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La parole enfin écoutée des "enfants de la Creuse", exilés malgré eux *** Qui sont les "enfants de la Creuse" ?
Qui sont les "enfants de la Creuse" ?
Voici un nouveau tabou qui est dévoilé au grand jour où nous constatons, une fois de plus, qu’il y a "deux" France, celle des Droits de l’Homme et du Citoyen que nous aimons et la France coloniale que nous détestons… Cette France coloniale, après avoir colonisé l’Algérie avec tous ses massacres pendant 132 ans, jusqu’en 1962, a continué à partir de 1963 par ce scandale dont nous apprenons aujourd’hui l’existence :
L’expression «enfants de la Creuse» désigne les enfants et adolescents réunionnais retirés à leurs familles et envoyés d’office dans 26 départements métropolitains, dont la Creuse, le Tarn ou la Lozère.
Certains de ces enfants ont ensuite été adoptés sans que leurs parents aient renoncé à leurs droits parentaux.
Beaucoup ont été utilisés comme main-d’oeuvre bon marché par leurs familles d’accueil, d’autres ont subi des agressions sexuelles.
En 2002, l’un d’eux, Jean-Jacques Martial, a attaqué l’État français pour «enlèvement et séquestration de mineur, rafle et déportation».
D’autres plaintes ont suivi. Elles sont restées sans suite à ce jour.
La parole enfin écoutée des "enfants
de la Creuse", exilés malgré eux
Marie-Josée Virapin, "enfant de la Creuse", a quitté sa mère et l'île de La Réunion en 1969, à l'âge de 11 ans. (RADIO FRANCE / SANDRINE ETOA-ANDEGUE)
À Paris ce vendredi 6 janvier 2017 et à Guéret dimanche 8 janvier 2017, une soixantaine d’enfants déplacés de La Réunion vers la métropole il y a plus de 35 ans vont témoigner devant une commission nationale enquêtant sur cette migration forcée.
De 1963 à 1982, plus de 2 000 enfants ont été déplacés de La Réunion vers des secteurs métropolitains touchés par l'exode rural. Un grand nombre a atterri dans les environs de Guéret, d’où cette appellation des "enfants de la Creuse" CLIQUEZ SUR CE LIEN INTERESSANT. Essentiellement placés dans des familles, de nombreux déplacés restent marqués par cette migration forcée, sur laquelle enquête depuis deux ans une commission nationale CLIQUEZ SUR CE LIEN INTERESSANT. Celle-ci va recueillir le témoignage d'une soixantaine d'entre eux, vendredi 6 janvier à Paris et dimanche 8 janvier à Guéret.
"Mensonge" sur les raisons d'un départ
Marie-Josée Virapin avait 11 ans lorsqu'elle a été envoyée dans un établissement du Gers, à des milliers de kilomètres de sa famille. Naturellement souriant, son visage se fige quand elle se remémore le 27 septembre 1969, date de "son exil forcé". À 59 ans, les souvenirs la transportent dans un avion pour la métropole. L'appareil est rempli d'enfants.
Les services sociaux disent à sa jeune mère que c'est "pour le bien" de sa petite fille. "On a réussi à lui faire signer ce papier qui lui permettait d'autoriser son enfant à partir en métropole, dans le but de faire des études, puis de revenir régulièrement à La Réunion pour les vacances et ne pas couper le lien", explique Marie-Josée Virapin. Elle raconte que sa mère, comme beaucoup de parents à l'époque, avait beaucoup de difficultés à élever ses enfants : "C'est la misère et l'illettrisme". Sa mère a accepté, mais "la séparation est définitive". C'est "le premier mensonge", dit-elle.
Un cheminement sans affection
Près de 50 ans plus tard, Marie-José traîne sa peine comme un boulet. Elle repense à son parcours chaotique.
Intérieurement, je ne m'en remettrai jamais
Marie-Josée Virapin, "enfant de la Creuse"
L'enfant déplacée a passé son baccalauréat à 45 ans et travaille aujourd'hui comme animatrice. Des égarements en tout genre ont marqué sa jeunesse : "L'alcool, la drogue, les attachements à tout le monde." Elle y voit à présent de "l'excès et une recherche d'affection et d'amour qu'elle n'a jamais eus". Malgré la maturité, Marie-Josée, toujours en souffrance, confie son manque de confiance et de repères : "Aujourd'hui, et c'est de pire en pire, j'ai toujours des difficultés relationnelles." Elle dit passer beaucoup de temps chez son psychologue, "accrochée à son histoire, à son combat".
La quête d'une reconnaissance
Marie-Josée a rencontré sa mère longtemps après le grand voyage, à 20 ans, après avoir mis la main sur son dossier. Les deux rencontres ne l'auront pas apaisée. "J'en veux beaucoup au gouvernement de l'époque. Qu'est-ce qui leur a donné l'autorisation de nous enlever à nos familles, de nous faire disparaître de notre île ?" Marie-Josée attend la reconnaissance d'une responsabilité, une reconnaissance de l'État marquée dans les livres d'Histoire, et pourquoi pas une réparation financière. Car, dit-elle, "quand on commet un crime, on le paie".
En octobre 2016, la commission nationale chargée de faire la lumière sur la zone grise des exilés de La Réunion a déjà recensé 2150 enfants CLIQUEZ SUR CE LIEN INTERESSANT déplacés d'office.
Les Réunionnais de la Creuse auditionnés devant une commission nationale2150 enfants déplacés d'office en métropole déjà comptabilisés
Voici une photo de classe prise en 1965, à Queyzac, dans le Cantal, composée de plusieurs enfants venant de La Réunion. Photo DR/Collection Jean-Charles Pitou
Une commission d’experts consacrée à la migration forcée vers la métropole de mineurs réunionnais entre 1963 et 1982 a déjà comptabilisé 2150 enfants déplacés d’office pendant cette période.
On les appelle les "enfants de la Creuse". "Ils", ce sont des mineurs réunionnais déplacés d'office vers la métropole entre 1963 et 1982.
Une commission d'experts consacrée à cette migration forcée a présenté ses premiers résultats à La Réunion, mardi. Et les chiffres sont éloquents: ils ont déjà comptabilisé plus de 2150 enfants déplacés d'office.
Un nombre largement revu à la hausse
Le précédent chiffre, datant de 2002, faisait état de 1615 Réunionnais transplantés dans l'Hexagone entre 1963 et 1982.
Composée de trois universitaires et d’un inspecteur général des affaires sociales, la commission, créée en février par l’État, a deux ans pour étudier et rendre un rapport sur ce pan méconnu de l’histoire de La Réunion.
L’objectif principal de la commission est d’établir un listing nominatif des enfants ayant subi un exil forcé, souvent vers des territoires ruraux tels que la Creuse, désertés par ses habitants.
Certains n'ont jamais remis les pieds à La Réunion
Les experts souhaitent approfondir la connaissance historique sur cet épisode afin de le diffuser plus largement. Ils espèrent également établir un tableau précis des populations concernées et indiquer les décisions et actes expliquant le transfert de ces jeunes Réunionnais, effectué sous l’impulsion de Michel Debré, alors député de La Réunion.
Certains enfants sont partis à 4 ans et n’ont plus jamais remis les pieds sur l’île, ils n’ont plus de traces de leurs familles et ne connaissent pas leur histoire.
Intervention d'Huguette Bello sur l'exil forcé
des enfants réunionnais
à l'Assemblée nationale le 18 février 2014
« "L'anar musicien" Michel Ferchaud raconte sa vie rocambolesque dans "Je vous rends ma médaille"Il y a 60 ans, la bataille d'Alger »
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