• L’histoire du Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de Tunisie de Paris détourné de sa vocation

     

    Le Mémorial national

    de la guerre d’Algérie

    et des combats du Maroc

    et de Tunisie de Paris

    détourné de sa vocation

     

    L’histoire du Mémorial national  de la guerre d’Algérie  et des combats du Maroc  et de Tunisie de Paris détourné  de sa vocation

    Le 5 décembre 2002, le Mémorial national de la guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie est inauguré par Jacques Chirac, Président de la République. Situé sur le quai autrefois quai Branly aujourd’hui Jacques Chirac, il célèbre la mémoire des 23 000 soldats reconnus Morts pour la France de 1952 à 1962. Il comporte trois colonnes, les deux colonnes latérales- l’une bleue et l’autre rouge- sont dédiées aux Morts pour la France, séparées par une colonne centrale blanche comportant des informations historiques.

    Ce monument s’inscrit dans la continuité de la loi du 23 février 2005 portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.

    Le 5 décembre 2009, lors de la journée nationale d’hommage aux «Morts pour la France», Hubert Falco, Secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens combattants déclare :

    " Enfin, nous avons décidé d’inscrire sur la colonne centrale du monument national du quai Branly le nom des civils français, victimes innocentes de la guerre d’Algérie. Les premiers noms seront ceux des femmes et des hommes tués lors de la tragédie de la rue d’Isly. Puis, nous instruirons, avec méthode, au fur et à mesure des demandes, l’inscription des noms de toutes les victimes civiles innocentes de cette guerre ".

    Les revanchards de la colonisation protestent :

    … " Ainsi, si nous lisons bien ce qu’il envisage, les complices civils des assassins de nos pères, de nos frères et de nos sœurs, seront honorés dans le même Mémorial "…

    … " Ainsi, tous les complices du FLN et du Parti communiste, tombés pendant cette guerre d’Algérie, verront leur nom s’afficher sur ce Mémorial ".

    En février 2010, le président de l'Association Nationale pour la Protection de la Mémoire des Victimes de l’OAS (ANPROMEVO) Jean-François Gavoury interroge Hervé Houdin, directeur adjoint du cabinet d’Hubert Falco, sur l’origine et la nationalité des personnes pouvant figurer sur la colonne médiane du Mémorial, en prenant l’exemple des six victimes de Château-Royal. Le texte ci-dessous provient du blog d’Anne Guérin-Castell, paru sur Médiapart sous le titre « Passe-passe mémoriel », il comporte trois volets publiés en 2010.

    Question : «… quid, par exemple, des six Inspecteurs des Centres sociaux éducatifs collectivement massacrés, sur leur lieu de travail et dans l’exercice de leurs fonctions, par un commando de l’OAS le 15 mars 1962 à Alger, à la veille de la signature des Accords d’Évian ?

    En d’autres termes, MM. Ali Hammoutène, Mouloud Feraoun et Salah-Henri Ould Aoudia seront-ils, le cas échéant, traités distinctement ou non de MM. Marcel Basset, Robert Eymard et Maxime Marchand ?

    En ce cas, quid, en particulier, de Salah-Henri Ould Aoudia, dont le père, Boudjemâ-Benjamin Ould Aoudia, avait été admis à la qualité de citoyen français par jugement du Tribunal de grande instance de Tizi-Ouzou ?»

    Réponse : «Conformément aux propos de M. Hubert Falco le 5 décembre 2009, sont visés par l’hommage les “civils français, victimes innocentes de la guerre d’Algérie”. Par “français”, il convient d’entendre “Français d’origine européenne” ou admis à la qualité de citoyens français (à l’exclusion, en toute hypothèse, des “sujets”).

    Question : « … Par ordre alphabétique, avec indication individuelle du lieu, de la date et des circonstances du décès ?

    Réponse : Par ordre alphabétique, sous chapeau de présentation commun à chaque catégorie de victimes civiles.

    Question : Et moyennant quel libellé ?

    Réponse : Par ordre alphabétique général, sans identification particulière, les noms de victimes civiles de l’OAS pouvant prendre rang derrière ou devant les victimes algéroises de la rue d’Isly, selon l’ordre alphabétique.

    Question : La dernière question porte sur l’occurrence du défilement. … au rythme de défilement du nom des Morts pour la France sur la colonne gauche et des conditions de déroulement de la liste des victimes civiles sur la colonne centrale, quelles sont les solutions envisagées pour éviter toute discrimination positive à l’égard de ces dernières ? »

    Réponse : « Pas de solution possible. »

    Trois mois après la déclaration d’Hubert Falco, le 26 mars 2010, le gouvernement de Nicolas Sarkozy décide d’inscrire sur la colonne centrale du Mémorial les 48 noms de victimes civiles de la manifestation du 26 mars 1962 rue d’Isly à Alger.

    Le dévoiement du Mémorial est évident. Innocentes, ces victimes ne le sont pas puisqu’elles ont obéi, et en toute connaissance, à un appel insurrectionnel de l’OAS. Elles ont désobéi aux autorités puisque la manifestation était interdite. De plus, les militaires chargés du maintien de l’ordre ont riposté à des tirs hostiles provenant de fenêtres d’immeubles avoisinants.

    Anne Guérin-Castell écrit :

    Ainsi, depuis le 26 mars 2010, le nom d’un sympathisant d’une organisation criminelle mort lors de la manifestation de la rue d’Isly s’affiche avec une fréquence environ 500 fois supérieure à celle d’un combattant «Mort pour la France» et, pour certains d’entre eux, du fait de cette même organisation criminelle. 

    Ainsi, dans l’hypothèse où des noms des victimes civiles de cette organisation criminelle seraient inscrits sur la colonne centrale, ils se trouveraient mélangés, par ordre alphabétique, à ceux des sympathisants de la même organisation, ce qui constituerait une falsification de l’Histoire inscrite en toutes lettres sur un monument de la République.

    Ainsi, seules trois des six victimes du massacre de Château-Royal, et peut-être une quatrième, dont le cas serait minutieusement examiné , auraient droit à figurer sur la colonne centrale : le révisionnisme qui inspire la politique mémorielle du gouvernement confine au racisme d’État, puisqu’il argue pour cela, 48 ans après l’extinction de la colonisation, d’une conception coloniale de la nationalité aussi inique que désuète, alors que ces fonctionnaires de la République sont morts dans l’exercice de leur fonction et du fait même de cette fonction, qu’ils ont poursuivi leur travail malgré les menaces dont ils étaient l’objet et qu’était visé, à travers eux, leur idéal commun, que Germaine Tillion décrivait ainsi dans Le Monde daté du 18 mars 1962 :

    Entre l’écrivain Mouloud Feraoun, né en Grande Kabylie ; Max Marchand, Oranais d’adoption et docteur ès lettres ; Marcel Basset, qui venait du Pas-de-Calais (exactement : de Fouquières-lès-Lens) ; Robert Aimard, originaire de la Drôme ; le catholique pratiquant Salah Ould Aoudia et le musulman Ali Hammoutène, il y avait une passion commune : le sauvetage de l’enfance algérienne, – car c’était cela leur objectif, l’objectif des centres sociaux : permettre à un pays de vivre dans son ensemble, et grâce à sa jeunesse, de rattraper les retards techniques que l’on appelle “sous-développement”. Dans un langage plus simple, cela veut dire : vivre.

    Et aujourd’hui, les satisfactions accordées par un Secrétaire d’État à ceux dont on sait qu’ils cherchent à réhabiliter une organisation qui avait pour but avoué de lutter par tous les moyens contre la République, feraient que ces six patronymes pourraient être séparés ? Autant vouloir séparer des sangs mêlés dans le ruisseau tragique dont l’empreinte marqua pendant de longs mois le sol de Château-Royal.

    Unis dans le sacrifice comme ils l’étaient dans leur œuvre d’éducation, ils doivent le demeurer dans notre souvenir écrivait alors un autre ministre, Lucien Paye, dans le communiqué destiné à être lu dans tous les établissements scolaires de France. Notre République aurait-elle, 48 ans après, à ce point modifié les valeurs auxquelles elle se réfère ?

    Le mémorial du quai Branly doit revenir à son état initial, conformément à la proposition de loi déposée le 7 juillet, et les noms des morts de la rue d’Isly, qui actuellement défilent sur sa colonne centrale, doivent en disparaître.

     

    L’histoire du Mémorial national  de la guerre d’Algérie  et des combats du Maroc  et de Tunisie de Paris détourné  de sa vocation

    Le 26 mars 2021, et pour la première fois depuis 2010, un membre du gouvernement, en la personne de Geneviève Darrieusecq, ministère chargée des Anciens combattants, a déposé une gerbe au titre de son ministère et au nom du président de la République, lors de la cérémonie organisée par l’association qui défend la mémoire des participants à la manifestation insurrectionnelle organisée par l’OAS à Alger le 26 mars 1962.

    La caution inhabituelle d’un membre du gouvernement aux participants à une manifestation insurrectionnelle et interdite fut renforcée par le discours prononcé par le Président de la République le 26 janvier 2022, lors de la réception à l’Élysée de représentants d’associations de rapatriés, de harkis et d’élus du Midi :

    L’histoire du Mémorial national  de la guerre d’Algérie  et des combats du Maroc  et de Tunisie de Paris détourné  de sa vocation

    « Ce jour-là (26 mars 1962 rue d’Isly à Alger), des soldats du 4e régiment de tirailleurs, une unité de l'armée française, firent feu sur une foule qui manifestait, attisée par l'OAS, son attachement à l'Algérie française, en cherchant à rompre le blocus du quartier de Bab El-Oued. Ce jour-là, les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés, moralement atteints, ont tiré sur des Français. Il est plus que temps de le dire. Ce qui devait être une opération de maintien de l'ordre s'acheva par un massacre, un massacre dont aucune liste définitive des victimes ne fut établie, qui fit des dizaines de tués et des centaines de blessés. Les familles ne purent pas enterrer dignement leurs morts. Les obsèques religieuses furent interdites. Les corps convoyés directement au cimetière par camions militaires au jour et à l'heure choisie par les autorités. Le choc fut immense pour les citoyens qui se pensaient auparavant protégés par l'armée française et qui voyaient se retourner contre eux le glaive qui devait les défendre ». 

    26 mars 2023

    Revoilà les nostalgiques de l’OAS

    Ils annoncent leur sale programme comme

    a été la sale guerre d’Algérie

    Revoilà les nostalgiques de l’OAS : Ils annoncent leur sale programme comme  a été la sale guerre d’Algérie

     

    Déroulé de la journée de commémoration

    du 61ème anniversaire

    de la fusillade du 26 mars 1962, rue d’Isly

     à Alger, ce dimanche 26 mars 2023

    Nicole Ferrandis, présidente de l’association des "Familles Victimes du 26 mars", organise :
    14h30 : La cérémonie commémorant la fusillade du 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger, sur le Mémorial du Quai Branly, 65 quai Jacques Chirac 75007 Paris
    18h30 : l’association " Souvenir du 26 mars 1962", présidée par Roland Albert, organise la cérémonie de commémoration de la tragédie du 26 mars 1962, sous l’Arc de Triomphe, par le dépôt de quatre gerbes :

    • Bleue pour les cimetières et les disparus d’Algérie
    • Blanche pour les Harkis et les Français de confession musulmane
    • Rouge pour les victimes de la fusillade du 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger
    • Bleu-Blanc-Rouge pour les enfants victimes de la guerre d’Algérie

     

    L’histoire du Mémorial national  de la guerre d’Algérie  et des combats du Maroc  et de Tunisie de Paris détourné  de sa vocation

    Une question se pose : Patricia Mirallès

    sera-t-elle présente ?

    Le 4 juillet 2022, c’est la désignation de Mme Patricia Mirallès comme ministre des Anciens combattants et de la Mémoire, fille de rapatriés, qui ne cache pas ses liens, et les revendique, avec les nostalgiques de l’Algérie Française.

    Le 5 juillet 2022, le Président de la République a fait déposer une gerbe au pied du Mémorial du Quai Branly. Sa nouvelle ministre était présente, elle y a déposé elle-même aussi une gerbe. Sur sa page facebook elle publie des photos la montrant en train de discuter, avec le sourire, avec ces nostalgiques de l’OAS.

    Comme nous ne savons pas encore si Patricia Mirallès était bien présente à la cérémonie du 26 mars 2023 deux amis sont allés prendre des photos édifiantes :

     

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    L’histoire du Mémorial national  de la guerre d’Algérie  et des combats du Maroc  et de Tunisie de Paris détourné  de sa vocation

    «  Photos prises le 27 mars 2023 par Jean-Philippe Ould Aoudia, fils de l’un des six dirigeants des Centres sociaux éducatifs, massacrés par l’OAS le 15 mars 1962, sur leur lieu de travail, victimes de leur engagement pour les valeurs de la République. A leurs obsèques le 18 mars 1962, Lucien Paye, ministre de l’Education nationale a déclaré que les auteurs du crime se sont mis au ban de la conscience humaine ».

     

    Un autre ami qui souhaite rester anonyme m’écrit :

    Triste journée ce 26 mars

    « Après la fin du Congrès national de l'ARAC, hier, je suis passé au Quai Branly, avant le démarrage officiel de la cérémonie. J'ai pu contrôler que la gerbe que devait déposer Patricia Mirallès était bien là. Celle de Macron était attendue, mais je ne suis pas resté pour attendre sa livraison, parce qu'une responsable (que j'ai cru reconnaître comme étant la présidente de l'association de la mémoire des victimes du 26 mars 62) est venue me voir et me dit : "Je crois que je vous reconnais, mais vous ne venez pas pour commémorer avec nous cette cérémonie". Je lui ai répondu que, comme ancien de l'Algérie, je passais par là et que je venais me recueillir devant ce mémorial. J'ai préféré partir discrètement en surveillant qu'on ne me prenait pas en photo.

    Et ce soir, cette clique sera à l'Arc de Triomphe pour raviver la flamme du soldat inconnu.

    Après le message de Mirallès pour les commémorations du 19 mars, c'est une série odieuse ».

    Et voici sa photo 

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  • Commentaires

    1
    Cros Jacques
    Lundi 27 Mars 2023 à 18:57

    Eh non les victimes de la rue d'Isly qui avaient obéi aux consignes de l'OAS n'ont pas leur place sur le Mémorial du Quai de Branly.

    Et les autorités de la République n'ont pas à participer à une cérémonie organisée par les nostalgiques du colonialisme et de l'Algérie française qui se refusaient à l'indépendance de l'Algérie et à à la fin d'une guerre anachronique et injuste.

    Oui, les six inspecteurs assassinés le 15 mars 1962 à El bizr doivent figurer sur ce Mémorial

    Je contete par ailleurs l'expression "Morts pour la France"  à ceux qui sont tombés en Algérie. Ils on été victimes de la cécité et de la surdité de nos dirigeants de l'époque ! 

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