulé "L'Algérie, ce paradis perdu", le maire, né à Oran en 1953, ne cachait pas sa nostalgie de l'époque où ce pays était encore un département français. Il rappellait ainsi, "faut-il le redire aux révisionnistes de tout poil", que "la présence française en Algérie, ce sont des ports, des aéroports, des routes, des écoles, des hôpitaux", mais aussi "du soleil sur la peau, des éclats de rire sur les plages, des filles à la peau suave, un ciel comme il n'en existe nulle part ailleurs".

    Ce paradis perdu était aussi l’enfer pour ceux que tous les extrémistes de son acabit appelaient les indigènes… les citoyens de seconde zone… les ratons... les bougnouls...

    Pour en finir avec le 8 mai 1945

     et les fours crématoires :

     Les Oradour-sur-Glane algériens

     « Veuillez transmettre aux familles des victimes de l'agression de Sétif la sympathie du général de Gaulle et du gouvernement tout entier. Veuillez affirmer publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française sur l'Algérie. Veuillez prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tout agissement anti-français d'une minorité d'agitateurs. Veuillez affirmer que la France garde sa confiance à la masse des Français, musulmans d'Algérie. »  

    Télégramme du général de Gaulle, au gouverneur de l'Algérie le 10 mai 

    Voilà ce qu'écrivait Charles de Gaulle à propos du génocide des Algériens en mai 1945. Je ne suis pas sûr qu'il s'adressait aux familles des Algériens et de fait il ne s'adressait en fait qu'aux Français d'Algérie et donnant des instructions fermes au gouverneur de mater la rébellion.

    La réalité de la révolte

     On sait que le 8 mai 1945 fut pour les Alliés une fête. Celle de la fin de la guerre, de la reddition de l’Allemagne, du suicide d’Hitler. Cette fête vécu en Europe et aux Etats-Unis et dans les colonies notamment chez les colons en Algérie fut un jour sombre pour les vaincus mais aussi un jour à marquer d’une pierre noire pour les Algériens qui connurent à partir de cette date, le pire des massacres de masse et pour reprendre le mot inventé par Raphaël Lemkin, de génocide. La curée dura plusieurs mois et on vit une coalition des colons qui quelques mois plus tôt, étaient tous adeptes du maréchal Pétain, devenir nationalistes, gaullistes et faire assaut de patriotisme en cassant de « l’Arabe » .

    Mieux encore l’armée qui avait une revanche à prendre sur l’histoire , elle qui a été défaite d’une façon honteuse en trois semaines par la Wehrmacht se défoula sur des pauvres hères qui, pensant que le 8 mai c’était aussi celui de la délivrance du colonialisme, défilèrent en brandissant à Sétif -épicentre de la révolte- un drapeau algérien.

    « Le 8 mai 1945 signifie en Europe la fin du nazisme. Il correspond aussi à l'un des moments les plus sanglants de l'histoire nationale. La répression colonialiste venait d'y faire ses premiers accrocs face à une population farouchement déterminée à se promouvoir aux nobles idéaux de paix et d'indépendance. Faim, famine, chômage et misère semblaient résumer la condition sociale de la population musulmane algérienne colonisée par la France, (...) La fin de la Seconde Guerre mondiale, où pourtant 150.000 Algériens s'étaient engagés dans l'armée aux côtés de De Gaulle. Cela pour les Européens. « On a tiré sur un jeune scout » ! Ce jeune « scout » fut le premier martyr de ces incidents : Saâl Bouzid, 22 ans, venait par son souffle d'indiquer sur la voie du sacrifice la voie de la liberté. »

    John Eric MacLean Carvell, consul général britannique à Alger, envoie de nombreux rapports à l'ambassadeur à Paris. Une note du 23 mai résume ainsi « la cause de la révolte » : « Un policier français a perdu la tête. Je suis certain qu'autant de sang n'aurait pas coulé si les militaires français n'avaient pas été aussi impatients de perpétrer un massacre (...). »

    Les massacres de masse  

    La répression fut terrible au départ des colons qui, pour la plupart ont donné libres cours à une haine accumulée qui s'est matérialisée contre les faibles  : Par un télégramme daté du 11 mai 1945, le général de Gaulle ordonne l'intervention de l'armée sous le commandement du général Duval qui mène une répression violente contre la population indigène. La marine y participe grâce à son artillerie, ainsi que l'aviation. Le général Duval rassemble toutes les troupes disponibles, Ces troupes viennent de la Légion étrangère, des tabors marocains qui se trouvaient à Oran, une compagnie de réserve de tirailleurs sénégalais d'Oran, des spahis de Tunis, et les tirailleurs algériens. La répression, menée par l'armée et la milice de Guelma, est d'une très grande violence : exécutions sommaires, massacres de civils, bombardements de mechtas. Le croiseur Duguay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant, tirent plus de 800 coups de canon depuis la rade de Bougie sur la région de Sétif. L'aviation bombarde et rase des agglomérations kabyles. Une cinquantaine de « mechtas » sont incendiées. Les automitrailleuses font leur apparition dans les villages et elles tirent à distance sur les populations. »

    « À la colère légitime des Algériens, la réponse du gouvernement français, dans lequel se trouve,  ne s'est, en tout cas, pas fait attendre en mobilisant toutes les forces de police, de gendarmerie, de l'armée, en envoyant des renforts de CRS et de parachutistes, et même en recrutant des miliciens, qui ne se gênent pas de fusiller des Algériens de tous âges et sans défense. » L'armée française avait planifié l'extermination de milliers d'Algériens. (...) Dès lors, des camions de type GMC continuaient à charger toute personne qui se trouvait sur leur passage. Les milliers d'Algériens furent déchargés depuis les bennes des camions au fond des gorges de Kherrata. Des hélicoptères dénommés « Bananes » survolaient les lieux du massacre pour achever les blessés. Une véritable boucherie humaine allait permettre, plus tard, aux oiseaux charognards d'investir les lieux. Avec la venue de l'été, la chaleur monte... et l'odeur de la mort. Vers Guelma, faute de les avoir tous enterrés assez profond ou brûlés, trop de cadavres ont été jetés dans un fossé, à peine recouverts d'une pelletée de terre. Les débris humains sont transportés par camion. Le transport est effectué avec l'aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. C'est ainsi que les restes des 500 musulmans ont été amenés au lieu-dit « fontaine chaude » et brûlés dans un four à chaux avec des branches d'oliviers. » (1)

    « La répression se met en place, les tirailleurs sénégalais sont mis à contribution. Des centaines de FFI de la Creuse sont acheminés en Algérie et un pont aérien est mis en place, sans parler des contingents de « Képi Blancs » venant de Sidi Bel Abbès. Les P-38 et B-26 font plus de 300 sorties de bombardements et de mitraillage sur les mechta des « rebelles » On sait tous que la « pacification » continuera encore plusieurs jours, donc le décompte à ce moment-là est loin d'être définitif et fiable. »

    « La répression prend fin officiellement le 22 mai. L'armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en choeur : ' Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien '. Des officiers exigent la soumission publique des derniers insurgés sur la plage des Falaises, non loin de Kherrata. Certains, après ces cérémonies, sont embarqués et assassinés. Pendant de longs mois, les Algériens musulmans qui, dans les campagnes, se déplaçaient le long des routes continuèrent à fuir pour se mettre à l'abri, au bruit de chaque voiture. »

    « Des hommes de tous âges, des femmes aussi, furent ainsi conduits dans un de ces endroits, le lieu-dit Kef El Boumba, et aux fours à chaux de la ferme de Marcel Lavie où de nombreux corps furent incinérés. « 500 corps de musulmans fusillés ». Des prisonniers italiens qui travaillaient pour ce colon avaient brûlé les cadavres dans des bûchers en bois d'oliviers. »


    La conspiration du silence des médias unanimes

    Les Algériens n'eurent pas de chance !! Tout le monde se ligua contre eux, même les prisonniers allemands et italiens qui participèrent au massacre armés par les colons. On sait que tout le spectre politique a fait l'unanimité. Cette omerta dura longtemps après tout. Il n’y avait pas de presse objective, il n’y avait pas de parti , il n’y avait pas d’organisation syndicales pour décrire l’horreur et dire leur déni de ces actes barbares : Il ne s’agissait après tout que d’indigènes et la dignité humaine ne s’applique pas à eux. De plus tout ce beau monde misait sur la rapidité de la punition, la non divulgation des meurtres de masse et l’oubli.

    Comme l'écrit le journaliste Salah Guemriche qui rapporte une contribution de quelqu'un qui était sur les lieux, contribution qui fut en son temps et même pendant longtemps après les massacres de masse, systématiquement refusée : « Durant des décennies écrit-il, depuis 1985 (40e « anniversaire »), cette tribune avait, dans une version courte, été proposée à plusieurs journaux français. Aucun n'en avait voulu. Pour cause 'd'actualité surchargée'' ou, m'écrivit deux années de suite la rédaction-en-chef du Monde, parce que 'le sujet avait déjà été traité plusieurs fois.(sic) Pour les médias d'alors, il ne faisait aucun doute qu'à l'origine de ces émeutes il y avait la sécheresse et la famine. Aucun journal n'eut l'idée de mener sa propre enquête. C'est ainsi que l'opinion publique accueillit sans états d'âme la version gouvernementale du ' complot antirépublicain'', une thèse qui faisait fi des faits établis, même partiellement, par le rapport du général Tubert : la mission du même nom, rappelée trop tôt à Paris par le général de Gaulle, n'aura pas l'occasion d'entendre Marcel Reggui, ni de lire sa scrupuleuse enquête, menée à chaud, sur la répression aveugle. »

    Salah Guemriche nous présente justement, ce témoin privilégié de cette folie meurtrière : « Mahmoud-Marcel Reggui, né en 1905 à Guelma, était un Français « d'origine musulmane. » L'homme était peu suspect de nationalisme, et croyait sincèrement aux vertus de l'assimilation. Son enquête, d'une minutie impressionnante, restera durant soixante ans au fond d'un tiroir, avant d'être exhumée en 2006 par Pierre Amrouche. Pourquoi si tard ? » « A l'origine des massacres, confirme l'enquête, fut cette marche pacifique et sans armes (contrairement à ce que soutiendra la presse, de concert avec la rumeur) qui se déroula le jour même des célébrations de la victoire sur le nazisme : ' Il était 18h quand le cortège s'ébranla... Partis de la ville haute, (les manifestants) se dirigeaient vers le monument aux morts pour y déposer plusieurs gerbes de fleurs. Ils arboraient les drapeaux des Alliés, de la France, de l'Algérie autonome et des pancartes : Vive la démocratie ! '' Vive l'Algérie ! ; Libérez Messali ! ; Vive la Charte de l'Atlantique ! ; A bas le colonialisme ! ''. »

    Salah Guemriche nous décrit la chape de plomb de l’information si ce n’est de se liguer contre ces épaves humaines en mettant en œuvre la théorie du complot contre la République : « Ces slogans n'apparaîtront dans aucun compte-rendu de presse, et seront ignorés par la classe politique, à gauche comme à droite : on insistera plutôt sur la présence d' 'agitateurs arabes'' (Libération, 12 mai 1945), des ' milices vichyssoises'' (L'Humanité, 16 mai), alors que le Parisien libéré (17 mai), entre un article de Vercors (Après la victoire, le combat contre soi-même'') Le 15 mai, sous le titre Les troubles d'Algérie, le journal La Croix évoque des 'difficultés de ravitaillement chez les tribus berbères frustes et misérables''. (...). Les résistances rencontrées par le documentariste Mehdi Lallaoui, tout au long de son travail d'investigation, en disent long sur l'entreprise d'occultation et le fameux malaise qui a grevé l'inconscient collectif de trois générations de journalistes et d'intellectuels connus par ailleurs pour leurs engagements humanitaires et leurs exigences d'un devoir de mémoire sans frontières. » Même le journal Le Monde reprit en déformant les informations du journal La Croix :

    « Le souvenir de ces massacres avait, certes, de quoi troubler durablement les consciences. Pour la simple raison que notre 8 mai 45 a le ' tort ' d'avoir eu lieu le 8 mai 45 : le jour même où la France et les Alliés fêtaient leur victoire sur la barbarie nazie ! Or, que nous disent les témoins de Marcel Reggui ? Que du soir au matin, à l'annonce de la visite du ministre de l'Intérieur, Adrien Tixier (qui n'aura lieu que le 26 juin), ' on empilait dans les fours à chaux (des minoteries Lavie, à Héliopolis, près de Guelma) les corps (déterrés) des fusillés... Pendant dix jours, on brûla sans discontinuer. L'odeur à la ronde était insupportable. Il suffit d'interroger les habitants de l'endroit. C'est pour cette raison que nous n'avons jamais pu retrouver les corps de ma soeur et de mon frère cadet.. »

     

    Le nombre de suppliciés morts sans sépulture 

    Aucun chiffre ne peut être établi s’agissant des victimes algériennes le chiffre allant de 1000 à 80.000. Par contre on connait le nombre et l’identité des victimes européennes : « Le nombre de victimes ' européennes ' est à peu près admis et s'élève officiellement à 102 morts et 110 blessés (rapport officiel de la commission Tubert de 1945). Le gouverneur général de l'Algérie fixa par la suite le nombre des musulmans tués à 1165 et 14 soldats, 4500 arrestations, 89 condamnations à mort dont 22 exécutées. Par la suite, André Prenant, géographe spécialiste de la démographie algérienne, se rendant sur les lieux en 1948, fixe le nombre de victimes à 20.000. Le professeur Henri Aboulker avait à l'époque estimé le bilan proche de 30.000 morts. Le consul général américain à Alger de l'époque a établi le nombre de victimes indigènes par la répression de l'armée à 40.000. »

    « Le général Tubert, parle de sanglante répression aveugle'' (qu'il considère) comme une erreur aveugle. La raison d'Etat, la commodité d'une répression aveugle et massive permettant de châtier quelques coupables parmi les milliers d'innocents massacrés, l'immunité de fait'' couvrant, par exemple, le sous-préfet Achiari qui, plusieurs jours après le 8 mai 1945 à Sétif..., fit délibérément arrêter et fusiller, sans autre forme de procès, des musulmans... dont les familles réclament en vain une enquête, un jugement ou une simple explication. »

    Les massacres du 8 mai 1945 : des centaines d’Oradour-sur-Glane

    Ce n'est pas entretenir une concurrence des mémoires que de faire, au moins, un parallèle entre ces massacres et ceux commis par l'armée d'occupation allemande, des habitants du village français d'Oradour-sur-Glane Rappelons que la Division Das Reich tua 642 personnes après les avoir enfermées dans une église le 10 juin 1944. Les devoirs de mémoire ne doivent pas être pour autant convulsifs. Il ne s'agit pas de réécrire l'histoire, mais de faire le rappel que la présence coloniale de la France en Algérie a généré des dérives et des atrocités.

    Lors de la commémoration de cet évènement en septembre 2013 le président Hollande déclare « Vous êtes la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier, a lancé le président français à son homologue allemand. Le président allemand Joachim Gauck venu participer à la commémoration déclare : « Je vous regarde, monsieur Hollande, je regarde les familles des victimes assassinées, je voudrais tous vous remercier au nom des Allemands de venir au-devant de nous avec cette volonté de réconciliation. Je ne l'oublierai jamais. (...) Si je regarde dans les yeux ceux qui portent l'empreinte de ce crime, je partage votre amertume par rapport au fait que des assassins n'ont pas eu à rendre de comptes ; votre amertume est la mienne, je l'emporte avec moi en Allemagne et je ne resterai pas muet. »

    En Algérie la reconnaissance de ces crimes contre l'humanité se fait à dose homéopathique après les paroles de l'ambassadeur de la France en 2005, le gouvernement Hollande nous propose un ersatz de reconnaissance des crimes de la République française le secrétaire d'État aux Anciens Combattants Jean-Marc Todeschini qui a participé le 19 avril 2015 aux commémorations des massacres : « En me rendant à Sétif, je dis la reconnaissance par la France des souffrances endurées et rends hommage aux victimes algériennes et européennes de Sétif, de Guelma et de Kheratta. » Ce n’est ni suffisant ni honnête !

    Pourquoi les Etats-Unis ont eu le courage de regarder le Vietnam en face ? C'est tout le bréviaire de la colonisation qui est en accusation. Des Oradour-sur-Glane l'Algérie en a connu, des milliers, les plus tragiques eurent justement lieu en mai- juin 1845 avec les tragiques et inexcusables 'enfumades'' du Dahra ; des bouchers s'illustrèrent. Ils devinrent même maréchaux de France à l'instar de Saint Arnaud dont Victor Hugo a pu dire pour le décrire : « Il avait les états de service d'un chacal. »

    Du fait que ces faits sont imprescriptibles on se prend à rêver d'un tribunal qui rendrait justice aux morts et qui apporterait la paix aux vivants. Un tribunal à l'instar de ce que font les chasseurs de nazis, qui ont arrêté Klaus Barbie, fait condamner à 10 ans de prison le triste Maurice Papon qui eut une responsabilité dans la déportation des juifs. Le même Papon qui ne fut pas jugé pour le massacre des Algériens quinze ans plus tard en tant que préfet de Paris le 17 octobre 1961 . Souvenons du fameux slogan : « Avec Papon plus de ratons ».

    A quand un tribunal qui jugerait même à titre posthume les Bigeard, les Achiary, les Bugeaud, tous les Aussarresses qui ont martyrisé l'Algérie. A quand un tribunal type Russel et, où sont les Klarsfeld algériens capables de poursuivre les criminels de guerre même si leur gouvernement les a absous ?

     On pense que la révolution de 1954 a commencé en 1945, ceci pour conforter la phrase du boucher du Constantinois le général Duval : « Je vous ai donné la paix pour dix ans. » La révolution de Novembre 1954 a commencé le 5 juillet 1830. En l'occurrence tout reste à faire pour l'apaisement qui passe par la reconnaissance de ces crimes contre l'humanité. Les Algériens sont moins intéressés par des dédommagements que par une reconnaissance du fait que la colonisation fut abjecte inhumaine et qu’elle ne fut pas, loin s’en faut, une œuvre positive

    Ces mots simples de Simone Veil (qui va entrer au Panthéon le 1er juillet prochain) résument mieux que mille discours la réalité et l’ignominie de la colonisation. « Je n'oublierai jamais le moment où, pour la première fois, j'ai senti et compris la tragédie de la colonisation. [...] Depuis ce jour, j'ai honte de mon pays. Depuis ce jour, je ne peux pas rencontrer un Indochinois, un Algérien, un Marocain, sans avoir envie de lui demander pardon. Pardon pour toutes les douleurs, toutes les humiliations qu'on lui a fait souffrir, qu'on a fait souffrir à leur peuple. Car leur oppresseur, c'est l'Etat français, il le fait au nom de tous les Français, donc aussi, pour une petite part, en mon nom. » Tout est dit.

     

    « Affaire Audin : le témoignage qui relance l'exigence de vérité. MISE A JOUR VIDEOMarc Lavoine : « Deux Algériens ont sauvé mon père de la mort » »

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