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France – Algérie, quelles mémoires ? (SUITE)
France – Algérie, quelles mémoires ?
(SUITE)
Par Jacques CROS
C’est le thème d’une conférence donnée par Olivier Le Cour Grandmaison le 12 janvier à Montpellier. J’ai pu la visionner grâce au lien que Michel Dandelot a indiqué sur son blog. Le voici :
France-Algérie : Quelles mémoires ?... - micheldandelot1
Evidemment le conférencier a une parfaite maîtrise de son sujet. Il le développe sur un ton assez irrévérencieux, à la limite de la provocation. Nous avions connaissance de plusieurs aspects du colonialisme, nous avons appris ou nous ont été rappelés certains détails.
Par exemple que les razzias effectuées par l’armée de conquête du pays visaient à supprimer définitivement les ressources de la population, ne se contentant pas d’un prélèvement déjà préjudiciable. Autre fait aussi l’absence de sanctuaire pour les civils a été soulignée.
Le fonctionnement des punitions collective a été exposé. Injuste dans son principe il a eu des effets particulièrement négatifs pour l’économie de la société algérienne. Cela a été, avec les spoliations consécutives au insurrections la ruine pour les petits exploitants de Kabylie.
La science a été sollicitée pour justifier le colonialisme. La forme du crâne, sa capacité moindre chez les Noirs d’Afrique a permis d’étayer le racisme consubstantiel au colonialisme. Les dirigeants de diverses Républiques ont trouvé là de quoi écarter leurs scrupules !
Nous avons été en désaccord sur quelques points. La vision idyllique que nous a présentée Le Cour Grandmaison à propos des USA, de l’Australie ou de la Nouvelle Zélande ne correspond nullement au génocide infligé aux Amérindiens, aux Aborigènes où sorts réservés aux Maoris. Les excuses et les dédommagements financiers ne compensent pas ce qui a été subi !
Sur la portée dans la suite de l’histoire des drames du 17 octobre 1961 et de Charonne le 8 février 1962 il faut porter un jugement qui tienne compte de ce qui était en jeu. Ce qui a provoqué Charonne est dû à la prise de conscience des Français sur l’OAS et sur la nature de la guerre d’Algérie. L’événement a accéléré la signature des Accords d’Evian parce qu’il mettait à l’ordre du jour la question politique qui se posait au pays.
Concernant la position du parti communiste, je pense moi aussi qu’une erreur a été commise en signant les pouvoirs spéciaux le 12 mars 1956. C’est plus facile de le reconnaître aujourd’hui qu’à cette date. Par contre je considère que le slogan « Paix en Algérie » comportait en fait l’idée qu’il faudrait accéder à l’indépendance de cette ancienne colonie même si le PCF a accusé un certain retard à l’admettre.
A propos des soldats insoumis il faut prendre la mesure des problèmes qu’ils ont rencontrés. On ne pouvait pas espérer rallier sur cette position la masse des appelés du contingent. Il y a nécessité d’analyser ce qui est possible et pas seulement souhaitable. C’est toujours vrai et on ne peut se prévaloir d’un savoir incontestable pour porter un jugement suffisant et péremptoire en faisant l’impasse sur cette donnée. Il n’est que de voir ce qu’est encore la FNACA avec son incapacité à situer clairement le rôle qu’on a fait jouer aux jeunes qui ont eu le malheur d’avoir 20 ans en ces temps là.
Le parti communiste n’est certainement pas exempt de reproches. Il reste qu’il a été le seul parti politique à s’engager contre le colonialisme et les guerres menées en Indochine ou en Algérie pour tenter de le perpétuer. Olivier Le Cour Grandmaison serait bien inspiré de s’en convaincre. On peut certes signaler la création du PSU, organisation qui n’a jamais rassemblé un nombre important d’adhérents ou d’électeurs, qui s’était constituée sur cette base.
Jacques Cros
Michel Dandelot le 22/01/2023
Une fois encore tu cites un article de mon blog je souhaite d'emblée te dire, puisque tu t'en prends à Olivier Le Cour Grandmaison, que je me refuse d'entrer dans ce débat. Par contre je te propose de visionner un autre débat avec un autre historien qui devrait mieux te convenir donc tu pourras trouver le lien à la fin.
Les communistes et l'Algérie - débat
PCF - Parti Communiste Français
Débat sur les communistes et l'Algérie, organisé par le secteur Archives et Mémoire du PCF. Des origines à la guerre d'indépendance, 1920-1962. À l'occasion de la parution du livre "Les Communistes et l'Algérie de l'historien Alain Ruscio, le Parti Communiste Français", débat avec : • Sadek Hadjerès, secrétaire du Parti Communiste Algérien pendant la guerre d'indépendance • Eloïse Dreure, historienne, doctorante à l'université de Bourgogne Franche-Comté, secrétaire de rédaction et coordinatrice du dossier "Communisme algérien", Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, n°140, 2019. • Alain Ruscio, historien, auteur de Les Communistes et l'Algérie (La Découverte, 2019)
Cliquez sur le lien ci-dessous pour cette vidéo
Michel Dandelot le 22/01/2023
Je viens de mettre ton article sur la page Facebook de Olivier Le Cour Grandmaison avec ton adresse @mail nous verrons s'il répond soit par mel soit par Facebook.
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Jacques Cros le 22/01/2023
Merci.
J'ai eu un retour le voilà :
Bonjour, comme disait Lénine, "les faits sont têtus". je vous renvoie donc au livre de A. Ruscio, ancien membre du PC et auteur de : "Les Communistes et l'Algérie." Bonne lecture. O. Le Cour Grandmaison
Et voici ce que je lui ai répondu :
Je vous remercie. Les faits sont effectivement têtus.
Olivier Le Cour Grandmaison 23/01/2022
Bonjour, c'est toute la différence entre la mémoire et l'histoire. J'ajoute que j'ai le plus grand respect pour toutes celles et tous ceux qui, communistes ou non, se sont engagés pour l'indépendance de l'Algérie, parfois au péril de leur liberté et à l'insu de la direction du PC. Salut et fraternité.
Jacques Cros 23/01/2023
Je ne suis pas historien, j'en conviens mais j'estime que mon témoignage est à prendre en considération dans le débat. J'ai tenu compte dans l'article consacré à votre conférence des points positifs. J'ai exprimé mon désaccord sur certains points en m'efforçant de rester courtois. Je n'ai pas été exposé au cours de ces vingt-six mois de guerre. Je n'ai entendu que quatre fois des coups de feu mais j'étais loin et n'ai jamais eu à me servir de mon arme. Il reste un contentieux tenace sur l'absurdité de la situation dans laquelle on nous avait mis. Et quel gâchis que ces longs mois de notre jeunesse ainsi volés Quelle que soit l'admiration pour le courage des soldats du refus qu'on pouvait avoir on ne pouvait espérer qu'ils servent de modèle à la masse des appelés du contingent. Je pense qu'on pouvait agir sur d’autres bases, c'est ce que je me suis efforcé de faire et j'estime avoir fait ce que j'ai pu. Prenez le temps de lire le récit que je vous ai envoyé. Salutations respectueuses.
« France-Algérie : Quelles mémoires ?... DES ÉLUS NUPES DEMANDENT LA DÉMISSION D'UN DÉPUTÉ RN DE LA VICE-PRÉSIDENCE DU GROUPE FRANCE-ALGÉRIE »
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