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POINT DE VUE. Secret défense : raison ou déraison d’État ?
POINT DE VUE. Secret défense :
raison ou déraison d’État ?
Tribune du Collectif Secret Défense – un enjeu démocratique co-signée par François Graner, membre de l’association Survie (génocide des Tutsis au Rwanda) et André Lucas, co-président du comité de soutien à Elisabeth Borrel.
Le Bugaled Breizh (« Enfants de Bretagne » en breton) a coulé le 15 janvier 2004, causant la mort de ses cinq marins. | ARCHIVES OUEST FRANCE
Robert Boulin, Bernard Borrel, le Bugaled Breizh, Kidal, autant de noms parmi des dizaines d’autres qui ont fait la une de l’actualité, autant d’affaires où l’État français est directement impliqué et qui ne sont toujours pas élucidées.
Comment justifier que dans un état de droit comme la France, l’exécutif puisse invoquer le secret de la défense nationale au nom de la raison d’État, ou puisse fabriquer des mensonges pour répondre au citoyen qui réclame la vérité, à la victime qui réclame justice « circulez, il n’y a rien à voir ! ».
Dans les 18 affaires regroupées dans notre collectif, les documents sensibles sont le plus souvent inaccessibles ou inexploitables. La procédure ne respecte pas la séparation des pouvoirs puisque celui qui classifie – le pouvoir politique – est aussi celui qui choisit ou non de déclassifier. Seuls sont déclassifiés, quand ils ne sont pas caviardés, les documents pas trop embarrassants, « la bibliothèque rose » selon l’expression du juge Trévidic. Comme en plus la classification est massive et souvent abusive, autant chercher une aiguille dans une meule de foin.
Combien de temps encore les représentants de l’État pourront-ils, sans contrôle indépendant
- entraver les enquêtes judiciaires, faisant de la victime, censée être protégée par les institutions de son pays, un adversaire à combattre, voire à abattre au lieu de lui rendre justice ?
- empêcher les journalistes, les historiens, les citoyens, d’accéder aux documents nécessaires pour rechercher et établir la vérité ?
Une culture de l’État juste qui garantit et assure les droits de tous les citoyens
Aucune des affaires regroupées dans notre collectif ne met en danger l’intérêt vital de la Nation. Elles ont pourtant provoqué la mort de centaines de victimes innocentes.
Il ne s’agit pas seulement de personnalités de premier plan telles que Mehdi Ben Barka, Robert Boulin ou Thomas Sankara ; mais aussi de personnes au service de la nation tels que les tirailleurs sénégalais de Thiaroye, l’universitaire Maurice Audin ou le magistrat Bernard Borrel, des journalistes tels que Ghislaine Dupont et Claude Verlon ; ou encore des citoyens qui ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment : les passagers du vol Ajaccio-Nice, les marins du Bugaled Breizh ou les habitants de la Maison des Têtes à Toulon.
A cela s’ajoute la mise en cause de la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, les massacres d’Algériens à Sétif en 1945, la répression de leur manifestation en 1961 à Paris.
Autant de pages noires de notre Histoire où l’État paraît avant tout préoccupé de protéger le pouvoir politique, l’institution militaire, de favoriser la défense d’un roman national à des fins partisanes au détriment de l’Histoire et de la justice due aux victimes.
Tout citoyen est concerné. Il est de la responsabilité de chacun d’empêcher que le secret défense ne soit abusivement invoqué pour masquer les dérives ou les turpitudes des services et responsables de l’administration, voire pour cacher des crimes d’État.
Quand un État de droit est bafoué par l’État lui-même, la démocratie est en danger. Notre objectif est d’alerter le citoyen, mais aussi les parlementaires, les institutions pour qu’une réforme de la procédure actuelle, tout en protégeant les intérêts fondamentaux et justifiés de l’État, respecte les droits du citoyen victime d’une ténébreuse affaire.
Il s’agit de passer du culte de l’État fort qui a tous les droits à une culture de l’État juste qui garantit et assure les droits de tous les citoyens.
Liste des affaires regroupées dans le collectif « Secret défense – un enjeu démocratique » :
1 - Le massacre des tirailleurs sénégalais au camp de Thiaroye, le 1er décembre 1944
2 - Les massacres d’Algériens à Sétif, le 8 mai 1945
3 - La disparition de l’universitaire Maurice Audin en Algérie le 11 juin 1957
4 - La répression de la manifestation des Algériens à Paris, le 17 octobre 1961
5 – L’enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka à Paris, le 29 octobre 1965
6 – Le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice, le 11 septembre 1968
7 - L’explosion du vol Air France Santiago-Orly à l’escale de Caracas, le 3 décembre 1969
8 - L’assassinat du militant internationaliste Henri Curiel à Paris, le 4 mai 1978
9 - L’assassinat de Robert Boulin, ministre en exercice, nuit du 29 au 30 octobre 1979
10 - La destruction en vol de l’avion de ligne Bologne-Palerme au-dessus d’Ustica, en Italie, le 27 juin 1980
11 - L’assassinat de Thomas Sankara, président du Burkina Faso, et de ses compagnons, le 15 octobre 1987
12 – L’assassinat de Dulcie SEPTEMBER, représentante de l’ANC en France, à Paris, le 29 mars 1988
13 - L’explosion de la Maison des Têtes de Toulon, le 15 février 1989
14 - Le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994
15 - L’assassinat du magistrat Bernard Borrel à Djibouti, le 18 octobre 1995
16 - Le naufrage du chalutier breton Bugaled Breizh, le 15 janvier 2004
17 – L’assassinat de 3 militantes kurdes du PKK, en pleine rue à Paris, nuit du 9au 10 mai 2013
18 - L’enlèvement et l’assassinat au Mali de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de Radio France Internationale, le 2 novembre 2013
Contact :
collectifsecretdefense.fr, rubrique « nous contacter »
Un enjeu démocratique
Liste des affaires
Dans nos affaires, qui sont des affaires criminelles et affaires d’Etat non résolues à ce jour, il apparaît clairement que l’Etat français, au lieu d’assumer ses responsabilités conformément au droit, use de manœuvres diverses pour entraver la recherche de la vérité par les familles, les historiens, les chercheurs et pour empêcher que justice soit rendue aux victimes.
Ainsi au nom de la raison d’Etat, censée représenter l’intérêt supérieur de la nation, le secret défense, tel qu’il est institué et tel qu’il fonctionne actuellement, permet d’entraver les enquêtes judiciaires, faisant de la victime juridiquement protégée par les institutions de son pays, un adversaire à combattre, voire à abattre au lieu de lui rendre justice. Il empêche également les historiens, les chercheurs d’accéder aux informations nécessaires à leur travail scientifique pour établir la vérité historique.
Le massacre des tirailleurs « sénégalais » au camp
de Thiaroye le 1er décembre 1944
- le 1er décembre 1944 : Armelle Mabon, historienne, et les familles des victimes Kotou Diakité, Fasséry Coulibaly, Tindaogo Bélem, Souleymane Doucouré, Mbap Senghor, Antoine Abibou
Site facebook: le massacre de Thiaroye, pour un procès en révision
Le livre Prisonniers de guerre « indigènes » par Armelle Mabon
La Bande dessinée Morts par la France, Pat Perna et Nicolas OteroLe massacres d’Algériens à Sétif, le 8 mai 1945, et à Paris
le 17 octobre 1961
- Les massacres d’Algériens à Sétif, le 8 mai 1945, et à Paris, le 17 octobre 1961 : Medhi Lallaoui, président de « Au nom de la mémoire »
Association: au nom de la mémoire
Le réseau mémoires histoires
Page Wikipédia: le massacre du 17 octobre 1961
Page wikipédia: les massacres de Sétif, Guelma et KherrataLa « disparition » de l’universitaire Maurice Audin
en Algérie le 11 juin 1957
- La « disparition » de l’universitaire Maurice Audin en Algérie le 11 juin 1957 : Henri Pouillot, président de « Sortir du colonialisme »
L’assassinat du militant internationaliste
Henri Curiel à Paris, le 4 mai 1978
- L’assassinat du militant internationaliste Henri Curiel à Paris, le 4 mai 1978 : Alain Gresh, son fils, et Sylvie Braibant, sa nièce
Article Huffpost: Assassinat d’Henri Curiel vérités évidentes, justice empêchée
L’enlèvement et la disparition de Medhi Ben Barka à Paris
le 29 octobre 1965
- L’enlèvement et la disparition de Mehdi Ben Barka à Paris, le 29 octobre 1965 : Bachir Ben Barka, son fils, président de « Institut Ben Barka – Mémoire vivante »
Page facebook de l’Institut Medhi Ben Barka
Le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice
le 11 septembre 1968
- Le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice, le 11 septembre 1968 : Max Clanet, co-auteur de « Secret d’Etat »
Page Wikipédia: Vol 1611 Air France
L’explosion du vol Air France Santiago-Orly à l’escale de Caracas, le 3 décembre 1969
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vol_212_Air_France_(1969)
https://www.aerobuzz.fr/breves-transport-aerien/lever-le-secret-sur-le-crash-du-vol-af212/
L’assassinat de Robert Boulin, ministre en exercice, nuit du 29
au 30 octobre 1979
- L’assassinat de Robert Boulin, ministre en exercice, nuit du 29 au 30 octobre 1979 : Fabienne Boulin, sa fille, présidente de l’association « Robert Boulin – Pour la vérité »
La destruction en vol au-dessus d’Ustica, en Italie, d’un avion de ligne, le 27 juin 1980
- La destruction en vol au-dessus d’Ustica, en Italie, d’un avion de ligne, le 27 juin 1980 : Rambaldo degli Azzoni, du « Comité français pour Ustica »
Page facebook: Comité pour la vérité et la justice sur la « STRAGE DI USTICA » à Paris
Wikipédia: Page sur la tragédie d’Ustica
L’assassinat de Thomas Sankara, président du Burkina Faso, et de ses compagnons, le 15 octobre 1987
- L’assassinat de Thomas Sankara, président du Burkina Faso, et de ses compagnons, le 15 octobre 1987 : Mariam Sankara, veuve de Thomas Sankara, Aïda Kiemdé, fille de Fréderic Kiemdé assassiné au côté de Thomas Sankara, et Bruno Jaffré, du réseau « Justice pour Sankara, justice pour l’Afrique »
Page web: Justice pour Sankara
Articles Médiapart: affaire Sankara
Page facebook: Justice pour Thomas SankaraL’explosion de la Maison des Têtes de Toulon
le 15 février 1989
- L’explosion de la Maison des Têtes de Toulon, le 15 février 1989 : Jeannine Cilia, présidente de l’association des familles des victimes et des rescapés
page wikipedia: Maison des Têtes de Toulon
L’assassinat du magistrat Bernard Borrel à Djibouti
le 18 octobre 1995
- L’assassinat du magistrat Bernard Borrel à Djibouti, le 18 octobre 1995 : Elisabeth Borrel, sa veuve ; André Lucas et Claude Chennevière, co-présidents du Comité de soutien à Elisabeth Borrel
Comité de soutien à Madame Elisabeth Borrel
Le rôle de la France dans le génocide des Tutsis
au Rwanda en 1994
- Le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 : Marcel Kabanda, président de « Ibuka France », et François Graner, de l’association « Survie »
Mémoire, justice et soutien aux rescapés du génocide des Tutsis
Association Survie: génocide des tutsis au RwandaLe naufrage du chalutier breton « Bugaled Breizh »
le 15 janvier 2004
- Le naufrage du chalutier breton « Bugaled Breizh », le 15 janvier 2004 : Dominique Launay, président, et Jacques Losay, de l’association « SOS Bugaled Breizh »
Association SOS Bugaled Breizh
Page facebook: SOS Bugaled BreizhL’enlèvement et l’assassinat au Mali des envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI)
- L’enlèvement et l’assassinat au Mali des envoyés spéciaux de Radio France Internationale (RFI), Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le 2 novembre 2013 : Danièle Gonod, présidente, et Pierre-Yves Schneider, de l’association « Les Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon »
Page Facebook: les amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon
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Commentaires
3Ponsot danièleLundi 29 Novembre 2021 à 09:47Le tableau de Goya " El dos de Mayo" me paraît particulièrement bien choisi pour illustrer les massacres de Sétif du 8 mai 1945 et de Paris, le 17 octobre 1961!!!
Pas grand chose de changé depuis les conquêtes napoléoniennes!!!
2Ponsot danièleLundi 29 Novembre 2021 à 09:321Gavoury J-FDimanche 28 Novembre 2021 à 10:32Cette trop longue liste n'est vraisemblablement pas exhaustive, mais il est bon de la publier et de la rappeler à intervalles réguliers afin que l'oubli ne s'installe pas de façon définitive !
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Et Yvan Colonna coupable ou innocent?