• « Le monde arabe ne voit, dans la politique française, que le retour à l’époque de la colonisation »

     

    « Le monde arabe ne voit, dans la politique

    française, que le retour à l’époque

    de la colonisation »

     

      « Le monde arabe ne voit, dans la politique  française, que le retour à l’époque  de la colonisation »

    Une boule de feu apparaît lors d'un bombardement israélien dans le nord de la bande de Gaza, le 14 octobre 2023. Pour Nizar Badran, chirurgien humanitaire franco-palestinien, la diplomatie française est déséquilibrée, car elle ne prend pas en compte l’agression à laquelle est soumis le peuple palestinien. ARIS MESSINIS/AFP

     

    Tribune

      « Le monde arabe ne voit, dans la politique  française, que le retour à l’époque  de la colonisation »

    • Nizar Badran Médecin et écrivain franco-palestinien, membre de l'association des médecins palestiniens en France.

    Pour Nizar Badran, chirurgien humanitaire franco-palestinien, la diplomatie française est déséquilibrée, car elle ne prend pas en compte l’agression à laquelle est soumis le peuple palestinien. Il dénonce l’alignement de l’État français sur la politique israélienne et américaine.

    La France a-t-elle encore sa place dans l’avenir du monde arabe ? Va-t-elle continuer à être un pays-clé dans le rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée ? Observer sa position à travers les différentes déclarations des responsables politiques dans le conflit actuel à Gaza, et son alignement total sur la politique américaine et israélienne, nous fait douter de ses capacités à maintenir son rang d’un pays ami des Arabes.

    Appuyer une agression caractérisée contre 2 millions de civils, par des bombardements incessants sur le territoire de Gaza – déjà sous siège depuis dix-sept ans –, faisant plusieurs milliers de morts, dont les deux tiers sont des enfants et femmes, comme l’affirment les Nations unies. Détruire une ville, ses hôpitaux, ses écoles, ses églises et mosquées, chasser sa population sous peine qu’elle soit tuée, prétextant du droit d’Israël à se défendre, laisse les citoyens des pays arabes sans voix. La France de Charles de Gaulle, de Jacques Chirac ou même de François Mitterrand n’est qu’un lointain souvenir.

    Les atrocités commises

    Israël a reçu un revers le 7 octobre. Son armée n’a pas su empêcher la pénétration des combattants du Hamas, elle n’a même pas pu protéger ses propres citoyens. Ne garder de cette attaque surprise que sa composante terroriste, aussi vraie et épouvantable qu’elle soit, ne sert en réalité qu’à cacher aux citoyens israéliens les faiblesses de leur armée, ses lacunes, ainsi que la vanité de leurs dirigeants militaires et politiques, mais aussi justifier aux yeux du monde les atrocités commises sans discernement à l’égard des civils palestiniens.

    Nous, sur la rive sud de notre mer commune, voyant étalés à longueur d’écran ces malheurs et entendant les récits des victimes dont certaines sont nos amis et nos familles, attendions de la France un mot de compassion, un rappel de la loi humanitaire internationale et des conventions de Genève et un appel à un cessez-le-feu immédiat. Ces mêmes lois dont la France dénonce la violation par la Russie en Ukraine. Ne pas dénoncer ces mêmes atrocités d’un pays à culture occidentale, se déclarant démocratique, et l’exiger des pays autoritaires paraît pour le moins manquer de cohérence.

    Un moment d’égarement français

    La France, en proposant dans un moment d’égarement de faire alliance militaire avec des pays occidentaux et du Moyen-Orient contre le Hamas, a donné l’impression de vouloir participer à une guerre que les Palestiniens et Arabes considèrent comme la suite de la Nakba de 1948, et le prélude à un nouvel exode. Elle a rompu tout lien avec une population désireuse de liberté et de démocratie.

    En 2011, la France a déjà commis l’irréparable en soutenant la dictature du président tunisien Ben Ali contre le mouvement social qui a annoncé le printemps arabe. Elle récidive maintenant en fermant les yeux sur les horreurs des bombardements israéliens poussés par un esprit de vengeance, au lieu de raisonner le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et d’exiger l’application des lois humanitaires internationales, comme elle le fait pour d’autres conflits dans le monde.

    Le retour à l’époque de la colonisation

    Le monde arabe, avec ses 400 millions d’habitants, risque de ne voir, dans la politique française, que le retour à l’époque de la colonisation. Cela réveille en son sein les souvenirs des atrocités de l’armée française en Algérie. Or le printemps arabe n’a pas dit son dernier mot, ses mouvements vont se renouveler. Les citoyens de ces pays voient bien l’incapacité de leurs régimes d’agir sur le cours des événements ; le pouvoir égyptien n’arrive même pas à ouvrir le point de passage de Rafah, qu’il contrôle seul entièrement pour faire entrer l’aide internationale ou sortir les blessés ou les étrangers. Entre incapacité et complicité, la différence reste mince.

    L’avenir du monde arabe ne pourra être qu’en allant vers la démocratie. Cette dernière était déjà le moteur des mouvements sociaux qui le traversent depuis 2011. Les Arabes auront besoin de l’aide économique et technologique pour lutter contre la pauvreté et le sous-développement. Mieux vaut être de leur côté aujourd’hui, pour ne pas se trouver hors-jeu plus tard.

    SOURCE : « Le monde arabe ne voit, dans la politique française que le retour à l’époque de la colonisation » (la-croix.com) 

     

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  • Commentaires

    5
    Noureddine
    Mardi 14 Novembre 2023 à 10:54

    Mr Bordeflune

    Vous sembliez oublier ou feignez de l'oublier que la Palestine est une terre usurpée par la force 

    4
    Noureddine
    Dimanche 12 Novembre 2023 à 18:52

    A vrai dire cette entité n'est rien d'autre qu'une base avancée des impérialistes

    3
    Noureddine
    Dimanche 12 Novembre 2023 à 18:49

    l'occident et à leur tête les us sont complices de ce génocide

    2
    Dimanche 12 Novembre 2023 à 18:23

    Autrement dit, pour Jacques Cros, le terrorisme serait le seul moyen offert aux palestiniens pour faire aboutir des "revendications légitimes" ? Arriver à cette conclusion est désespérant.

    Ce n'est pas le terrorisme qui a mis fin à l'apartheid en Afrique du Sud.

    En tout cas il n'a pas pris fin en Algérie, parce que la France aurait  "accordé satisfaction aux revendications légitimes". C'est un raccourci historique bien simplificateur qui oublie bien d'autres initiatives plus discrètes, avant l'indépendance, comme celle de Germaine Tillion auprès du FLN d'Alger.

    1
    Dimanche 12 Novembre 2023 à 11:50

    L'action de commando du 7 octobre est utilisée par Israël et ses complices dont les USA et le France pour justifier la barbarie de Tsahal sur la bande de Gaza. On est dans le même cas de figure que ce que faisait notre pays au temps de la guerre d'Algérie. Au nom de la lutte contre le terrorisme on menait une action militaire sans retenue pour perpétuer le colonialisme. Le terrorisme a pris fin lorsqu'on a accordé satisfaction aux revendications légitimes du peuple algérien. Il en sera de même au Proche Orient.

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