• Guerre d’Algérie, le long travail de mémoire (MISE A JOUR)

    Guerre d’Algérie, le long travail

    de mémoire

    Dans la nuit du 31 octobre au 1er  novembre 1954, la guerre d’Algérie débutait par des attentats revendiqués par le FLN. Allaient suivre huit années de violences et de passions qui aboutirent à l’indépendance de l’Algérie. Soixante ans après, l’apaisement de la mémoire de ce conflit semble en marche.

    Guerre d’Algérie, le long travail de mémoire

    Un militaire français à Alger. Pour les historiens, « la reconnaissance des vécus douloureux de la guerre » a permis l’apaisement des mémoires. (Nicolas Tikhomiroff / Magnum Photos)

    Il est 10 heures du matin, ce 14 juillet 2014, place de la Concorde à Paris. François Hollande vient de prendre place dans la tribune présidentielle où l’attendent de nombreuses personnalités. À ce moment-là, en prélude au défilé des troupes qui va descendre les Champs-Élysées, les délégations militaires (un porte-drapeau et trois gardes chacune) de 80 pays de la planète prennent position devant la tribune, pour rendre hommage aux millions de morts de la Première Guerre mondiale.

     

    Guerre d’Algérie, le long travail de mémoire

    Parmi elles, l’Algérie, dont la présence ne soulève pas véritablement de polémiques dans l’Hexagone, comme d’ailleurs à Alger. Quelques associations de pieds-noirs ont protesté, un mois auparavant, à l’annonce de cette participation. Mais c’est tout : il n’y a aucune manifestation spontanée dans les parages de « la plus belle avenue du monde » pour contester.

    « Le temps a malgré tout fait son oeuvre »

    Cela peut étonner, compte tenu du climat passionnel qui a prévalu jusqu’à présent en France à propos de tout ce qui peut rappeler la guerre d’Algérie. Ainsi, au début des années 1980, la visite en France d’Ahmed Ben Bella (premier président de l’Algérie indépendante) avait déclenché les polémiques. « Il n’est toutefois pas surprenant que la présence de militaires algériens le 14 juillet dernier n’ait pas eu le même effet », estime l’historienne Raphaëlle Branche, spécialiste de la guerre d’Algérie et de l’évolution de sa mémoire.

    « Le temps a malgré tout fait son œuvre, dit-elle. Si l’actuel président algérien Abdelaziz Bouteflika appartient encore à la génération qui a combattu les Français en Algérie, la plupart des responsables politiques sont désormais plus jeunes, des deux côtés de la Méditerranée. Les populations, surtout, sont beaucoup plus jeunes et beaucoup plus éloignées de la guerre. »

    Reconnaissance des vécus douloureux de la guerre

    Un pan d’histoire bascule, en quelque sorte. Cela n’explique pas tout, reconnaît implicitement Raphaëlle Branche en notant qu’en France, à propos de la mémoire de la guerre d’Algérie, « les convergences sont réelles » et permettent de parler d’« un apaisement en marche ». Ces convergences reposent sur « les progrès depuis plus de vingt ans des connaissances historiques et leur diffusion, notamment par le biais de l’enseignement secondaire et de documentaires télévisés »

    Il s’ensuit, dans l’opinion comme du côté des pouvoirs publics, une « reconnaissance des vécus douloureux de la guerre », celui des pieds-noirs, des harkis, des appelés et aussi des moudjahidins et des populations civiles algériennes.

    Cette évolution a pu également être encouragée par quelques initiatives fortes sur le plan politique, constate l’historienne. Et de citer celle prise, en 2006, par le président Jacques Chirac de faire supprimer la disposition décriée de l’article 4 de la loi sur les rapatriés de 2005 invitant les manuels scolaires à souligner les aspects positifs de la colonisation en Algérie.

    Ou, plus récemment, le discours tenu par François Hollande en décembre 2012 à Alger, dans lequel il s’est montré à l’écoute des revendications algériennes tout en s’attachant à construire l’avenir des relations entre les deux peuples.

    Une mémoire plurielle 

    « La mémoire de la guerre d’Algérie est plurielle », insiste Raphaëlle Branche. Il y a donc la mémoire des anciens appelés, celle des rapatriés, celle des harkis… Et chacune peut procéder à des rappels de sa spécificité, qui « ne sont pas nécessairement polémiques ». Car ces rappels s’inscrivent « de plus en plus dans des commémorations ritualisées, dont la dimension revendicative a diminué au fil du temps et des réponses apportées par l’État », notamment sous la forme de pensions et d’indemnisations.

    Pour l’historienne, les défenseurs de l’action de l’OAS peuvent « encore attiser quelques braises » comme l’ont montré l’une ou l’autre des manifestations publiques organisées ces dernières années. « Ces quelques incidents, cependant, ne sont que des exceptions, estime Raphaëlle Branche. Ce qui s’exprime dans l’espace public français aujourd’hui vis-à-vis de la guerre d’Algérie ne recueille pas l’assentiment de tous et témoigne de la pluralité d’interprétations. »

    ANTOINE FOUCHET  

     SOURCE : http://www.la-croix.com/Actualite/France/Guerre-d-Algerie-le-long-travail-de-memoire-2014-10-31-1230126

     

     

    « Heureusement il n’y a pas des « Ménard » dans toutes les villes de France puisqu’à Foissac une rue du 19 Mars 1962 a été inaugurée"Le FN est un déni démocratique" »

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